Samedi 01 ~ 11 p.m. 58

Accoudé au bar, Louis a un goût amer dans la bouche et ça ne vient pas de la bière. Sa journée est des plus pourries. Il se sent nul, inutile, incroyablement fatigué et surtout idiot. Il n'arrête pas de ressasser sa nuit. Il avait Alice dans son lit. Enfin! Et il s'est endormi ! ENDORMI! Il faut être le dernier des imbéciles pour dormir alors que la fille après qui il court depuis autant de temps est avec lui. Il s'en veut. Clairement. Et encore plus après la journée qu'ils ont passée. Au début tout allait bien. Alice a passé la matinée avec lui dans le jardin de la fraternité. Mais Louis s'est vite rendu compte qu'essayer de s'isoler avec Alice est juste impossible. Il lui a demandé de la suivre à l'extérieur où malheureusement Ed et Bellamy s'amusaient avec Boo le chien de la fraternité. Par la suite ils sont allés dans la bibliothèque et ils y ont trouvé Foster. Ce dernier à profiter de la présence de la brune pour la questionner sur un devoir de math qui a donné la migraine à Louis rien qu'à l'énoncé. Puis il a fallu qu'elle rentre chez elle, refusant toute invitation de rester plus longtemps au plus grand désespoir du footballeur.

L'après-midi a été occupée comme presque tous les samedi après-midi. Dans le jardin à jouer au foot avec ses frères de fraternités un pack de bière n'attendant que les moments de pause. Ce moment aurait pu être agréable à Louis, si à peine Alice partie il a dû subir les remarques salaces de ses coéquipiers ainsi que quelques réflexions d'Alby qui l'ont laissé perplexe.

Et maintenant qu'il est accoudé au bar de cette boite du nuit, les différentes paroles de son meilleur ami lui trottent en tête. Il n'a pas arrêté de faire des réflexions pour le moins curieuses. Il n'a pas arrêté d'encenser Alice, et Louis le connaît quand il fait ça, c'est que la fille dont il parle l'intéresse beaucoup. Louis se maudit de deux choses. S'être endormi la veille et ne pas s'être réveillé en même temps qu'elle. Car il en est persuadé, la nouvelle lubie d'Alby vient de l'instant qu'ils ont passé ensemble dans la cuisine dans la matinée.
Pour ne rien arranger Dumpy, qui d'habitude ne boit pas les a rejoint en fin d'après-midi complètement saoul. C'est pour l'aider lui à se changer les idées qu'ils sont tous sortis en boite de nuit. Dumpy a vite raconté ses mésaventures. Depuis plusieurs mois il courrait après une certaine Kitty et tout ce passait, de son point de vue à lui pour le mieux. Ils passaient du temps ensemble, se parlaient par message et au téléphone et se sont même embrassés quelques fois sans que ça n'aille plus loin à son grand désespoir. Mais il pensait tout de même que les sentiments étaient réciproques et qu'ils étaient ensemble. Sauf qu'il a appris lors de la matinée qu'elle couchait avec plusieurs autres étudiants sur le campus. Quand il a confronté l'étudiante à son comportement, elle lui a expliqué son point de vue. Bien qu'elle ai des sentiments pour Dumpy, le fait qu'il restait en retrait et n'essayait ni de coucher avec elle ni de lui déclarer ses sentiments, elle en a conclu qu'il jouait avec elle et n'avait pas de sentiments pour elle. Cette histoire sonne curieusement similaire à Louis. Il sait qu'avec Alice ils flirtent beaucoup tous les deux. Mais il ne lui a jamais vraiment dit qu'elle lui plait et qu'il aimerait être en couple avec elle. Et puis... aimerait-il seulement être en couple avec elle? Il se gifle mentalement. Bien sûr que oui ! Il rêve depuis la première fois qu'il l'a vu de pouvoir l'embrasser et l'enlacer en public, de pouvoir affirmer à tout le monde qu'ils sont ensemble.
Et si comme Kitty, Alice allait voir ailleurs? Après tout, ils ne sont pas ensemble, et Louis n'a jamais été clair avec elle sur ce qu'il éprouve pour elle. Il se retrouve complètement dans le comportement de Dumpy et il espère ne pas retrouver Alice dans celui de Kitty. Et si le nouvel attachement d'Alby venait d'un flirt avec Alice dans la cuisine pendant que l'idiot qu'il est dormait ?
Ces pensées le tracassent alors que tous ses amis s'amusent sur la piste de danse. Il finit sa pinte d'une traite et pris d'un certain courage il prend son téléphone. Il attrape un des verres à shooter poser devant Dumpy, qui la tête entre ses bras n'est plus capable de boire plus puis sort au coin fumeur. Il pose la boisson sur une table. Avant d'avoir plus de temps pour réfléchir ou pour avoir des remords, il compose le numéro d'Alice et attend patiemment qu'elle décroche. Une sonnerie. Le téléphone coincé entre son oreille et son épaule, il sort son paquet de cigarette de sa poche. Deux sonneries. Il en attrape une et cherche un briquet en tapotant sur ses poches. Trois sonneries. Louis lève les yeux au ciel. Il a rendu son briquet à Alice le matin même et a oublié d'en remettre un dans son pantalon. Quatre sonneries. Il remet la cigarette dans le paquet. Cinq sonneries. Impatient, il tapote nerveusement le paquet avant de le ranger dans sa poche. Se faisant à l'idée de ne pas fumer ce soir même si ça ne va pas aider ses nerfs. Le bip du répondeur. Le soupire qui lui échappe lui épargne la voix enregistrée. Avant de faiblir et de manquer de courage, il avale le shooter qu'il avait pris avec lui et se lance.

-Salut Alice, c'est Louis. J'me sens un peu con là, surtout qu'avec la musique de la boite je ne suis pas sûr que tu m'entendes même si je suis sorti. Après c'est peut-être pas plus mal que tu m'entendes pas . Je ne sais pas trop. Je ne suis pas trop certain de ce que je vais dire. Mais je sais ce que j'ai envie de te dire. Surtout ce que j'ai envie que t'entende. Je... Je t'aime Alice. Je n'ai jamais ressenti ça avant ni été aussi attaché à quelqu'un. C'est simple tu me rend fou. Je pense tout le temps à toi. Du moment où je me réveille jusqu'à ce que je m'endorme. Et même quand je dors tu es dans chacun de mes rêves. Ça fait un peu pervers non ? Louis rit malgré lui. Bref, depuis presque deux ou trois heures je pense à toi qui est peut-être dans les bras d'un autre et je tourne fou. J'aimerais tellement que tu sois là, qu'on soit ensemble. Je ne dirais pas que tu sois mienne car je déteste cette expression même si c'est un peu ce que ça reflète. J'aimerais juste qu'on soit en couple et qu'on soit un nous quoi. Oh mon dieu. Il explose de rire. Ça c'est super cucul. J'viens de m'entendre le dire et oh mon dieu j'ai failli vomir du sucre tellement c'était mièvre. Je suis désolé. J'ai trop bu et...
-Bip.
-Hein ? Quoi Bip ? Connard de répondeur ! J't'emmerde toi et ton bip ! Et puis ça veut dire quoi bip ? Moi aussi je te bip !

Louis se retient de justesse de lancer son téléphone. A la place il retourne à l'intérieur. Avec un peu de chance un de ses amis lui a un briquet à lui prêter. Il retrouve la moitié de ses colocataires sur la piste de danse à jouer avec une bougie étincelle. Il s'approche.

-Alby ? T'as du feu mec ? Crie-t-il dans l'oreille de son meilleur ami.
-T'as ton téléphone?
-Ouais! Tiens !

Il lui donne sans vraiment poser de question. Ça arrive souvent que Alby lui demande son téléphone sans vraiment de raison lors de soirées.

-Et du coup ? T'as du feu?
-Non. Mais demande à Llyod.
-Llyod? Louis regarde son ami, c'est lui qui tient la bougie.
-T'es pas sérieux mec ?
-Bah quoi ? C'est du feu !
-Ouais, c'est pas con. Llyod ! Viens par là.
-Ouais?

Llyod ne comprend pas trop ce qu'il se passe et au vu de l'alcool qui coule dans son sang ne cherche pas vraiment à comprendre. Louis sort une cigarette, la coince entre ses lèvres et en approche l'extrémité de la flamme de la bougie. Un flash l'aveugle un instant et lui une fois sa cigarette allumée court à l'extérieur en essayant d'être discret vis-à-vis des vigiles pour ne pas se faire virer de la boîte. La première bouffée de nicotine lui fait du bien. Alby le rejoint à l'extérieur, une cigarette également aux lèvres, un verre dans chaque main et le téléphone de Louis coincé entre son oreille et son épaule.

-Tiens. Il lui tend une des boissons. Si, si je t'écoute. Ajoute-t-il au téléphone.
-Merci. Louis prend le gobelet. C'est qui?
-Ouais je comprends. Il lève la main vers Louis comme pour lui demander d'attendre. Mais t'es sûre de toi ? Ok. Si tu veux. De toute façon je ne peux pas te faire changer d'avis n'est-ce pas? Il rigole. Tête de mule va! Alby se passe une main dans ses cheveux longs et vers quelle heure ? Quoi? Aussi tôt? Mais t'es folle ou quoi? Je te dis ce que je veux. Il s'en fou il t'entends pas. Il ne sait même pas que c'est toi. Ouais, ouais c'est ça menace moi. Et tu vas faire quoi hein? Me rouler dessus? Continue comme ça et je garde le téléphone.

Louis fronce les sourcils. Il se demande qui discute avec son meilleur ami. Alors qu'il s'apprêtait à lui poser à nouveau la question, Alby y répond tout seul.

-C'est bon je lui donne ne t'inquiète pas. Et puis si tu voulais pas m'avoir au téléphone, il fallait décrocher quand il t'a appelé.

Appelé !Alice ! C'est Alice ! Louis, fébrile à l'idée qu'elle ai écouté son message attrape maladroitement le téléphone et le fait tomber. Il jure en le ramassant avant de le mettre à son oreille. Le rire de son interlocutrice l'interpelle.

-Je ne sais pas ce que dirait maman si elle t'entendait parler comme ça.
-Eugénie ?
-Bah oui tu t'attendais à qui ? Alice peut-être?
-Oh non ! Il se frappe le front du plat de la main. Par pitié dis moi que tu n'as pas écouté le message.
-Lequel? Celui ou tu passes pour un total pervers ?
-La honte ! Mais pourquoi? Comment? Je...je comprends pas, j'ai fait comment ?
-Je n'en sais rien mais c'était très mignon.
-Ne te moque pas de moi. C'était... pitoyable. Souffle Louis en écrasant sa cigarette contre le cendrier.
-Je confirme. Eugénie rigole doucement. C'est pour ça que j'arrive.
-Quoi? Pardon? Comment ça tu arrives?
-Ouais j'ai regardé il y a un bus tout à l'heure j'arrive vers 8h.
-Donc tu viens? Et si j'ai d'autres plans?
-Comme quoi ? Laisser des messages dégoulinants de mièvreries sur le répondeur d'Alice?
-Je t'en... bête ! Se reprend Louis au dernier moment.
-Moi aussi je t'aime frangin. et sinon tu viens me chercher à l'arrêt de bus?
-A quelle heure?
-Vers huit normalement.
-Huit ? C'est dans... Louis regarde sa montre. Il est 3h30 j'vais jamais avoir le temps de dormir ! se plaint-t-il.
-Et moi alors ? J'ai 2h30 pour me préparer et aller à l'arrêt.
-Fou toi de ma gueule ! L'arrêt est juste devant chez toi.
-Ouais mais j'ai quand même que deux heures trente pour me préparer.
-Effectivement pour toi c'est peu.
-J't'emmerde.
-Moi aussi je t'aime. Et tu restes combien de temps?
- Le soir même je crois qu'il y a un bus vers vingt heures.
-Comme si j'allais te laisser rentrer en bus ! Je te ramènerais.
-Y'a plus de 100km Louis, j'vais prendre le bus tu vas pas te payer un aller retour alors que t'as cours Lundi.
-T'as vu une question dans ma phrase d'avant?
-On en parlera quand je serai là.
-Mais oui bien sûr. Tu décides de m'envahir donc je décide de te ramener. Chacun son choix.
-Bon et en attendant tu m'en dis plus sur Alice? C'est qui? Tu m'as jamais parlé d'elle.
-Oh si !
-Attend c'est LA nana?
-Ouais, comme tu dis.
-Genre la super nana ?
-Mais de quoi tu parles?
-Bah j'en sais rien, tu me parles jamais de tes copines je les découvre que quand tu viens chez maman avec elles. La seule dont tu m'as jamais parlé, c'était la nana de ta première soirée sur le campus. Celle qui t'as embrassé à base de vodka.
-C'est elle.
-Quoi? Mais t'as eu son numéro? T'as fait comment? J'suis presque déçue que tu te soit trompé de numéro ton message n'était pas si merdique que ça.
-Punaise! T'es vraiment une teigne.
-En même temps je me fais réveiller en plein milieu de la nuit par mon frère bourré qui me déclare sa flamme à une nana dont je ne savais même pas le prénom. Si c'était l'inverse tu serais pire que moi.
-Si c'était l'inverse je serais déjà en route pour chopper ce mec et lui casser la gueule.
-Et après tu t'étonnes que moi je ne te dises rien. Soupire Eugénie. Bon je vais te laisser. Tu m'oublies pas hein? Huit heures à l'arrêt de bus !
-Promis ! Et toi tu ne déménage pas avec tout ton appartement, tu ne viens qu'une journée ok?
-Je vais voir ce que je peux faire.

Louis ne voit pas sa sœur mais il l'imagine sans problème faire un clin d'œil comme à chaque fois qu'elle lui répond ça alors qu'elle n'a aucune l'intention de suivre ce qu'elle vient de dire.

-Je t'aime frangin.
-Moi aussi Ni'.
-À toute à l'heure. Kiss Kiss.
-XOXO

Louis allait raccrocher quand il entend sa sœur presque crier son prénom.

-T'as osé regarder Gossip Girl sans moi?
- Pas du tout !
-Jaja va te tuer si t'as fait ça.
-Mais je l'ai pas fait !
-Alors pourquoi t'as dit xoxo? Y'a que quand on a regarder Gossip Girl qu'on dit xoxo !
-C'est juste devenu une habitude.
-Une habitude? Pourquoi? Comment? Avec qui? Depuis quand?
-Oh ! Tu te calmes ouais?
-T'as trente secondes pour m'expliquer sinon je débarque direct sans même attendre le bus.
-C'est Alice qui m'a expliqué ce que ça voulait dire et du coup je l'utilise de temps en temps quand on s'envoie des messages.
-Alice? Elle t'a expliqué? Ok. C'est officiel.
-Quoi?
-Je veux la rencontrer !
-On en parle quand tu seras là.
-Ok.

Louis sourit, il a l'impression que ça fait longtemps qu'il n'a pas parlé à sa sœur. Elle lui avait manqué.

-Hey Louis.
-Quoi?
-XOXO.
-Vas y moque toi, tu rigoleras moins quand tu seras en face de moi.
-Aller à toute à l'heure.

Louis n'a rien le temps de rajouter qu 'Eugénie a déjà raccroché. Il lâche un énorme soupire et bois d'une traite le verre que Alby lui a apporté plus tôt. Il a de la chance car à son plus grand étonnement c'est de l'eau. Ce n'est pas plus mal, ça va lui faire du bien. Il sort une nouvelle cigarette et s'apprête à la porter à ses lèvres avant de se rendre compte qu'il n'a toujours pas de briquet. Il range le paquet et réajuste sa casquette. Il est trop bourré pour faire le calcul mais il sait qu'il n'a pas assez d'heures devant lui pour rentrer chez lui, avoir une bonne nuit de sommeil et être en pleine forme pour accueillir sa sœur à huit heures. Il fait signe au barman pour avoir une grande bouteille d'eau. Il a retenu la théorie étrange d'Alice pour éviter la gueule de bois et espère que ça va fonctionner. Louis règle l'addition pour toutes ses consommations de la soirée et sort de la boîte. Il regarde les horaires de la navette mais il doit attendre plus d'une heure avant que la prochaine ne passe. Un coup d'œil à son ticket de boisson le dissuade de prendre l'option taxi. C'est donc avec un manque cruel de motivation qu'il glisse ses mains dans les poches de son jean et se met à marcher. Il essaye d'ordonner ses idées car il sait que sa sœur va l'inonder de questions. Mais en même temps, il a hâte de la voir. Ça fait tellement longtemps. Il se demande en même temps s'il pourra la présenter à Alice. Cette idée lui donne quelques angoisses mais l'approbation de sa sœur est assez importante pour lui. Et si Alice réagit mal face à Eugénie alors il saura que ça ne sert à rien de continuer.
Mais avant tout il met son réveil pour le matin, manque de pleurer en voyant que ça lui laisse à peine trois heures pour dormir. Il va encore passer un week-end plus fatiguant que la semaine, mais il ne l'échangera pour rien au monde.

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