13 • L'avantage baseball
Minho sortit de son cours d'histoire en poussant un long soupir de soulagement. La chute qu'il avait fait de son lit la veille lui avait vraiment bousillé le dos, ce qui avait rendu sa chaise extrêmement inconfortable depuis le début de la journée.
D'un pas lent, il alla rejoindre Chan à leur table habituelle à la cafétéria et s'assit devant son ami avec une plainte de douleur.
— Ça va? demanda alors ce dernier d'une voix endormie.
Encore une fois, il avait passé une mauvaise nuit et peiné à doser ses somnifères en conséquence comme il le faisait si facilement il y a quelques mois encore.
— Ouais... Juste mal au dos depuis hier soir, expliqua le jeune homme aux cheveux mauves en commençant à manger.
Ce matin, Chan et lui ne s'étaient pas parlé. Minho, avec ses courbatures, avait mis plus de temps à se préparer et était arrivé à l'école un peu plus tard que d'habitude. En y parvenant, il était passé à leur table pour voir si son meilleur ami y était, mais ne le trouva pas là. À la place, il l'avait aperçu par une fenêtre rôder autour du terrain de baseball et avait préféré aller directement en cours que de lui courir après.
— C'était un bon coup, finalement? demanda Chan pour la forme.
Minho ne comprit pas ce qu'il voulait dire. Il lui lança un regard incrédule qui obligea le brun à être plus explicite.
— Le gars du refuge. C'est lui que tu t'aies fait, non? C'était un bon coup?
Son meilleur ami comprit enfin et s'empressa de le corriger.
— Quoi? Mais non, je me le suis pas fais!
— Alors c'était qui?
— Mais c'était personne! fit Minho, exaspéré par l'esprit mal tordu et perverti de Chan.
— Pourquoi t'as mal au dos, alors?
Minho ferma les yeux sous le coup de la honte. Il se dit qu'il lui passerait les détails, encore incapable d'expliquer son comportement de la veille.
— Je suis tombé de mon lit, lâcha-t-il enfin.
Il y eu un petit silence. Minho vit bien que son ami se retenait d'éclater de rire. Était-ce si drôle? Oui. Totalement ridicule. Il souffla de découragement.
— Donc tu t'aies pas tapé le gars du refuge, récapitula Chan avec un sourire en coin.
— Non, malheureusement... Et arrête de le dire comme ça, ajouta le jeune homme après réflexion.
— Comme quoi?
— «me le faire», «me le taper»... Ça me donne l'impression d'être un gros dégueulasse qui veut juste le baiser comme un porc et passer à autre chose après...
Pas très délicat, tout ça, en effet...
— Tu voudrais que je le dise comment, alors? T'as des sentiments pour lui?
— Non, c'est trop tôt... Pour l'instant, c'est purement de l'attirance physique. Mais... Je sais pas pourquoi, j'ai vraiment envie de faire les choses bien avec lui. D'apprendre à le connaître et de le voir plus souvent avant de penser à ça... Le courant avait vraiment bien passé, lundi soir, et... Et je me dis que ça pourrait peut-être aboutir à plus qu'une simple partie de jambes en l'air, tu vois?
Chan hocha la tête avec compréhension. Il était lui-même un grand sentimental et savait de quoi son cadet voulait parler. Il était juste surpris parce qu'il savait que Minho était plus du genre coup d'un soir.
Après cette longue semie explication, Minho décida de changer de sujet, désirant soudain en savoir plus sur ce que fabriquait Chan près du terrain de baseball ce matin.
— Tu foutais quoi sur le terrain de balle ce matin?
Chan prit le temps d'avaler sa bouchée avant de lever la tête vers son ami. Comme ce dernier ne le regardait pas et fixait plutôt le grain de beauté qu'il avait sur le dos de la main, Chan reporta son attention sur son assiette en répondant le plus naturellement possible...
— J'y étais pas.
— Bien sûr que si! Je t'ai vu par la fenêtre, répliqua Minho en pointant avec désintérêt le grand mur vitré de la cafétéria qui donnait sur la cour arrière de l'école.
Chan suivit la direction qu'il démontrait et regarda par la vitre l'action se déroulant dehors. On pouvait en effet voir le grand sentier circulaire en gravier à l'intérieur duquel se trouvaient le terrain de basket, celui de baseball et l'espace vert où plusieurs personnes mangeaient. Le jeune homme pu, entre autres, voir que l'une des tables à l'extérieur était occupée par Seungmin (dont Hyunjin lui avait montré une photo pour qui puisse le reconnaître visuellement) et son ami détestable.
«Pauvre rageur» pensa Chan en observant Changbin d'un air mauvais.
Tous deux ne s'appréciaient pas spécialement. Une mauvaise première impression suivie d'une série de rencontres foireuses avait suffi à leur donner une mauvaise opinion l'un de l'autre. Changbin voyait Chan comme quelqu'un de prétentieux, d'arrogant et de narcissique, Chan trouvait Changbin susceptible, agressif et borné. De plus, depuis que Minho lui avait rapporté la conversation qu'il avait espionnée entre Jisung et Seungmin, Chan s'était convaincu que Changbin avait poussé son ami à participer aux élections dans un simple but de vengeance personnelle.
En face de Changbin se trouvait donc Seungmin. Un élève banal de 17 ans, joueur de baseball et photographe à ses heures perdues... Le profil parfait d'un gars qui a la vie facile et une personnalité naturellement discrète. Comment avait-il pu accepté de lancer cette campagne? Ça ne lui ressemblait pas vraiment de chercher de l'attention ou de vouloir plaire... Comment était-il dans la vie de tous les jours? Un sportif c'est actif, non? Un joueur de baseball ça aime travailler en équipe, pas vrai? Un bénévole dans un refuge d'animaux, c'est altruiste, n'est-ce pas? Peut-être qu'au fond il ne ferait pas un si mauvais candidat? Il était indéniable que, même si ce n'était pas le cas, son physique à lui seul lui remporterait bien quelques dizaines de votes...
Car Chan ne pouvait pas dire le contraire : Seungmin avait un beau profil, comme ça dehors, avec ces rayons de soleil sur son visage et son front dégagé par le léger vent... Avec son beau sourire rieur et son corps d'athlète caché sous la chemise blanche de son uniforme entré dans ses jeans noirs... Avec ses grands yeux joueurs et ses sourcils expressifs... Avec ses belles dents parfaitement droites et ses traits tous doux...
— C'est lui que tu cherchais, ce matin? devina Minho en suivant le regard que le brun avait trop longtemps braqué sur son adversaire.
Chan, dérangé dans son involontaire contemplation, détourna vite les yeux en secouant la tête.
— Non, je cherchais personne! Je prenais l'air, c'est tout!
Minho fit rouler ses globes dans ses orbites en se disant qu'un Chan qui panique pouvait sans doute être le pire acteur qu'il n'ait vu de sa vie.
— Tu sais pas mentir, affirma-t-il.
— Et c'est pourquoi je suis le meilleur politicien que cette planète ait jamais porté, clama Chan en faisant mine d'apprécier la pluie d'applaudissements qu'il était le seul à entendre.
Minho eut un sourire en coin. Même si Chan s'autoproclamait «meilleur politicien», son ami avait le présentiment que Seungmin lui donnerait du fil à retordre lors des élections.
— Et donc, tu l'as trouvé? Tu l'as rencontré ce matin?
— Non, je l'ai pas vu, céda finalement Chan. J'essaierai de briser la glace avant la fin de la semaine... Je crois que Hyunjin prévoyait de lui faire passer une entrevue bientôt... Ça serait bien si Seungmin pouvait déjà avoir une forte impression de moi avant de répondre à ses questions.
Minho acquiesça. L'idée était bonne. Avec un peu de chance, Seungmin répondrait de manière moins confiante et il ferait briller Chan sans s'en rendre compte. Ça ne serait toutefois pas suffisant... Chan avait des supporters à qui il avait déjà fait ses preuves par le passé, il avait la popularité et la confiance. Il avait la réputation, les contacts avec les enseignants et les médias derrière lui. Mais Seungmin avait l'effet de surprise, l'attention et la curiosité des élèves ainsi que quelques votes d'acquis comme ceux de Changbin, Jigae et Jeongin. Il avait toute son équipe de baseball qui le suivait et la fougue de la jeunesse.
L'un continuait de créer le changement, l'autre l'amenait automatiquement avec lui.
— Il faudra te faire de la promotion, constata Minho.
— Attends, t'es sérieux, là? Tu penses que j'ai besoin de promouvoir ma campagne pour le battre lui?
— Ne sous-estime pas un adversaire que tu ne connais pas.
— C'est de Félix, celle-là? demanda Chan, septique.
— Oui... Il m'a dit ça avant le match d'ouverture de l'année...
Chan s'en doutait. Chaque fois qu'il entendait Minho lui citer des trucs qui avaient l'air de pouvoir s'appliquer à une partie de baseball, il savait de qui était réellement cette citation.
— Alors tu veux quoi? Que je refasse des affiches de promotion? Que je fasse passer des messages à la radio? Que je fasse des apparitions publiques?
— Tu sais, l'équipe de baseball part en tournoi dans moins de deux mois. Ça, la radio va en parler. Pour ça, les joueurs vont s'entraîner souvent et participer à des matchs amicaux, ils vont donc gagner en visibilité. Et les pancartes? T'auras qu'à aller voir le babillard! Dans peu de temps, Seungmin sera un peu partout et les gens seront indirectement en contact avec lui. Il a l'avantage, Chan! L'avantage baseball!
— L'avantage baseball? Non mais ça va, aussi! Il est juste un joueur parmis huit autres! C'est pas comme si c'était si important que ça...
Minho commença à perdre patience.
— Bon, oublie ça alors! Fais comme tu veux si tu n'as pas besoin de mes conseils, cracha-t-il en se levant subitement et en desservant sa place, laissant Chan seul à son sort.
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1 600 mots!
Ça c'est la longueur de chapitre parfaite pour moi! (Est-ce que je me bats avec moi-même a propos de mon nombre de mots après chaque chap'? Oui, et alors?)
Bref bref bref bref bref! Les frictions commencent à pointer le bout de leur nez entre Minho et Chan, on dirait... À suivre lundi!
Joyeuse St-Jean baptiste aux Québécois de ce monde!
À plus! ^^
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