Chapitre 24 Chasse à l'homme.
Aimé Villeroche avait été convoqué en urgence dans les bureaux de la police. Interrogé par plusieurs membres des forces de l'ordre, il affirmait ignorer où se trouvait son fils, en cavale. Pourtant, le mouvement frénétique de ses doigts contre la table en bois indiquait clairement qu'il savait quelque chose.
Catherine en fut agacée et réclama une séance solitaire avec ce monsieur. Quelques minutes plus tard, Aimé révéla que son fils était passé en furie chez eux, qu'il avait ramassé des affaires dans sa chambre avant de s'enfuir précipitamment. Il affirmait ne rien savoir d'autre, et Catherine le croyait, alors Simon prit sur lui pour ne pas lui offrir son poing dans le faciès en guise d'au revoir.
Simon était sur les nerfs depuis la veille. La crise de Light ne lui était toujours pas sortie de la tête, et la peur qu'il se retrouve à nouveau dans cette situation le terrorisait. Il avait dû quitter le chevet de son petit-ami, le cœur noué. Il avait besoin de trouver cette ordure et de le faire payer, mais son esprit ne voulait pas arrêter de le noyer sous des peurs incontrôlées.
Aimé Villeroche avait été libéré, mais il était prié de ne pas quitter son domicile. Des policiers seraient chargés de surveiller ses déplacements, sa maison et ses entrées.
Lors de sa sortie de la salle d'interrogation, Catherine déplaça avec vivacité Simon dans leur bureau provisoire. Elle l'avait assis de force sur une chaise, tout en rouspétant sur l'incompétence des policiers de ce centre qui, selon elle, ne faisait que « vendre les apparences d'une orchidée alors qu'ils ne sont qu'une mauvaise herbe à défricher ». La violence de cette métaphore avait fait sourire Simon et, à cet instant, il se dit qu'avoir Catherine à ses côtés était une chance.
Même si cette femme pouvait sembler brutale, capricieuse et misanthrope, elle refermait un amour qu'elle exprimait d'une façon plus introvertie.
– Bon, maintenant que les deux seuls cerveaux de cet endroit infâme sont à l'écart de la populace non savante, réfléchissons à une planque possible pour notre être diabolique, commença Catherine.
– Une antre diabolique ?
– Je me demande parfois pourquoi je t'inclus dans mes réflexions.
Simon se concentra sur les documents mis à disposition. Des articles de journaux, des documents officiels familiaux, des témoignages d'amis ou de connaissances, et d'autres feuilles encore inconnues étaient éparpillées sur les grandes tables carrées de la pièce.
Les deux agents passèrent quelques heures à éplucher soigneusement tous les documents, à guetter chaque appel susceptible d'être intéressant par rapport à l'individu recherché, dont la photographie avait été diffusée sur les réseaux sociaux. La télévision ne tarderait pas à traiter du sujet et, à ce moment-là, les Villeroche seront la cible des questions et des recherches, et toutes leurs erreurs seront mises à la lumière de la vérité.
Les cartons de nouilles s'entassaient autour de Catherine qui, pour une raison quelconque, avait décidé de résoudre cette affaire en mangeant chinois.
– Ça pourrait être la salle d'arcade, ou bien le skate-parc. Il y passe visiblement un paquet d'heures.
– Non, trop facile, moucheron. Réfléchis mieux.
– Raïken ne m'a pas semblé être le genre de type qui réfléchit, donc ça ne m'étonnerait même pas qu'il soit en train de boire une bière dans le hall d'entrée du commissariat.
– Il réfléchit, crois-moi. Il a quand même installé une bombe, avec un déclencheur à distance. Ce n'est pas un demeuré. Un écervelé, oui. Un bâtard, certainement. Une ordure à brûler, j'en meure d'envie.
Simon soupira.
Soudain, un pied lui écrasa le sien. Un talon, plus précisément. Ce qui lui procura une douleur vive et purement détestable. Il se tourna vers Catherine, la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés, avec un air qui l'accusait de toutes les misères du monde.
Alors, il eut la peur de sa vie. Catherine s'avança si rapidement près de lui qu'il faillit tomber de sa chaise. La jeune femme mit sa main sur le front de son coéquipier avant de siffler comme un serpent.
– Tu as de la fièvre. Quelle fragilité.
– Si j'avais de la potion de Lonéat, je serais guéri. Malheureusement, le royaume des moldus est d'une banalité navrante, alors laisse ma fièvre tranquille.
Simon se souvient de ces instants, lorsqu'il était à l'université, où les fièvres le prenaient. Une période compliquée pour sa santé, un virus s'était installé et était reparti comme il était venu. Les médecins n'avaient jamais su ce qu'il avait eu, mais ces jours là avaient été ponctués de fièvres, de bouffées de chaleur, de vomissements et tout ce qui créé un souvenir joyeux.
Sa mère travaillait à cette époque-là, et elle ne pouvait pas se permettre d'arrêter son travail pendant plusieurs mois. Alors, c'était sa tante qui, généralement, venait la garder. Elle devait en garder des souvenirs particulièrement agréables.
Ses yeux se posèrent alors sur une découpe de la rubrique funéraire. Le visage d'une jeune femme avait été imprimé, et son nom ne put qu'éveiller sa conscience.
– Tu as encore le numéro de Chlara Edogawa ? demanda-t-il à Catherine vivement.
– J'ai le numéro de tout le monde, même celui de ceux que je n'aime pas. Pourquoi ?
Simon lui expliqua qu'il avait besoin d'un renseignement urgent et, après plusieurs harcèlements téléphoniques, Catherine obtint ce qu'il cherchait.
– Pénélope Villeroche, sœur de Gunter et d'Aimé, tante de notre cher Raïken, a bel et bien un terrain qui n'a pas encore été vendu, ou utilisé à des fins humaines, c'est-à-dire à des fins désastreuses.
Le jeune latino attrapa sa veste et l'enfila rapidement.
– Entre l'adresse dans le GPS, on s'y rend.
Il reçut une tape derrière le crâne.
– Premièrement, tu ne me donnes pas d'ordres. Deuxièmement, un GPS, c'est pas sorcier, donc tu peux le faire toi-même. Troisièmement, JE conduis, finit-elle en récupérant les clés de la voiture des mains de Simon.
Simon finit ainsi sur la place passager.
Ils s'arrêtèrent un instant à l'hôpital avant de partir en quête de Raïken. Officiellement, les deux agents devaient voir Hederald Damiens pour leur transmettre leur rapport et l'inciter à envoyer quelques renforts sur place. Officieusement, il s'agissait d'une visite destinée à Light, dont ils n'avaient toujours pas eu de nouvelles, ni bonnes, ni mauvaises.
Cependant, arrivés sur place, on leur refusa l'entrée de la chambre, sous prétexte que les heures de visites étaient terminées. Seulement, Simon comprit lorsqu'il s'entretient avec Hederald Damiens, que le père avait eu son mot à dire là-dedans.
Les deux hommes se retrouvèrent face à face, seuls, puisque Catherine avait eu la merveilleuse idée de s'absenter pour prendre un café qu'elle aurait très bien pu prendre après l'entrevue.
– Nous avons une piste que nous pensons sérieuse, Monsieur, débuta Simon, plus sérieux que jamais.
Le PDG de l'Agence bomba le torse et hocha la tête.
– J'espère pour vous qu'elle sera fructueuse. Vos erreurs causent des peines à beaucoup, Monsieur Cortès. Une équipe du FBI devrait vous accompagner lors de cette mission, mais le mérite doit vous revenir, me suis-je bien fait comprendre ?
Le jeune latino acquiesça.
Catherine fut de retour avec son café, mais elle n'eut même pas le temps de le boire puisque les deux agents se mirent en route pour le terrain de Pénélope Villeroche, situé à quelques kilomètres du Sud de New York, en direction de Philadelphie.
La nuit commençait déjà à pointer le bout de son nez lorsqu'ils se rapprochèrent du lieu. La saison voulait que le jour soit plus court. C'est peut-être pour cette raison que Simon détestait cette période de l'année. Maintenant, il y graverait le temps où Light se trouvait entre la vie et la mort, plus mort que vif, sans voix, sans regard, rien qu'un corps immobilisé.
Catherine arrêta la voiture sur la bas-côté, derrière un entrepôt, caché des regards indiscrets. À leurs côtés, un camion dédié aux forces du FBI. Les agents s'équipaient, rapidement. Catherine, de son côté, vérifia la bonne fonctionnalité de son arme avant de se tourner vers Simon.
– Nos gilets sont dans le coffre. Même si la stupidité de ce membre de ton espèce masculine est navrante, je pense qu'il ne sera pas sans défense.
– Merci.
Catherine haussa les épaules. La jeune femme fit le tour de la voiture pour donner des instructions au commandant des opérations. Le déploiement des forces dans un terrain occupé seulement par des hautes herbes et peut-être des tentes faites avec des bâches était très important pour ne pas tirer sur un collègue.
Après quelques réglages qui, comme le vit Simon, se firent dans le plus grands des ouragans verbales, Catherine fut de retour auprès de lui pour s'équiper à son tour.
La jeune femme ouvrit le coffre tout en rouspétant contre cet « incompétent », avant de se figer. Simon eut la même réaction qu'elle devant ce qu'il voyait, ou ce qu'il croyait voir. À cet instant, il n'était plus très sûr de ce qui était réel ou non.
Alors, le jeune latino eut le réflexe de refermer vivement, d'un coup sec, le coffre. Et il entendit un petit gémissement plaintif. Il le rouvrit.
– C'est une blague, dit-il, incapable de prononcer autre chose.
– Je garde une balle pour toi, ajouta Catherine en levant son pistolet.
Dans le coffre, la silhouette posa deux doigts sur la tempe avant de faire un signe de salut.
– Ravi de vous voir en un seul morceau ! Enfin, même en plusieurs, j'aurais été ravi.
Light sortit difficilement du véhicule, son long manteau – et, accessoirement, son plâtre et ses douleurs sans aucun doute – l'empêchant de se déplacer comme il l'aurait voulu. Devant son apparition, Simon ne put qu'être bouche bée. Il n'avait aucun mot qui ne venait. Même sa peur était sans voix. Aucun de ses sentiments ne voulaient faire le premier pas.
Light s'approcha de Catherine et la décoiffa amicalement. Simon aperçut le sourire léger – très léger – de la jeune femme. Lorsque le détective se tourna vers lui et planta ses yeux dans les siens, ce fut comme une explosion d'adrénaline en lui, et Simon voulut détruire une planète.
– ¡ Maldita sea ! Je vais te jeter dans le Mont Destin. Qu'est-ce que tu fous ici ?
À cela, Light ne répondit que par le plus tendre des sourires.
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