Le téléphone qui vibre sur le bois de sa table basse réveille Louis en même temps que son affreux mal de crâne. Il n'aurait pas dû boire autant la veille, mais comme d'habitude il n'a pas écouté son corps. Il a essayé de noyer son cerveau pour éviter de regarder son téléphone toutes les secondes afin de voir si Alice lui avait répondu. A en croire la douleur lancinante de sa boîte crânienne, ses méninges sont très imbibées.
Il attrape d'une main hésitante l'appareil avec l'espoir de faire cesser le bruit. Il hésite mais ouvre quand même un œil pour vérifier l'heure et la personne qui ose le déranger aussi tôt. Enfin tôt, d'après ce qu'il peut voir il est même pas dix heures du matin, donc il s'est couché il y a à peine trois heures. Il s'apprête à se retourner dans son lit pour s'enfoncer sous sa couette tout en oubliant son téléphone lorsqu'il voit le nom qui s'affiche sur l'écran.
Alice, avec la petite flamme émoticône qu'il a ajouté sur son nom de contact. C'est d'ailleurs ce point orange qui retient son regard et qui le fait complètement ouvrir les yeux. Alice lui a répondu. Nerveux, il déverrouille son téléphone. Mais c'est le drame. Une notification le prévient qu'il lui reste deux pourcent de batterie. Alors Louis se débat tant bien que mal pour s'échapper de son lit. Il se maudit d'avoir posé la veille son chargeur sur son bureau et non pas sur la table de chevet. C'est en trébuchant à moitié sur ses affaires qu'il a l'habitude de laisser traîner par terre qu'il attrape le câble comme si c'était le saint Graal et qu'il branche enfin son téléphone. Juste à temps, car celui-ci lui annonçait s'éteindre dans les trente secondes. De soulagement il se laisse tomber en arrière dans son lit, le téléphone au-dessus de lui, regardant fixement l'écran pour enfin lire les précieux messages qu'il contient.
Louis sourit en voyant qu'Alice ne lui a pas juste répondu cordialement pour qu'ils se voient et qu'il lui rende son briquet. Non à la place, elle lui fait même la conversation. C'est étrange, mais c'est exactement le genre de message qu'il s'imaginait qu'elle écrirait. Beaucoup de points d'exclamation, et de ponctuation expressive mais pas énormément d'émoticônes. Ça lui ressemble.
Elle lui dévoile un peu de sa vie dans ces quelques messages lui expliquant qu'elle a dû partir la veille pour aller faire du roller ce matin. Louis se prend au jeu et lui répond automatiquement, comme s'il parlait à une vieille amie et pas à une fille qui le rend nerveux. Il va même jusqu'à se prendre en photo, allongé dans son lit, pour l'inviter à la rejoindre tout en lui disant qu'elle l'a réveillée. C'est ce que LLoyd, un ami d'Alice lui a dit de faire. Il doit paraître sur de lui et être franc avec elle. C'est apparemment comme ça qu'elle fonctionne. Ça ne dérange pas trop Louis, car bien qu'il ne soit pas forcément sûr de lui, surtout quand c'est pour envoyer un message à la fille qui lui plaît, il est quand même franc et n'hésite jamais à dire ce qu'il pense quand il le pense.
Louis rigole en voyant qu'elle a répondu par une photo d'elle à l'extérieur en roller. On voit clairement sur le cliché qu'elle s'est cassé la figure et qu'elle essaye de se montrer digne en faisant comme si la pose était naturelle et qu'elle ne se retenait pas du tout au poteau. Ce qu'il retient surtout c'est qu'elle n'a pas dit non à l'invitation de le rejoindre, elle lui a juste dit que pour le moment elle ne pouvait pas. C'est bête mais ça fait sourire Louis comme si c'était le plus beau jour de sa vie.
Après tout peut-être qu'il a une chance avec elle. Il lui demande à nouveau quand est-ce qu'ils pourraient se voir. Sans surprise Alice lui parle de la soirée dans la fraternité Alpha Beta Omega. Rien qu'à l'énoncé du thème de la soirée, Louis sent une partie de son anatomie se réveiller. Rock'n'roll Slut, soit Pute de Rock'n'roll. Il sait d'avance que la plupart des filles présentes lors de cette soirée ne seront pas forcément très habillées et que ça va être très sexy. Louis sait également qu'Alice ne perd jamais une occasion de se déguiser. Dans le doute il lui demande quand même et c'est foutu pour lui sa région sud se réveille complètement quand elle répond par la positive. Enfin ça c'est ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'Alice lui envoie une photo "avant goût" de son déguisement. Il n'y a que ses jambes de présentes sur la photo mais c'est incroyablement beau. Ces dernières sont finement mises en valeur par des bas résilles.
Louis laisse sa main passer son la couverture en apercevant sur le bord de la photo la dentelle bleu du sous-vêtement d'Alice qui est visible. Il n'en a pas honte. Ce ne serait pas la première fois qu'il se fait du bien en pensant à la belle brune.
Une fois qu'il a fini son affaire, il se lave rapidement les mains dans la salle de bain à l'étage de la fraternité et descend. Sans surprise il n'y a qu'Alby de levé à cette heure ci. C'est toujours comme ça le samedi matin. Alby étant capitaine de l'équipe de foot est aussi l'assistant du coach, il passe donc ses vendredi soir à travailler sur les entraînements et les techniques à développer pour les matchs pendant que ses coéquipiers se mettent la tête à l'envers.

-Déjà debout? S'étonne Alby en voyant Louis débarquer dans la cuisine.

Ce dernier lui répond d'un grognement entre un oui et un soupire. Il se laisse tomber sur un des tabourets à côté de l'îlot de cuisine. Son ami rigole et fait glisser jusqu'à lui une tasse de thé et une bouteille de lait.

-La soirée s'est bien passé? continue la capitaine qui a apparemment très envie de faire la conversation ce matin.
-Plutôt oui.

Pendant qu'il verse du lait dans son thé, les pensées de Louis divaguent vers la très courte discussion qu'il a eu avec Alice, puis le prêt du briquet et enfin l'échange de message du matin même. Il n'arrive pas à empêcher le sourire qui se dessine sur son visage.

-Oh non! J'ai encore loupé quelque chose! Raconte-moi! Qu'est ce qu'il s'est passé? Ed a encore fait des siennes? Ou Foster? Alby s'assoit en face de lui.

Louis sourit encore plus. S'il y a bien quelque chose que son meilleur ami déteste c'est d'ignorer ce qu'il se passe. Il est tenté de se taire et de le laisser un peu mariner Alby mais se ravise quand son regard croise celui noir en face de lui.

-Ed a fait un striptease sur une table, Sean a vomi un peu partout, Foster a enfin réussi à baiser Harleen et Bellamy a fait un bad trip. Louis bois une gorgée de thé sans pour autant baisser les yeux. Oh et j'ai eu le numéro d'Alice.
-Putain ! Alby se redresse sur son tabouret. Bien joué mec !

Il lève le poing en l'air pour le frapper contre celui de son ami en signe de fierté.

-Alors ? Tu lui as envoyé un message?
-Ouais.
-Et?

Louis lui sourit puis boit à nouveau son thé. Finalement le faire un peu attendre est assez comique. Surtout qu'en face il attend visiblement une réponse. Alby tambourine la table de ses doigts en le fixant.

-Accouche. Finit-il par grogner.
-J'dois la voir ce soir à la soirée des Alpha Beta Omega.
-Ah ça c'est cool ! Je suis content pour toi mec. Déclare Alby en se levant. Tu viens m'aider?
-A...?
-Réveillez les autres. Apparemment vous avez oublié hier mais on a un match amical cet après-midi.
-Et merde !

Louis soupire en se levant. Effectivement ils ont complètement oublié la rencontre amicale inter-campus de cet après-midi. Il nettoie rapidement sa tasse et monte quatre à quatre les escaliers pour réveiller ses amis.

Après la soirée qu'ils ont passé, ils ont des têtes de zombies quand ils rentrent sur le terrain plusieurs heures plus tard. Ed sur le banc des remplaçants se retient d'arroser la pelouse avec le contenu de son estomac. Alby les regarde tous avec un air réprobateur. Louis contre toute attente se sent mieux. Il a pris sur lui et a fait un footing d'une dizaine de kilomètres pour évacuer les toxines de son organisme. Donc même s'il manque d'énergie il n'a plus de mal de tête ou d'envie de vomir et c'est déjà pas mal s'il prend en compte tout ce qu'il a bu la veille.
Le coach fait tout un long discours qu'aucun des joueurs n'écoutent. Louis sent qu'ils vont encore en baver pendant l'entraînement du lundi soir. Il échange un regard avec Alby qui montre d'un signe de tête l'autre bout du terrain. Louis tourne la tête.
Son sang se met à bouillir dans ses veines. Newt. Il déteste ce mec. La dernière fois qu'ils se sont croisés sur le terrain pour un match officiel, cet enfoiré lui a cassé la cheville. Le petit blond de l'autre équipe lui adresse un immense sourire auquel Louis répond avec un majeur levé.

-C'est un match amical ! Lui rappelle Alby un brin moqueur.
-Ouais bah je vais le défoncer ! Grogne Louis.
-Amicale mon pote. Insiste son ami en exagérant les syllabes du premier mot.
-Ouais, ouais.
-Aller soit mignon et fait un sourire. Y'a ta meuf dans les gradins.
-Quoi?

Louis regarde vers le public avec une certaine appréhension. Généralement quand ses amis disent ça c'est qu'il y a quelqu'un de vraiment moche de présent, ou pire une de leur enseignantes. Mais il ne voit personne de vraiment reconnaissable de là où il est. Alby passe un bras autour de ses épaules.

-La baraque à frites mec!

Une petite brune se retourne exactement à ce moment-là. Un sourire illumine le visage de Louis. Il ne s'attendait pas à ce qu'Alice soit là. Sans surprise, cette dernière mange un hot-dog. Depuis trois ans que cette fille lui plait, Louis la voit toujours avec soit à boire, soit à manger, soit une cigarette à la main. à croire qu'elle ne fait que ça de ses journées.

-Tu lui fait pas signe? Se moque son capitaine.
-Va te faire foutre !
-ça me dérangerait pas avec sa pote la photographe.

Comme pour confirmer ses dires, il fait un petit geste de la main vers les trois filles. Alice, son amie qui a un appareil photo dans les mains et une blonde. Elles rigolent en lui faisant de grands gestes avant d'aller s'asseoir dans les tribunes. Louis lève les yeux au ciel.

-Bon courage mec!
-Pourquoi tu dis ça?
-Elles m'ont envoyé chier quand j'ai essayé de leur parler hier soir.
-Tu sais pas t'y prendre en même temps.
-Parles pour toi ouais !
-Moi? J'ai niqué y'a deux jours. Et toi? Alby le regarde fixement comme si sa question était sérieuse. Et ta main ne compte pas. Je t'ai entendu ce matin. Ajoute-t-il rieur avant de s'éloigner en courant.
-J'vais te tuer! s'exclame Louis en essayant de l'attraper.

-Les enfants ! Appel le coach en se demandant silencieusement ce qu'il a fait pour être obligé de s'occuper de ces idiots.

Par chance il n'a pas besoin de se répéter car tous les joueurs de son équipe se regroupent autour de lui. Il explique rapidement la technique à adopter pendant le match et laisse Alby faire un petit discours encourageant avant que les étudiants se mettent en place sur le terrain.

Malgré l'état pitoyable des joueurs, ils parviennent de justesse à gagner le match.
C'est une haie d'honneur qui les attend à l'entrée de la fraternité des Alpha Beta Omega. Tout le monde les accueille comme si c'était des héros et c'est loin de leur déplaire. D'habitude Louis en aurait profité. Il aurait fait comme Alby et aurait attrapé la première fille venue par la taille et n'aurait pas tardé à l'emmener vers sa chambre. Mais aujourd'hui il se sent comme en mission.
Après le coup du briquet de la veille, il sait qu'Alice est seule et il compte bien tenter sa chance. Il croise à l'intérieur Alby qui monte déjà à l'étage une rousse sous le bras.

-Alice est dehors ! Cri son ami tout en continuant son ascension.

Louis le remercie d'un signe de main et se dirige vers l'extérieur. Effectivement Alice est alignée avec trois autres filles à côté de la palissade. Elles prennent la pose devant l'appareil photo d'une autre fille. Louis en profite pour prendre discrètement une photo avec son téléphone et pour détailler Alice des pieds à la tête. Elle n'a pas menti avec sa photo. Elle porte des bas résilles avec un porte jarretelle, un T-shirt long blanc qui lui couvre à peine les fesses et une veste en cuir sans manche style biker. Louis en bave presque. ça pourrait paraître vulgaire, et ça l'est très certainement mais c'est pas lui qui va s'en plaindre bien au contraire. Alice sort son paquet de cigarette et tâte ses poches, sûrement à la recherche de son briquet.

-Du feu madame? Propose Louis en allumant son briquet juste sous son nez.
-Oh Louis ! s'exclame Alice en lui sautant presque au cou. Bonjour Louis. Elle lui dépose un baiser sur la joue. Je suis contente de te voir !
-Je vois ça oui. Il rigole tout en répondant à son étreinte.
-On va prendre un truc à boire? Propose-t-elle en lui attrapant le bras.

Louis n'est pas surpris. Il sait qu'Alice est du genre tactile. Ils ont à peine fait deux pas qu'un gars, grand roux à lunettes, arrive vers eux.

-Tiens, Alice j't'ai pris une vodka.
-Merci Charlie, t'es un ange.
-Tout pour vous madame. Il lui fait un clin d'œil en lui donnant son gobelet. On se voit plus tard?
-Ouais, carrément.
-XO.

Il lui embrasse la tempe et s'éloigne. Louis fait comme s'il n'avait rien vu. Il le savait de toute façon. Alice connaît beaucoup de monde et puis même sans ça, c'est pas sa copine donc il n'a rien a dire. Même s'il est énormément jaloux. Comme il l'a toujours été envers tous les gars avec qui Alice est sortie. En plus ça veut dire quoi "XO"? Il fronce les sourcils mais n'ose pas poser la question pour autant. Alice lui fait un sourire et l'entraîne avec elle vers l'intérieur.

-Alors Louis, tu bois quoi? Demande-t-elle alors qu'ils se rapprochent de la cuisine.
-Une bière ça m'ira.
-Ok. Sans pour autant rentrer dans la pièce, elle fait signe à une étudiante. Une bière s'il te plait.
-Une bière Alice? Pour toi? T'es malade?
-C'est pour lui. Alice montre Louis du doigt.
-Ah je me disais bien aussi. Elle donne un gobelet à la brune et s'éloigne.
-Tout le monde est à ton service ou quoi? se moque Louis.
-Non ils sont juste tous gentils.
-Et tu les connais tous?
-Ouais... J'ai pas mal de contact. Alice lui fait un grand sourire. On retourne dehors?
-Je te suis.

Louis est un peu déçu en se rendant compte qu'être seul à seul avec Alice à une soirée est presque impossible. Ils ont passé grand maximum trois minutes en tête à tête. Un flot continu d'étudiants passe pour dire bonjour ou pour échanger quelques mots. Il a l'impression d'être avec une célébrité. Ils arrivent quand même à discuter un peu. jusqu'à ce qu'Alice le laisse avec un "je reviens".
Louis tente de ne pas trop penser à elle, il rejoint Sean et Foster deux de ses coéquipiers qui sont en pleine partie de bière pong.
Ce n'est que plusieurs parties plus tard qu'il voit à nouveau Alice. Cette dernière n'arrête pas de prendre des photos avec son téléphone, signe incomparable qu'elle a déjà bien bu. Louis s'amuse à prendre la pose en tirant la langue et en faisant un signe métal avec ses mains. Alice rigole et lui embrasse la joue avant de continuer son chemin. Il tente de se retourner pour la retenir mais elle a déjà disparu.

Louis n'abandonne pas pour autant. Il passe dans chaque pièce de la maison dans l'espoir de la retrouver mais apparemment c'est peine perdue. La seule personne qu'il trouve c'est Ed, le bizut de sa fraternité qui vomit à ses baskets pile au moment où il passe à côté de lui. Louis soupire. Ce gosse est impossible. Il n'y a pas une soirée où il ne finit pas à quatre pattes à vomir ses tripes. Un jour il faudrait qu'il arrête de se mettre la tête à l'envers. Mais Louis se rappelle qu'il n'était pas forcément mieux lors de sa première année.

Louis attrape Ed par les aisselles et le force à se mettre debout. Il arrive à intercepter Bellamy, un autre de ses frères de fraternité et ensemble ils tentent tant bien que mal de ramener Ed sain et sauf jusqu'à chez eux.

Louis aurait aimé rester sur place pour trouver Alice, mais il connaît le dicton de sa fraternité. Les potes avant les meufs. Il profite qu'Ed vomisse à nouveau dans le caniveau pour se sortir une cigarette. Il sourit en se rendant compte qu'il a toujours le briquet d'Alice. Il a donc toujours une excuse pour la revoir et pour lui envoyer à nouveau des messages.

Une fois allongé dans son lit, son téléphone en main, il se ravise. Autant qu'il lui écrive au réveil le lendemain. Ses messages seront plus sensés. Ou alors peut-être qu'il devrait laisser Alice lui écrire un message en première. Il ne sait pas trop. C'est en réfléchissant qu'il finit par s'endormir.