30 - Nouveau Depart 🌖

Il m'aura fallu plusieurs mois pour me remettre de tous ces abandons.

Il m'aura fallu des mois pour reprendre ma vie en main.
Pour vivre à nouveau normalement.
Pour supporter chaque pleine lune.
Seule.

J'ai été détruite par tous ces événements.
Que ce soit cette morsure, le lien qui me liait à Max, la disparition de Samuel, l'incendie de la maison ou encore, le départ de Marius. Sans oublier mes parents, mon père qui me reniait.

Il m'aura fallu des mois pour prendre un nouveau départ.

Mais maintenant, j'ai un appartement, relativement petit, en réalité, c'est plutôt un studio. Je n'ai pas de voiture, mais je vis en ville et j'ai un travail. Je ne suis toujours pas une personne sociable et chaque fois que je termine de travailler, je rentre chez moi. J'ai pu récupérer un petit synthétiseur, comme ça, je fais de la musique de temps en temps et ça me rappelle à quel point j'aimais ça avant.

A chaque pleine lune, je pars en forêt et je me transforme. Je ne cherche ni à lutter, ni à rester éveillée. Je n'en ai pas l'envie. Je sais que je tue des gens. Je me réveille très souvent avec du sang séché sous les ongles et sur les lèvres. Mais j'ai fini par devenir insensible à ça. Au fond, je me sens tellement revigorée, plus en forme, et ce pour tout le mois à venir.

J'ai appris à vivre loin de Max, à tel point que je ne vois plus à travers ses yeux. Du moins, quand je suis éveillée. Dans mes rêves, c'est différent. Je crois que je vois ce qu'il vit mais sans vraiment en être consciente. Avec cette femme blonde, plus âgée que lui, il entretient une relation. Je le sais.

Ça aussi, j'ai appris à vivre avec.
J'ai aussi compris que ce que je ressentais pour Max était uniquement lié à la lune. Au fond, ce n'est ni mon âme sœur, ni de l'amour.

Quant à Marius... je ne saurais le décrire. Je l'ai toujours détesté depuis la première fois que je l'ai vu. Je pense avoir ressenti quelque chose mais peut-être n'était-ce que de la curiosité. Il est si fermé et étrange... une simple attirance physique ni plus ni moins.

— Monroe ! La table 4 et la 7 attendent leur plat, bouge ton cul !

Je travaille dans un bistro en tant que serveuse. C'est de loin la pire chose que j'ai pu vivre jusqu'alors. Je lève les yeux au ciel, attrape les plats et les sert aux tables en question sans un seul pourboire à mon égard.

Je m'appuie contre le bar et passe ma main sur mon visage.

— Fais pas cette tête Monroe, la journée est bientôt fini.

— J'aimerais t'y voir Lucrecia, toi, ton job, c'est de rester derrière ce bar à servir des mojitos et essuyer des verres.

C'est une collègue et il faut dire que le courant est tout de suite bien passé entre nous. J'ai tout de suite arrêté de côtoyer quelques garçons que ce soit après Marius. Je me suis dit qu'il était temps que je retrouve une certaine dignité et que le sexe et les hommes ne m'aideraient pas à vivre décemment.

— En attendant, je me coltine ce gros tas de Rob et je peux te dire que les allusions sexuelles, il en fait des tonnes, me répond Lucrecia.

Rob est notre patron, c'est aussi lui qui m'a hurlé dessus à l'instant. Cet homme me dégoûte. Il m'a embauché uniquement pour mon décolleté. Il est gras, il transpire et sent le tabac froid. Il n'a rien d'intéressant et il est tellement seul dans sa vie qu'il s'amuse à faire du harcèlement sexuel et moral à ses employés.

— T'as raison, t'as pas le meilleur poste finalement, raillé-je.

— Dans une autre vie, je l'aurais émasculé pour toutes ces choses salaces qu'il m'a dites et qu'il continuera à dire. Je suis une féministe dans l'âme.

Moi aussi j'aimerais le faire. J'en aurais même la capacité mais je ne le peux pas. Ma vie doit rester normale et tout ce qui touche au loup reste dans les bois.

Mon service se termine dans quelques minutes. Dieu merci. Chaque fois que je quitte cet endroit, un sentiment de liberté envahit tout mon être.

— Un café bien noir s'il vous plaît.

Un homme s'est installé non loin de moi et sa voix me rappelle quelque chose. Je tourne la tête vers lui tandis que Lucrecia lui fait son café. Cet homme porte une casquette bleue nuit et une veste en jean. Son odeur... c'est son odeur que je reconnais également.

— Samuel...? Soufflé-je peu sûre de moi.

Ses deux bras sont posés sur le bar, pourtant il daigne me jeter un regard. Je reconnais ses yeux bleus, une petite barbe de deux ou trois jours...

— Monroe...

Il se redresse et se tourne complètement vers moi. Je ne sais quoi lui dire. Je reste inerte, la bouche ouverte, face à lui. Je l'ai cru mort puis ensuite, je l'ai cru sous les ordres de Max, loin de moi, de tout notre passé.

— Qu'est-ce que... enfin... je...

Rien ne sort correctement de ma bouche. Lucrecia lui sert son café et nous laisse discuter. Il me regarde de haut en bas puis de bas en haut avant de sonder mon regard.

— Tu as l'air en forme.

— Que fais-tu ici ? Demandé-je.

— On ne... je ne fais que passer.

Je me rapproche de lui.

— Max est ici ?

Il pousse un faible soupir puis prend une gorgée de son café.

— Sam... répond-moi.

— Monroe, toi et moi, on n'est plus amis, OK ? Je ne te dois rien, alors... je suis désolé mais tout ça ne te regarde pas.

— Je rêve...

— Tu m'as emmené à l'abattoir ce jour là.

Je me mords les lèvres et inspire profondément pour garder mon calme.

— J'aurai tout fait pour te sauver.

— Mais tu n'as rien fait. Tu as laissé Max m'emmener et tu n'imagines pas à quel point j'ai souffert.

— Tu vas mieux... tu as l'air en pleine forme.

Il a l'air bien. Toujours aussi sportif, grand, intelligent ça ne fait aucun doute. Il secoue la tête et pose sa tasse à présent vide pour me jeter un regard les lèvres pincées.

— Tu as brisé mon avenir. Mes études de droit se sont arrêtées, j'ai dû dire adieu à ma famille, à mes amis. Tout ça pour quoi ? Suivre des inconnus dans une guerre dont personne n'a le contrôle.

Je baisse les yeux, je ne trouve aucun mot pour lui répondre. Samuel rêvait de devenir avocat et il était très bon dans son domaine. Je n'aurais jamais dû le recroiser ce jour là au centre commercial.

— Je suis désolée...

— Ce n'est pas suffisant pour me ramener à ma vie d'avant.

Il laisse un pourboire sur le comptoir, se redresse et passe à côté de moi où il s'arrête quelques secondes.

— Éloigne-toi de tout ça, Monroe, souffle-t-il avant de quitter l'endroit.

Lorsque je rentre chez moi, je m'avachi sur mon canapé qui fait office de lit également. Je passe mes deux mains dans mes cheveux emmêlés et lève la tête pour fixer le plafond.

Pourquoi sont-ils ici ? J'ai quitté Hellbound, je suis dans une petite ville côtière, la mer n'est pas loin, la forêt et les montagnes non plus. C'est un endroit plutôt agréable. Et les voilà... pourquoi ? Tout aurait pu être parfait.

Je ferme les yeux et me concentre. Ça fait des mois que je ne l'ai pas fait. Des mois que je suis parvenue à le sortir de ma tête. Mais je dois en avoir le cœur net. Je dois avoir des réponses à mes questions.

Je dois voir à travers ses yeux.

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