Chapitre 8 Premier baiser.

Simon se réveilla avec un mal de crâne horrible. Il aurait pu prendre une aspirine et passer à autre chose, sauf que sa migraine empira lorsque le son d'un chant enfantin entra dans ses tympans et dévora son cerveau. 

Avec une agilité qu'il ne se connaissait pas, il évita les bouts de la table brisée et se rendit dans sa cuisine. Les rayons du soleil transperçaient les persiennes. Le four indiquait 13:36.Simon se frotta les yeux pour être sûr. Il se pinça, se cogna la tête - chose qu'il regretta amèrement. Rien n'y faisait. Il avait raté une matinée de travail. 

Et cette mélodie qui lui agaçait les tympans !

Lorsqu'il se tourna vers sa cafetière, il écarquilla les yeux. 

Light était en train de faire cuire des oeufs à la poêle, en fredonnant une berceuse. Se croyant encore endormi, en plein rêve, Simon se dirigea dans sa salle de bain. Le zombi qu'il était marcha sur les bouts de verres. Il râla. 

Après avoir profité d'une bonne douche qui lui ferait mal une fois sur les factures, Simon sortit requinqué. Malgré sa douleur au crâne, il avait meilleure mine. Prenant son désinfectant, il commença à nettoyer ses coupures. À chaque touché, un petit gémissement se déclenchait. 

  - Je peux aider ? demanda Light en apparaissant dans l'embrasure de la porte. 

  - Pourquoi pas. 

Simon se tourna face à Light. Ce dernier se munit de coton, qu'il fit tremper dans le désinfectant. Il s'occupa d'abord des paumes de Simon, attaquées par les nombreux bouts de verres qui jonchaient son salon. 

Simon se retient de fermer la paume pour ne plus avoir à supporter les picotements du désinfectant. Une sensation très désagréable pour lui. Sa mère en avait vu des vertes et des pas mûres lorsqu'il devait être soigné. 

Light se fit délicat, caressant presque les doigts de Simon. 

  - Que fais-tu ici ?

  - Des œufs au plat, et l'infirmière, répondit automatiquement Light. 

  - Non, je veux dire, pourquoi tu es venu ici ? 

Light s'arrêta un instant pour le regarder dans les yeux. 

  - Tu ne venais pas, et je t'avais prévenu : je suis paranoïaque. Je t'ai appelé, tu n'as pas répondu. Alors je suis venu. Et j'ai trouvé une masse vautrée dans son canapé finit Light en souriant. 

  - Sympa, marmonna Simon. Tu m'as vraiment imaginé entre les mains de vieux pervers ? 

Les paumes finies, Light prit un nouveau coton et commença à s'occuper du visage. 

  - Les vieux, les vieilles, les jeunes, les chiens, tout est passé dans ma tête. 

  - Les chiens ? Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer. 

  - Je préférerais que tu en ris. 

Pendant un instant, leurs regards se croisèrent et aucun des deux ne put défaire ce lien. L'attirance se lisait dans leurs yeux, mais ni Light ni Simon n'osait faire un pas. 

  - Qui t'a fait ça ? interrogea finalement Light, sérieux. 

Simon se sentit faible. Avoir été battu de cette manière, dans son propre appartement, par des inconnus le menaçant de revenir, il avait mieux vu comme agent spécial. Sa honte lui fit baisser les yeux. 

  - Je n'en sais rien. 

  - Je veux savoir. 

  - Je te dis que je n'en sais rien ! s'énerva le latino. 

Light entremêla ses doigts à ceux du jeune homme. 

  - Simon, je suis inquiet. D'abord ta crise, maintenant cette attaque, j'ai l'impression que le mauvais sort te suit. 

  - Tu crois vraiment au mauvais sort ? 

  - On se tourne vers n'importe quoi lorsqu'on est faible. 

  - Je suis ta faiblesse ? s'étonna Simon, incrédule. 

Light le prit dans ses bras. Le souffle chaud du jeune homme vint réchauffer le cou de Simon. Soudain, alors qu'il pensait avoir eu sa dose de chaleur, Light déposa ses lèvres sur celle du latino. Trop étonné, Simon resta immobile, paralysé par cet échange. 

D'ailleurs, ce n'était pas pour lui déplaire. Les lèvres de Light avait un goût sucré qui caressait sa langue. Leur corps l'un contre l'autre provoquait un sentiment de plaisir terrifiant. Simon se sentait troublé. Son corps ne lui appartenait plus. 

Toutes les effluves de parfum de Light le mirent en transe. Mécaniquement, Simon entoura Light avec ses bras et approfondit le baiser jusqu'à ce qu'il ne puisse plus respirer correctement. 

Alors que Simon essayait de remettre de l'ordre dans ses idées et de comprendre pourquoi il bouillait intérieurement, Light enchaîna en déposant plusieurs baisers dans son cou. 

Les bruits du monde extérieur se firent lointain, les événements oubliés, l'enquête à la poubelle, plus rien ne semblait avoir d'importance sauf cet instant. 

Light laissa ses mains se balader sur le torse nu de Simon, qui chercha sa raison quelques secondes encore avant de succomber au charme de son collègue. Light souleva Simon par les cuisses et l'installa sur l'évier de la salle de bain. Avec un empressement certain, le latino défit le veston et la chemise de Light. Ce dernier émit un grand sourire avant de plaquer sa bouche sur celle de Simon. 

Une explosion de saveurs nouvelles vinrent exciter Simon. Tout son être avait chaud. Tout son être hurlait de plaisir. Plus rien ne comptait, seulement la chaleur de Light contre la sienne. 

  - Je suis inquiet, murmura Light entre deux baisers sauvages. 

  - Tais-toi. 

Malgré l'ordre de Simon, Light continua. 

  - Viens habiter chez moi, je t'aurai à l'œil ... 

Sans réfléchir à cette proposition, Simon l'embrassa langoureusement à nouveau. Telles deux bêtes, Simon et Light s'adonnèrent aux plaisirs de la chair une bonne partie de l'après-midi. Leurs échanges furent bestiaux, remplis de désir et d'un appétit sans fin. Simon avait l'impression de vivre plus intensément. 

Toute cette extase lui fit oublier son rendez-vous avec Julie, et la sonnette lui rappela qu'elle était bien présente. 

Enfilant rapidement un boxer et en râlant encore une fois sur les débris de verres, Simon ordonna à Light de ne pas bouger. Puis, il alla ouvrir la porte. 

  - Julie O'Malley, dit Simon, avec un sourire qui se voulait naturel. 

Julie le dévisagea avant de l'inspecter en entier. Elle sourit et leva le pouce en l'air. 

  - Je le rajoute à la liste "Light", énonça-t-elle. 

  - Genre tu as fait une liste avec ce nom ? 

  - C'est un grand thème dans ta vie, que tu le veuilles ou non. 

  - J'ai toujours été imposant ! cria Light depuis le canapé. 

Simon se cogna la tête contre le mur. 

  - C'est une conversation privée ! répondit-il sur le même ton. 

  - Je suppose que notre rendez-vous est remis à la semaine prochaine, déclara Julie. 

  - Non ! J'ai vraiment besoin de te parler, marmonna le latino. 

Simon lui demanda d'attendre quelques minutes, le temps de se changer. 

Dans le salon, Light était avachit sur le canapé, une assiette d'œufs dans les mains. Un sourire était scotché à sa figure. Il fixait Simon pendant qu'il s'habillait. 

  - Quoi ? râla Simon, n'acceptant pas d'être maté si intensément. 

  - Je te préfère nu, remarqua Light. 

  - Merci, mais je me préfère habillé. Tu claqueras la porte en sortant. 

  - Si je sors ... 

  - En sortant, répéta Simon. 

Sur ces mots, il rejoignit Julie dans le couloir et, ensemble, ils prirent la route du bar de Louis. 

Une fois bien installés et servis par le généreux Louis, Julie et Simon entamèrent une conversation banale, afin d'amener le sujet. C'était la méthode que préférait Julie, détourner le patient et prendre sa confiance pour qu'il soit plus apte à se confier. 

  - Deux choses sont à abordées, je crois, dit alors Julie. Light et ces bleus sur ta figure. 

  - Il n'a pas de tendance sadomasochiste, rouspéta Simon, déjà sur la défensive. 

  - Deux choses qui n'ont rien à voir, aurai-je dû préciser. 

Simon engloutit son hamburger, comme s'il n'avait rien mangé depuis des jours. Ou peut-être que l'exercice physique l'avait vidé. Light était un grand sportif. 

Simon rougit. Comment allait-il pouvoir le regarder dans les yeux après ça ? 

  - Je vais te poser la question la plus basique du monde, prépare-toi, l'informa Julie avec une mine sérieuse. 

Simon arrêta de mâcher. 

  - Est-ce que tu aimes Light, dans le sens amour, et non amitié ?

Simon faillit s'étouffer. 

  - C'est une question très importante. Ta réponse l'est aussi. Tu ne peux pas continuer à douter, Simon. 

  - Il m'attire, répondit-il, gêné. Je n'ai jamais été vraiment amoureux, Julie, je ne sais pas ce que ça fait ! 

  - Que ressens-tu lorsque tu es près de lui ? 

  - Ça dépend. Quelquefois, j'ai envie de l'étriper. Et puis, parfois, j'ai envie de ...  de le toucher. C'est bizarre. Dieu, que c'est gênant ! 

Julie explosa d'un rire cristallin. 

  - Je ne peux rien affirmer, mais tu as l'air sur la voie de l'amour, rit-elle. Ce mélange subtil entre la haine et le désir. C'est beau, n'est-ce-pas ? 

  - Genre Frodo était amoureux de son anneau, marmonna Simon. 

Julie but une gorgée de son café. 

  - Et pour tes bleus, tes coupures ? Et ta mine dépravée ? 

  - Tu sais comment faire plaisir, maugréa Simon. J'ai été attaqué cette nuit, par des inconnus. 

  - C'est pour ça que Light est venu ? Tu l'as appelé ? 

Simon expliqua que Light était venu par lui-même. Dans l'ambiance conviviale du bar de Louis, Simon raconta ses péripéties en détails. Julie l'écoutait attentivement, fronçant les sourcils par moment. Simon lui confia les paroles prononcées par l'un des types, chose qu'il n'avait pas dite à Light. 

Son café tiède dans les mains, Julie semblait réfléchir. 

  - Je crois qu'ils sont sérieux, a-t-elle affirmé. 

  - Qu'ils reviennent ! Je vais pas m'arrêter d'enquêter à cause de pauvres types qui ont enterré leur honneur. 

  - Simon, j'ai reçu un paquet à mon bureau ce matin. 

  - Tu as changé de sujet vachement vite, remarqua le latino. 

  - Je ne change pas de sujet, soupira Julie, plus inquiète. Dans le paquet, il y avait un chien empaillé et une lettre. C'était écrit que ma fidélité causera ma perte. 

Simon but difficilement son eau. Julie, sa psychologue toujours souriante et solidaire, menacée ? Il n'arrivait pas à accepter ce monde là. 

  - Ta fidélité ? répéta Simon.

  - Envers toi, oui. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top