Scène 13

𝕊𝕔è𝕟𝕖 𝟙𝟛 : 𝕃𝕦𝕞𝕚è𝕣𝕖𝕤, 𝕔𝕒𝕞é𝕣𝕒, 𝕒𝕔𝕥𝕚𝕠𝕟 !

Levi

Sur une échelle de 1 à change d'identité, prends le prochain vol pour le Vietnam et disparaît de la surface de la Terre, à quel point est-ce que j'ai merdé selon vous ?

Miandbooks : Vous voyez ?! Je vous l'avais dit qu'ils étaient ensemble.

Un peu ?

Carla :) : Vous pensez qu'ils étaient ensemble avant le film où ils sont tombés amoureux pendant le tournage ?

Beaucoup ?

Brenda : Imaginez la complicité qu'ils auront, et la chimie lors des scènes caliente. AHHHHHH !!!! C'est sur que c'est pour ça qu'ils l'ont prise.

Ur mom's 0 : @Branda113 chimie de quoi ? Ils ne vont pas bien ensemble. Pire couple de l'année.

Totalement ?

Jade : @Carla.amish je crois que c'est récent. Ni l'un ni l'autre n'a de photo ensemble sur leur réseau.

Hell_is_a_choice : @Jade_Nmd Après, peut-être que leur couple est secret. Pour éviter les drama et tout.

Jade : @Hell_is_a_choice secret mon cul, il l'a annoncé devant les caméras.

Jack_theres_a_boat_jack : On doit trouver un nom pour leur couple ; je propose Leza.

Hell_is_a_choice : @Jack_theres_a_boat_jack gênant.

Les yeux rivés sur mon écran depuis plus d'une heure, je fais défiler les tweets concernant ma déclaration d'hier soir. Les médias et les gens y relais la séquence où je prends Kenza pour l'embrasser et confirmer les rumeurs sur notre pseudo couple, les gens font des montages et des comptes fans pour notre couple avec ces derniers. Je lis les commentaires sous chaque thread, dépassé par l'ampleur que mon geste a pris.

Parce que ce que j'ai fait hier, quand j'ai annoncé aux médias que j'étais bel et bien en couple avec Kenza, c'était sur un coup de tête. Je suis rentré si noir de colère après la révélation que Kenza m'a faite sur Adèle et ce qu'elle m'a dit sur le fait que personne ne m'aime, que je ne me suis même pas soucié de la bombe que je venais de lâcher.

Et maintenant, elle m'explose au visage.

Je défile encore et encore, lis tous les articles qui exagèrent mes propos à outrance. J'ai seulement dit que la rumeur était vraie, mais à le lire, l'on croirait que je leur ai annoncé qu'on était secrètement mariés avec deux enfants depuis neuf ans ou des amants cachant une relation extraconjugale.

Tout ce que j'ai dit c'est « la rumeur est bien vraie », comment sont-ils parvenus à rédiger des pages complètes sur ça ? Pourquoi les gens en parlent encore des heures après ? Je n'ai même plus vu de personnes protester contre le rôle d'Alice. Dès que le nom de Kenza apparait, il est lié au mien.

À notre couple.

— Sacrifice...

Je reçois un appel, cachant l'article que je lisais. Le nom de mon père apparait.

Je répond mollement.

— Allo ?

— Tu réponds enfin ! Non mais tu m'expliques ce que c'est que cette histoire ?!

Je soupire. J'ai passé la soirée d'hier et la nuit à ignorer ses appels. Comme je voyais ses messages, il savait que j'allais bien. Un des soucis quand on est célèbre, c'est qu'on ne peut même pas déprimer en paix sans que la terre entière cherche à vous joindre.

Je me masse les tempes pour chasser mon mal de tête résultant de ma nuit blanche alors que je quitte mon lit.

— Je peux t'expliquer.

— Ah oui ? J'ai bien hâte de t'entendre ton explication à une déclaration pareille.

La tête battant encore au rythme de ma migraine, je me rends dans ma cuisine. Là, j'ouvre le frigo et en sors les fruits et la verdure nécessaire à mon frappé matinal. Je réfléchis aussi à ce que je vais bien pouvoir dire à mon père- mon agent, là je parle à mon agent- pour justifier mon geste et ma déclaration d'hier. Seulement, je me vois mal lui dire ce qui m'est réellement passé par la tête, le fait que c'est le manque d'amour qui m'a fait dire un truc pareil et ma jalousie dirigée vers un inconnu qui baisait Adèle lors d'une fête en mon honneur. Alors je dis simplement :

— C'est compliqué.

Avant qu'il ne se mette à élever le ton, je démarre le mixeur après y avoir jeté deux comprimés de suppléments. Le mélange tournoie près d'une minute, créant un joli tourbillon jaune et vert. Quand j'arrête, mon père est encore en train crier, me sermonnant sur les conséquences et les répercussions de ce que j'ai fait.

— Non mais tu te rends compte ?!!! Kenza ?!!! Déjà que c'est le pire choix que tu pouvais faire, mais si en plus elle porte plainte ??!!

— Porte plainte ?

— Levi, j'ai vu cette vidéo, tu lui as clairement bondi dessus, elle a tout sauf l'air consentante, tu sais ce qu'ils feront de toi si l'ombre de l'idée que tu es un prédateur sexuel plane sur toi ??!! Ça en sera fini de toi, mais à quoi tu pensais ??!!

À Adèle.

Je soupire en versant la boisson dans un grand verre.

— Ne t'en fais pas, côté baisers non consentis elle et moi sommes quittes.

C'est au tour de mon père de soupirer. La réalité c'est que j'ai une bien maigre excuse. Le fait que Kenza m'a embrassé sans mon consentement n'était pas une raison de faire de même et combien même je ne la supporte pas, il va falloir que je lui demande pardon.

— Il va falloir que tu lui demandes pardon.

— Je sais.

Je commence à boire le contenu de mon verre.

— Bon, la catastrophe est passée, on n'y peut rien. Il faut limiter les dégâts à présent.

— C'est-à-dire ?

— Mettre fin à la grotesque rumeur comme quoi vous sortez ensemble, on peut dire que ça a été monté de toute pièce par les médias, que la vidéo est truquée, que-

— Pour quoi faire ?

— Comment ça « pour quoi faire » ? Pour qu'on ne t'associe pas à cette parvenue, voilà pourquoi ! Qu'est-ce que tu pensais faire ?

Je dépose le verre vide sur le comptoir et lèche ma lèvre inférieure.

— Rien du tout.

— Comment ça rien du tout ?!

— Rien du tout. La rumeur est vraie. Je sors avec Kenza.

Il y a une pause si longue que je crois qu'il a raccroché. Ou peut-être est-il mort d'une crise cardiaque.

— PARDON ?!

Surprise...

J'ai fait bien plus que déprimer cette nuit. J'ai aussi longuement réfléchi à ce que j'avais fait, ce que ça implique, comment m'en sortir. Toutes les solutions qu'allait me proposer mon agent me sont venues à l'esprit et ça aurait été chose facile de revenir sur ma déclaration.

Et puis j'ai commencé à lire les articles des magazines.

On y parlait des deux baisers filmés, de moi, de Kenza, mais aussi du film que nous sommes en train de tourner. Si au départ, comme papa, je craignais que mon nom soit associé à celle qui était un peu devenue la paria d'Hollywood, j'ai été surpris par combien le public prenait bien à la nouvelle.

Des titres d'articles dignes des plus belles romances pour décrire une relation dont ils ne savent rien et qui n'existe même pas, des montages, comptes fans, et toujours plus d'articles à notre sujet nous dépeignant comme un de ses couples atypiques qui s'aiment envers et contre tout.

J'avoue que ça m'a même fait rire un peu.

Hannah disait vrai hier, l'idée que nous formons un couple en dehors du cadre du travail ravissait les jeunes femmes. Des dizaines et des dizaines de commentaires exprimaient que les scènes n'en seraient que meilleures et qu'ils n'auraient pas besoin de s'imaginer notre couple. Ceux qui n'avaient pas entendu parler du film ou même du livre ont eu un nouvel intérêt pour ces derniers, pour surfer sur la vague.

Les seuls opposants- ou devrais-je dire opposantes- sont les groupies qui ne supportent pas que leur célébrité aime une autre personne qu'elles. Elles font de nos vies et de celles de nos partenaires un enfer en nous harcelant, envoyant des menaces de mort, en s'introduisant chez nous ou, comme ça s'est passé avec Blake, en mettant nos vies en danger au nom d'un « amour » qui n'a sa place que dans leur esprit dérangé.

La pire espèce si vous voulez mon avis et toutes auraient besoin d'un traitement psychiatrique.

Kenza comprise.

Mais elles sont une minorité suffisamment insignifiante pour ne pas leur prêter attention.

Par contre, ce qui m'a marqué et que je n'avais jamais encore eu à vivre, c'était le racisme des commentaires critiquant mon choix. J'ai lu des mots et vu des illustrations que je n'oserais même pas décrire à l'encontre de Kenza, des « elle nous vole nos rôles et maintenant nos hommes »... comme si le rôle était pour elles, comme si moi, j'étais à elles. Du côté des hommes, on la sexualise au max en disant que je cherchais « quelque chose d'exotique ». Je suis même tombé sur un site de deep fake utilisant le visage de Kenza pour... vous savez...

Adèle m'avait fait part de cette problématique qui ne vise que les femmes. Savoir que des gens créent ce genre de contenu sans votre consentement... dégueulasse. Et combien même elles les poursuivent et font fermer ces sites, d'autres émergents comme des champignons. C'est une guerre perdue d'avance.

J'ai cru halluciner devant les pensées sombres de ses gens qui profitent de leur anonymat pour cracher leur venin. Et sur le moment, je me suis senti affreusement mal d'avoir mis Kenza dans une telle situation. Elle m'a dit chez les Ridgers qu'elle recevait toutes sortes d'insultes et de menaces... je n'imagine même pas celles qu'elle a reçues après ça.

J'ai songé à l'appeler pour, m'excuser oui, mais aussi lui demander comment elle allait, mais je n'en ai pas eu le courage. Il y avait aussi une part de moi qui lui en voulait pour les mots qu'elle m'a dits, et le fait qu'elle m'ait empêché de voir Adèle dans cette serre, même si je sais que ça n'aurait rien fait à part me blesser.

Kenza...

À force de lire les articles, les commentaires, voir la vidéo et les photos, j'en suis même venu à y croire, à notre « couple ». Moi qui me suis toujours figuré avec Adèle, ça faisait... différent. Et même un peu du bien après ce que j'ai appris. Presque comme une revanche contre Adèle.

Avait-elle eu vent de la nouvelle ? Pense-t-elle que je me suis enfin libéré de son emprise ? Est-elle jalouse ? Viendrait-elle à moi en apprenant que je ne suis plus à sa disposition ? C'est son genre. Elle aime ce qu'elle ne peut ou ne dois pas avoir, et ce depuis toujours. Elle a un historique avec les mecs déjà en couple, ça l'excite, je crois.

Chacun son truc.

Ce n'était qu'une idée vague... Jusqu'à ce que je reçoive un message d'elle.

— Tu m'as bien entendu. Je sors avec Kenza. C'est la vérité.

Je quitte la cuisine.

— Depuis quand ? demande-t-il, décontenancé.

— Peu de temps. Après la visite chez les descendantes de l'auteur, mentis-je.

— Tu ne m'en as jamais parlé.

— Je devais le faire ?

— Je suis ton agent... et ton père !!

Normalement, il devait le dire dans l'ordre inverse, non ?

— Ah... bah maintenant tu le sais.

— Et Adèle alors ?

Je m'arrête juste devant la porte de la salle de bain.

— N'étais-tu pas encore amoureux d'elle il y a peu ?

Oui... je le suis encore.

— Ça m'est passé. De toute façon, ce n'était pas réciproque.

— Mais si ce l'était !

— Qu'est-ce que tu en sais ?

Mon père se tait. Je lève les yeux au ciel.

— Peu importe. C'est quoi mon planning ?

Il soupire.

— Je te l'ai envoyé ce matin. Tu as une séance photo suivie d'une entrevue avec Radio Hollywood concernant le film que tu tournes. Mais à mon avis, ton couple va être le principal sujet de conversation. Je n'arrive toujours pas à y croire.

Quoi? Que ce soit Kenza ou qu'une personne puisse m'aimer?

— Parfait. Bon, je te laisse. Je vais me doucher.

Je coupe l'appel. L'article que je lisais réapparait sur mon écran. Je vais dans ma messagerie où je trouve, dans l'océan de messages reçus, mon échange d'hier avec Adèle.

Adèle : C'est quoi cette vidéo qui tourne ? Elle est truquée ? Je suis sure qu'elle est truquée. Pauvre de toi.

Pire que la haine et le dégout, il y a la pitié. C'est la dernière chose que je veux, surtout venant d'elle.

Moi : Non. Absolument rien n'est truqué dans cette vidéo.

Adèle : IMPOSSIBLE !!! Tu l'as vraiment embrassée ? Et devant toutes ces caméras ? Mais vous ne sortez pas ensemble, si ?

Je repense à ce que j'ai ressenti quand elle m'a posé cette question. J'allais répondre non, mais une part de moi voulait savoir comment elle réagirait si je disais « oui, oui je sors avec Kenza ».

Alors je l'ai fait.

Adèle n'a pas hésité une seconde pour m'appeler. Je ne pouvais pas simplement ignorer son appel comme celui des autres et prétendre que je l'avais manqué, elle savait que j'avais mon téléphone puisque j'étais en train de lui répondre.

— Tu te fous de moi là ? C'est sûr que tu te fous de moi.

— Non. C'est la vérité. Sinon je n'aurais pas dit ça.

— Levi c'est pas drôle.

— Qui a dit que ce l'était ?

— T'es sérieux ?!!

— Je ne sais pas combien de fois je dois te le dire.

— Quoi ?! Mais pourquoi elle ?!

Sa réponse m'a étonné. La question qu'elle aurait dû me poser c'était « depuis quand ? » ou « pourquoi ne me l'as-tu pas dit », comme mon père, mais elle semblait plus perturbée par le fait que ce soit Kenza.

À sa question, je n'avais pas de réponse, non seulement parce que je ne sors pas vraiment avec Kenza, mais en plus je ne sais rien de Kenza qui pourrait expliquer que je sorte avec elle. Mais j'ai un certain talent pour l'improvisation.

— Avec la préparation au tournage, on a fait connaissance et l'on s'est découvert beaucoup de points communs.

Bon...

— Et elle est jolie aussi, ajouté-je pour me rendre plus convaincant.

Bon...

— Mais... je croyais que tu étais amoureux de moi-

J'ai littéralement entendu comment elle a placé sa main sur sa bouche après avoir lâché cela. Je venais d'avoir la confirmation d'une impression que j'avais depuis des années déjà.

Adèle sait très bien ce que je ressens pour elle.

Apparemment, je suis nul pour cacher mon intérêt pour elle, surtout quand elle est présente. Et puis elle a cette façon de me regarder, de me sourire, de me taquiner... c'était sûr qu'elle savait et qu'elle se régalait de cette attention. Ça devait sans doute nourrir son égo.

Mais hier, j'ai fait comme elle, comme si de rien n'était. Pour nourrir mon propre égo blessé.

— Tu dis ? Ça a coupé.

— Non rien ! Rien... mais Kenza...

Le dégout s'entendait dans sa voix. À croire qu'on parlait d'une extraterrestre qui ne méritait pas l'amour d'un homme, encore moins le mien.

— Elle est... non !

— Aux dernières nouvelles, tu n'as pas grand-chose à dire concernant mes relations.

Puisque moi je n'ai rien à dire concernant les tiennes.

— Oui mais... tu vaux mieux que... cette chose. Réveille-toi, Levi.

— Ah oui ?

— Oui !

— Qu'est-ce que je vaux selon toi ?

Silence. Je ne m'attendais pas à un nom, mais son silence m'a fait mal. Elle ne pouvait pas pensé à une personne assez bien pour moi, ou était-ce moi qui n'étais pas assez bien. Elle ne me figurait avec personne, elle ne m'a jamais figuré avec personne. Elle se complaisait du culte que je lui vouais. Au fond, je la comprends un peu.

Surtout avec ses troubles alimentaires, ses parents tyranniques, son estime fragile, savoir qu'on a quelqu'un qui nous aime plus que l'on ne l'aime, plus que l'on ne s'aime soi-même, c'est... gratifiant.

Pervers, mais gratifiant.

J'ai toujours été sa chose en quelque sorte. Et sortir avec Kenza, ou n'importe quelle autre fille, j'ai l'impression que c'était ne plus l'être.

Sur le moment, je m'en suis voulu de ne pas l'avoir remarqué plutôt. Non... je l'avais remarqué. Au fond, je le savais. Je voulais seulement qu'il y ait plus, entre elle et moi.

Devant son absence de réponse, je lui ai raccroché au nez et sans surprise, elle n'a pas cherché à me rappeler.

J'ai menti pour voir la réaction d'Adèle. Et ça m'a plu. D'entendre le fond de jalousie dans sa voix. Pour la première fois, même si ce n'était pas comme je l'aurais voulu, elle m'a convoité, sans pouvoir m'avoir au moindre battement de cil.

J'ai été submergé par un nouveau sentiment de pouvoir, sur elle, mais aussi sur moi, sur mes sentiments pour elle.

Et si elle n'était pas la seule ?

J'ai passé ma vie à m'écraser pour plaire aux autres, plaire à mes parents, plaire à mes amis, à mes collègues... être en couple c'est leur montrer que je peux trouver de la valeur ailleurs que dans leur satisfaction et surtout que, contrairement à ce que tout le monde pense, contrairement à la réalité ; quelqu'un m'aime. Kenza m'aime !

...

Sauf que Kenza ne m'aime pas.

Et j'ai raconté au monde entier que oui.

— Bordel de merde.

L'alarme m'indiquant que je devrais déjà être sorti de chez moi sonne. Je dépose mon téléphone et vais me doucher. Après quoi, je m'habille et sors de chez moi. Alors que je conduis vers le studio photo, je réfléchis à comment je vais convaincre Kenza Belbachir d'embarquer dans mon mensonge.

Kenza

C'est une punition divine.

C'est obligé d'être une punition divine !

— C'est vraiment partout, partout...

Je lâche une plainte dans le creux de mon matelas alors qu'Amar parcourt mon feed Instagram.

— Quand tes parents vont voir ça...

Je recommence, sombrant de plus en plus dans le désespoir.

— Et Blake ?

— Ne m'en parle même pas. Il m'a appelée hier pour me dire que j'étais une sacrée cachotière avec Levi pour ne pas lui avoir dit qu'on était en couple.

— Et tu lui as dit quoi ?

— Bah la vérité. Que son... idiot de meilleur ami m'a sauté dessus sans que je puisse faire quoi que ce soit avant d'annoncer une énormité pareille.

— Il a réagi comment ?

— Ça l'a fait rire.

C'est un peu la seule chose qui m'énerve un peu chez lui. Tout le fait toujours rire, il ne prend jamais rien au sérieux. D'ordinaire, c'est agréable, une personne positive. Mais viennent des moments où l'on veut quelqu'un qui pleure avec nous, s'indigne avec nous, se met en colère plus que nous.

Blake n'est pas comme ça. C'est comme s'il avait des lunettes roses sur le nez. Des fois, il ne fait plus penser à un personnage mal écrit... un personnage de jeux vidéo qu'à une personne et toute la complexité des émotions qu'implique la condition humaine.

Moi je voulais qu'il se fâche, qu'il en veuille à Levi d'avoir touché sa Kenza, qu'il aille voir la presse pour démentir ce que Levi a dit, qu'il affirme que c'est à lui que j'appartiens !

Mais non !

Il a ri et puis c'est tout. Il a même osé me dire : « vois le bon côté des choses, votre pseudo couple est très populaire. C'est bon pour le film ça. »

Oui. J'avais remarqué l'accueil somme toute positif à l'annonce de notre « couple », malgré les méchancetés que je me prends toujours. L'idée d'un couple entre moi et Levi avait séduit le public, va savoir pourquoi.

En fait, c'est qu'au fil des années, Levi s'est montré si inaccessible quant à sa vie privée, ses goûts, qui il est réellement, que comme le journaliste l'a dit, nous nous sommes tous fait une image d'un loup solitaire qui n'aime personne et que personne n'aime.

Le savoir en couple chamboule cette vision de lui et c'est comme une brèche dans la carapace de Levi.

D'où les titre du style : « Celle qui a fait fondre le cœur de glace de Levi ; tout sur Kenza Belbachir, la vedette montante du cinéma ».

Titre flatteur si ce n'est qu'il est faux.

Faux.

Faux.

Faux.

— Blake est bizarre. Quelque chose chez lui sonne faux.

— Blake est parfait.

Amar grimace. Je grogne encore en repensant à la manière dont il m'a saisie, comme un objet, avant de m'embrasser et de sortir un tel mensonge. Quand je repense aux dizaines d'objectifs braqués sur nous...

Il l'a fait exprès, le salaud.

— Kenza.

— Hm ?

— Ton agent t'appelle.

Je me redresse pour voir qu'elle me tend mon téléphone où le nom de Bea apparaît.

Enfin!

Elle va pouvoir me dire comment elle va me sortir de cette situation. Hier quand je l'ai appelée en panique ; parce que je sais que je ne dois rien faire sans son conseil au risque de ruiner mon image, elle m'a dit d'attendre un peu, qu'elle trouverait une solution et me rappellerait.

Alors quand j'entends sa voix....

— Kenza.

Je sais que je suis sauvée.

— Tu vas bien ?

— Aussi bien que je puisse aller dans ma situation. Toi ?

— Je vais très bien !

Comptez sur le ton de sa voix pour vous dire dans quel état d'esprit Bea se trouve et rien que par les quelques octaves au-dessus de l'ordinaire, je sais qu'elle est aux anges. Je voudrais bien la demander ce qui la réjouit à ce point, mais là, maintenant, le plus important c'est moi et Levi.

Moi sans Levi.

— Alors ? Qu'est-ce que tu as pu faire ?

Elle se racle la gorge.

— Et bien en fait... rien...

Silence.

Amar et moi échangeons un regard confus et elle se rapproche pour mieux entendre.

— Comment ça rien ?

— Kenza, il faut que tu sortes avec lui.

Coupé!

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