Dimanche 25 environ 3 p.m.

Quinze heures. Louis a les yeux rivés sur son téléphone, comme si ça allait le faire sonner d'un moment à l'autre. Il ne se rend même pas compte qu'autour de lui ses amis se moquent de lui. Ils l'imitent en prenant sa posture et soupirant exagérément pensant obtenir son attention mais c'est peine perdue. Louis est bien trop dans ses pensées. Il hésite.
Doit-il envoyer ou non un message à Alice? La veille il s'est promis de ne pas être celui qui la contactera en premier. Mais en même temps, est-ce que ce n'est pas trop demander ? Après tout, c'est lui qui lui court après pas l'inverse. Donc il devrait être déjà content qu'elle lui réponde. Mais dans un autre sens il ne veut pas être comme tous ces idiots qui lui courent après et qui doivent la harceler de message.
Désespéré il se lève de l'îlot de la cuisine où il s'était installé et part s'avachir dans le canapé. Comme s'il n'attendait que ça, Boo le chien de la fraternité vient s'allonger à côté de lui. Louis le caresse d'une main, l'autre tenant toujours son téléphone, tout en le regardant.

-Et toi Boo, tu ferais quoi? SMS ou pas SMS? Demande-t-il.
-ça y est le voilà qui perd la tête. Se moque Dumpy, un de ses camarades de fraternité alors qu'il s'appuie sur le dossier du canapé. Qu'est-ce qu'il t'arrive p'tit Lou?
-T'attends combien de temps toi avant d'envoyer un message à une meuf?
-Pour lui répondre? J'essaye de répondre tout de suite.
-Non, pour envoyer le premier message de la journée.
-Ah, ça! Je ne le fais jamais. J'attends qu'elle m'envoie un message.
- ça fait quinze heures que j'attends son message. Louis souffle.
-Laisse tomber alors mec! T'as aucune chance.
-Ouais. Il soupire. Je m'en doutais.
-C'est qui?
-Qui?
-La meuf.
-Alice.
-Bittersweet ?
-Ouais elle.
-Oh dans ce cas,je te dirais de demander à LLyod mais je crois qu'il n'est pas encore rentré. Demande peut-être à Bellamy. Il se penche pour voir son ami dans la cuisine. Bellamy ! Appelle Dumpy.
-Ouep? Il apparaît, sa clope à la main et traverse le salon pour sortir par la baie vitrée. Qu'est-ce qu'il vous arrive?
-Louis essaye de brancher Bittersweet. Il aimerait savoir combien de temps il doit attendre avant d'envoyer un message.
- Ah! Il regarde Louis. Bon courage! Mais n'attends pas. Envoie lui un message dès que t'en as envie. Elle ne fera jamais le premier pas.
-Jamais? Genre jamais?
-T'as jamais passé la soirée avec elle?
-Si.
-Tu devrais comprendre alors. Tu sais pourquoi on l'appelle Bittersweet ?
-Aucune idée.

Louis se lève, de voir Bellamy cigarette à la main lui donne envie de fumer. Il le rejoint à l'extérieur et sort son paquet à son tour.

-En fait c'est simple, c'est parce qu'être avec elle ça a un goût doux amer. T'aura jamais 100% de son attention. Cette meuf se lève le matin avec une vingtaine de messages non lus sur son téléphone. Elle connaît presque tous les étudiants du campus alors si t'arrives à avoir ne serait-ce que dix minutes rien qu'avec elle sans rien d'autre alors sens toi heureux mec.
-ça fait flipper quand tu dis ça.
-Faut pas. Elle est géniale comme fille. C'est juste qu'elle connaît trop de monde. Il tire une bouffée de cigarette. Tu veux lui envoyer quoi comme message?
-J'en sais rien. Louis soupire en se passant une main dans ses cheveux. J'ai son numéro depuis la soirée de vendredi et j'ai juste trop envie de lui envoyer quelque chose.
-Passe.

Bellamy coince sa cigarette entre ses lèvres et fait signe pour récupérer le téléphone. Louis lui tend sans grande conviction. De toute façon, il n'a rien à perdre et rien à cacher. Et puis Bellamy est sûrement celui qui connaît le mieux Alice et donc le mieux placé pour l'aider. Louis se laisse tomber dans la balancelle sur la terrasse. Il est vite rejoint par Boo, le chien ne le lâche pas, comme s'il a compris que c'est lui qui doit s'en occuper aujourd'hui.

-Tiens. Bellamy lui lance son téléphone. On verra bien si elle répond.

Louis s'empresse d'ouvrir les messages. Son ami a juste envoyé la photo qu'il a prise la veille du groupe de filles avec une seule phrase. "T'étais vraiment sexy hier soir". Simple mais efficace. Louis décide quand même d'ajouter quelques mots pour lui dire qu'il est un peu déçu qu'ils n'aient pas passé plus de temps ensemble. Il sursaute quand le téléphone vibre dans sa main alors qu'il a à peine appuyé sur envoyer. Alice lui a déjà répondu. Même Bellamy écarquille les yeux, surpris.

-Ok. T'as peut-être une chance. Déclare-t-il. Elle répond rarement aussi vite. Elle t'a dit quoi?
-J'lui ai dit qu'on s'est à peine vu dix minutes du coup elle me dit qu'elle est désolée, qu'il y avait plein de gens qu'elle devait voir et elle m'a envoyé une photo de moi qu'elle a prise hier soir.
-C'est cool pour toi alors !

Mais Louis ne fait plus attention à lui. Il s'empresse de répondre à Alice et la conversation comme depuis le début se fait vraiment naturellement. Il va même jusqu'à prendre plusieurs photos de lui avec Boo pour lui envoyer. Elle le fait rougir en lui disant clairement qu'elle le trouve canon. Il ne s'y attendait pas. Finalement peut-être que Bellamy a raison et qu'il a une chance avec elle.

-Les mecs on fait un match? Propose Alby en sortant à son tour un ballon à la main.

Presque tous les autres étudiants de la fraternité les rejoignent et ils se mettent à jouer au football, à croire qu'ils n'ont pas assez d'entraînement dans la semaine. Louis glisse son téléphone dans sa poche. De toute façon Alice lui a dit qu'elle révisait et il ne veut pas la déranger. Il se concentre sur la partie et ne regarde à nouveau son téléphone que presque trois heures plus tard. Ils sont presque tous sur les rotules, ils ont joué jusqu'à s'écrouler à terre. Mais Louis sait qu'il n'a pas fini sa journée. Il doit promener Boo. Il pense enfin à regarder ses messages qu'une fois qu'il accroche la laisse au chien.
Louis est content de voir des messages d'Alice, après sa conversation avec Bellamy il s'attendait à ce que ce soit lui qui fasse le premier pas à chaque fois. Alice l'informe qu'elle a fini ses révisions et lui demande ce qu'il fait. Louis lui répond qu'il allait promener le chien et pris d'une vague de courage il lui propose de l'accompagner. Alice répond presque immédiatement par la positive et ils se donnent rendez-vous dix minutes plus tard.
Louis ne peut empêcher le sourire qui naît sur son visage. Il se rend presque en courant au parc à côté du laboratoire d'ingénierie robotique où il a proposé à Alice de le rejoindre. Il est content d'avoir pris une balle et la lance à Boo qui la ramène pour faire passer le temps. Malgré ça les minutes semblent s'étirer presque comme des heures. Il voit l'heure annoncée passer, puis cinq minutes supplémentaires, puis dix et quinze. Il perd patience et envoie un message à Alice pour savoir où elle est. Après quelques échanges, il la voit sortir du bâtiment et arriver vers lui. Elle lui fait un grand sourire et lui embrasse la joue.

-Bonjour Louis.

Il rougit doucement.

-Salut toi ! S'exclame-t-elle en se baissant pour faire une caresse au chien.

Louis la regarde faire amusé. Alice lui tend la canette qu'elle avait en main. Elle lui a promis par message qu'elle lui laisserait avoir la fin de sa boisson quand elle serait arrivée. Elle se relève et lance la balle au chien. Naturellement ils se mettent à marcher côte à côte.

-ça a été les révisions? Demande Louis, un peu perdu, ne sachant pas vraiment comment engager la conversation.

Alice lui fait un sourire moqueur.

-Vraiment Louis? Tu m'as fait venir pour qu'on parle de mes révisions?
-Non. Il rougit gêné.
-Dit moi plutôt ce que toi tu as fait cet après-midi.
-On a fait un foot avec les mecs de la fraternité. Il rigole. A croire qu'on a pas assez d'entraînement comme ça hein?
-Non, c'est cool ça veut dire que vous aimez vraiment ce que vous faites.

Alice n'a le temps de rien rajouter que son téléphone sonne.

-Désolée. Elle soupire. Elle regarde l'écran et surprend Louis en appuyant longuement sur la touche de verrouillage de son téléphone, ce qui l'éteint. Voilà. Comme ça on sera plus dérangé.

Louis pense aux paroles de Bellamy, au fait qu'Alice est censée être tout le temps joignable et sur son téléphone. Donc ce n'est pas normal qu'elle éteigne l'appareil... si ? Un fol espoir naît dans les pensées de Louis et si finalement il avait toutes les chances possibles avec Alice.

-Tu connais Bellamy ? Demande-t-il curieux de savoir ce qu'elle pourrait dire sur lui.
-Numéro 6? Questionne-t-elle faisant référence à son numéro de joueur dans l'équipe.
-Ouais.
-Il est cool. Elle hausse les épaules. Même s'il essaye un peu trop souvent de me brancher. Il n'a toujours pas compris qu'il ne m'intéressait pas. Alice sort son paquet de cigarette. T'en veux une? Ajoute-t-elle en le tendant vers lui.
-Merci.

Louis attrape la bâtonnet de nicotine et de son côté sort le briquet à l'origine de tout de sa poche. Alice sourit et se penche vers lui pour qu'il allume sa cigarette.

-Pourquoi cette question?
-Juste comme ça.
-C'est pas lui qui t'as demandé de me parler hein? Demande-t-elle suspicieuse.
-Non, non. Ne t'inquiètes pas.
-Tant mieux. Elle expire la nicotine. Il est gentil mais il ne comprend pas forcément que non ça veut dire non. Bref. Elle attrape la balle et la renvoie pour que Boo aille la chercher. Appart lui t'es ami avec qui dans ta fraternité?
-Alby, je ne sais pas si tu vois de qui je parle. Comme elle ne réagit pas, Louis continue. C'est le japonais.
-Ouais votre capitaine d'équipe non?
-Exactement. C' est cool et on passe pas mal de temps ensemble.
-Faudrait qu'on se fasse une soirée juste tes potes et les miens.
-Avec tout le campus en fait si on compte tes amis. se moque Louis.
-Il y a une différence entre amis et connaissances. Si je n'invite que mes amis, on sera genre trois. Orva, Adorlee et moi. Elle rigole.
-Et moi aussi. tente Louis.
-Ouais et toi aussi. Alice se mord la lèvre inférieure.
-Mais bon ça risque pas, tes potes me détestent.
-Quoi? Mais non !
-Oh si! J'ai essayé de leur parler dans la soirée de vendredi pour savoir où tu étais, elles m'ont limite envoyé bouler.
-Ouais, c'est normal. Elles sont blasées. Y'a plein de gens qui arrêtent pas de leur demander donc ça les saoul.
-Sauf que la brune...
-Orva. Précise Alice.
-Ouais Orva... elle m'a regardé comme ça. Il imite le regard qu'il a dû subir.

ça fait rire Alice. Elle n'essaye pas de défendre son amie. A la place elle préfère parler à Louis de leurs amitiés et du trio qu'elle forme avec Orva et Adorlee. La conversation se fait naturellement, comme quand ils discutent par messages. Ils continuent de marcher et Louis se sent rougir quand sa main frôle celle d'Alice. Il a envie de tendre les doigts pour les entrelacer avec ceux de la brune mais il n'ose pas vraiment. Il se demande comment elle va réagir et il ne veut pas la brusquer. Il se sent déjà privilégié qu'elle ait coupé son téléphone.
A un moment Alice trébuche sur une racine et s'accroche au bras de Louis pour ne pas tomber. Il se moque gentiment d'elle mais ne dit rien car elle n'a pas lâché son bras et il se sent heureux de ce contact. Boo, qui semble en avoir marre de courir partout se met à côté de Louis et marche à leur rythme. C'est signe qu'il doit rentrer, en plus il fait nuit. Il n'a même pas vu le soleil disparaître à ce point. Il regarde sa montre et hausse un sourcil. Il est déjà presque minuit. ça fait donc presque quatre heures qu'ils sont tous les deux à discuter. Alice à côté de lui se met à bailler.

-Tu veux que je te ramène? propose Louis.
-Je peux trouver le chemin toute seule tu sais. Se moque-t-elle en réponse.

Sa main qui jusqu'ici était enroulée autour de son bras au niveau du coude de son ami descend jusqu'à sa main et elle semble hésiter un peu avant que leurs doigts se frôlent et s'emmêlent. Elle s'arrête et Louis suit le mouvement.

-En plus il me semble que toi tu vas à droite et moi à gauche.
-ça ne me dérange pas de faire un détour. Il hausse les épaules.
-T'inquiètes pas, je suis une grande fille, je peux rentrer seule. Alice s'approche et lui embrasse la joue. Merci pour la balade. C'était sympa. On refait ça quand tu veux.

Louis n'a pas vraiment le temps de lui répondre qu'elle s'éloigne déjà. Il sourit comme un idiot en la regardant partir. Boo se rappelle à lui en se frottant doucement à sa jambe.

-Oui, on rentre. Dit Louis au chien en se mettant enfin en chemin pour la maison de sa fraternité.

On refait ça quand tu veux. Cette phrase lui tourne en tête alors qu'il marche. Il sait bien que si ça ne tenait qu'à lui, ils feraient ça tous les soirs et il se promet silencieusement de tout faire pour que ça soit le cas. 

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