Louis s'étire et chacun de ses muscles crie sa douleur. Le pire c'est sa tête, il s'y attendait. Après tout ce qu'il a bu la veille, l'inverse aurait été étonnant. Il essaye de recoller ensemble ses souvenirs de la veille, enfin des quelques heures plus tôt vu qu'il n'est rentré chez lui qu'à six heures passés. Il regarde son téléphone. Cinq heures. Il n'a dormi que cinq heures. Pas étonnant que ses yeux le brûlent et qu'il ai une énorme envie de se rendormir. C'est mal barré pour qu'il aille en cours aujourd'hui. De toute façon ce ne sont que des options donc ce n'est pas trop grave, au pire il rattrapera sur un des étudiants de son cours. Et puis il est bien trop fatigué pour réfléchir à ça. Son téléphone vibre dans sa main. Il appuie dessus et le porte à son oreille sans réfléchir.

-Allo?

Sa voix éraillée et son ton las indiquent clairement à son interlocuteur qu'il vient de se réveiller. Il n'obtient aucune réponse.

-Allo?

Toujours rien.

-Heu... y'a quelqu'un?

Il regarde l'écran de son téléphone.

-Oh le con ! s'exclame-t-il.

Ce sont des SMS qu'il a reçus pas un appel. Alors qu'il allait reposer son téléphone sur le matelas, flemme de lire du texte, bien trop envie de dormir il se retient au dernier moment. C'est bien le nom d'Alice qu'il vient de voir? Il double clique. Ses doutes sont confirmés. C'est bien Alice. Quatre messages d'un coup, pour engager la conversation, c'est un record. Et surtout ça finit de complètement réveiller Louis. Il se redresse assis dans son lit en lisant. Elle prend de ses nouvelles et ça lui fait du bien que ce soit elle qui l'ai fait en premier. Il lui répond et lui envoie rapidement une photo de lui. Il ne sait pas trop pourquoi il a fait ça. Mais, alors qu'il n'aime pas faire de selfies, il aime bien en prendre pour elle. C'est vraiment étrange comme sentiments. Il se masse les tempes en attendant une réponse. Ce n'est pas possible, il se sent vaseux, a mal à la tête, la langue pâteuse et une furieuse soif. Cependant l'idée de boire ne serait-ce qu'une goutte d'eau lui donne une envie folle de vomir.
Il est surpris d'apprendre qu'Alice a bien été en cours le matin même alors qu'elle a dû rentrer à la même heure que lui. C'est là qu'il se rappelle amèrement qu'elle a refusé de le raccompagner et de dormir avec lui. Encore une raison qu'il a de penser que ses sentiments pour elle sont à sens unique. Elle lui avoue qu'elle n'a aucune gueule de bois alors qu'elle a bu au moins autant que lui dans la nuit. Alice lui explique que pour éviter ça elle boit autant d'eau que d'alcool, mais rien qu'à y penser il a envie de vomir et uriner en même temps. Il ferme les yeux et prend une grande respiration pour faire passer la nausée. Il tuerait pour un thé histoire de se réveiller, mais il a vraiment la flemme de se lever. Il croit même rêver en voyant une énorme tasse sur la photo de son PC qu'Alice lui envoie. Après un peu de négociation, et une promesse de l'aider sur sa dissertation de culture générale, elle accepte enfin de le rejoindre à la maison de la fraternité avec un thé. C'est une petite victoire pour lui. Il aurait aimé qu'elle accepte de le rejoindre dans son lit, mais elle a clairement refusé en utilisant l'excuse de son devoir pour ses cours.

-Putain d'intello. Souffle Louis en remettant du mieux qu'il peut ses cheveux en place.

Il lève les bras pour mettre un T-shirt et suffoque. Une douche s'impose. Mais genre vraiment. Il doit puer à deux kilomètres c'est pas possible. Il faut vraiment qu'il prenne une douche avant qu'Alice arrive sinon elle va fuir. Et elle aurait bien raison, même lui, s'il le pouvait il fuirait cette odeur. Il n'arrive pas à comprendre d'où ça vient mais il ne prend pas le temps d'y réfléchir avant de se ruer sous l'eau chaude bienfaitrice.
Un flash de la nuit lui revient quand il nettoie la boue sur ses coudes. Il s'est affalé comme un gros boulet dans les haies devant la fraternité avant de rentrer, et si ses souvenirs sont exacts il ne l'a pas fait qu'une seule fois. Et bien entendu, avec sa chance habituelle il ne doute pas que ce soit exactement le buisson où Boo à l'habitude de faire ses besoins. D'un coup il n'est plus si sûr que ce soit de la boue sur ses coudes. Il frotte deux fois plus avec son savon et rince au moins cinq fois. Il ne sort de la douche qu'une fois certain d'être propre et de ne plus sentir le fennec. Il sursaute en entendant des coups à la porte et enroule rapidement une serviette autour de ses hanches avant d'ouvrir.

-Ouais? Demande-t-il sans regarder, toujours obnubilé par la propreté de ses coudes.
-Lou ! Mais t'es à poil !

Il n'a pas le temps de réagir que la porte lui est arrachée des mains et fermée de force.

-Alice? Questionne-t-il choqué d'avoir entendu sa voix. Mais, comment t'es rentrée?
-Dumpy m'a ouvert. Et il m'a dit de te dire qu'il allait promener Boo puis qu'après il allait je sais pas trop où avec lui donc qu'il rentre que dans la soirée.
-Euh...ok.
-Bon, tu t'habilles que je te donne ton thé?
-Mon thé !

Louis ouvre la porte d'un coup. Il tend les mains vers le gobelet mais Alice le garde hors de portée.

-C'était pas le deal Lou !
-Hein ?
-Tu devais mettre un T-shirt pas m'accueillir à poil !
-Euh... t'es devant la salle de bain là ! Je sors de la douche, et j'ai rarement l'habitude de le faire habillé. Se justifie-t-il. Alors donne moi mon thé si tu veux pas que je fasse tomber la serviette.
-Parce que tu crois que ça me fait peur de voir ta bite peut-être?
-T'as surtout peur de ne pas résister à mon corps.
-Pfff.

Alice lève les yeux au ciel avec un sourire moqueur.

-Si ça peut te faire plaisir de croire ça. Sinon bonjour Louis.

Elle se penche pour lui embrasser la joue tout en continuant de tenir les tasses loin de lui.

-Ton thé et moi nous t'attendons habillé dans le salon. Dépêche toi avant que ça refroidisse.
-Quoi? Toi ou le thé ?
-Tu le sauras en me rejoignant en bas. Elle lui fait un clin d'œil en descendant les escaliers.

Louis est sans voix. Il n'a pas rêvé là. Elle vient bien de lui faire une allusion sexuelle? Il saute rapidement dans ses vêtements et descend quatre à quatre les escaliers. Alice ne semble même pas l'attendre, elle est assise en tailleur dans un des nombreux canapés, son ordinateur sur les genoux et l'air concentré. Elle tend la tasse en l'air sans quitter l'écran des yeux en l'entendant arriver.

-Ah donc tu vas vraiment bosser là. Remarque Louis en prenant sa boisson tant attendue.
-Hum, hum.
-C'est quoi ton sujet ?
-Qu'est-ce qui fait qu'un corps est humain?
-Oh et tu bloque ou?
-J'arrive pas à trouver de références. Le prof nous a dit de mettre plus de références dans mes dissertations si je voulais augmenter ma note.
-Et t'as combien de références jusqu'ici?
-Une seule, j'ai juste réussi à placer un passage sur le manga Fullmetal Alchimist et la transmutation humaine.
-Tu sais qu'il t'en faut une par argument ?
-Ouais... c'est ce que j'ai pour le moment.
-Quoi? T'as qu'un seul argument ?
-Oui. Je galère.
-Mais t'es dessus depuis combien de temps?
-Deux petites heures.
-Oh Gosh! Mais moi je l'aurais déjà fini.
-C'est ta matière principale Lou. Tu veux que je te file mon devoir de maths appliqués qu'on rigole ?
-Ouais non c'est bon. Il fait une grimace avant de prendre une grande gorgée de thé. Viens avec moi, je crois que j'ai un truc qui peut t'aider. Le regard suspicieux d'Alice le fait sourire. Promis rien de sexuel, on va juste dans la bibliothèque, j'ai quelques bouquins de références pour la culture G qui devraient te donner un peu d'inspiration.
-Ok. Elle lui fait un grand sourire, comme si elle était contente qu'il comprenne qu'elle doit vraiment travailler et pas s'amuser.

Louis lui sort plusieurs livres des étagères et la laisse s'installer. Il se doute que si il la dérange maintenant elle risque de lui en vouloir et il ne veut pas prendre le risque. Alors il sort de la pièce et retourne dans sa chambre. Il a l'espoir fou de grappiller quelques heures de sommeil le temps qu'elle planche sur sa dissertation. Il allume la TV au bout de son lit histoire de tomber sur un programme soporifique, enlève son T-shirt et son pantalon, il déteste dormir habillé, et sombre bien vite dans les bras de Morphée.
Louis est réveillé en sursaut par un nouveau message d'Alice. Cette dernière à un problème sur son ordinateur. Louis essaye l'exploit de lui répondre en lui envoyant des messages et en s'habillant en même temps. il échoue lamentablement et atterrie la joue contre le sol. Il finit tout de même par arriver avec un grand fracas dans la bibliothèque. Alice le regarde hilare.

-Toi tu dormais. Dit-elle entre deux rires.
-Je plaide coupable.
-T'aurais dû me le dire, je me serais débrouillé toute seule.
-Comme je te l'ai dit par message, je suis superman je ne peux pas résister à l'appel d'une jeune femme en détresse.
-Ouais Superman. Elle hausse les sourcils. C'est beau de rêver.
-Bon c'est quoi ton problème?
-Bah j'en sais rien, j'ai eu un écran bleu et il s'est éteint.
-Et t'as fait quoi?
-Rien. J'ose plus y toucher.
-Essaye de le rallumer pour voir.
-T'es sûr de toi ?
-Je suis étudiant pas informaticien... Il sourit. Bien sûr que je suis sûr de moi.
-Super rassurant.

Alice hésite mais appuie tout de même sur le bouton de l'ordinateur. Elle souffle de soulagement en voyant qu'il semble s'allumer correctement. Mais surtout qu'elle n'a pas perdu de données. Surtout qu'elle a bien avancé pendant la petite sieste d'une heure de Louis. Ça l'aurait vraiment embêté de devoir tout recommencer.

-C'est bon? questionne Louis.
-Ouais. Sauvée !
-Heureusement parce que j'ai pas mis mes lentilles j'aurais pas pu t'aider sinon.
-Superman qui sert à rien va ! se moque Alice.
-Je te permet pas.

Dans l'idée de l'embêter il se laisse tomber sur elle, mais finalement ça ressemble plus à un câlin qu'à autre chose. Alice répond à son étreinte avant de reprendre le travail. Ne voulant pas la déranger, il s'installe dans le salon, enfin plutôt il se vautre dans le canapé du salon. Il a une flemme monstre de faire quoi que ce soit. Même allumer la télé lui demande un courage qu'il n'a pas. Il reste donc là à fixer le plafond sans bouger. Il observe, pensif les différentes tâches au plafond. Il faudrait vraiment qu'un jour ils pensent à le repeindre. Il voit clairement une auréole qui ressemble à un coca secoué avant d'être donné. Il distingue aussi un trou qui, s'il se souvient bien, date de leur dernière victoire lorsque Alby a sabré le champagne.
Louis est perdu dans sa contemplation des tâches sur le plafond lorsqu'il entend un grognement assez effrayant. S'il ne l'avait pas déjà entendu au moins une fois il aurait peut-être eu peur, mais là il a reconnu le grognement du ventre d'Alice qui menace une création de trou noir. Un coup d'œil à son téléphone. Il est presque deux heures de l'après-midi, pas étonnant qu'elle ait faim, même son ventre à lui commence à gargouiller. Louis envoi à la brune un émoticône de sushi pour lui proposer de se faire livrer. Sans surprise elle répond par un massif oui ! Il profite d'avoir un peu son attention pour savoir où elle en est rendue dans son devoir. Pas qu'il s'ennuie mais à choisir il préférerait passer du temps avec elle plutôt que d'attendre comme un idiot pendant qu'elle bosse.
L'étudiant saute presque de joie en apprenant qu'il ne lui reste que la conclusion à écrire. Il est tellement content qu'il lui donne le code de l'imprimante qui se trouve dans le salon pour qu'il puisse la corriger, ça va l'occuper en attendant que le livreur arrive. Mais surtout ça lui permet de réclamer quelque chose en échange. Il est surpris qu'Alice propose de payer le restaurant du soir et même de peut-être dormir avec lui. Là c'est clairement la fête dans son cerveau. Alors que les premières feuilles sortent de l'imprimante, il appelle le sushi shop du coin et passe sa commande.
Pendant qu'il est au téléphone, il attrape une feuille et réalise deux choses. La première, il n'a toujours pas mis ses lentilles et ne voit vraiment rien. La deuxième, Alice a parlé de dormir avec lui, dans le lit où il a dormi cette nuit, alors qu'il était couvert de boues et autres déjections canines. La catastrophe ! Il remonte en courant dans sa chambre et enlève les draps en vitesse pour en mettre des propres. Heureusement qu'il a fait une lessive la semaine passée. Bon les draps sont un peu froissés et ... moches ? Ils représentent des ballons de foot, un cadeau empoisonné de sa sœur, donc ouais ils sont carrément moches. Mais au moins ils sont propres.
Louis redescend l'escalier quatre à quatre lunettes sur le nez, impossible de remettre la main sur sa nouvelle boite de lentilles, et son téléphone à la main. Si c'est comme d'habitude, il lui reste environ cinq minutes avant que le livreur n'arrive. Il attrape donc les feuilles qui l'attendent dans l'imprimante ainsi que son paquet de cigarette et sort l'attendre sur le porche. Il s'allume une cigarette, s'assoit sur les quelques marches du perron et commence sa lecture.
À sa grande surprise, le papier d'Alice est plutôt bon. Il s'attendait à un pavé insipide et lourd à lire mais en fait c'est assez concis et précis. Typiquement une dissertation de scientifique et pas de littéraire. Elle a fait quatre pages alors que lui en aurait surement fait une vingtaine. Il est tellement concentré dans sa lecture qu'il ne sent pas Alice s'asseoir à côté de lui. Il ne remarque sa présence que quand elle glisse sa main dans sa poche à lui pour récupérer son briquet.

-Ça va ? C'est pas trop mauvais?
-Tu as quelques tournures de phrases un peu étranges mais sinon ça tient la route.
-Ça tient la route? Assez pour avoir une bonne note?
-Ouais je pense.
-Vraiment ? Tu dis pas ça pour qu'on fasse autre chose de l'après-midi?

Le livreur arrive dans l'allée de la maison. Louis ne prend pas la peine de répondre. À la place, il coince sa cigarette entre ses lèvres, dépose la dissertation d'Alice à côté de lui et se lève. Il récupère les sachets de livraison et paie l'employé.

-Cet après-midi je ne sais pas mais pour le moment on mange !
-Bonne idée !
-Tu veux qu'on s'installe où? Dans le salon? Dans la cuisine?
-Dehors ?
-Ok. Va pour dehors !

Alice se relève et récupère ses feuilles. Elle fait glisser ses lunettes de soleil qui étaient jusqu'ici sur son front et suit Louis jusqu'à la terrasse à l'arrière de la maison. Elle s'installe comme si elle était chez elle, les pieds sur une chaise et les fesses sur une autre.

-Tu veux boire un truc? Propose Louis qui profite de ne pas être assis pour faire le service.
-Hum... tu proposes quoi?
-J'ai de la bière.
-J'aime toujours pas ça. T'as pas un truc frais ? Genre un cocktail ?
-Tu m'as pris pour un barman ou quoi ? J'ai que de la bière et du jus de fruit !
-Va pour un jus de fruit alors !
-Ok.
-Merci !
- Ça va te couter cher.
-Si tu le dis.

Alice lève les yeux au ciel, n'y croyant pas vraiment. À la place, elle prend son téléphone et prévient sa colocataire, Orva, qu'elle ne rentrera pas ce soir et qu'elle reviendra sûrement dans la matinée du lendemain. La réponse ne se fait pas tarder et son amie s'indigne car elles devaient apparemment faire une soirée fille. Alice propose de le décaler pour le lendemain, ce qui à l'air d'apaiser Orva. Elle n'a de toute façon pas le temps de plus argumenter que Louis est de retour. Il pose une bouteille ainsi qu'un verre devant elle et boit une gorgée de sa bière.

-Tu vas finir avec du bide si tu ne freines pas sur la bière ! Remarque Alice.
-Mais oui bien sûr. Avec tout le sport que je fais si j'arrive à avoir du ventre c'est que je suis malade.
-Mouais... on en reparlera dans quelques années.

Pour toute réponse Alice obtient un immense sourire. Elle s'arrête dans le déballage des plateaux de sushis pour l'observer.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive encore?
-T'as dit dans quelques années.
-Et ?
-Bah tu nous vois encore ensemble dans quelques années.
-Encore ensemble? Parce qu'on est ensemble ?
-Bah là on est ensemble dans le jardin non?
-Ouais je vois.
-Quoi? Louis fronce les sourcils.
-Rien, rien.
-T'as l'air vexé.
-Pas du tout, j'ai juste faim ! Elle ouvre le plateau le plus près d'elle et attrape une paire de baguettes. Bon appétit !
-À toi aussi.

Louis tire une chaise et s'installe à son tour pour manger. Entre deux bouchées, il observe Alice alors que cette dernière ne quitte pas sa nourriture du regard.

-Tu veux qu'on fasse quoi cet aprèm ? Demande-t-il après avoir avalé son dernier sushi.
-Aucune idée.
-On peut aller se faire un ciné ou aller dans un bar si tu veux.
-Honnêtement j'ai trop la flemme de bouger !
-Limace va! se moque Louis.
-Hey ! Je te rappelle que je n'ai dormi que trois heures moi cette nuit ! J'ai besoin de repos.
-J'ai peut-être une idée !
-Ça ne me rassure pas ! Alice rigole en laissant sa tête retomber en arrière.
-Tais toi et profite du soleil.
-Ça c'est dans mes cordes !

Louis sourit et débarrasse la table du reste de leur repas.

-Je reviens. Il lui embrasse le front alors qu'il passe juste à côté d'elle et rentre dans la maison.

Il prépare rapidement un sac avec ce dont il pense avoir besoin pour l'après-midi et retourne à l'extérieur. Il se permet de prendre le temps d'observer Alice. Elle n'a pas bougé de sa chaise et à juste tourné le visage vers le soleil. Il sourit de la voir comme ça et se retient de la prendre en photo.

-On y va ? Demande-t-il en fermant la fenêtre derrière lui.
-Hein? On va où? Je croyais qu'on ne bougeait pas.
-Si. J'ai envie de t'emmener dans un endroit que j'aime bien.
-C'est moi qui conduis alors !
-Quoi? Tu ne sais même pas où on va.
-Je m'en fous, c'est moi qui conduit !
-Dans tes rêves !
-Alors je ne bouge pas d'ici.
-Dans tes rêves aussi.

Avant qu'elle ait le temps de réagir, Louis enfile son sac sur son dos et se penche au-dessus d'elle. D'un bras sous les genoux et de l'autre autour de sa taille il la porte.

-Hey ! Proteste Alice. Qu'est-ce que tu fais?
-Comme tu ne veux pas bouger, je te kidnappe.
-Mais je ne suis pas d'accord.
-Oui c'est le principe d'un enlèvement !

Louis sourit et se dirige vers sa voiture. Bien qu'elle fasse semblant de bouder, Alice noue ses bras autour du cou de Louis et le laisse faire. Il est bien obligé de la reposer à terre pour déverrouiller sa voiture. Alice semble plus discipliné et monte côté passager sans faire d'histoire. Louis s'installe derrière le volant et lui tend son sac à dos.

-Tu peux mettre ça à tes pieds s'il te plait?
-Ouais pas de problème.

Alice glisse le sac contre la paroi de la voiture et s'installe plus confortablement après avoir attaché sa ceinture. Louis lui lance un coup d'œil inquiet en démarrant. Il n'a pas forcément énormément confiance en son idée. Si ça se trouve Alice va détester. Elle ne dit rien du début de trajet, plongée dans ses pensées, le regard perdu dans le paysage qui défile. Cela n'aide pas Louis dont le doute se fait un chemin de plus en plus grand dans son esprit. Heureusement que la radio remplit l'habitacle. Ça lui change les idées. Il se met à taper le rythme sur le volant. Inconsciemment il se met à chanter le refrain. Alice tourne la tête vers lui et sourit.

-T'as une belle voix.
-Merci madame.
-Tu pourras toujours faire x-factor si tu foires tes études.
-T'as découvert mon plan B. Se moque-t-il.
-Et le plan A de maintenant c'est quoi? Parce que ça fait bien dix minutes qu'on roule et j'ai aucune idée de là où tu m'emmènes.
-Nul part.
-Hein?
-En fait j'ai aucune idée de là où on va. J'avais juste envie de conduire. Et je me suis dit que si toi tu avais envie de dormir alors un tour en voiture c'était parfait.
-Oh.

Louis risque un coup d'œil vers elle.

-T'as l'air déçue.
-Pas du tout. Alice pose sa main sur celle de Louis sur l'accoudoir entre eux. C'est juste que je m'attendais pas à ça.
-Ah ouais? Et tu t'attendais à quoi hein? Que je t'emmène dans un endroit secret en pleine forêt avec un point d'eau où je me baigne pour me relaxer peut- être?
-Je rêve! Alice se décale sur son siège pour mieux le regarder. C'est moi où tu viens de faire une référence. Le sourire que Louis ne parvient pas à cacher lui indique qu'elle a raison. Donne-moi le nom du film ou du livre, je l'ai pas là.
-Pourtant tu sais que c'est une référence.
-Oui ça me dit quelque chose. J'vois la scène où ils se baignent tous les deux. Mais là j'ai pas le titre.
-Tu vas te moquer de moi.
-Mais non !
-Je te rappelle que j'ai des petites sœurs ok?
-Oh punaise !
-Quoi?
-J'en reviens pas ! Alice place ses mains sur sa bouche, choquée.
-Quoi?
-C'est After ! T'as fait une référence à After !
-Je plaide coupable.
-Ça veut dire que tu les as lus ?
-Juste le premier. Il regarde rapidement Alice qui a toujours l'air aussi choquée. J'étais curieux, ok ! se défend-t-il. Ma copine de l'époque, mes sœurs et même ma mère arrêtaient pas d'en parler. Alors j'ai profité de vacances chez ma mère pour lire le premier.
-Et t'as aimé?
-J'ai détesté ! Et toi?
-Je ne l'ai pas lu. J'ai juste accompagné Orva et Adorlee au ciné pour le voir. J'ai bien regretté de ne pas avoir été dans la salle d'à côté.
-C'était quoi?
-La malédiction de la dame blanche.
-Pas la même ambiance.
-Non c'est sûr. T'aurais été dans quelle salle toi ?
-Celle d'After. Je déteste les films d'horreur. Mais sûrement avec un bon gros paquet de pop corn.
-Salé?

Louis manque de piler.

-Salé? Mais quel monstre tu es? Du pop corn sucré ! Avec des pépites de chocolat.
-Salé ! Avec des raisins secs !
-Wow ! Il réprime un frisson. Si jamais on va au ciné ensemble chacun son pot !
-Ah bah oui ! De toute façon je ne partage pas !
-Donc tu préfères le salé au sucré?
-Ça dépend des circonstances. Mais parlons pas de manger. J'ai faim.
-T'as tout le temps faim !
-C'est pas faux! Mais là j'ai vraiment faim.
-Regarde dans le sac.
-Dans le sac?

Alice ne lui laisse pas le temps de répondre qu'elle a déjà le sac sur les genoux grand ouvert et qu'elle fait l'inventaire de ce qu'il y a dedans. Ses yeux pétillent quand elle voit le paquet de dragibus et la bouteille de pepsi. À croire que finalement Louis connait vraiment bien ses goûts. Ils continuent leur route, parlant de tout et de rien, apprenant surtout à se connaître. Ils échangent surtout sur ce qu'ils aiment en musique, films, et dans la vie de tous les jours. Alice se braque légèrement quand le sujet dérive vers leur famille mais elle se reprend bien vite et monte le son de la radio pour éviter de parler.
Après presque trois heures à conduire, Louis se gare à nouveau devant la maison de sa fraternité. Alice sort et s'étire avant de ranger tout dans le sac.

-Ça va? Pas trop déçue de la balade? S'inquiète Louis quand il arrive à son niveau.
-Non. C'était plutôt... original.
-Avoue t'aurait préféré la forêt avec le point d'eau hein?

Alice secoue la tête de droite à gauche avec un grand rire.

-Et c'est quoi la suite du programme ?
-Un film ? Au calme, posé dans mon lit ?
-Avec du pop corn?
-Je vais regarder si on en a du salé en stock. Déclare Louis en entrant dans la maison.
-Ok.
- Tout en haut, dernière porte à droite.
-Quoi?
-Ma chambre.
-Oh. Ok. Je peux t'emprunter quelque chose de plus confortable?
-Ouais si tu veux.
-Cool merci.

Louis ouvre tous les placards de la cuisine et pousse presque un cri de victoire en trouvant du pop corn salé. Il se demande bien lequel de ses coéquipiers peut bien manger ça. Il se dépêche de préparer tout ce qu'il faut pour un plateau repas télé et monte les escaliers quatre à quatre.
Il manque de tout faire tomber une fois la porte de sa chambre ouverte. Alice l'attends bien sagement assise en tailleur sur son lit, vêtue d'un de ses T-shirt large sans manche et rien d'autre que ses sous-vêtements.

-Je voulais t'emprunter un short. Se justifie-t-elle. Mais les seuls que t'as sont ceux de foot et qu'est-ce qu'ils puent. Ça t'arrive de les laver?
-Uniquement quand ils tiennent debout tout seul.
-Je m'en doutais. Elle lui fait un grand sourire. Très jolie parure de drap au fait !
-C'est tout ce que j'avais de propre.
-Ah mais je critique pas. C'est très mignon les joueurs de foot.
-Ne te moque pas, c'est ma sœur qui me les as offerts.
-Quelle chance.

Louis remarque clairement le sarcasme dans sa voix mais il décide de continuer à la taquiner.

-Continue comme ça et je laisse le pop corn salé dehors.
-T'en as trouvé ! Alice bondit du lit pour lui prendre le sachet du plateau. T'es le meilleur !
-Merci d'enfin le reconnaître !
-Pour la peine c'est toi qui choisis le film.
-Hein? Mais je sais pas quoi mettre moi.
-Alors c'est moi qui choisi le film?
-Seulement si c'est pas un film d'horreur.
- Un truc policier alors? Ou mieux ! Un classique.
-Un classique?
-H2G2.
-C'est quoi cette bestiole?
-Tu connais pas H2G2 ?
-Non, c'est quoi?
-Un film de science-fiction. Enfin... plus ou moins. C'est un peu étrange, mais cool.
-Je sens que je vais m'endormir.
-Tant que tu ronfles pas j'm'en fou.

Alice pianote rapidement sur le PC de Louis et lance le film qu'elle n'a eu aucun mal à trouver sur son serveur. Elle s'installe à son aise et tapote la place à côté d'elle pour que Louis s'assoit à son tour. Heureusement le film est plus du genre comique que sanglant, donc bien qu'il n'accroche pas à l'histoire Louis n'a pas trop de mal à suivre. Il rigole même des nombreux commentaires que fait Alice à côté de lui. Malgré ça, le sommeil le rattrape vite et même s'il veut rester éveiller le plus longtemps possible il finit par s'endormir avant la fin du film.