Le temps fila, Minho et Jisung ne le virent pas passer. Le soleil descendit sans être remarqué. Le ciel prit une teinte rose foncé que les deux garçons ne soulignèrent pas. À dix-huit heures cinq, le cellulaire de Minho vibra. Le jeune homme prit une seconde pour lire la notification sans déverrouiller son portable. En voyant le message, il se tendit et perdit le sourire que Jisung avait entretenu durant la dernière heure.

— Tout va bien? questionna le guitariste en apercevant son changement d'air.

— Ouais, t'en fais pas... C'est juste Chan.

Il ferma son téléphone sans répondre au message. Non loin, sur son tabouret, Jisung avait continué de gratter sa guitare distraitement en parlant avec Minho et en s'arrêtant parfois pour caresser Doongie qui était confortablement couché sur les feuilles traînant sur le bureau.

— Il te veut quoi? demanda Jisung dans le but de mieux comprendre l'attitude fermée que Minho avait prise.

— Parler, répondit ce dernier d'un ton froid qui n'était nullement dirigé vers le bleuté.

Debout, il regarda Dori chercher de l'attention en escaladant sa jambe.

Jisung se désola de le voir soudain tomber du petit nuage sur lequel il volait depuis tout à l'heure. Il se leva et laissa sa guitare près de Doongie sur le bureau avant d'aller rejoindre Minho.

— Tu ne veux pas lui répondre? proposa-t-il doucement.

Il resta face à lui, assez près, et passa le revers de ses doigts sur la joue gauche de l'étudiant dans un geste avenant. Il voulait redonner le sourire à Minho. Pas le brusquer ou le contrarier encore plus.

— Non.

Non, Minho ne voulait pas répondre à Chan. Il était avec Jisung là. C'était son moment avec Jisung. Le seul moment de la journée où il pouvait faire autre chose avec quelqu'un que de parler des élections depuis quatre jours. Chan lui parlait des élections, ses parents lui parlaient des élections, Félix lui parlait des élections, ses camarades de classe lui parlaient des élections, ses professeurs lui parlaient des élections... Ses conversations avec Jisung étaient de vraies pépites et il ne voulait pas gâcher ça en ramenant Chan dans l'équation.

Son visage se renfrogna encore un peu et Jisung eut un sourire triste en le voyant. Délicatement, il posa ses lèvres sur celles de l'étudiant et les embrassa chastement.

— Tu es sûr que ça va? s'inquiéta-t-il, tout de même soulagé que Minho ait répondu à son baiser.

Minho se rendit alors compte que ses émotions négatives se répercutaient sur le jeune musicien. S'en voulant un peu pour cela, il se composa bien vite un petit sourire et plaça une main sur la taille de Jisung. Presque instantanément, ce dernier retira sa main de sur sa taille et la serra dans la sienne (il ne voulait pas que Minho remarque sa taille trop fine), mais l'étudiant ne s'en rendit pratiquement pas compte, déjà occupé à embrasser à son tour le jeune homme.

Le baiser fut plus long que le précédent et un peu plus intense, mais sans s'approfondir.

— Ça va... C'est rien de grave... assura-t-il, apaisé par les douces caresses de Jisung sur sa joue. J'ai juste pas envie de parler avec lui quand je suis avec toi.

— Ça ne me dérange pas. Si c'est ton meilleur ami, il devrait passer en priorité.

Minho se résigna. Il ouvrit son téléphone et entra dans sa conversation avec Chan. Vu l'heure, il se doutait bien que la pratique de baseball était terminée et que Chan était allé parler avec Seungmin comme convenu. Il s'en assura toutefois en envoya son message à son ami.

Pendant ce temps, Jisung s'éloigna à nouveau vers son bureau pour ranger ses feuilles. Il aurait voulu rester avec Minho et aller le serrer par derrière en le regardant envoyer ses textos, mais pour des questions de respect de l'intimité, il avait pris ses distances. L'étudiant le tint toutefois au courant du déroulement de la conversation.

— Il est allé parler à Seungmin pour la première fois ce soir, annonça-t-il en lisant la réponse de Chan. Apparemment, il s'est bien fait replacer.

Minho rigola légèrement. Ça le faisait quand même rire un peu que son ami ait sous-estimé le châtain alors qu'il avait clairement dit dans son interview qu'il ne le ferait pas.

— Ça, c'est bien Seungmin... Il a une sacrée répartie, pauvre Chan, plaignit Jisung en ricanant à son tour.

— Devant toute l'équipe de baseball en plus, ajouta Minho.

— Tu m'étonnes qu'il se soit fait remettre à sa place! Il y a pas un endroit au monde où Seungmin est plus en confiance que sur un terrain de baseball avec son équipe, s'exclama Jisung.

Minho rit avec lui et cela le ramena à l'instant présent. Il considéra que la parenthèse «Chan» avait assez duré et il envoya un message à son meilleur ami pour lui faire savoir qu'il était occupé, après quoi, il rangea son cellulaire pour de bon.

— Il va passer la journée à se plaindre, demain... Il est complètement dévasté, prévu Minho et revenant vers Jisung pour reprendre leur session de bisous.

Il ne se savait pas aussi colleux... Jisung était comme un aimant, il l'attirait constamment vers lui. Il aimait son contact. Mais au-delà de ça, Minho ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait quelque chose de plus. Entre eux, ce n'était pas que de l'attirance physique ou de la tension sexuelle. Il y avait plus. Des sentiments? C'était un peu tôt, non? Pourtant, ils avaient déjà commencé à s'embrasser comme s'ils étaient en couple, avec tendresse et délicatesse... Même Jisung (qui ne voyait pas d'objection à coucher avec Minho dès ce soir) semblait vouloir prendre soin de Minho et non seulement de son corps...

— Hum... Dis... Tu parleras pas de tout ça à Seungmin, hein? vérifia Minho en pensant soudain à cette éventualité.

— De tout ça quoi?

— De Chan et de son point de vue des élections.

— Non, t'inquiète pas.

— On fait un deal, d'accord? On garde les élections en dehors du refuge. Tout le monde passe son temps à m'en parler comme si j'étais moi-même candidat. Tu es le seul avec qui je peux penser à autres choses...

Minho le suppliait presque du regard. Jisung comprit que c'était important pour lui. Que leurs petits moments ensemble étaient précieux.

— Promis... Ne parlons plus de Chan et Seungmin... Il n'y a que nous deux maintenant.

Jisung essayait subtilement de changer les idées de Minho : «Il n'y a que nous deux maintenant». Regarde, je suis là, moi. Oublie un peu ces élections et laisse-moi te donner toute mon attention.

— Merci, souffla Minho soulagé.

Il savait qu'il pouvait faire confiance à Jisung. Qu'il n'irait pas lui soutirer des informations pour aider Seungmin à planter Chan. Qu'il garderait le secr...

— Seungmin est au courant?

— Minho, si tu veux que je comprenne tes questions, il va falloir que tu apprenne à être plus clair, le reprit le musicien.

— Est-ce que tu as déjà parlé de moi à Seungmin. De nous? Est-ce qu'il sait qui je suis? Est-ce que je dois m'inquiéter de le croiser ici? reformula donc l'étudiant.

— Oui, oui, non et non. Je lui ai déjà parlé de toi et de l'ambiguïté de notre «relation», mais je ne pense pas encore qu'il sait que tu es ami avec Chan. Il risque de s'en rendre compte bien vite, par contre. Mais on a déjà mis les choses au clair : il a pas son mot à dire sur toi et moi. Alors non, tu n'as pas à paniquer si jamais vous vous croisez ici.

À la fin de la longue tirage du guitariste, Minho lui vola un court baiser. Maintenant que tout était clair, que toute la situation était mise à plat et que les ententes avaient été faites, il se sentait étrangement plus léger. Comme si un poids dont il n'avait jamais eu connaissance s'était envolé de ses épaules.

Le baiser fut suivi d'un autre. Puis d'encore un autre. Minho ne s'en lassait pas et Jisung serait certainement le dernier à s'en plaindre. Il le laissa l'embrasser autant de fois qu'il le voulait jusqu'à ce que Dori saute à son tour sur le bureau en miaulant bruyamment.

Minho quitta les lèvres de Jisung un instant pour jeter un regard noir au chat tigré.

— Même pas en rêve, matou! Tu l'as toute la journée, maintenant c'est mon tour, défendit-il.

Pour clore de débat imaginaire avec le félin, il voulut poser ses mains sur la taille de Jisung dans un geste possessif, mais une fois de plus, le bleuté eut le réflexe de les intercepter pour empêcher le jeune homme de sentir sa minceur. Cette fois, le geste passa moins inaperçu et Minho fronça les sourcils durant une fraction de seconde avant de sentir les lèvres de Jisung s'appuyer avec force sur les siennes.

Comme prévu, il oublia tout de suite la taille du musicien pour se concentrer sur le baiser fiévreux que Jisung avait si soudainement initié.

Et les voilà repartis pour un tour... Un long et intense échange qui ralentit à nouveau le temps, c'est pourquoi ils ne virent pas les deux, cinq et dix minutes passer. Ils en voulaient tout simplement toujours plus. Une fois encore, Jisung pensa même à faire monter Minho à l'étage, mais ils avaient convenu de ne rien faire de ce genre ce soir, donc il se ravisa.

Finalement, le manque de soufflé et la fatigue les forcèrent à se séparer et c'est toujours envahi par l'endorphine et la dopamine que Jisung proposa à Minho de donner à manger aux animaux avec lui.

Et c'est ainsi qu'une bonne partie de la soirée se passa. Ils alternaient entre conversations, drague, prestations musicales, roulage de pelles et interactions avec les animaux. Mine de rien, ils s'étaient, durant ces quelques heures, énormément rapprochés. Ils étaient passés de «gêne, malaises et petits compliments» à «complicité, galoches et rentre dedans».

Aux alentours de dix-neuf heures trente, Minho se résigna afin à rentrer chez lui. Après tout, il devait encore manger, répondre au message de Chan, faire ses devoirs et se doucher et il ne voulait pas se coucher trop tard pour ne pas être trop grincheux avec Chan demain alors qu'il savait qu'il aurait besoin de beaucoup, beaucoup, beaucoup de patience pour le supporter...

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Longueur de chapitre acceptable, contenu un peu cheesy et sans grand intérêt, mais que voulez-vous? Vive le Minsung!

Bref! Au passage, merci pour les 600 vus et les 130 votes, c'est vraiment apprécié!

Donc voilà, la suite sortira bientôt!

À plus! ^^