3. Lavage de cerveau 🌗

Je compte les jours.
Je compte les heures.
Je compte les minutes.
Les secondes ne m'échappent pas non plus.

J'essaie de me souvenir. De me demander pourquoi ? J'essaie de me donner une raison de lutter.

Lutter contre quoi ?
Contre qui...

— Où est-ce qu'il est ?! Hurle-t-il.

Un énième coup vient heurter mon dos. Sans même le voir, je sais que ma peau est en lambeaux. Je suis dépourvu de t-shirt. Je suis dehors et la nuit est déjà tombée, la rosée elle aussi. Mes poings sont liés, mes mains deviennent noires. Le froid, la circulation coupée, ma peau nécrose. Mes genoux sont enfoncés dans la terre ramollie par l'humidité qui endort mon système nerveux par sa fraîcheur. Mon dos lui, en lambeaux, continue d'être flagellé. Je sens le sang qui coule de mes plaies béantes, je ne sais pas si je parviendrai un jour à me relever sur mes deux pieds. Des gouttes de sang viennent tacher la sol, s'enfoncent dans la terre comme la cendre consume une cigarette.

— Où est-ce qu'il est ?! Laisse le loup se montrer !

Un nouveau coup. Je serre les dents, je me balance, les bras en l'air. Je sens que l'on saisi une poignée de mes cheveux puisque ma tête pend comme si je n'étais même plus en vie. Il me la relève, me tord le cou et approche sa bouche de mon oreille.

— Je ne prends aucun plaisir à te faire subir ça, mon fils... mais j'ai besoin que tu reviennes à ton instinct primitif. Je ne reconnais pas l'Alpha que j'ai vu dans les souvenirs de ta dulcinée.

— Monroe... marmonné-je.

Mon corps tout entier n'est que douleur.

— Ne prononce pas son nom, grogne Gabriel en tirant ma tête un petit peu plus en arrière.

Je serre les dents et fixe le ciel noir au dessus de moi.

— Tu te contrôles, pas vrai ?

Je demeure silencieux.

— C'est incroyable... à tel point tu sais contrôler la bête en toi. Tu es un don du ciel... tu es une réussite... mais tu dois te retirer cette fille de la tête !

J'aurais espéré un père moins violent. Mais j'en ai eu deux. Les deux furent identiques. Cependant l'un me voyait faible et l'autre me voit comme un atout.

— Laisse ta colère émerger Marius, souffle Gabriel.

Monroe m'a certainement trop apaisé. Mais ce que je souhaite par dessus tout, c'est qu'elle soit en sécurité. Je ne peux me convaincre du contraire. Si je suis là, c'est pour elle avant tout.

— Je ne veux plus...

Gabriel tire mes cheveux alors je grimace, ne pouvant terminer ma phrase.

— L'amour rend aveugle mon fils... tu oublies une chose... pendant que tu es là, pour la protéger, elle... elle est avec ton frère. Tu sais... Maximilien, le fils prodige...

Je me pince les lèvres. Il doit faire environ quinze degrés ce soir, mon corps n'est que sueur et pourtant, je grelotte.

— ...Maximilien, plus grand que toi, plus vif que toi, plus beau, plus fort, plus intelligent... Monroe est avec lui à l'heure où je te parle et c'est lui qui l'a transformée en loup, ne l'oublie pas.

Je sens mon cœur qui s'accélère à nouveau, comme lors des premiers coups de fouet que j'ai reçu. Les paroles qu'il me susurre à l'oreille sont aussi tranchantes que des lames de rasoir.

— Le lien Lunaire qui les uni tous les deux est bien plus fort que votre piètre amour... elle ne tardera pas à t'oublier et à se jeter dans ses bras... ce n'est qu'une garce... elle se jettera au cou de ton grand frère comme elle s'est jetée à mon cou ce soir là...

Je tire sur les liens qui me lacèrent les poignets tout en grognant alors il me lâche et se redresse. Je le vois qui se poste devant moi pendant que je continue de tirer dessus tout en grognant comme un animal enragé.

— Elle en redemandait, encore et encore, plus fort, plus sauvage... je parie qu'elle fait la même chose avec Max à l'heure qu'il est. Elle t'as déjà oublié, comme à chaque fois.

— Ferme la ! Hurlé-je.

Je le sens qui s'est réveillé, le loup. Je vois avec sa vision, je respire fort, je grogne et mes muscles se raidissent comme des crampes interminables, comme si j'étais sur le point de me transformer tant ma rage s'est réveillée brutalement.

Gabriel sourit, victorieux. Pendant que moi, je ressens tant de haine envers mon frère et envers elle... les visions que j'ai ne sont pas bonnes. Je revois Monroe flirter avec Max. Je me souviens de ses pleurs quand il avait été banni, de cette façon qu'elle avait de le regarder... et moi ? Moi, m'a-t-elle un jour regardé ainsi ? M'a-t-elle un jour aimé comme elle l'a aimé ?

Je tire à nouveau sur les liens qui se brisent sous ma force. J'appuie mes mains le sol et serre les poings, compactant la terre humide dans mes paumes. Je respire fort, je halète, je suis à deux doigts de me transformer.

— Tu n'as pas de réels alliés... souffle Gabriel en s'accroupissant près de moi. Et ce n'est pas après moi que tu es en colère, pas vrai ?

— Tu m'as fouetté pendant des heures...

— Tu ne montrais pas le loup, je voulais le voir, le sentir... mais regarde, mon fils...

Je relève doucement la tête vers lui. Ma vision n'a toujours pas changé. Il semble heureux de voir mes yeux aussi rouges que le sang qui a taché ma peau.

— Tu cicatrises déjà.

Je ne réponds rien mais il est vrai que peu à peu, je commence à ne plus ressentir la douleur. Elle s'atténue progressivement.

— Tu es un Alpha, Marius. Ce n'est pas en tuant Christopher que tu es devenu ce que tu es aujourd'hui. Tu es né Alpha, ton pouvoir est aussi grand que le mien. Je t'ai donné mes gênes... et cette fille tente de t'affaiblir. Elle te manipule, ton frère pourrait prendre ta place si tu continues à baisser ta garde. Pourquoi rester humain ?

— Parce que... parce que je... je ne suis pas qu'un loup. Je suis un homme...

— Nous sommes au dessus des humains.

Je le toise un instant, sans un mot.

Tu, es au dessus des Humains. Alors pourquoi rester humain ?

Il marque une pause tandis que je sens les dizaines de plaies que j'avais dans le dos se refermer.

— ... quand on peut être bien plus que ça ?

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