PARTIE 2
Keola
Que j'arrête d'avoir peur ? Comment le pourrais-je, alors que tu es là, encore plus pâle que tu ne l'es à l'origine, allongée sur un lit plus blanc que le blanc dans cette chambre, cette horrible chambre ?
Cette chambre parmi une centaine d'autres qui renferment une autre centaine de malades. Malades qui vont guérir ? Malades qui vont mourir ? Qu'importe, je n'en ai rien à faire d'eux. Je te veux toi. Je veux que tu survives. Je veux continuer à te voir tous les jours, à te parler, à rire avec toi.
Alors oui j'ai peur, peur de la vie après toi. Peur de ce que je vais devenir sans toi. Peur pour toi.
« Tant qu'on est ensemble, tout ira toujours bien ! ». Tu te souviens de cette phrase ? C'est toi qui l'avait dite.
On avait cinq ans, on était en sortie scolaire, je pleurais parce que j'avais peur de me faire attraper par un loup dans la forêt. Je pleurais tout le temps à cette époque...
Tu m'avais pris la main, tu avais souris et tu m'avais dit cette phrase. Tu m'avais dit que je n'avais plus besoin d'avoir peur, tant qu'on serait ensemble.
Alors non je n'arrêterais pas d'être terrifiée à l'idée de te perdre. Cette idée me glace, me terrifie, m'horrifie.
Je ne peux pas.
- Keola... arrête de tout garder pour toi s'il te plaît ! Je suis encore là ! Reste avec moi je t'en prie... Raconte moi ta journée, raconte moi tes problèmes, raconte moi tout ce que tu penses, ce qui se passe dans cette petite tête qui fait tourner celle de tous les garçons mais par pitié, ne reste pas silencieuse ! Quand tu te tais, que tu arrêtes de sourire, j'ai l'impression que le monde court à la catastrophe. Keola s'il te plaît... parle moi...
Tu n'as pas haussé la voix, tu n'as pas crié. Pourtant tes mots m'ont provoqué un électrochoc.
Impulsivement, j'agrippe ta main. Tu souris. Et je déballe tout.
- Je ne veux pas que tu meures Evana, tu ne peux pas m'abandonner ! Qu'est-ce que je vais faire sans toi ? C'est tellement injuste... On avait prévu tellement de choses ! Pourquoi il a fallu que cette maladie de merde intervienne ? Pourquoi ce n'est pas tombé sur moi ? Je suis en colère Evana... Contre le monde entier et je... j'ai cette sensation horrible, comme si on attrapait ma gorge et qu'on l'entourait d'élastiques pour la rendre plus petite, plus étroite. J'ai l'impression qu'on m'a jeté une enclume sur le cœur. J'ai l'impression que je vais disparaître, que je vais mourir et c'est stupide parce que c'est toi qui...
Ma respiration s'est accélérée pendant mon laïus. Les larmes ont jailli de mes yeux sans que je puisse les arrêter. Mon champ de vision s'est rétréci à ton doux visage. Ton visage blanc et fatigué. Et à nos main. À ma main qui tient la tienne. À la tienne qui tient la mienne.
Ta peau est froide.
Je panique, je le sais. Pourtant je n'ai pas le droit. Je ne devrais pas... Je devrais rester forte, continuer à sourire.
Mais s'il te plaît Evana... juste pour cette fois, laisse moi pleurer, laisse moi tout lâcher et je t'en fait la promesse, je serais là pour toi.
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539 mots
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