6 - Il faut oublier 🌕
— Comment tu me trouves ?
Je reste assis sur le fauteuil et j'observe Alma. C'est une jolie femme, teint basané, les yeux noirs et pétillants, de beaux cheveux bruns et lisses. Ses formes sont généreuses et aguicheuses. Elle fait partie de la meute de Gabriel, comme beaucoup d'autres femmes au caractère bien trempé.
Elle boit un verre de vin, tout en se dandinant sur la musique qui passe en fond. Elle porte une robe courte et moulante rouge. Couleur du diable. Je la suis des yeux, sans vraiment la regarder à vrai dire.
Je ne sais plus combien de temps ça fait que je suis ici. Mon dos a finalement totalement guéri ou partiellement puisque les cicatrices y demeurent et je commence à m'accommoder à cette nouvelle meute.
Elle pose son verre et doucement, descend les bretelles de sa robe. Son regard malicieux m'aguiche c'est certain. Je sais que je lui plais. J'ai passé plusieurs pleine lune à ses côtés, transformés ou non, nous formions une bonne équipe. La robe finit à ses chevilles et sur ses hauts talons, elle la fait glisser sur le sol. Elle porte un ensemble rouge également, mettant en valeur son corps trop irréel.
Elle s'avance vers moi alors je lève la tête vers elle et elle pose ses mains sur les accoudoirs. Son visage tout près du mien.
— Tu es tellement inaccessible... souffle-t-elle.
Je penche la tête sur le côté.
— Peut-être que mon cœur est pris ? Rétorqué-je.
Elle sourit légèrement et passe sa main dans mes cheveux. Finalement, elle en attrape une poignée et me tire la tête en arrière d'un geste brusque. Je grogne et la toise les lèvres pincées.
— Je vais rapidement te faire oublier celle qui prend toute la place dans ton cœur.
— Vraiment ?
Elle hoche la tête et passe sa langue sur ses lèvres. Elle finit à califourchon sur moi, son corps contre le mien, elle mordille le lobe de mon oreille et m'enivre de son parfum.
— Touche-moi, me susurre-t-elle à l'oreille.
Je laisse mes mains parcourir son corps sans imperfections, pour qu'elle fourre alors sa langue dans ma bouche tout en se frottant contre moi. Je tente de me concentrer sur une seule chose ; le désir de la chair, le plaisir sexuel mais je peine à me concentrer réellement.
Elle se redresse légèrement pour détacher mon pantalon et y plonger sa main afin de me palper les attributs. Elle me jette un regard, les sourcils haussés.
— Je ne te fais aucun effet ?
— Je dois sûrement être fatigué, je...
Elle se relève et me libère enfin tout en poussant un profond soupir.
— Je ne sais pas à quoi tu penses, mais oublie ta vie d'avant. Ici, on t'offre une chance inouïe mais tu n'as pas l'air de le réaliser.
Elle prend ses affaires et quitte ma chambre en claquant la porte. Je jette ma tête en arrière et me frotte le visage frénétiquement tout en soufflant bruyamment. Je fixe alors longuement le plafond, immobile sur mon fauteuil, la ceinture détachée et la braguette ouverte.
Je me lève et traîne les pieds jusqu'à la salle de bain ou je me passe de l'eau sur le visage. En fermant le robinet j'affronte mon reflet, mes lèvres sont pincées et j'ai cet air sur le visage qui ne me quitte pas. Celui qui retranscrit le vide que je ressens dans mon cœur. Chaque fois que j'y pense, ma poitrine se soulève et ma respiration saccade.
— Oublie ta vie passée, marmonné-je.
Oublier ma vie passée se résume à oublier ma mère, mon ancienne meute, mon frère, Monroe...
— Monroe... murmuré-je.
Je me tiens aux bords du lavabo et en prononcent son nom, je les serre davantage. Puis les paroles de mon père reviennent dans mon esprit. Elle préfère Max, elle finira avec Max, parce que c'est comme ça, et ça l'a toujours été.
— Et moi j'étais quoi ? Grogné-je.
Mon reflet me renvoie une image que je n'apprécie pas. Je suis ici, coincé, pour protéger une femme qui peut-être, m'a déjà oublié.
— Je n'étais que le second choix, hein !
Mon poing heurte le miroir qui se brise en plusieurs morceaux dans un fracas désagréable. Je le retire doucement, gardant ma main serrée. Une légère trace de sang reste au milieu. J'attrape l'un des morceaux qui est tombé dans le lavabo et saisis une mèche de mes cheveux que je coupe. Je fais la même chose avec les autres. J'ai toujours aimé avoir les cheveux plutôt longs, j'ai toujours aimé les plaquer en arrière, arborer une allure de gentleman pour au final me comporter comme un parfait connard.
Quand j'ai terminé de massacrer ma coupe de cheveux, je jette le morceau de verre, la coupure que j'ai dans la paume de la main tant j'ai serré ce morceau de miroir se referme aussitôt.
— Pitié... fais moi un signe Monroe...
Je baisse la tête et m'accroche au lavabo, fixant le carrelage sous mes pieds.
— Montre moi que tu ne m'as pas oublié ! M'exclamé-je en me redressant.
Je crois que ça doit faire six mois que je suis ici, à écouter les fabulations de Gabriel, à l'entendre espérer qu'un jour, ce soit nous la race supérieure aux humains. Il rêve que nous ne soyons plus cachés mais pour cela, il veut anéantir les chasseurs et les meutes concurrentes. Max en fait partie. Par ailleurs il m'a fait la promesse de ne pas toucher à Monroe, le deal était que je le rejoigne pour la protéger. Je tiendrai ma parole et j'espère qu'en contre partie, il fera de même.
Je quitte la salle de bain et lorsque j'appuie sur l'interrupteur pour éteindre la lumière, une forte douleur assaille le bas de mon ventre. Je pousse un grognement étouffé et me penche en avant, la main sur le ventre. Je respire fort, j'ai des nausées incontrôlables qui me font lever le cœur et ces douleurs au ventre reviennent à chaque intervalle de cinq à six minutes. Je m'en remets à peine que ça recommence.
Lorsqu'elles deviennent plus intenses encore, je tombe à genoux et hurle. Quand je ferme les yeux, des flashs empoisonnent mon esprit.
— Pousse ! Allez, tu peux le faire !
J'entends des cris, je vois une femme d'un certain âge, des jambes repliées. Je ressens cette fichue douleur qui m'est insupportable, qui me torture et que je ne comprends pas.
Je suis allongé sur le sol, me tordant de douleur, poussant des cris plaintifs tandis que ces visions ne s'arrêtent pas.
— Tu es forte, tu y es presque ! Encore un petit effort, pousse !
Un nouveau cri déchirant, une nouvelle douleur insoutenable qui déchire mes entrailles, et les pleurs d'un bébé.
Je finis sur le plancher de ma chambre, essoufflé et pris de tremblements incontrôlables. Je suis à plat ventre, la joue écrasée sur le sol et je fixe un point droit devant moi.
Depuis que je suis ici, j'ai fait des choses atroces. J'ai tué des gens, j'ai détruit des familles, j'ai chassé en pleine ville lors des soirs de pleine lune et ce, sans pitié. J'ai laissé ressortir toute ma monstruosité. J'ai vécu, comme si je n'avais été rien d'autre qu'une bête féroce. Comme j'avais vécu il y a de cela plusieurs années, avant que Monroe n'entre dans ma vie.
— C'est impossible... marmonné-je à voix basse toujours sur le sol.
Oui, c'est impossible.
Impossible qu'elle m'ait fait un signe seulement maintenant.
Impossible que j'ai pu voir à travers ses yeux.
Un vide profond m'envahît à cet instant.
Car je ne sais pas me réjouir. Je ne peux pas me réjouir.
À qui appartient cet enfant ?
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J'ai publié une nouvelle histoire nommée Les Maux qui nous Séparent. C'est une histoire de SF, avec une romance incorporée à l'histoire. N'hésitez pas à y jeter un coup d'œil.
ANNONCE :
Mon histoire ANNA deviendra payante sur Wattpad à partir du 31 mars. Ce contrat me permet de bénéficier d'avantages importants en tant qu'auteur. Je ne fais pas cela pour l'argent mais bien pour les opportunités que cela débloque.
L'histoire JEU DE MAINS sera publié en version papier. La date de sortie sera communiquée prochainement.
Merci à tous pour votre soutien !
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