Chapitre 3 Puzzle.

Simon perçut des cris de douleur, puis un rire sinistre. Il soupira. Décidément, il avait beaucoup à faire avec cette équipe de demeurés psychopathes. Première étape, les empêcher de faire du mal au fugitif, au suspect, ou à toute autre personne liée à l'enquête en cours. La tâche avait l'air simple, dans ses rêves. Simon espérait pouvoir prendre cette pelle irréelle et les assommer avec pour les recadrer. Après tout, Hederald le remercierait, non ?

Simon secoua la tête. Ce n'était pas le moment d'avoir l'esprit ailleurs. 

La force physique, ce n'était pas son domaine. Alors, monter ces quelques marches métalliques l'essoufflèrent rapidement. Au test physique obligatoire pour rentrer dans l'AMAC, son score avait été si minable que les examinateurs s'étaient posés la question d'un canular. 

Sur le toit, le fugitif à capuche était agenouillé, le corps tremblant. Light tirait la tête en arrière et, du bout de sa flèche, traçait des cercles imaginaires autour de l'œil droit de ce pauvre gars. Un Glock 19 se trouvait à quelques mètres des deux hommes. 

Simon souffla un grand coup et gonfla sa poitrine. 

  - Light ... ne terrorise pas le lapin, s'il te plaît. On en a déjà parlé. Lui, je suis sûr que ce n'est pas un mec sénile psychopathe qui a du temps à perdre. 

  - Il ne te rappelle personne ? demanda Light en ignorant complètement la remarque de Simon, et en retirant la capuche qui couvrait l'identité de cet homme. 

L'individu avait le teint froid, le visage très carré et les yeux d'un bleu transcendant. Ses cheveux blonds ondulaient sur ses épaules. À travers ses mèches, on pouvait deviner des oreilles décollées. Ses pupilles suivaient de près la pointe qui menaçait sa précieuse vue. 

Simon reconnaissait cet homme, mais impossible de se souvenir de l'endroit où il l'avait vu. 

  - Quel est ton nom ? l'interrogea Simon. 

L'individu quitta quelques secondes la flèche des yeux pour transpercer Simon glacialement. 

  - Au nom du cinquième amendement, je refuse de répondre, sourit-il. 

  - Tu n'es pas dans une cours de justice, mon coco. Ton cinquième amendement, tu peux te le mettre où je pense, dit Simon en arborant un sourire forcé. 

  - Il était sur la photo de famille de la vieille, a déclaré Light. 

  - Ne l'appelle pas comme ça ! s'excita l'inconnu. 

Light lui fit un grand sourire sardonique. 

  - Comment devrais-je l'appeler ? Tata ? Mamie ? Chérie ? 

L'inconnu en fut irrité et remua pour se libérer. Light fit claquer sa langue et approcha de nouveau la pointe de la flèche en guise de menace. 

Simon, quant à lui, cherchait encore dans sa mémoire le visage de cet homme. Il poussa un cri de joie lorsqu'il se souvient de cette photo dans le hall d'entrée de l'appartement de la comtesse. Probablement prise à un mariage, vu leur accoutrement, l'inconnu figurait au premier rang, sourire aux lèvres, les cheveux plus courts. À ses côtés, la comtesse de Villeroche riait gaiement, révélant des rides légères. 

Simon remarqua les regards curieux de Light et de l'inconnu. 

  - Je viens de me souvenir, bafouilla-t-il. 

Light sourit, puis reporta son attention sur sa prise. 

  - Le gentilhomme là-bas t'a demandé ton nom. Quel est-il ?

Dans un grognement, l'inconnu céda. Selon ses dires, il serait Killian Villeroche, le petit-fils de la comtesse. 

  - Donc, tu as tué ta grand-mère, lança Simon, réfléchissant à voix haute. 

Killian écarquilla les yeux, avant de se tourner vers Light pour avoir confirmation de ce qu'il avait entendu. 

  - Je ... Je ne l'ai pas tué ! Je ne savais même pas qu'elle était morte !

  - Toutes mes condoléances, dit Light d'un ton monotone. 

  - Je vous jure ... c'est ... c'est impensable !

  - Si les meurtriers s'accusaient eux-mêmes, il n'y aurait aucune enquête, soupira Simon. 

  - Que faisais-tu dans les parages ? le questionna Light. 

Killian resta silencieux et invoqua son droit d'avoir un avocat. Lâchant l'affaire, Light rangea sa flèche dans sa poche et souleva le suspect pour le ramener en bas de l'immeuble. 

Au pied des escaliers, Catherine attendait, appuyé contre la grille. Elle se limait les ongles, l'air blasé. Lorsqu'elle se retourna, sa queue de cheval faillit se prendre dans la grille. Simon aurait tellement voulu que ça arrive. 

  - C'est qui, lui ?

Light lui expliqua les grands lignes de sa formidable capture, avant de se diriger vers le rassemblement policier pour leur apporter un suspect, et l'arme de ce dernier par la même occasion. Killian ne se débattait pas, mais il n'avait pas l'air d'apprécier la poigne de Light. 

Light exigea des policiers qu'ils conservent le jeune homme. Puis, il ordonna une réunion de l'équipe 13. Light, Catherine et Simon formèrent un cercle privé dans le hall de l'immeuble, tandis que les policiers continuaient leurs allers-retours entre l'extérieur et la scène de crime. 

  - Pour l'instant, qu'avons-nous ? demanda Light. 

  - Meurtre à arme blanche, absence d'arme du crime. La gorge a été tranché difficilement. Le sang indique que le meurtre s'est passé dans l'appartement même, mais la serrure n'a pas été forcé, donc elle connaissait l'agresseur, récapitula Simon. 

  - Et un invité se joint à nous, Killian Villeroche, pensa Light à voix haute. 

  - Il affirme ne rien connaître de ce meurtre. Tu le crois ? 

  - Qu'en penses-tu, Catherine ? 

La jeune femme sembla se réveiller d'une longue pause. 

  - Je pense qu'il l'a tué pour le fric. Il doit être sur son testament, non ? C'est bien un truc de gars, ça. 

  - À vrai dire, généralement, ce sont les femmes qui épousent ... 

  - La ferme, moucheron, coupa Catherine. 

Simon préféra l'ignorer. Au tout début de leur relation professionnelle, Simon n'arrêtait pas de reprendre Catherine à chaque remarque, sans intervention de Light, qui se contentait d'observer les scènes. À force, Simon en avait eu marre. Chaque fois que Catherine lui lançait une pique, il avait pour projet de contenir son envie de répondre. 

Quelquefois, son majeur se levait tout seul pour se mettre sous le nez de Catherine, mais pas cette fois-ci. 

  - Voilà ce qu'on va faire : Catherine, tu demandes un accès complet à son testament, et tu établis une liste de suspect qui pourrait en vouloir à son argent. Simon, tu vérifies les preuves attrapées par la NYPD, et tu retournes faire un petit tour dans l'appartement, on ne sait jamais. Quant à moi, je vais me faire plaisir avec ce Killian Villeroche, sourit Light. 

Simon avait un mauvais pressentiment. 

  - Et le téléphone ? 

  - Chaque chose en son temps, répondit Light. 

  - Quel téléphone ? 

Catherine manquait d'éléments, et Simon n'était pas prêt à lui les fournir, alors il s'excusa rapidement et s'éclipsa. 

À l'extérieur, Simon se renseigna sur les preuves dénichées. La police scientifique lui indiqua l'emplacement des indices, et il s'y précipita. Il n'avait pas de temps à perdre s'il voulait effectuer son travail correctement. 

À côté des caisses, Simon trouva un masque et des gants, qu'il enfila activement. Des cheveux, des prélèvements de sang et d'empreintes, rien qu'il ne pouvait analyser seul. Il faudrait attendre les rapports. Cependant, il tomba aussi sur un bout de papier déchiré. Le jeune homme tourna le plastique scellé entre ses doigts et mémorisa la seule encre présente sur la feuille : 025. 

Simon put aisément en déduire qu'il s'agissait de la fin d'une liste de nombre. Établir quelque chose de concret à partir de ça allait être difficile. Il n'avait pas été embauché pour se la couler douce, ou pour boire du café toute la journée. Autant être utile en passant des heures à chercher une correspondance avec ces trois numéros. Les analyses scientifiques pourront lui dire de quand date l'encre et peut-être même le type de papier utilisé, il ne fallait pas désespérer. 

Simon soupira. Il comprenait pourquoi cette enquête avait été soumise à l'AMAC. Les preuves immédiates, comme il aimait les appeler, n'existaient pas. Absence de témoins, de caméras, d'un objet laissé par l'auteur du crime. 

Le jeune latino reposa soigneusement les indices et s'apprêtait à retourner dans l'appartement quand une voix l'interpella. 

Vivement, Simon se retourna et fut surpris de découvrir une connaissance dans la foule, derrière le ruban. 

  - Julie O'Malley, sourit-il. 

La jeune femme lui sourit en retour, gracieusement. Dans son tailleur violet, les cheveux châtains attachés en chignon chic, Julie était radieuse. 

  - Je te vois finalement sur une scène de crime, dit-elle. 

  - Finalement ? Tu rêvais de ça ? Genre, tu ne peux pas rêver de Dora à la place, c'est pas un peu plus joyeux ? 

Julie rit de bon cœur. 

  - Sans doute ! J'ai un rendez-vous dans peu de temps, je dois y aller. J'ai été ravie de te voir. C'est toujours bon pour vendredi soir ? 

Simon hocha la tête. 

  - Parfait ! Porte toi bien, Simon. 

Julie disparut dans la foule. 

Le jeune homme resta un petit moment immobile. Les mains tremblantes, rien que de penser à leur prochain rendez-vous. Il avait rencontré Julie sur les conseils de sa mère, et l'entente passait plutôt bien. Julie était une femme de bonne compagnie, qui l'aidait réellement à progresser. 

La scène de crime remplaça ses pensées et il fit volte-face pour se rendre dans l'appartement de la comtesse. Simon heurta alors le buste d'un homme. Lorsqu'il releva des yeux désolés, il s'aperçut qu'il s'agissait de Light, qui regardait étrangement la foule. 

Simon suivit son regard, mais rien ne l'attira particulièrement. 

  - Qui était cette jeune femme tout à fait charmante ? 

Simon hoqueta de surprise. Il ne pouvait pas le dire, surtout pas à Light, ou il en entendrait parler pendant des années, jusqu'à ce qu'il déguerpisse de l'équipe 13 en fait. 

  - Une femme ... dans la foule. Elle demandait des informations sur l'enquête, rien de bien méchant. Bon, j'y vais, salut ! 

Néanmoins, lorsqu'il fit mine de s'en aller, Light le prit par le col et l'amena contre lui. 

  - Quel secret caches-tu ? 

  - Aucun. Pourquoi j'aurai un secret ? Je veux dire, quel secret vaudrait la peine de le cacher ? Sauf si j'étais sous couverture pour la mafia, ce que je ne suis pas, évidemment. Ce serait stupide de le révéler, vraiment stupide. Je veux dire, qui irait dire qu'il travaille pour la mafia, s'il est sous couverture. Ça pourrait être un moyen de persuasion, remarque si ... Je sais pas. Dis ... tu comptes me lâcher un jour ? 

Light fit le contraire et resserra sa prise. 

  - Tu m'appartiens, Simon, murmura-t-il dans son oreille. 

Puis, il le libéra de son étreinte. 

Simon se faufila avec rapidité dans l'appartement et, une fois à l'intérieur, se mit à se frotter la tête pour se réveiller. Light avait un sérieux problème, il en était sûr maintenant. Comment travailler avec un tel homme ? 

Simon fit les cents pas dans le hall d'entrée du logement. Il faillit faire tomber un tableau en se cognant l'épaule contre une embrasure de porte, mais il sauva l'objet de justesse. Simon soupira. Jamais il n'arriverait à se concentrer. 

Light était un véritable démon. 

En parlant du loup, Simon reçut un appel de lui. Il adopta la méthode cool. 

  - Quoi ? 

Un peu sec. Il se nota pour lui-même d'entraîner ses entrées téléphoniques. 

  - On a un problème, dit Light. 

  - Je suis tout ouïe, très cher. 

  - Killian Villeroche vient tout juste de déclarer être le meurtrier de Sylvie Villeroche. 

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