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Deux mois étaient passés. Elle avait raconté son histoire des milliers de fois. Chaque fois on s'était assuré qu'elle comprenait bien que "ce n'est pas ça le vrai amour".
Oui elle savait. Oui elle comprenait bien. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui, de l'idéaliser. Elle le voyait partout. Tout le temps. Et malgré cette idéalisation, elle continuait à le craindre.
Deux mois étaient passés. La vie avait lentement repris son rythme.
Elle avait débuté sa première année de lycée à contre-cœur. Peut-être par peur des autres, ou par peur d'elle-même.Elle ne voulait pas y aller, et pleurait tous les soirs, espérant ne pas y retourner le lendemain,
Il l'avait détruite, anéantie au point où elle en avait oublié qui elle était vraiment.
Cette année là, elle cherchait désespérément à s'accrocher à son passé, un passé qui ne lui correspondait plus. Elle cherchait désespérément à redevenir comme avant. Mais elle ne se rappelait plus, elle ne savait plus ce qui avait longtemps fait d'elle la personne qu'elle était. Alors elle se chercha dans les autres, piochant les traits de leur personnalité qu'elle aimait bien. Elle assemblait ensuite les morceaux difficilement, devenant cette nouvelle elle. Elle tentait, en vain, de s'adapter à ce nouveau personnage qu'elle incarnait. Elle semblait changer de personnalité chaque semaine, au grand désarroi de ses nouveaux amis de lycée.
À la fin de l'année ils la laissèrent, l'abandonnèrent, malgré le fait qu'elle leur avait raconté ce qui lui était arrivé, comme pour justifier ses actions bizarres. Mais elle avait besoin d'eux pour se retrouver. Ils incarnaient chacun une partie de ce qu'elle avait été avant. Elle avait besoin d'eux. Elle avait mis toute sa confiance en eux.
Mais ils ne voulaient plus d'elle.
Durant l'année avait eu lieu une confrontation avec lui, via Skype.
Après presque un an, elle le revoyait enfin.
Pendant un an, elle avait patiemment attendu, espérant pouvoir un jour lui exprimer toute sa rage, toute sa colère. Il devait savoir. Il l'avait détruite, lui avait pourri la vie.
Pourtant devant cet écran, entourée de quelques personnes, elle ne réussit pas à le lui dire. On lui demanda de raconter sa version des faits, ce qu'elle fit d'un ton monocorde.
"Non!" cria-t-il " Ça ne sait pas passé comme ça!" Il ne l'avait jamais touché. Oui, elle l'avait bien rejoint dans la chambre. Ils avaient parlé. Beaucoup parlé, notamment de leurs écoles, et puis soudainement, elle lui avait dit qu'elle avait ses règles. Peut-être parce qu'elle craignait qu'il ne l'apprécierait pas si elle avait ses règles.
Il niait. Encore une fois. Il niait pour la quatrième fois.
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