Chapitre 26 Intervention finale.
Raïken ne bougeait pas d'un millimètre, toujours disposé à en finir avec Simon, qui n'avait pas lâché non plus son poignet. Ils se regardaient dans l'obscurité. Les visages étaient sombres, graves, et le moment intense. Comme un souffle suspendu dans l'air glacial.
– Lâche ton arme, répéta Light, le pistolet collé à la tempe du jeune Villeroche.
C'est alors que, dans un mouvement brusque, Raïken détourna l'arme de sa figure avec son bras et fit un croche-patte à Light, qui tomba sur son bras emplâtré. Une douleur due le traverser, puisqu'il émit un gémissement léger que Simon put tout de même entendre.
Raïken se tourna vers Simon, une lueur de destruction dans le regard. Il était éclairé par les rayons des lampes qui se précipitaient ici. Dans un dernier espoir, il pointa son arme vers Simon.
Mais sa détermination ne fut pas encore récompensée, puisque le tir partit vers les étoiles. Light venait de l'immobiliser par les épaules.
– Tout est fini, renonce !
Simon se sentit coupable d'être soulagé. Il se redressa, le cou encore douloureux. Il était sûr que les vaisseaux de ses yeux avaient explosé et, d'une certaine façon, il se dit que ressembler à un tueur de films d'horreurs était une belle promotion.
Raïken réussit malheureusement à se libérer en projetant son crâne vers l'arrière. Light fut touché en plein visage. Il amena rapidement sa main vers son nez qui saignait. Simon espérait qu'il ne soit pas cassé.
Entouré par Light et Simon, Raïken avait l'air en panique, le visage en sueur. Les lumières s'approchaient de plus en plus. Les pas étaient plus fort, plus stressants.
– Je ne voulais pas faire ça, je ne voulais pas, je ne le voulais pas ! s'écria Raïken.
Il attrapa quelque chose dans sa poche. Un détonateur.
– Tu déconnes ? rouspéta Simon, qui se jeta à terre lorsque Raïken appuya.
La terre trembla, les arbres furent secoués par de multiples explosions qui les entouraient. Ils ne furent pas touchés directement, mais Simon se sentit plus lourd. Il était gêné par la fumée et ses tympans sifflaient.
Il rouspéta derechef. Raïken avait retardé les policiers, qui devaient avoir été sonnés. Et, en plus, Simon était en rogne par rapport au fait qu'il se soit fait avoir deux fois par le même tour. Il avait l'impression d'être dans Un jour sans fin, le côté amusant en moins.
Et, pour couronner le tout, Simon n'arrivait pas à voir où était Leo. Ce qui était fortement problématique pour son moral.
Ce qu'il trouva en revanche fut la pointe pas très accueillante d'une arme à feu avec, au bout, le visage tout aussi dépité de Raïken Villeroche.
Et, sans aucune rancune, sans aucune réflexion, il tira. La main lourde, le corps tremblant, les lèvres vibrantes, il tira. C'était ainsi que la partie se terminait, par un simple tir.
Simon sentit sa poitrine brûler, son corps le lâcher. Il mit un genou à terre et porta la main à son torse. Malgré l'obscurité, il percevait à la perfection le sang qui s'échappait de la plaie. Le gilet pare-balles avait été traversé, et la balle s'était logée dans son corps. Où exactement ? Il ne le savait pas, tout son être était en feu. Il avait l'impression d'avoir mal partout, d'être exposé à un piège infernal.
Il aurait aimé porter une touche d'humour à cet événement, mais aucun mot ne lui venait, juste des gémissements de douleur.
Cependant, il eut également l'impression qu'il subissait une renaissance. Comme si cette balle était le châtiment qu'il attendait depuis tout ce temps pour enfin faire une croix sur son passé. Cette balle qui lui rappelait qu'il ne pouvait pas abandonner sans tenter quelque chose. Alors, il se redressa et se jeta sur Raïken. Surpris, le jeune homme fit tomber son arme.
Simon lui rendit les coups. Il ne les comptait même pas. Il savait juste qu'il ne devait lui laisser aucune chance.
Lorsque Raïken fut immobilisé, Simon vérifia sa respiration et son pouls. Il survivrait. Et, malgré toute la douleur mentale qui régnait chez le latino, il s'empêcha d'être fatal. Il mit Raïken sur le ventre et amena ses bras dans son dos.
– Raïken Villeroche, vous êtes en état d'arrestation. Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous devant un tribunal ...
Simon lui récita ses droits, comme il l'avait fait de nombreuses fois en s'exerçant ou lors d'arrestations. Mais cette récitation avait un ton tout particulier. Ce n'était pas simplement un policier, un agent de l'AMAC, qui parlait. Non, c'était Simon Cortès. C'était un être humain, fait d'émotions. Et le tremblement dans sa voix en attestait.
Peu après, durant ce qui semblait être une éternité, les policiers atteignirent la scène. Simon délégua le fugitif aux autorités, tandis qu'il prenait une pause. Il mourrait de chaud et, en même temps, il avait horriblement froid.
Il avait perdu trop de sang, même un idiot s'en rendrait compte.
Une main se posa sur son épaule. Simon n'avait même plus la force de sursauter. Toute action lui paraissait plus lente.
– Cette réussite est un bon point pour ton dossier, sourit Light.
– C'est bon pour le moral, chantonna Simon.
– Qu'est-ce que c'est que ça ? De la variété française ?
Simon n'avait plus la force de répondre. Il s'écroula. Light le rattrapa de justesse avant que sa tête ne percute le sol.
– Simon ! Simon, parle moi ! ordonna Light.
Sa voix était calme, mais ses yeux révélaient une toute autre émotion.
Il sentit Light défaire ses vêtements, et il le vit écarquiller les yeux face à cette blessure. Simon était sûr de l'entendre très prochainement le réprimander pour n'avoir rien dit, mais il n'en avait pas trouver l'ouverture, pas la force de se plaindre.
Light appliqua une compression sur la blessure tout en appelant à l'aide. Un autre policier se dépêcha d'aider, de prendre le relais, tandis qu'un autre rehaussait ses jambes. Et il lui semblait bien que cet autre était Catherine, mais tout s'assombrissait. Light s'approcha de son visage, le prit entre ses mains tout en caressant ses joues du bout des pouces.
– Simon, c'est qu'une égratignure, alors ne suis surtout pas la lumière, sauf la mienne.
– Tout ... tout est noir, de toute façon, réussit-il à articuler.
– Ce que tu peux être pessimiste, plaisanta Light, avec un rire nerveux. Continue de me parler, ne t'arrête pas. Accroche-toi à ma voix, d'accord ? Tu veux bien faire ça pour moi ?
Simon eut un petit rire qui augmenta sa peine.
– Je ferai tout pour toi ... sauf ... sauf faire des séances de ... de Ouija.
– Quel dommage, j'avais créé tout un programme pour les prochaines vacances.
Même la lune avait fui son champ de vision. Simon commença à lâcher prise, mais une petite tape sur sa joue le ramena à la réalité.
– Reste avec moi, Simon, le pria Light.
Quelle voix délicieuse. Simon se souvint de la première fois qu'il l'avait entendue. Il n'était pas de bonne humeur ce jour-là, puisqu'il venait d'apprendre qu'il se tapait l'équipe la plus sadique de l'AMAC. Ce n'était pas une cerise, à ce moment-là, qui était tombée sur le gâteau, mais un ananas. Puis, il l'avait rencontré. Ce jeune détective, surnommé Light, qui l'accueillit dans son long manteau d'un bleu tellement sombre qu'il était presque noir, muni d'un chapeau haut-de-forme et d'un veston obscur sur sa chemise blanche. Il lui avait présenté un grand sourire, des dents parfaitement blanches et alignées. Trop de perfection avait ébloui Simon, et l'avait fait rager. Pourquoi devait-il faire équipe avec un être cent fois plus charismatique que lui ? Pour lui rappeler chaque jour que lui ne l'était pas ?
Puis, Light l'avait salué et, à sa grande et gênante surprise, une autre voix que celles de sa mère ou de Julie réussissait à l'apaiser. Avant de l'énerver de nouveau. Mais cette unique seconde où le temps était suspendu aux lèvres de Light avait suffit pour faire émerger une autre flamme en Simon. Une flamme qui aujourd'hui embrasait son corps, et le réchauffait.
Une autre tape survient.
– Simon, les secours arrivent. Reste éveillé. Reste avec moi.
La dernière phrase de Light sonnait comme une imploration.
– Un jour ... un jour, tu m'as dit que ... que j'étais ta faiblesse, rit faiblement Simon.
Ses doigts cherchèrent ceux de Leo, qui les pris instantanément, tandis que sa main libre caressait les cheveux du latino.
– Tu l'es toujours, crétin.
Light lui embrassa le front. Et ce fut à peu près la dernière image qu'eut Simon. Après, il n'y avait plus que des sons, des bruits, des voix qui grimpaient en intensité. Les sirènes, les pas, le vent, Simon les vivait comme s'il n'était plus dans la même dimension, comme si un voile fin l'enveloppait et le coupait du monde terrestre.
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