Dimanche 02 ~ 11 a.m 38


Louis pianote sur la barre de métal à l'intérieur de l'ascenseur. Il est nerveux. Alice et Eugénie sa petite sœur vont se rencontrer. Il n'est pas persuadé que ce soit une bonne idée. Il a beaucoup trop parlé d'Alice à Eugénie et pas assez d'Eugénie à Alice. Il a très peur de ce qu'il va se passer. Dans tous les cas, sa sœur passera avant tout. Donc si Alice réagit mal ou a un comportement déplacé, Louis coupera les ponts. Mais pour une fois, il a peur de ne pas en être capable.

- Lou. Calme toi. Tente de le rassurer Eugénie. Ça va bien se passer.
- j'espère.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Louis par habitude passe devant et ouvre la porte du restaurant à sa sœur. Il lui faut à peine une demi minute pour repérer Alice. Elle semble être au téléphone et pianote en même temps sur son ordinateur. Ça le fait sourire. Il n'y a pas un moment où elle n'en profite pas pour réviser ou travailler. C'est la première fois qu'il voit une étudiante aussi sérieuse. Sa sœur suit son regard et sourit.

-Tu prends ma commande et tu nous rejoins ?
- Hey! J'ai jamais dit que j'allais payer pour toi !
-Fait pas le rat Lou, j'ai bien fait le chemin jusqu'ici pour toi. Et puis tu peux faire ça pour ta sœur préférée non ?
-Qui t'a dit que tu étais ma préférée?
-Ouch! C'était bas ça ! Se moque sa sœur en s'éloignant tout de même.

Louis se mord l'intérieur de la joue. C'est le moment qu'il redoutait. Alors que sa sœur approche d'Alice, cette dernière lève les yeux de son ordinateur. Elle observe la personne qui arrive vers elle et lui fait un sourire. La brune se lève même et fait une accolade à Eugénie avant de pousser une chaise pour qu'elle s'installe. Louis est choqué. Jamais personne n'a réagi comme ça. D'habitude elles ont un petit temps d'assimilation avant d'agir naturellement. Mais pas Alice. Louis se demande de quoi elle a bien pu parler par SMS avec sa sœur. Car il sait que Eugénie lui a emprunté son téléphone pour parler à la brune. Mais l'historique a été pas magie effacé et il n'a plus accès aux message donc leur conversation reste entre elles deux.
Tout en passant commande Louis voit les deux femmes rire. Il sourit et se détend enfin un peu. Il paie, prend les plateaux et les rejoint. Alice attend qu'il soit assis pour lui embrasser la joue.

-Bonjour Louis. T'aurais pas oublié de me dire un truc ?

Louis se crispe. Voilà le moment qu'il attendait. Il ne sait pas trop quoi répondre et en même temps il n'a pas envie de répondre.

-T'aurais pu me prévenir. Insiste Alice. T'aurais du me dire que dans votre famille vous êtes tous canon.

Louis écarquille les yeux. Elle l'a surpris. Ok. Il ne s'attendait pas du tout à ça. Devant sa réaction, sa sœur éclate de rire.

-Tu vois tout vas bien. Tu peux te détendre Lou.
-Non tout vas pas bien. Je veux voir la gueule de vos parents moi. Et de votre sœur. C'est pas juste si vous êtes tout aussi beau. On vous a pas dit qu'il fallait en laisser un peu aussi aux autres. S'indigne l'étudiante.
-Et c'est toi qui dit ça. Louis souffle.
-Quoi moi ? T'imagine pas, je tuerais pour avoir vos yeux. Ils sont magnifiques. J'adore leur nuance de bleu.
-Alors ça... Le footballeur boit une grande gorgée de sa boisson avant de regarder Alice. Je peux malheureusement rien faire pour toi, mais pour que tes enfants aient les mêmes, on peut trouver un arrangement. Il tente un clin d'œil.

Sa sœur et Alice éclatent de rire en même temps.

-Elle était tellement naze ta disquette Lou. se moque Eugénie. Des fois j'ai honte que tu sois mon frère.
-Heureusement que t'es beau ça rattrape. Surenchérit Alice. Elle se penche vers lui. Pour l'histoire des enfants on en reparle plus tard. Ajoute-t-elle plus bas.

Louis rougit. Alice en profite pour sortir son téléphone et le prendre en photo. La discussion s'enchaîne naturellement. Les filles parlent de tout et de rien. Louis les regarde faire, heureux que le courant passe bien entre elles. Sa famille a une place très importante dans sa vie. Il espère qu'Alice aussi et c'est donc important pour lui qu'elles s'entendent bien. Il ne suit pas vraiment la conversation car elles enchainent sur le maquillage et la coiffure. Alice donnant plein de conseils à Eugénie. Il mange donc en les écoutant distraitement.

Louis est content que sa sœur soit venue. Elle lui manquait. ça faisait bien trois mois qu'ils ne s'étaient pas vus. Et puis ils ont pu pas mal parler tous les deux. Louis lui a presque tout raconté pour Alice, les détails qu'il juge trop intimes en moins. Sa sœur n'a pas besoin et surtout pas l'âge de savoir pour leur conversation téléphonique, ou les autres envies qu'il peut avoir à chaque fois qu'il pense à la brune. Eugénie s'est beaucoup moquée de lui en déclarant qu'il était complètement mordu. Et malheureusement Louis sait bien qu'elle n'a pas tord.

Le téléphone d'Alice sonne. Elle regarde l'écran puis s'excuse en se levant pour prendre l'appel à l'extérieur. Eugénie en profite pour se rapprocher de son frère.

-Elle est géniale. Dit-elle.
-Vraiment?

Eugénie répond par l'affirmatif en hochant la tête.

- Alice est top. Et elle est aussi mordue que toi.
-Pardon?
-Arrête ça se voit. Vous n'arrêtez pas de flirter. C'est même étonnant que vous ne vous soyez pas déjà envoyé en l'air.

Louis avale de travers.

-Ouais ça aussi il faudrait que t'arrête. Papa poule là. J'ai dix-sept ans, j'ai l'âge de parler de sexe, et de vivre mes expériences.
-Je ne veux pas parler de ça.
-Ok alors dit moi pourquoi vous n'avez toujours pas franchi le cap tous les deux ? ça se voit clairement que t'en crève d'envie. Et crois moi elle te dira pas non.
-Je me suis fait engueuler par message tout à l'heure car j'ai eu le malheur de dire à Alby qu'on était ensemble. Donc si je pense qu'elle est susceptible de dire non.
-Excusez-moi. Alice s'installe à sa place. Il fallait que je prenne cet appel. J'ai un nouvel étudiant en tutorat, c'est un peu compliqué. Bref. Vous faites quoi cet aprem ?
-Je vais la ramener. On en a pour presque deux heures. Donc faut pas qu'on parte trop tard si j'veux être en forme pour demain.
-Mais. Proteste Eugénie. J'voulais aller à la frat moi. On n'est pas obligé de rentrer tout de suite.
-Vous n'y étiez pas ce matin ? questionne Alice.
-Oh non. Louis fait tout son possible pour me tenir loin de la fraternité. Il a bien peur que je tombe enceinte en respirant l'air saturé de testostérone de la maison.
-C'est vrai que ça pue dans cette baraque. Approuve Alice. Mais je ne suis pas sûre que ce soit la testostérone. Je dirais plutôt la sueur et le sexe. Mais surtout la sueur. Elle fronce le nez. Pourquoi veux-tu aller là-bas ?
-Juste voir où Louis passe son temps. Elle hausse les épaules. Et j'avoue que j'ai envie de le voir jouer. J'adore le regarder quand il est sur le terrain. Et ça fait longtemps que je n'ai pas vu Alby.

Alice acquiesce et continue de manger. Les deux filles parlent comme si Louis n'était pas là. Lui essaie de se concentrer sur son repas et de ne pas rougir dès qu'il entend un compliment. C'est comme si elles avaient oublié qu'il était là. En même temps, il pense à son échange de message avec Alice. Elle n'a pas apprécié qu'il dise à Alby qu'ils sont en couple alors qu'ils en ont jamais vraiment parlé. Elle a même fait une blague avec la chanson single ladies de Beyoncé, à laquelle Louis a répondu qu'il lui ferait la demande avec une bague en bonbon. Il serait même capable de se mettre à genou si ça lui permettait de l'avoir rien que pour lui.

-Oh Louis. T'écoute ? Le tire sa sœur de ses pensées.
-Désolé j'étais ailleurs. Vous avez dit quoi ?
- On passe à la frat avant de partir ou pas ?
-On a envie de te voir jouer. Ajoute Alice.
-Je ne veux pas casser votre enthousiasme les filles, mais vous avez vu le temps dehors ?

Les deux se tournent vers les baies vitrées et poussent un soupire en simultané. Ça fait sourire Louis. Effectivement dehors il pleut. Pas une toute petite pluie fine, plutôt de grosses gouttes qui trempent bien. Du genre à finir trempé en moins d'une minute. Aucune chance que Louis aille jouer dehors par ce temps là. Il a beau ne pas y être, il se doute que ses frères de fraternité doivent être avachis sur les canapés de la salle de vie à regarder un replay d'un match de football avec des bières et des sachets de chips.

Une demi-heure plus tard, Louis regrette la météo. Finalement un match sous la pluie lui semble être une meilleure option. Sa sœur et Alice ont réussi à le convaincre d'aller à la salle d'arcade. A l'origine Alice voulait faire les boutiques avant de se rendre compte qu'un dimanche ces dernières sont fermées. Mais maintenant devant les bornes d'arcades les filles n'arrivent pas à trouver un compromis. Alice veut faire les jeux sanglants et d'horreur là où Eugénie préfère les flipper et autres jeux classiques.

-Mais... Alice soupire en se tapant le front du plat de la main. T'as raison Eugénie. Excuse-moi. Je te suis.
-Euh ok.

La sœur de Louis est aussi surprise que lui par le changement de cap d'Alice. ça ne les empêche pas de profiter de chaque jeux et du temps qu'ils passent dans la salle d'arcade. Louis n'a l'explication du comportement de la brune qu'une fois dans la voiture et sa sœur déposée à son appartement. Car Alice a insisté pour l'accompagner afin qu'il ne fasse pas la route du retour tout seul.

-Je suis désolée. Je suis vraiment conne. Souffle Alice alors que Louis démarre le moteur.
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
-J'ai fait n'importe quoi à la salle d'arcade. J'ai proposé que des jeux où l'on a besoin de ses jambes. J'avais oublié que ta sœur était en fauteuil.
-Comment t'as fait pour oublier ? Elle était en face de toi.
-Je sais. J'ai trop honte. Je suis vraiment désolée. Alice se cache le visage avec les mains. Tu crois qu'elle m'en veut ?
-Alice. Louis rigole en secouant la tête. Je crois qu'elle n'a même pas compris.
-Je suis nulle. soupire Alice en regardant le paysage qui défile par la fenêtre.
-Mais non.

Louis lui attrape la main et la porte à sa bouche pour l'embrasser dans un effort pour la réconforter.

-Et...il hésite sur la façon d'aborder le sujet. Je... Elle...Il fronce les sourcils. Merci.
-Pardon?
-Tu ne lui as pas parlé de son fauteuil. C'est rare. Merci de ne pas l'avoir fait.
-Ah. Elle hausse les épaules. De rien. C'est normal. Je me suis dit qu'elle en parlerait si elle en avait envie. Je n'aime pas forcer les gens à la confidence.

Louis quitte la route des yeux quelques secondes pour regarder Alice. Elle à la tête vers la fenêtre et du coup ne le voit pas. Louis fronce les sourcils se demandant bien ce qui se passe dans la tête de la brune. Il lui embrasse à nouveau le dos de la main.

-C'était il y a quatre ans. Se confie-t-il. Elle sortait de l'école, une maman qui avait son téléphone au volant ne l'a pas vu et l'a renversée.
-Je vois.

Alice s'approche de lui et pose sa tête sur son épaule.

-ça n'a pas dû être facile.
- Non. Elle a beaucoup souffert. Et souffre toujours du regard des gens. Je pense que tu dois être la première personne à t'intéresser à elle sans t'occuper de son handicap.
-Je peux t'avouer un truc? Chuchote Alice.
-Vas y.
-Je mourrais d'envie de lui poser la question.

Louis sourit de la franchise de la brune. Et il apprécie qu'elle n'ai rien dit devant sa sœur. Il sait que ça a fait du bien à Eugénie de rencontrer quelqu'un qui la voit elle avant de voir le fauteuil. Alice se redresse et de sa main droite allume l'autoradio en mettant le son au plus bas. La gauche étant toujours dans celle de Louis, posé sur la cuisse du conducteur. Il fredonne l'air de musique qui remplit l'habitacle. Alice sourit et monte le son tout en chantant à son tour.
Le trajet de retour passe vite, bien trop vite au goût de l'étudiant. Ils parlent de tout et de rien, chantent et rigolent ensemble. Il adore passer du temps avec Alice. Même quand ils ne disent rien, le silence n'est pas gênant. Louis sent le regard d'Alice sur lui alors qu'ils approchent du campus. Il se retient du mieux qu'il peut de tourner la tête. Ça fait deux chansons qu'aucun des deux n'a ouvert la bouche.

-J'ai très envie de t'embrasser.

Louis manque de piler. Il tourne la tête rapidement avant de regarder à nouveau la route. Un klaxon retentit derrière eux.

-Tu peux pas me dire ça comme ça Alice. On a failli avoir un accident.

Elle rigole et se penche pour lui déposer un baiser sur la joue.

-Pardon. Ce n'était pas le but.
-Ah ouais ? Et c'était quoi le but?
-Que tu te gares rapidement.

Elle a à peine fini sa phrase qu'il met son clignotant et se gare à la première place qu'il trouve. Alice détache sa ceinture de sécurité et se penche vers lui. Louis a seulement le temps de tourner la tête que les mains d'Alice sont sur ses joues et ses lèvres sur les siennes. Tout en répondant à son baiser, il pivote pour adopter une position plus confortable et passe un bras autour des hanches de la brune. Elle dépose de nombreux baisers sur ses lèvres ne lui laissant pas le temps de l'embrasser comme lui le voudrait. Ça donne l'impression à Louis qu'elle n'ose pas ou ne le veux pas.
Est ce qu'elle joue avec lui? Car si elle continue comme ça, Louis ne va plus répondre de rien. Il glisse sa main libre dans sa nuque et l'oblige à ne plus bouger. Il vient titiller sa lèvre inférieure de sa langue, demandant ainsi l'autorisation d'approfondir leur baiser. Alice gémit dans leur échange en laissant leurs langues se rencontrer. Elle passe ses mains dans ses cheveux alors que Louis tente de la rapprocher de lui.

-C'est pas une bonne idée Louis. Chuchote-t-elle entre deux baisers.
-C'est toi qui avait envie qu'on s'embrasse.
-Je n'aurais pas dû. Elle pose son front contre l'épaule de Louis. C'est une torture. Je n'aurais vraiment pas dû, je suis désolée.

Louis est déboussolé, il ne comprend pas bien ce qui se passe dans la tête de la brune. Il n'a pas rêvé, c'est bien elle qui lui a demandé de l'embrasser ?

-Je...ah c'est frustrant. S'énerve Alice. J'en ai très envie Louis. Mais j'ai peur de ne pas pouvoir m'arrêter à que t'embrasser. C'est plus raisonnable de ne pas tenter le diable et d'arrêter là.
-Quoi ? Mais je m'en fou. Désespéré, il tente de lui voler un baiser. Moi non plus je ne veux pas m'arrêter là.
-Ah oui? Et c'est quoi ta solution ? La frat rempli de tes potes ou ma chambre dans laquelle est ma pote ?

Louis lance malgré lui un coup d'œil sur la banquette arrière. Alice rigole.

-Oh ça non. Je ne suis pas le genre de meuf que tu vas baiser à l'arrière de ta caisse Louis. Elle attrape son sac et ouvre la porte. Donc ce n'est pas raisonnable. Même si j'en ai très envie.

Alice lui embrasse la joue et descend de la voiture.

-Une prochaine fois peut-être. Ajoute-t-elle. Et merci pour aujourd'hui.

Louis n'a pas compris. Louis ne comprend pas. Il n'a pas bougé depuis qu'elle l'a repoussé. Que vient-il de se passer là ? Est-ce qu'il vient de se prendre un râteau? Ou est ce que c'était juste un "pas tout de suite"? Louis n'est sûr de rien. Ce qu'il sait, c'est qu'il a vraiment très envie d'Alice et qu'il va encore se la jouer solitaire en attendant la prochaine fois peut-être.

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