30 - Les meilleurs moments de notre vie 🌖

J'ouvre mes paupières lourdes aux premiers piaillements des oiseaux. Je sens les feuilles mortes et glacées contre ma peau nue tout aussi froide.

Je sens un contact contre moi, lorsque je tourne la tête. Je découvre Marius, entièrement nu, sur le ventre, son bras qui me tient et sa tête enfoncée dans la terre humide, les yeux clos.

Je me frotte les yeux et cligne plusieurs fois des paupières. Je me sens moins perdue que d'habitude. À vrai dire, je me souviens de toute la nuit. Je l'ai passée avec lui, nous avons couru, nous avons joué, puis encore couru jusqu'à nous endormir entremêlés, nos pelages nous tenant chaud l'un l'autre.

Je pose ma main sur son épaule froide et le secoue doucement.

— Marius... reveille-toi.

— Mmmh...

Il ouvre ses yeux qu'il garde mi-clos et me jette un regard. Ses beaux yeux bleus même au matin me font de l'effet. Finalement il semble réaliser où il est, il retire son bras et se redresse aussitôt sur ses deux jambes, ses mains cachant ses parties intimes.

Je fais de même avec mes bras pour cacher ma poitrine et mon entrejambe tout en me relevant comme je le peux. Il faut dire que j'ai peu de poitrine, ça aide pour les cacher.

— Salut... dit-il l'air gené.

— Salut...

— Et si on rentrait se doucher ?

— Bonne idée.

Son corps est incroyable. Je le trouve terriblement attirant. Son torse dessiné et musclé, ses bras forts, son dos large comme ses épaules et ses jambes galbées. Marius est plus petit que Max, donc légèrement plus gros mais plus dessiné également. Max est grand, près d'un mètre quatre vingt dix si ce n'est pas plus, il est plus élancé, plus fin mais il reste fort. Il a simplement moins entretenu sa musculature, son truc à lui, c'était les tatouages pour recouvrir intégralement son corps. Marius doit faire un mètre quatre vingt, et il a toujours su entretenir son corps.

Nous rentrons chez lui et je monte aussitôt à l'étage. La cheminée est éteinte et les braises sont encore très légèrement animées.

Alors que j'ouvre la porte de ma chambre, Marius ouvre la sienne et se penche dans le couloir.

— Monroe ?

Je lui jette un regard.

— Pour économiser l'eau chaude... tu peux venir avec moi si tu veux.

Je suis étonnée de sa proposition mais à la fois je m'en réjouie. Je souris légèrement et hoche la tête. Je le rejoins dans sa chambre. Elle est plutôt spacieuse, le lit est fait, je sais que Marius est quelqu'un d'ordonné.

Il tire une porte coulissante donnant sur sa salle de bain. Une douche et une baignoire s'offrent à nous. Il choisit la douche alors je le suis.

Il entre en premier. J'inspire profondément et je fais de même. Je reste cependant cachée, je n'ai pas envie de montrer mon corps et je me sens timide, nue comme ça, on est beaucoup plus vulnérable. Le jet au dessus de nos têtes est chaud et réchauffe mon corps congelé. Ça fait mal et la fois du bien de se sentir réchauffé.

Je sens ses doigts saisir mon menton. Il me fait doucement relever la tête pour que je le regarde au lieu de fixer mes pieds et l'eau qui s'écoule.

— Tu es magnifique, ne te cache pas.

Je déglutis et me pince les lèvres. Lui aussi est magnifique. Les cheveux mouillés comme ça, ces même cheveux qu'il plaque en arrière. Je le trouve irrésistible.

— C'est juste que...

— Je sais, m'interrompt-il.

La paume de sa main s'appuie sur ma joue mouillée. Je n'arrive pas à le quitter des yeux et mon cœur bat si fort.

— Je ne te ferai rien que tu ne veuilles pas, Monroe.

Je hoche la tête, les lèvres pincées.

— Je ne te ferai plus jamais de mal, souffle-t-il.

Sa main glisse derrière ma tête et il me colle contre lui. Je pose ma tête sur son épaule et je serre sa taille moi aussi. Ses mains caressent mon dos avec délicatesse ce qui me procure un sentiment de sécurité. J'aime sentir son corps chaud et nu contre le mien, j'aime entendre son cœur battre, j'aime sentir ses mains...

Je relève la tête pour sonder son regard et il m'embrasse aussitôt, sans que je ne m'y attende. Ma respiration se bloque et je profite de ce moment. Je profite de ses lèvres douces. 

Son baiser est aussi tendre que du velours, il me ferait tomber folle amoureuse si je ne l'étais pas déjà. Il me regarde ensuite, son visage si proche du mien.

— Cette nuit tu as été... métamorphosée.

Je souris.

— Je me souviens de tout. Je t'ai écouté, déclaré-je.

— Être en osmose avec le loup, c'est la meilleure des sensations.

— Je suis d'accord. C'était... incroyable. Je songeais à une action, et il le faisait. C'était comme si je communiquais avec lui. Est-ce que... ce loup c'est moi ? Où est-ce que c'est vraiment un animal en mutation dans mon propre corps ? Est-ce qu'on a deux âmes ?

Il sourit légèrement, un petit sourire en coin qui me fait craquer.

— On naît avec un gène mais je ne saurais pas te dire si ce gène c'est toi ou si c'est bien un autre être vivant.

— J'aime à penser que c'est un autre être vivant.

— Tu as raison.

— Tu ne m'en veux pas ?

— De quoi ?

— Je ne me suis pas soumise. 

— Tu as eu raison. De toutes façons, je ne suis plus qu'un vieil Alpha de 38 ans bougon et sans meute.

Il se tourne et se lave le corps et les cheveux. Je fais de même, plutôt fière de ce que j'ai accompli cette nuit. J'ai déjà hâte d'être aux prochaines pleines lunes. J'ai hâte d'apprendre à me gérer toute seule.

Je serai et resterai mon propre Alpha.

Les semaines qui suivent sont tout simplement apaisantes et merveilleuses. J'accompagne Marius pêcher, nous allons également nous promener en forêt et quand on est à la maison, nous jouons à des jeux de société, nous écoutons de la musique et nous dansons, nous nous faisons également quelques câlins, nous prenons des bains à deux, on boit, on rit...

J'ai l'impression de revivre, de renaître tout simplement. Je suis en osmose avec mon loup mais également avec Marius. Je pense lui être éternellement redevable pour tout ce qu'il fait pour moi.

Il ne m'a plus jamais reparlé de Gabriel, ni même du viol ou de ma chute.

Je sais qu'il a tenté à plusieurs reprises de coucher avec moi. C'est vrai qu'à chaque fois le moment s'y prêtait, qu'à chaque fois la soirée était parfaite pour du plaisir charnel. Mais à chaque fois je l'ai repoussé.

Ce n'est pas l'envie qui me manquait mais je ne me sens simplement pas prête. J'ai peur. Terriblement peur d'offrir à nouveau mon corps à qui que ce soit. Même à celui que j'aime. Il n'a jamais insisté une seule fois.

— Alors quoi ? Tu vas partir te trouver une jolie blondasse à baiser et ensuite la dévorer, c'est ça ?

En chaussettes montantes, habillée d'un simple short de pyjama et d'un t-shirt trop large je suis Marius dans chaque pièce de la maison. Il se penche pour attraper ses jolies chaussures italiennes.

— Exactement.

Il se rend dans le salon pour s'asseoir sur le canapé alors je le suis le pas lourd.

— Tu te rends compte que c'est comme me tromper ?!

Il enfonce son pied dans sa chaussure et lève la tête vers moi.

— Excuse-moi, sommes-nous mariés ?

— Est-ce que c'est vraiment nécessaire de prendre des jolies filles ?

Il attache à présent ses chaussures sans me regarder.

— Oui.

— Pourquoi ? Pour flatter ton ego surdimensionné ?

— Entre autre.

— Et moi dans tout ça ? Je ne compte pas ?

Il se lève et tire sur sa chemise tout en me jetant un regard.

— Tu comptes plus que tout.

— Alors s'il te plaît, ne fais pas ça !

Il passe à côté de moi et attrape sa veste posée sur la rambarde de l'escalier en bois. Je le suis et ce jusqu'à la porte.

— J'ai besoin de me nourrir Monroe et jusqu'à présent, je ne l'ai pas fait, j'ai faim, j'ai terriblement faim et ce ne sont pas des steaks qui vont me maintenir en forme.

— Fais-le autrement !

— Je fais ce que je veux.

— Si tu passes cette porte et que tu oses baiser une autre ce soir, tu me perds pour toujours.

Il enfile sa veste et me regarde. Mes yeux à moi sont gorgés de larmes.

— Je n'ai même pas la sensation de t'avoir Monroe.

Je fronce les sourcils.

— Ça fait trois mois que tu es chez moi. Trois mois que je t'accompagne, que je me montre présent pour toi, chose que je n'ai jamais fait auparavant pour personne. Mais... quand je t'embrasse, que j'ose te toucher ne serait-ce qu'un petit peu... tu dois certainement m'associer à mon enfoiré de père. Alors... est-ce que je t'ai réellement ? Moi je crois plutôt t'avoir perdu il y a quatre ans. Monroe est morte.

— Marius...

Il me tourne le dos et quitte la maison, la porte claquant derrière lui.

Je reste seule dans le silence de la forêt. Je me laisse tomber sur le canapé, je ramène mes jambes contre ma poitrine et pose ma tête sur mes genoux, fixant un point devant moi.

Comment passer une bonne soirée en s'imaginant des centaines de scénarios possibles. Oui, c'est pour se nourrir mais aussi nourrir sa soif de chair. Il va coucher avec une autre personne et ma jalousie me rattrape, je l'avoue.

Je finis par aller me coucher, mais dans sa chambre à lui. Nous avons pris l'habitude de dormir ensemble en trois mois et j'avoue trouver plus rapidement le sommeil quand je suis enlacée dans ses bras.

Je fixe le mur éclairé par les rayons de la lune et je ferme doucement les yeux. Difficile de trouver le sommeil mais je m'y force, car je ne veux être dépendante de personne, pas même de Marius.

De toute façon, c'est de ma faute. À force de le repousser, c'était certain qu'il se vexerait un jour ou l'autre et il ne le mérite pas. Pas après tout ce qu'il a fait pour moi.

Je sais que je peux avoir confiance en lui.

En pleine nuit, je le sens qui se couche près de moi. Il ne me touche pas, ne m'enlace pas non plus. J'ouvre les yeux, les mains sous la tête et dos à lui, je fixe le noir, écoutant sa respiration plutôt apaisante.

— Je n'ai tué personne ce soir, dit-il d'une voix basse.

Je me pince les lèvres.

— Il y avait des jolies femmes qui s'intéressaient à moi.

Ces femmes, moi j'aimerais les dévorer !

— Mais j'en avais qu'une seule en tête.

Je l'entends soupirer.

— Tu m'as piqué en plein coeur Monroe. Ça fait sept longues années et chaque fois que tu resurgis, c'est la même chose.

Je tends mon bras, allume la lampe de chevet et me retourne vers lui. Il tourne la tête vers moi aussi et me regarde.

— Ce que j'ai vécu avec Jess... ça m'a foutu en l'air et j'ai pas envie de...

— Shhh...

Je me suis redressée et je pose mon doigt sur sa bouche pour qu'il se taise.

— Je ne suis pas elle, murmuré-je en approchant mon visage du sien.

Je suis penchée au dessus de lui et ses yeux ne fixent que moi. Je presse mes lèvres contre les siennes, aussi fort que je le peux. Il se laisse faire évidemment. C'est un véritable plaisir que de l'embrasser.

Doucement, je déboutonne sa chemise pour venir caresser son torse.

Je le sens qui attrape mes mains.

— Monroe, dit-il alors que je l'embrasse.

Je me détache de lui pour le regarder.

— Tu n'es pas obligée de faire ça.

— Je ne me sens pas obligée, murmuré-je.

Je dépose des baisers sur sa joue, puis son cou et son torse avant de lui jeter un regard.

— J'en ai envie, poursuis-je.

Je descend jusqu'à son nombril où je détache sa ceinture. Je vois que je n'ai pas eu besoin de faire de grands efforts pour que sa virilité ne soit aux aguets. Je descend sa braguette et baisse son pantalon. Marius à le chic pour ne jamais porter de caleçon.

— Monroe, attends...

— Je ne t'associe à personne d'autres qu'à toi, Marius. Alors s'il te plaît, profite.

Il m'a fait prendre conscience d'une chose ce soir, il n'est pas son père. Et j'ai envie de le sentir encore plus que d'habitude. J'ai envie de le dévorer lui aussi. De le goûter, lui, sa chair. Je veux qu'on se lie, qu'on échange une intimité profonde.

Quand je commence à le lécher et à mettre son membre dans ma bouche, j'entends son cœur qui s'accélère, sa respiration devenir plus rauque. Et plus mon rythme est rapide, plus il se crispe. J'aime le fait de le manger littéralement, j'aime le fait d'avoir un petit de contrôle sur lui. J'aime le sentir plus vulnérable. Ça me rappelle à quel point il sait cacher qu'il est avant tout un être humain.

— Arrête, dit-il.

Je le regarde tout en léchant mes lèvres, brûlante de désir pour lui.

— Embrasse-moi, ordonne-t-il.

Je me place à califourchon sur lui et l'embrasse langoureusement. Je sens sa main serrer une poignée de mes cheveux, l'autre caresse mon dos.

Je finis bien rapidement par retirer mon short et Marius se charge de me ôter de mon t-shirt. Ses mains malaxent ma poitrine, ce qui fait monter la pression. Je reste sur lui, je m'assois sur lui littéralement et je le sens en moi. J'ai soudain de grosses bouffées de chaleur tandis qu'il pousse un râle et s'accroche à mes hanches. Moi, je commence mes va et vient plutôt timides bien que j'avoue éprouver du plaisir.

Il s'assoit finalement, ses deux mains dans mon dos, il me colle contre lui, embrasse ma poitrine puis mes épaules, ma clavicule, mon cou. Je commence à gémir de plus en plus, je frissonne sous chacun de ses baisers. Mes mouvements sont également plus rapides, plus farouches. Ses doigts glissent dans ma nuque, puis le long de mon dos, me procurant un terrible frisson.

Lorsque j'atteins l'orgasme, je m'accroche à lui et le serre de toutes mes forces. Marius fait la même chose, me serrant contre lui et grognant de plaisir.

Je ne sais pas pourquoi mais des larmes coulent sur mes joues alors que nous restons dans la même position, entrelacés et essoufflés. Mon corps tout entier tremble par son contact.

Je garde ma tête posée sur son épaule tandis que lui me garde dans ses bras et je fixe un point devant moi.

— C'était si nul que ça pour que tu pleures ?

Je renifle et souris légèrement.

— Je ne peux donc rien te cacher.

— Je suis un Alpha.

Je me redresse et pose mes mains sur son visage. De mon pouce, je caresse la cicatrice sur sa joue jusqu'à atteindre sa lèvre supérieure. Il me fixe, alors je dépose un faible baiser sur ses lèvres.

— Ça va, assuré-je.

Il se pince les lèvres et me détaille, les yeux légèrement plissés.

— Je t'assure, reprends-je.

Je m'assois à côté de lui et m'enroule dans le drap. Marius, lui, s'assoit au bord du lit. Du bout des doigts, j'effleure alors la cicatrice entre ses deux omoplates. Je vois ses poils se hérisser sur toute son échine.

— C'est un douloureux souvenir, souffle-t-il.

Je m'approche de lui, j'entoure son cou de mes bras et pose mon menton sur son épaule, je sens son souffle d'ici et j'ai déjà envie de l'embrasser à nouveau.

— Et si... on se construisait des souvenirs plus joyeux ?

Il fronce les sourcils et tourne la tête vers moi pour me regarder en coin.

— Et si on se créait les meilleurs moments de notre vie ?

Il se tourne vers moi alors je le lâche. Il me considère un long moment sans un mot ce qui me fait presque rougir.

— OK... on va commencer dès maintenant alors, lance-t-il un rictus au coin des lèvres.

Il se jette sur moi, je pousse un cri de surprise tout en rigolant lorsque ses baisers chatouillent mon cou.

C'est ça...
Créons nous les meilleurs moments de notre vie.

Avant que la réalité ne nous rattrape.
Mon amour.

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