Scène 20

𝕊𝕔è𝕟𝕖 𝟚𝟘 : 𝕃𝕦𝕞𝕚è𝕣𝕖𝕤, 𝕔𝕒𝕞é𝕣𝕒, 𝕒𝕔𝕥𝕚𝕠𝕟  !

Levi

— Kenza.

Pas de réponse.

— Kenza.

— Hm...

— On est arrivé.

Ses paupières maquillées s'ouvrent faiblement, elle bat ses si longs cils qui viennent chatouiller le dessous de ses yeux qui s'accoutume à la soudaine luminosité. Puis, se révèlent à moi ces iris à la chaude couleur d'ambre dont la beauté, malgré la fatigue, ne cesse jamais de me captiver.

Elle fronce les sourcils en constatant que je suis la première chose qu'elle voit en émergeant de son long sommeil. Elle se redresse, retirant sa tête de mon épaule et regarde les alentours.

— Oh...

— Oui. Blake nous attend.

À la mention de son cher Blake, Kenza retrouve toute sa vitalité et se lève d'un bon.

— Pourquoi tu ne m'as pas réveillée plus tôt ?!

Je pense sérieusement à sa question. Ça doit faire presque dix minutes que le train est arrivé à l'Union station, quasiment tous les passagers sont déjà sortis. Seulement, quand les portes se sont ouvertes, je n'ai pas trouvé le cœur de la réveiller.

Nous rentrons de deux semaines de tournage dans le Middle West. Il devait durer une semaine de plus, mais nous avons travailler très dur pour vite rentrer et profiter d'une semaine de congé. Elle a très peu dormi ces derniers jours parce qu'elle craignait pour Amar qu'elle a laissée seule. Je le sais parce que nous avons eu à partager notre chambre d'hôtel. Comme tout le staff y était hébergé, il aurait été étrange de faire chambre à part alors que nous sommes prétendument en couple. Mais la fatigue est un huissier qui ne manque jamais de réclamer son dû.

Elle est tombée d'épuisement aussitôt que ses fesses se sont posées sur le siège à ma gauche.

Il y a aussi le fait que je me suis un peu laissé aller dans la contemplation de son visage endormi, mais cela, je préfèrerais me jeter sous le train plutôt que de lui dire.

Kenza se tortille pour passer par-dessus mes jambes et se diriger vers la sortie.

— Tes valises !

— Porte-les.

Puis elle disparait. Je soupire longuement. Moi qui pensais qu'elle était insupportable quand nous étions encore en mauvais terme, j'ai découvert qu'elle l'est encore plus quand on s'entend bien avec elle. Pendant tout le séjour, elle m'a pris pour son valet ou son majordome. Elle se laissait trainer, oubliait tout partout et si je détournais les yeux trop longtemps, elle disparaissait. Mais je crois que le pire c'était de l'écouter me chanter les louanges de Blake putain de Donovan.

Matin, midi, soir. J'ai cru perdre la tête.

Résolu à mon sort, je me lève et récupère nos bagages. Dehors, l'employé chargé de sortir les valises me donne les nôtres. Je me tourne ensuite vers la station qui grouille de centaines de voyageurs allant et revenant de destinations anonymes. Dans cette marée humaine, je retrouve la longue chevelure frisée de Kenza qui cherche dans la foule le sujet de son obsession.

Blake s'est proposé de venir nous récupérer à l'Union Station quand il a appris la nouvelle de notre retour hâtif.

Je me fraie un chemin à travers les corps et les valises jusqu'à elle. Quand elle me voit, elle fonce vers moi.

— Toi, tu es grand ! Est-ce que tu vois Blake ?!

— Kenza...

— Il a dit qu'il porterait une chemise bleu clair-

— Kenza !

Elle me regarde enfin.

— Calme-toi, tu vas le voir, il nous attend. Tu vas lui faire peur si tu l'abordes en étant aussi agitée.

Elle attrape dramatiquement son visage dans ses mains en poussant un cri.

— Oh mon dieu ! Je viens de me réveiller, c'est sur que j'air l'air de rien !

— Est-ce que tu m'écoutes ?

Elle se met à essayer de plaquer ses cheveux volatiles, répondant en quelque sorte à ma question. Puis elle lisse les plis de sa robe d'été avec ses mains avant de me faire face.

— Mon maquillage est comment ?!

— Il est bien, réponds-je mollement.

— Je n'ai pas de morceau de nourriture sur les dents ?! demande-t-elle en me les présentant.

— Non... mais...

— Mais quoi ?!

J'ai un mouvement de recul face à son intensité. Deux ou trois personnes nous regardent étrangement avant de poursuivre leur route. Je lève les yeux au ciel, passe ma langue sur mon pouce, glisse ma main dans sa nuque et passe mon pouce sur le coin de sa lèvre.

— Tu as de la bave séchée sur le visage.

Kenza qui s'était arrêté comme une pile déchargée me fixe toujours alors que mon pouce se promène encore près de ses lèvres malgré qu'il n'y ait plus le sillon de salive, surprise.

— Me-merci...

Mes yeux quittent ses lèvres pour remonter vers les siens. J'ignore quelle pulsion me pousse à le faire, mais je me sens attiré par ceux-ci, comme hypnotisé et je jurerais que la distance entre nos visages s'est amenuisée.

— Wow ! Vous vous donnez à fond dans votre rôle, dites donc !

Nous sursautons et nous éloignons comme des pôles identiques à l'entente de la voix de Blake. Ce dernier se tient en face de nous, mains dans ses poches et sourire malicieux aux lèvres. Il m'offre un drôle de regard avant de s'approcher de Kenza.

— J'ai interrompu quelque chose ?

Quand elle comprend le sens de ce qu'il veut dire par là, elle s'empresse de nier.

— Non ! Absolument rien ! Hein Levi ?

Blake regarde dans ma direction pour la confirmation. Je ne sais pas pourquoi je dois le rassurer qu'il n'y a rien entre moi et Kenza. Il est censé savoir qu'on fait semblant de sortir ensemble et je n'ai pas envie de lui dire ce qu'il veut entendre.

— Non, rien.

Il plisse les yeux, mais détourne le regard vers Kenza avant de passer son bras autour des épaules de cette dernière et de lui demander de lui raconter son séjour. Tous les deux s'éloignent ensemble, me laissant derrière, seul, avec mes valises et celle de Kenza.

Je me résigne à les suivre, maintenant une petite distance pour ne pas me sentir de trop.

Lorsque Kenza et moi avons mis nos différends de côté, ça a grandement contribué à les rapprocher. Je connais Blake, je sais quand il flirt avec une fan ou une fille qui lui plait et, même s'il est un peu plus discret, je crois bien que c'est ce qu'il est en train de faire avec Kenza.

Je n'ai pas mon mot à dire là-dessus. Elle n'est pas vraiment ma petite amie et il n'y a aucun sentiment entre nous. Nous sommes justes collègues et complices dans cette énorme mise en scène qu'est notre couple. Nous ne sommes même pas véritablement amis, juste des collaborateurs qui se tolère à peine.

S'il la veut, qu'il la prenne. De toute façon, cette écervelée n'attend que ça.

Sur le chemin, Blake nous parle de cette fête sur un yatch où il a été invité et nous propose d'y aller avec lui. Je ne veux pas vraiment, je déteste les fêtes, surtout celle en compagnie des amis de Blake, mais comme Kenza semble emballée par l'idée de le revoir bientôt, je cède. Ce n'est que quand nous arrivons à la voiture de Blake qu'il la lâche pour venir m'aider avec ses valises. Il les place à l'arrière de sa décapotable.

— Je reviens, je vais payer le billet de stationnement.

Il se dirige vers un guichet où il scanne son billet de parking avant de sortir sa carte. Mon regard descend vers Kenza qui, le regard hébété, admire son apollon. Une idée me passe par la tête.

Je bouche mon nez.

— Quoi ? demande-t-elle, intriguée par mon geste.

— Tu sens la fille.

Ses traits se détendent et elle roule les yeux.

— Wow, t'as rien trouvé de mieux comme insulte ?

Je fronce les sourcils.

— Non je suis sérieux. Tu pues le sexe. Oh, mon Uber est là !

Sur ces paroles, je la laisse là et me dirige vers mon Uber qui vient d'arriver. Hors de question que je roule avec eux, assis à l'arrière qui plus est. J'entends les petits talons de Kenza qui me suivent.

— Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Laisse tomber, dis-je, poursuivant mon chemin.

Pour ne pas changer, elle se plante devant moi et place ses mains manucurées sur mon abdomen pour me retenir. Je ne comprendrai jamais pourquoi elle fait toujours ça. Comme si c'était son minuscule mètre soixante-cinq qui allait m'arrêter. Mais surtout, je ne comprends pas pourquoi chaque fois qu'elle fait ça, je m'arrête.

— Levi qu'est-ce que tu veux dire ?

Je soupire.

— On peut sentir quand vous êtes excitées.

Abasourdie, ses bras retombent le long de son corps.

— Pardon ?

— Je ne le répéterai pas.

J'attrape son visage dans ma main et la tasse comme si elle était un rideau. Sans doute encore plus confuse, elle me course de nouveau.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Comment ça quand on est excitée.

— Tu sais très bien de quoi je parle. Blake, tu le veux là non ?

Elle hésite à répondre, mais détourne ma question.

— Peut-être... mais je ne vois pas comment tu le saurais !

Je m'arrête.

— Tu n'as jamais entendu parler des phéromones ?

— Oui...?

— Bah quand tu es excitée, ton corps en dégage pour indiquer aux mâles autour de toi que tu es en chaleur. Le tout toujours dans l'optique de la reproduction.

Sa mâchoire se décroche en réalisant ce que cela implique.

— Mais... mais je ne suis pas excitée, tente-t-elle pour sauver sa dignité.

— Oh, arrête ça. Dès que Blake entre dans ton périmètre, tu mouilles comme un prêtre devant un enfant de 10 ans.

Mon regard descend vers son entre-jambes en même temps que le sien et elle serre instinctivement les cuisses.

— Tu veux dire que... Blake aussi peut le sentir ?

Trop facile.

— Oui.

— Ça sent fort ?

— Très.

— Moi je sens rien.

— Les femmes y sont insensibles, vous n'avez pas les récepteurs olfactifs nécessaires.

Sa mâchoire se décroche à nouveau. Ce qu'elle est naïve...

— Et ça sent quoi ?

— La baleine échouée. Amusez-vous bien !

En me retenant de rire, j'entre dans l'Uber qui démarre aussitôt. La dernière image que j'ai de Kenza c'est elle refusant que Blake l'approche, de peur qu'il la sente. Je me laisse aller à l'hilarité face à la cruauté de ma plaisanterie.

Quand elle saura que je me suis foutu de sa gueule, elle va m'éviscérer...

— Meh... ça valait la peine.



Kenza

— Bon, tu peux avouer.

Mais il est immense!

— Avouer quoi ?

— Que tu n'as jamais mis les pieds sur un yatch.

J'arrête de marcher et me tourne vers Levi qui marche à mes côtés, habillé pour l'occasion de sa deuxième chemise de la soirée après avoir taché celle qu'il avait l'intention de porter au départ.

— C'est si évident ?

Il opine.

— T'as l'air d'Alice quand Henry l'emmène à des soirées mondaines, c'est-à-dire pas du tout dans ton élément. Mettre une belle robe ne suffit pas à te fondre dans la masse.

— Comment je fais alors pour me fondre dans la masse ?

— Déjà, arrête de t'émerveiller devant tout et de t'arrêter au 10 mètres pour prendre des photos.

— Oh...

Mon enthousiasme me quitte et je tente d'adopter une expression qui dégage l'indifférence et ralenti un peu.

— Est-ce que c'est Blake que je vois là-bas ?

Je redresse la tête et le cherche désespérément Blake parmi les invités se trouvant sur le pont avec nous. Je finis par le repérer, penché contre la rambarde, cheveux d'or au vent, le regard vers l'océan à perte de vue. Je retire mon bras d'en dessous de celui de Levi et le laisse derrière pour retrouver Blake.

— Blake !

Ce dernier se tourne en entendant ma voix et vient à notre rencontre.

— Hey ! Vous êtes là !

Il ouvre grand ses bras et m'étreint. Le rythme de mon cœur accélère en sentant ses bras autour de moi, son torse contre ma poitrine. Mais en plus du bonheur absolu, je ressens une forme de crainte, celle de me réveiller et de réaliser que tout ceci n'était qu'un rêve. Que ma carrière est toujours au point mort et que Blake ne sait toujours pas qui je suis.

Il passe ses mains le long de mon dos et me hume un peu avant de reculer.

— Tu sens très bon... c'est quoi ?

— Oh... un nouveau parfum que j'essaie.

Levi pouffe de rire à notre droite et je lui jette un regard noir.

Je n'arrive toujours pas à croire qu'il m'ait raconté un tel bobard. Pendant presque deux jours, j'ai vraiment cru que Blake pouvait sentir tout l'effet qu'il a sur moi et que ça sentait la baleine morte. Je l'ai évité comme la peste, j'ai finalement moi aussi pris un Uber pour rentrer de la station de train et j'ai décliné toutes ces invitations à passer du temps avec lui de peur qu'il me sente. Mais comme j'avais déjà accepté de venir à cette fête sur un yatch, je me suis résolu à faire une douche intégrale.

Cire, savon, exfoliant, shampoing, savon, exfoliant, jusqu'à ce que ma peau tourne au rouge. Puis je me suis recouverte de toutes les crèmes et huiles parfumées que je possède, j'ai un peu abusé du déodorant et de l'eau de parfum avant l'arrivée de Levi. Quand il est entré, il a commenté ma très forte odeur et je lui ai expliqué, et ce n'est que là qu'il est venu aux aveux.

Son histoire de phéromone nauséabonde n'était qu'un mensonge.

Sur le moment, je me suis senti comme une idiote d'y avoir cru. Ça se saurait si les gens pouvaient sentir... bref ! Mais ma honte a vite été remplacée par la rage. Je le poursuivais dans la maison avec une de mes sandales en main quand nous avons fait tomber une des bougies parfumées d'Amar qui a atterri directement sur lui, renversant de la cire rose sur la chemise à broderie blanche qu'il portait, la ruinant et le brûlant.

La dernière fois que je l'avais entendu enchainer autant d'injures, c'était quand il avait ingéré mon tajine des enfers.

— Tu es sublime... et en plus vous êtes coordonnés, que c'est chou !

— La ferme.

Blake ricane en voyant qu'il est parvenu à énerver Levi. Pour une raison que j'ignore, Levi est toujours de mauvaise humeur lorsqu'il est là. En particulier lorsqu'il est avec moi. Je croyais qu'ils étaient amis pourtant. J'ignore encore plus pourquoi Blake fait comme si de rien n'était alors que l'animosité de Levi est loin d'être discrète.

Pendant presque une heure, nous conversons tous les trois- enfin, tous les deux et demi, Levi étant légèrement absent. Il regarde vers l'océan plongé dans le noir, son verre de champagne à la main. Je reconnais certaines personnes que j'ai pu croiser à d'autres évènements du style, des célébrités, des influenceuses, même cette pimbêche d'Adélaïde Cimone est présente. Depuis le début de la soirée, elle et sa clique restent loin de nous, chuchotant dans leur coin avant de rire en me regardant. Je ne leur prête aucune attention.

Par moment, Blake me présente aux quelques autres personnes présentes, notamment le fils du propriétaire de cette mégastructure de luxe.

— Tu veux venir faire le tour du yatch avec moi ? me propose Blake en voyant combien je suis impressionnée par cette dernière.

— Oui ! réponds-je plus vite que je ne l'aurais voulu.

Blake me tend son bras pour que je glisse le mien sous celui-ci et nous commençons à nous éloigner quand je me rappelle de la présence de Levi. Quand il remarque que je me suis arrêtée pour lui dire de nous suivre, il secoue la tête.

— Allez-y... je vais rester ici.

C'est ce qu'il dit, mais quelque chose dans son regard semble en opposition avec ses mots. Alors je lui demande :

— Tu es sûr ?

Il semble hésiter et me tourne le dos.

— Oui. Va le retrouver.

— Ok... on revient bientôt...

— Hm.

— Kenza, tu viens ? me presse Blake.

— Je... j'arrive.

Je me tourne et suis Blake. Nous passons de la deuxième plateforme à de petits escaliers menant vers une porte en inox qui ouvre sur le vaste salon où une dizaine d'invités discute, certains debout, d'autres assis sur un canapé circulaire suivant la forme du mur derrière. Nous la saluons brièvement avant de nous diriger vers le mur qui sépare le salon d'une grande salle à manger magnifiquement illuminée. Je compte une vingtaine de places autour de celle-ci et admire la manière dont elle a été arrangée.

Puis nous passons à l'étage supérieur où se trouvent les chambres, salles de bain et salles de divertissement. Nous faisons même un tour dans la salle de commande où je rencontre notre capitaine qui m'explique brièvement le fonctionnement du bateau.

Nous sortons de nouveau et nous amusons à recréer cette scène iconique du film Titanic.

J'ai toujours eu peur que Blake soit comme dans ces films, un ange à l'extérieur, mais une personne détestable à l'intérieur. Mais j'ai été ravie de voir qu'il est aussi gentil qu'il est beau et talentueux. J'adore passer du temps avec lui, il ne me fait jamais sentir comme si j'étais moindre bien que je le sois en quelque sorte.

Contrairement à Levi qui ne manquait jamais une occasion de me rappeler que je n'avais pas ma place parmi eux. Mais bon, après l'émission avec Ricardo, il a changé. Il n'est pas rayonnant comme Blake, mais au moins quand il n'a rien de positif à dire, il la boucle.

La plupart du temps.

D'ailleurs en parlant de lui... je lui ai dit qu'on ne serait pas long, mais j'avais tant de plaisir avec Blake que je n'ai pas vu le temps passer. Ça fait presque deux heures que nous l'avons laissé seul. Le connaissant, il n'est probablement pas allé socialiser avec qui que ce soit d'autre.

— On devrait aller retrouver Levi, tu ne crois pas ? dis-je, les bras toujours tendus comme Rose.

— C'est vrai, répond-il en retirant ses mains d'autour de ma taille. Il descend de la rambarde avant de m'aider à cause de mes talons.

Nous quittons l'avant du yatch pour redescendre vers les plateformes inférieures. Nous retournons vers l'endroit où nous avons laissé Levi tout à l'heure, mais ne l'y trouvons pas. Je tente de le contacter, mais il ne répond ni aux appels ni au message. Blake et moi commençons à le chercher à bord, car à part s'il est reparti à la nage, il est forcément sur le yatch.

Seul souci, c'est un megayatch, aussi gros qu'une putain de villa. Avec la musique, les conversations et l'effervescence, il est difficile de le repérer, malgré son mètre quatre-vingt-dix. Après avoir cherché dehors, nous entrons, refaisons notre parcours dans le salon, la salle à manger et le reste des pièces.

Puis, je finis par l'apercevoir adossé à un mur, les bras croisés pour ne pas changer, seul comme je le pensais. Je laisse Blake pour aller à sa rencontre.

— Levi-

Sans crier gare, il m'attrape et plaque sa main contre ma bouche pour me faire terre.

— Mgguiiiehiffihf.

— Tais-toi, chuchote-t-il.

Je ne comprends d'abord pas la signification de son geste, mais quand des rires me parviennent, je cesse de gesticuler. Parmi ces rires, je reconnais certaines voix, mais une en particulier vient me chercher, celle d'Adélaïde. Blake arrive à notre niveau à ce moment.

— Non mais il faut le voir, à errer tout seul comme un fantôme. Pourquoi tu l'as invité ?!

— Je ne l'ai pas invité, je te jure !

Je reconnais la voix du fils du milliardaire à qui appartient cette embarcation de luxe.

— Ce doit être Blake qui les a ramenés, répond Adèle. Il les amène partout, c'est pas possible.

— Pourquoi il fait toujours ça ?

— Qu'est-ce que j'en sais moi, répond Adèle exaspérée et un peu saoule, je crois. Il fait la charité, les petites choses qui font pitié, ça l'excite... je crois.

Blake perd son sourire et regarde Levi dans les yeux.

— Je lui ai pourtant dit que je ne voulais pas voir Levi maintenant qu'il sort avec cette fille.

— On dirait qu'il l'aime bien, je les ai vu rejouer des scènes de Titanic tout à l'heure.

— Ark. Tu ne pouvais pas la pousser par-dessus bord ?

J'ignore ce qu'il y a de drôle, mais ça les fait rire.

— C'est pour ça que Levi était seul !

— Bah ouais, tu voulais qu'il fasse quoi en attendant ? Sans Blake, il n'est rien.

— Adèle ! fait mine de s'indigner une des filles, hilare.

— Mais c'est la vérité ! Il s'agrippe à lui comme une sangsue et il faisait la même chose avec moi avant. Il est franchement étouffant.

Levi retire sa main de sur mon visage, pas parce que je ne parle pas, mais parce qu'on dirait que ses forces le quittent. Je me tourne, prête à aller là-bas clouer le bec de cette langue de vipère, mais il me retient. Pareil quand Blake semble sur le point d'intervenir, il secoue la tête.

Il veut les laisser parler. Il veut entendre. Alors il écoute. Nous écoutons.

— J'ai été si surprise à l'annonce de leur couple. Je pensais qu'il était amoureux de toi moi.

— Mais oui ! Moi aussi, comment ça se fait ?!

— J'ignore ce qu'il s'est passé. Elle est venue, a obtenu son rôle et elle a jeté son dévolu sur lui. Je ne vois pas ce qu'elle lui trouve.

— Arrête, Levi est très beau. Il est juste désagréable.

— Blake est mieux.

— Je préfère les hommes un peu plus vieux, répond Adèle avant de rire fort avec les autres pestes.

Je lève les yeux vers Levi qui a le regard vide, la mâchoire serrée dans un effort de se contenir.

— Moi je pense toujours que c'est toi qui aurais dû avoir le rôle d'Alice.

— Ne m'en parle pas. La production m'a appelée pour être sa remplaçante parce que le rôle lui avait été retiré, mais le soir même ils m'ont dit de laisser tomber. Apparemment, elle et Levi sont allés supplier les descendantes de l'auteur de la laisser jouer.

— J'en étais sûre ! Elle a eu son rôle uniquement grâce à lui.

— Oui. Ça et aussi parce que la réalisatrice est une originale. Elle voulait de la diversité.

— Pourquoi ils font toujours ça ?

— C'est à la mode de dénaturer de bonnes œuvres pour remplir les quotas ethniques. Le summum de la pitrerie.

Il acquiesce tous. Ma gorge se noue contre ma volonté et ma poitrine se resserre quand je les entends réduire tous les efforts que j'ai faits à du piston et des quotas.

— Avoir un rôle c'est une chose, ça ne veut pas dire qu'elle doit ramener sa ganache comme si elle avait sa place parmi nous.

— Bah, comme ils sortent ensemble, elle est toujours avec lui.

— Oh mon dieu ! Je viens de penser à quelque chose ! Tu crois qu'il sort avec elle juste pour te rendre jalouse ?

— Imagine !

— Bah, il n'y a aucune chance qu'il me rende jalouse. Qui voudrait de lui après qu'il soit passé par Jasmine ?

— Moi je la trouve sexy, Jasmine, commente un des mecs. Il y quelques mois je suis tombé sur des vidéos deep fake d'elle, je dirais pas non à ce qu'elle me suce. J'aime les mets exotiques.

Les larmes que je retenais remontent à la surface, me brouillant la vue. Je ferme les paupières pour les laisser couler, mais quand j'ouvre de nouveau les yeux, Levi n'est plus là.

Il est entré dans la pièce.

Maintenant à la place des rires et des cancans, ce sont des bruits de bagarre que j'entends. J'entre à mon tour pour voir qu'il s'est jeté sur un des quatre types présents. La scène me semble surréelle, car combien même Levi est la personne la plus hostile que je connaisse, je ne l'ai jamais vu user de violence.

Mais à le voir, on dirait que ce n'est pas la première fois qu'il passe quelqu'un à tabac. Des cris jaillissent et quelques personnes viennent pour les séparer, se prenant des coups au passage. Moi je suis encore trop choquée et pas suffisamment suicidaire pour tenter de le calmer.

C'est Blake qui réussit finalement à retirer Levi du corps du pauvre type qui s'est vanté d'avoir regardé des vidéos explicites artificielles de moi. Il essayait désespérément de protéger son visage déjà ensanglanté.

— Lâche-moi !

— Levi ! Levi arrête ! le raisonne Blake qui peine à le contenir.

Levi le pousse et fond de nouveau vers sa victime pour finir ce qu'il avait commencé et ce n'est que quand il ne bouge plus qu'il se lève, essoufflé. Quand il se rend compte que l'autre est encore conscient, il s'accroupit et le saisit par le col.

— Espèce de petite sous-merde. T'es fier en plus ? Mais pourquoi je suis étonné ? Il doit y avoir pas moins de dix filles qui m'ont dit qu'elles se sont réveillées chez toi sans le moindre souvenir de comment elles se sont retrouvées dans ton lit. Maintenant, tu te tapes des pixels ?

Puis il regarde tous les autres qui se sont reclus de l'autre côté de la salle. Il échange son regard colérique pour un regard condescendant, celui qu'il avait avant de me descendre.

— Si je me souviens bien, tu m'en avais aussi parlé Adèle. Tu sais, vous savez tous, mais c'est lui que vous préférez inviter à toutes vos fêtes c'est ça ? Un violeur. Et toi Tim, tu penses qu'ils apprécient tous ta compagnie ? Tout le monde te trouve lourd, la seule raison pourquoi ils tiennent à te garder près d'eux, c'est parce que ton père est pété de thune. Val, c'est toi qui m'as dit une fois que tu ne supportais personne ici et que tu n'étais là que pour les réseaux sociaux ? Oh d'ailleurs, ton mec te trompe avec cette pute de Rebecca. Ouais, ta meilleure amie. Apparemment la dernière fois qu'ils l'ont fait c'était pendant ta fête d'anniversaire.

La concernée dévisage son amie qui baisse la tête.

— C'est Adrian qui a envoyé la sex tape de lui et Laura aux médias quand vous vous êtes séparés, il ne s'est pas fait hacker. La seule raison pour laquelle Eva traine avec toi Bailey c'est parce qu'elle veut se taper ton frère, en réalité elle te déteste. Tellement que c'est elle qui a aidé ce conard à te droguer pour qu'il te ramène chez lui ! crache-t-il en désignant celui qu'il a tabassé plus tôt.

La consternation lave le visage de tous.

— Et toi... Adélaïde.

— Levi-

— Tu te la joues starlette alors que ça devient évident que plus personne ne veut de toi dans l'industrie. T'es une espèce de diva capricieuse, tous les producteurs cherchent à éviter de travailler avec toi parce que c'est pénible. Mais même-là, tu sais très bien que ce n'est pas pour ça que Kenza a eu le rôle et non toi. C'est parce que t'es médiocre. Tu m'entends ? Médiocre. Tu penses que ton visage et ton physique vont encore te décrocher des rôles comme quand tu étais enfant, mais t'es plus la mignonne petite gamine que tu étais, juste une mijaurée exécrable et anorexique qui a besoin que les gens flatte son égo blessé. Même tes parents ne croient plus en toi et aucun régime ne te donnera ne serait-ce que le quart de son talent. Tu peux continuer à la rabaisser et à te moquer, ça ne change rien au fait que ce soir, tu vas rentrer retrouver ta mère tyrannique et que ta vie restera toujours aussi misérable !

Il ne s'arrête que quand des larmes coulent sur le visage d'Adèle dont il vient de détruire l'estime. Il se lève et se dirige vers la sortie, mais Blake le retient.

— Levi, t'es allé trop loin-

— Ne me touche pas toi ! Toi aussi, tu es exactement comme eux, un hypocrite. Tu crois que je ne sais pas ce que tu penses de moi ? Ça t'énerve, hein ? Que pour une fois ce n'est pas toi qui es au-devant de la scène.

Hein?

— Quoi ?

— J'ai vu ta réaction quand c'est moi qui aie eu le rôle que tu convoitais.

Blake fronce les sourcils.

— Je t'ai vu tout détruire dans ta chambre, j'ai entendu ce que tu penses de moi au fond de toi, révèle-t-il alors que les yeux de Blake s'écarquillent. Tu ne supportes pas que je puisse avoir quelque chose que tu n'as pas déjà eu ou dont tu ne veux pas, hein ? C'est pour ça que tu t'intéresses à elle, avoue.

Blake ne répond pas. Alors Levi lui tourne le dos, passe devant moi et quitte la pièce. Le calme étant retombé sur la salle, tous les gens présents se regardent, ahuris.

— Quel connard, souffle Blake.

Je ne sais pas quoi dire, quoi penser. Il est vrai qu'il est vraiment allé trop loin, surtout avec Adèle, mais si tout ce qu'il a dit sur eux est vrai...

Je me tourne pour aller à sa poursuite. Lui et ses longues jambes sont déjà au bout du couloir où des gens qui avaient été attirés par l'agitation se tassent pour le laisser passer. Je cours pour le rattraper.

— Levi ! Levi !

Il refuse de s'arrêter.

— Levi ! Attends, tu vas où ?!

— Je rentre chez moi, on ne veut pas de moi ici.

— Quoi ?! Mais on n'est au beau milieu de l'océan.

— J'irai à la nage s'il faut. Si je reste ici, je vais commencer à pourrir comme eux.

Nous arrivons sur la plateforme où il va parler à un des employés pour lui demander s'il peut le ramener au quai. Ce dernier accepte et prépare un des petits bateaux flottants à l'arrière. Quelque minutes plus tard, les écluses s'ouvrent, libérant le bateau dans l'océan. Je regarde Levi qui y prend place.

Blake réapparait.

— Qu'est-ce qu'il fait ?

— Levi...

Il se tourne enfin vers moi.

— Oh... t'es pas obligée de venir avec moi. Tu peux rester fêter avec lui si tu veux.

Je me retrouve déchirée entre mon désir de passer le reste de la soirée avec Blake et celui de ne pas laisser Levi seul, surtout avec ce qu'il vient d'entendre ses amis dire de lui. Je me tourne pour suivre Blake, mais mon corps refuse d'avancer.

— Merde.

Je retire mes talons et monte sur le bateau où Levi me regarde étrangement, surpris que je l'aie choisi lui. Je regarde Blake, prête à m'excuser, mais il me tourne le dos et s'éloigne, visiblement irrité par ma décision.

Je gèrerai ça plus tard.

Je vais m'assoir auprès de Levi et tous les deux gardons le silence tout le long du trajet jusqu'au quai. L'employé nous dépose et retourne immédiatement en direction au yatch visible au large. Tous les deux sur le quai, nous le regardons s'éloigner.

— Pourquoi t'es venue avec moi ? demande-t-il finalement.

Bonne question...

— On est venu ensemble.

— Mais Blake-

— Alors on repart ensemble.

Nous nous fixons de longues secondes, mais il ne fait que hocher la tête.

— Merci.

— De ?

— De m'avoir défendue... et d'avoir remis Adélaïde à sa place- de tous les avoir remis à leur place.

Il lève les épaules, comme si ce n'était rien, mais un petit sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'il contemple sa main ensanglantée. Quand ils parlaient de lui, il n'a pas réagi, il n'a même pas voulu que j'intervienne, mais quand c'est ils ont commencé à médire à mon sujet, il a pété un câble.

Je dois reconnaitre que ça me fait plaisir.

— Désolé... j'ai gâché ta première soirée sur un yatch.

Je balaie ses excuses d'un geste de main.

— C'est surfait de toute façon.

Il sourit en secouant la tête.

— Bon... on fait quoi maintenant ? demande-t-il.

Je réfléchis quelques secondes.

— J'ai une idée.

Kenza

— Non.

— Allez !

— Non.

— Je te rappelle que TU as gâché ma première soirée sur un yatch. Tu me dois au moins ça.

Levi soupire et sort de sa voiture.

— Je vais pas rester longtemps.

— Ouais ouais, c'est ça, dis-je en lui tournant le dos pour me diriger vers mon nouvel immeuble.

Levi déteste venir chez moi, combien même mon appartement est décent, combien même c'est lui qui m'a aidée à le trouver suite à l'intrusion dont nous avons été victime Amar et moi, ce n'est toujours pas assez bien pour monsieur von Neumann. C'est lui la vraie diva. Nous montons à mon étage et nous rendons devant la porte que j'ouvre.

La maison est plongée dans le noir.

Amar est en voyage. Si elle avait été là, je n'aurais pas invité Levi, car ça ne respecte pas ses principes de non-mixité. Nous nous déchaussons et Levi me suit jusqu'au salon.

— Qu'est-ce qu'on va faire ?

— Mon activité préférée !

— Après stalker Blake ?

Je lui fais un doigt d'honneur.

— Regarder des séries turques.

Il souffle.

— C'est toi qui m'as dit que tu voulais essayer de nouvelles choses.

— Ouais mais je n'ai pas envie d'écouter des trucs arabes.

— J'ai dit turques.

— Même chose.

Je lève un sourcil.

— Désolé.

— Je t'assure que tu vas aimer. C'est mille fois mieux que les séries américaines.

Il traine ses pieds jusqu'au canapé et s'affale dessus, bras croisés. Moi je vais à la cuisine chercher de quoi grignoter et installe le tout sur la table basse entre la télé et le canapé. Je m'installe près de lui qui a encore les bras croisés et le visage froissé.

— Désolée, j'ai pas de yatch, moi.

Il comprend que son attitude me vexe et corrige sa posture.

— Mets ta série.

Je sautille sur le canapé et cherche dans mon répertoire la série qu'Amar et moi regardons en ce moment. Je la mets et elle commence. Quand ça parle Turque, Levi se plaint à nouveau, mais je commence à avoir l'habitude avec lui. Il est toujours en train de se plaindre.

Lui qui ne voulait pas regarder de série turque est plus impliqué que moi quelques heures plus tard. Il parle aux personnages à la télé comme s'ils pouvaient l'entendre. Il me fait penser à ma mère devant ces séries. Il tente même de prédire les évènements à venir et se retrouve toujours la mâchoire à terre en découvrant les retournements de situation.

En une seule soirée, nous terminons la première saison qui s'achève sur la révélation d'une trahison.

— La suite.

— Tu vois que tu aimes.

— Tais-toi et mets la suite.

— Demande plus gentiment, exigé-je en cachant la télécommande derrière mon dos. Mets-toi à genou et peut-être que je prendrai pitié.

— Ou... je peux te prendre la télécommande et la mettre moi-même.

À peine termine-t-il sa phrase qu'il se jette sur moi et m'arrache la télécommande alors que je me débats en riant. Je me redresse et monte sur lui pour la lui reprendre, mais avec ses bras bien plus longs que les miens, il la maintient hors de ma portée et parvient même à mettre la saison deux sans trop de difficulté.

Puis son regard espiègle revient à moi qui me tiens toujours sur lui et il me sourit, victorieux. Ses yeux passent des miens à mes lèvres avant de revenir vers mes yeux et il se repositionne, me faisant le sentir entre mes cuisses.

J'envoie la commande à mon corps de m'éloigner de lui, mais c'est l'inverse qui se produit. Si bien que nos nez entrent en contact. Moi qui étais certaine qu'il me repousserait en m'injuriant, je suis surprise quand il pose sa main au niveau de mes reins, accentuant le contact de nos corps. L'autre se glisse derrière ma tête, dans mes cheveux que j'ai lissés pour la soirée. Mon cœur tambourine de peur et d'impatience dans ma poitrine tandis que c'est à mon tour d'alterner entre ses yeux et ses lèvres.

— Je peux ?

Sa voix n'est qu'un souffle, à peine audible. Elle transpire la vulnérabilité et... le désir. Je ne sais quelle entité me possède lorsque je hoche faiblement la tête, lorsque je ferme les yeux pour le laisser m'embrasser.

Le baiser qu'on échange est bref, apeuré. Il vérifie pour voir si je suis toujours d'accord et c'est moi qui me jette sur ces lèvres cette fois. Il se redresse pour approfondir notre baiser et sa langue demande l'accès à ma bouche. Je la lui donne sans hésitation. Instinctivement, mes hanches ondulent contre les siennes, avides de la sensation de son membre durcissant contre moi.

Il pousse un râle de satisfaction et des millions de picotements grésille sur mes zones les plus érogènes. L'air se raréfie, la température grimpe et avec elle notre plaisir.

Nos lèvres se quittent pour que les siennes aillent se perdre dans mon cou. Je serre ses cheveux sombres entre mes doigts chaque fois que sa langue se pose sur ma peau et puis-

Un coup de feu tiré à la télé nous fait sursauter. Nous nous séparons, de nouveau nous-mêmes et Levi se lève, l'air affolé.

— Eh merde... je suis désolé-

— Non, c'est pas toi, je...

— Je suis tellement désolé, je sais pas ce qui m'a pris... faut que je parte.

— Levi, attends !

Il s'enfuit littéralement, claque la porte et l'appartement retrouve son silence, troublé uniquement par la télé. Je reprends peu à peu mes esprits.

Assise seule, je touche mes lèvres du bout des doigts, incertaine de si j'ai halluciné non seulement le baiser, mais aussi tout le plaisir que j'en ai retiré. Puis une évidence s'impose à moi :

— On a enfreint la dernière règle...

Coupé !

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