34 - Sans meute 🌒
Je me ronge les ongles, tout en faisant les cents pas, un bandage de bonne fortune autour de l'avant bras, cela a permis aux saignement me dus à la morsure de Marius de s'arrêter. Il reste quant à lui, assis sur le canapé, en partie car il est très mal en point. Il a pris une douche mais a remis ses vieux vêtements, son sweat à capuche souillé et ses cheveux gouttes encore très légèrement. Il n'est plus aussi bien coiffé que dans mes souvenirs, quand ses cheveux étaient impeccables en revanche, chaque fois que je le regarde, je ne vois que sa main s'enfonçant dans l'abdomen de son père et arrachant son cœur avec force et férocité.
Je m'arrête et me tourne vers lui.
— À partir de quel moment exactement la guerre a-t-elle commencé ? demandé-je.
— Après que Max ait mordu cette gamine... ton amie, Alice.
Marius secoue la tête puis soupire. Je plisse les paupières et relève le menton.
— Il était censé la tuer, je n'ai jamais compris pourquoi il ne l'a pas fait, reprend-il.
— Vous étiez jeune ?
— Oui, Monroe, on avait peut-être quatorze ou quinze ans ?
— Et vous mangiez des humains ?
— Des enfants... et oui, on le faisait, on a été éduqué comme ça.
— Et maintenant... tu manges des jolies filles.
Il relève ses yeux vers moi et hausse les sourcils.
— Tu vas me juger alors que tu tues toi aussi ?
Je croise les bras et fais claquer ma langue contre mon palais.
— Tu m'as suivie, tu m'as espionnée mais en aucun cas tu es venu me voir, me parler... tu m'as abandonné ce jour-là, c'est... irrespectueux.
— On va pas en reparler, ce qu'il s'est passé n'aurait jamais dû se passer voilà tout. Je suis pas fait pour jouer les petits copains.
Aïe, touchée en plein cœur. J'ai aimé ce qu'il s'est passé entre nous, même si ce fut rapide, même si ce fut brutal, même si j'avais ressenti absolument toute sa peine ce jour-là. Je m'étais presque sentie liée à lui, attachée à lui. Peut-être que je suis tout simplement trop faible pour ce genre de choses.
— Oui c'est sûr, visiblement depuis cette Jess, tu n'es plus le même et aucune fille ne touche ton cœur.
Il pouffe de rire, un sourire en coin étire ses lèvres.
— J'ai plus de cœur, Monroe.
Il est irrésistiblement attirant et pourtant, monstrueux. Il est sombre, il est mauvais, il est puissant et dangereux mais ce soir, il est faible avant tout, blessé, apeuré et seul, sans meute.
Je reprends mes allers retour devant ma fenêtre alors que le soleil ne devrait pas tarder à se lever. Je dois avoir des cernes qui descendent jusqu'aux genoux, malgré mon chignon, j'ai quelques mèches hirsutes indomptables et j'ai très probablement mauvaise haleine à cause de tout l'alcool que j'ai ingurgité avant que Marius ne s'invite chez moi.
— Bien alors, tout a commencé avec Alice...
— Qu'est-ce que tu cherches, Monroe ?
— À reconstituer ce fichu puzzle !
Il se lève, la main sur les côtes et grimace quand il se redresse. Je m'arrête à nouveau et le fixe.
— Assieds-toi, Marius.
— Tu n'as aucun ordre à me donner.
— Tu es chez moi, assieds-toi.
Il me toise un instant avant de se rasseoir sur le bord du canapé tout en poussant un profond soupir.
— Forcément... il y avait mes parents ce jour-là, reprends-je, enfin... si on peut appeler ça comme ça. Bref, ils étaient là, ils ont vu Alice mordue, ils ont vu ce que cette morsure lui a fait, comme un poison... elle est morte empoisonnée par ce virus lycanthrope ou peu importe ce que c'est. À partir de là, ils ont su qu'une meute était à Hellbound... et moi... moi j'étais là, si près de vous...
Je me tourne vers lui et gratte mes ongles entre eux. Marius me regarde, sans dire un mot et finalement, il hausse les épaules.
— C'est étrange, tu ne trouves pas ? Poursuis-je.
— Je peux pas t'aider là-dessus, j'ai jamais mordu personne.
J'arrache mon bandage et tend mon bras. Je commence à cicatriser Dieu merci, mais la marque de ses dents est encore sur ma peau.
— Tu m'as mordu juste à l'instant ! Et tu m'as mordu dans le cou, ce soir-là...
— C'est pas pareil...
— Qu'est-ce que t'en sais ? Pourquoi tu as mordu mon cou ce soir là ?
— Peut-être que j'aime quand c'est un petit peu sauvage ? Soupire-t-il sarcastique.
— Tu mens ! Dis moi pourquoi !
Je m'avance vers lui puis m'accroupis devant lui pour sonder son regard.
— Pourquoi tu m'as mordu ce soir là ? Insisté-je.
Il me considère sans un mot, il pince ses lèvres puis détourne le regard.
— Je sais pas, marmonne-t-il.
— On est lié, soufflé-je.
Il me regarde à nouveau, l'air interrogateur. Ces cernes, ce teint, on dirait qu'il va mourir, pourtant, j'ai pu lui retirer la balle. Ses lèvres sont moins colorées, plus ternes et sèches, il a été gravement touché et si ce n'est pas Max qui lui a fait ça, ce sont les chasseurs. Je les crains, je n'ai jamais été confrontée à eux mais je les crains, ils semblent impitoyables.
— Qu'est-ce que tu racontes ? grogne-t-il.
— Toi, moi et ton frère, on est lié.
Nous nous regardons sans un mot. Je m'appuie sur ses jambes et approche mon visage du sien. Je me perds dans ses yeux si clairs mais si sombres à la fois. Il ne dit pas un mot avant de finalement se lever mais je l'imite, approchant mes lèvres des siennes. Quand il se tient droit, je me perche sur la pointe des pieds, j'aimerais qu'il réagisse mais on dirait qu'il me résiste. Ses lèvres frôlent les miennes, alors je ferme les yeux mais je sens ses mains qu'il posent sur mes épaules pour doucement me repousser. Quand je rouvre les yeux, je le vois tituber et se diriger vers la fenêtre où il attrape le rideau mais s'arrête.
— Je ne suis pas lié à toi et tu n'es pas liée à moi.
— Je crois que si, je le ressens.
— À travers les yeux de qui vois-tu ?
Max.
— Qui hante tes pensées ?
Max.
— Qui anime en toi un désire que tu n'as jamais ressenti auparavant ?
Max.
— Qui te semble juste dans cette histoire ?
Max...
Je ne lui réponds pas mais il se retourne vers moi et sourit en coin.
— Ton silence est ma réponse, nous ne sommes pas lié.
— Mais tu m'as mordu.
— Peut-être que je suis juste ce pauvre fou d'Alpha qui est jaloux de son grand frère, tu penses pas ? Ne me dis pas que tu ne me trouves pas monstrueux. Quelle cause te semble juste ?
J'ouvre la bouche pour répondre mais il m'interrompt aussitôt.
— Ne réponds pas, je connais la réponse. Forcément, c'est lui ton Alpha, c'est lui ton Dieu. Max a toujours été le Dieu de tout le monde. Il est beau, grand, fort, intelligent, mystérieux, sombre... il est tout ce que je ne serais jamais pour certains et surtout, il est... juste ?
— Marius...
— Qu'est-ce que tu veux, Monroe ?
— C'est plutôt à moi de te demander ça !
Il ose me poser cette question alors que c'est lui qui me suit en silence, c'est lui qui me traque depuis des mois. C'est lui qui m'a frappée, qui m'a séquestrée ! C'est à lui de me donner des réponses.
— Je te protégeais...
Il dit cela en baissant les yeux et moi je ne sais plus quoi faire ni quoi penser depuis ce que j'ai vu. J'ai simplement ce puzzle qui vient de se créer dans ma tête et tous ces chemins croisés que nous avons eu me perturbent. Je pense à Alice, à sa mort, à mes parents, aux siens, à la lune, à notre lien... Suis-je seulement liée à Max ou Marius n'en ferait-il pas partie ?
— J'ai pas besoin qu'on me protège, pesté-je.
— Je sais, je l'ai vu mais tu ne sais toujours pas te contrôler. Alors, je te protégerai quand même et je te suivrai quand même.
— Pourquoi ? soufflé-je.
— Parce que tu m'as sauvé la vie.
— C'est seulement la première fois.
Il ne me répond que d'un étrange sourire avant de tirer le rideau.
— C'est bientôt la pleine lune, fais attention à toi.
— Attends ! Marius tu es blessé, tu vas où ?
— Je ne serai pas loin.
Il ouvre la fenêtre et sort par celle-ci. Je me précipite vers elle puis sur mon balcon mais il a déjà disparu.
Au boulot, quelques jours plus tard sans signes de Marius, je suis appuyée contre le bar, ma tête posée sur ma main, ma bouche tirée par ma joue écrasée et je fixe un point tout en sortant et rentrant la mine de mon stylo. Je suis fatiguée et hantée par tout ce que j'ai vu, par tout ce qu'il a dit, par tout ce que je pense...
En premier lieu, je songe à ce que j'ai vu à travers les yeux de Max. Je songe à Samuel qui se porte bien mais qui s'engage dans une bataille dangereuse, je songe à cette femme blonde, Délia, qui semble être éperdument amoureuse de Max, je songe à lui... Max, mon Max, celui qui a volé mon coeur, celui qui, je l'ai cru, était mon âme soeur.
Mais Marius est là, il est là et il m'a montré ses souvenirs. Ce fut sombre, violent, troublant, j'ai eu de la peine, j'ai eu mal... Je n'arrive pas à savoir si ce que Max faisait était juste, ce que je sais, c'est que leur père les battait, leur père était monstrueux, lui. Il a fait de ses fils deux bêtes enragées, torturées.
Marius a tué son père avec une violence inouïe, comme un fou, il a volé sa place d'Alpha, il a tué des innocents, des tas d'innocents et il a échoué quand il a dit vouloir protéger la meute. Aujourd'hui, ils sont tous morts dans cette maison.
Quelle cause est juste ?
Max tente de vendre son frère aux Chasseurs, il vend l'Alpha pour pouvoir avoir un trêve qui dure, une trêve qui nous permettra à nous autres de vivre décemment.
Si l'Alpha meurt, la meute meurt aussi, alors, les Chasseurs auront eu ce qu'ils voulaient. En soit, tant que Marius est vivant, la meute l'est aussi et Max aura beau en construire une autre avec Samuel et cette Délia, cela ne changera pas le fait que Marius est l'Alpha tant qu'il est encore en vie.
Il va abandonner son frère, encore une fois...
— Dure journée ?
Je cligne plusieurs fois des paupières et me tourne vers cette voix masculine. C'est un homme d'une trentaine d'années, plutôt grand, le crâne rasé, une veste en cuir... Ce n'est pas un loup, ce n'est qu'un être humain ordinaire à première vue.
— Hm, oui...
Je lui souris, parce que je suis sur mon lieu de travail et je me dois d'être cordiale mais je sens quelque chose de froid à travers mon t-shirt qui m'arrache cette esquisse aussitôt. Je baisse doucement les yeux et je remarque qu'il a appuyé le canon d'un pistolet contre mon ventre, tout cela, caché par sa veste. Je relève mes yeux vers lui et il me sourit de toutes ses dents.
— Visiblement, elle ne va pas en s'améliorant, déclare-t-il.
Que dites-vous de 1 jour, 1 chapitre ?
Du moins pour cette semaine car je devrais reprendre le boulot la semaine prochaine.
Les chapitres sont écrits à l'avance, je peux donc me le permette. Faites-moi savoir ce que vous en pensez !
Aimez-vous la nouvelle couverture ?
Savez-vous deviner qui est qui sur la couverture ?
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