PARTIE 3
Evana
La porte se referme sur le dos de ma mère venue me rendre visite avant de se rouvrir à peine quelques instants plus tard sur toi.
- Keola !
Je suis heureuse de te voir. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'ennuie sans toi. À quel point les journées paraissent longues ici.
La chambre reste blanche, la machine continue son bip incessant. Seuls les examens viennent troubler l'immobilité de cette prison de blancheur.
Les examens...
Quand je vivais ma vie de lycéenne, ce mot représentait l'horreur absolue. Des heures et des heures de révision pour au final se retrouver devant des questions que je n'avais absolument pas préparées et devoir improviser.
Maintenant les examens, c'est l'horreur, la véritable horreur. Une horreur routine.
Bip bip, prise de sang, prise de sang, analyse. Analyse pour trouver quoi ? Je n'en sais rien, je vais mourir dans tous les cas...
Tellement de prises de sang... Déjà qu'il est pourri, on essaye de m'en vider en plus de ça ?
Bref, tout ça pour dire que ta venue quotidienne m'aide vraiment. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi... Sans entendre chaque jour tes pas enjoués martelant le sol et saluant à tout bout de champ les infirmières.
Tes « Tu sais pas ce qu'elle a encore fait la prof d'histoire ! ».
Ne te méprends pas ; je sais que tu forces ton sourire. Je sais qu'en réalité tu as envie de pleurer, de hurler contre le monde entier ta douleur de me voir dans cet état.
Mais tu te forces à garder ce visage enjoué pour m'aider à tenir le coup et ça, je t'en serais éternellement reconnaissante.
Tes yeux me parcourent rapidement, un examen de plus.
Depuis trois semaines, depuis que je t'ai annoncé que je n'allais pas survivre, qu'il n'y aurait plus de « nous » dans quelques mois, tu m'observes chaque fois que tu viens me voir.
Ta mâchoire se crispe. Je sais, j'ai maigri, j'ai dû perdre quelques cheveux, mon visage doit être creusé et mes yeux cernés.
À vrai dire je ne sais pas à quoi je ressemble, j'ai préféré ne jamais me regarder dans le miroir depuis que je suis ici, pour garder en mémoire celle que j'étais avant.
- Avoue je t'ai grave manqué.
Une fois ton scanner terminé, tu souris de nouveau pleinement et tu me racontes ta journée.
Vous avez eu un contrôle de maths. Tu t'es complètement ramassée. À la pause, Diego s'est déclaré à toi mais évidemment, tu lui as mis un râteau. Tu lui en met tous les jours, depuis le collège. Mais il n'a jamais cessé d'espérer.
Il a persévéré.
Tu achèves ton récit et sors de ton sac une petite boîte. Une jolie petite boîte verte, ma couleur préférée.
- Ouvre la !
Je m'exécute. J'en sors un bracelet de perles. Des belles perles blanches. Pas blanches comme la chambre, comme les draps du lit, comme les blouses des infirmières.
Blanches d'espoir. Blanches de vie.
Au milieu du bracelet, une perle sur laquelle est gravé un K.
Je regarde à ton poignet et vois le même bracelet. Sur la perle du milieu on peut voir le E.
- Comme ça on sera toujours ensemble !
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528 mots
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