28 - Jamais seuls 🌖

Marius a loué une voiture pour nous mener jusque chez cette scientifique suspicieuse. Je suis angoissée à l'idée de la rencontrer et également à l'idée de retrouver ma fille. En quatre mois, elle a dû tellement grandir. Se souvient-elle de moi ? M'en veut-elle pour l'abandon ? Ce ne doit plus jamais se reproduire.

Nous sommes dorénavant une famille, nous ne pouvons plus nous séparer ainsi et j'espère que Marius ne m'abandonnera plus jamais. J'ai fait mon choix depuis longtemps et je ne peux plus m'imaginer une seule fois me retrouver sans lui, je préfèrerais mourir.

Mes jambes sont repliées contre ma poitrine, ma tête repose contre la fenêtre et je regarde le paysage défilé sous mes yeux. Marius pose sa main sur ma cuisse, je lui jette alors un regard, lui également et il m'adresse un sourire. Le voir sourire me fait frissonner, je le trouve toujours aussi séduisant, rassurant. Je suis heureuse de le savoir changé, grandi, et juste.

— Tu es stressée, déclare-t-il.

J'avais oublié que ses déductions étaient souvent les bonnes.

— Comment ne pas l'être ? Je reviens de loin et j'ai peur qu'elle ne se souvienne plus de moi...

Je regarde de nouveau dehors, je divague rapidement dans de obscures pensées.

— Elle sait qui tu es, on ne peut pas oublier sa mère.

— Et si cette Mathilde l'avait tuée ou s'était servie d'elle ?

— Je peux t'assurer que non.

Je pousse un profond soupir, je m'assois correctement sur le siège et tourne la tête vers lui, les paupières plissées. Remarquant que je le dévisage, Marius fixe la route et retire sa main de ma cuisse.

— Qu'est-ce qu'il y a ? grommelle-t-il.

— Tu as couché avec cette femme.

J'en suis persuadée, tout simplement car je vois comme il la défend, comme il a foi en elle. Il demeure silencieux un instant et se mordille la lèvre inférieure. Je lui donne un coup sur le bras, alors il me lance un regard, les sourcils froncés.

— Tu m'as trompée !

— Et toi, Monroe ? Ne m'as-tu jamais trompé avec mon frère ?

— À ce moment là, étions-nous vraiment en couple ?

— Nous ne l'avons jamais été ! grogne Marius. Je t'ai trompée oui, avec Rebecca, puis avec Mathilde, bien évidemment ! Je suis comme ça, plein de vices et toi aussi...

Je me positionne face à la route et croise les bras, les lèvres retroussées.

— Tu vas bouder, c'est ça ? soupire-t-il.

— T'imaginer coucher avec d'autres femmes me donne envie de vomir.

— Nous voilà deux.

— Je ne couche pas avec des femmes !

— Mais avec des hommes, oui !

Je pouffe de rire et secoue la tête.

— Je n'ai pas couché avec un homme autre que toi depuis des mois voire peut-être plus, Marius. En fait, je n'ai plus couché avec aucun autre homme depuis le viol de ton père.

Je sens son regard sur moi, mais je fixe la route, gardant les bras croisés. Il pose finalement de nouveau sa main sur ma cuisse qu'il serre doucement.

— Je suis désolé... souffle-t-il. Maintenant que tu es près de moi, jamais plus je ne toucherai à une autre femme que toi. Crois-moi, aucune ne te valait.

Je souris légèrement et pose ma main sur la sienne. Je ne peux pas lui en vouloir même si cela me brise le cœur. Techniquement, nous n'étions pas censés nous retrouver.

— Roule plus vite, j'ai hâte de revoir notre fille, grommelé-je.

— Chef, oui chef !

Marius accélère et nous roulerons ainsi durant plusieurs heures jusqu'à traverser une grande forêt et nous retrouver devant un très haut portail gardé par des hommes armés. Je suis plutôt surprise par tant de sécurité mais à la fois rassurée. Si cette Mathilde est digne de confiance, alors notre fille était bien en sécurité ici.

Nous descendons de la voiture, le portail s'ouvre sans que nous ayons à décliner notre identité et deux hommes habillés comme des soldats nous conduisent jusqu'à l'entrée du grand bâtiment. C'est gigantesque ici, je suis bluffée par tant d'argents et de moyens. Il faut dire qu'une sécurité telle est obligatoire ici, notamment s'ils s'amusent à faire des expériences sur des loups-garous.

Nous avançons dans le gigantesque hall, plutôt lumineux, aux murs blancs. Les talons d'une femme frappent le carrelage et résonnent dans tout l'endroit. Des portes automatiques s'ouvrent sur ladite Mathilde, une jolie femme aux cheveux bruns et aux formes voluptueuses, plus vieille que moi, ça ne fait aucun doute. Elle porte ma fille dans ses bras et s'arrête devant Marius et moi.

— Donnez-moi ma fille, ordonné-je.

Elle me la tend aussitôt. Je la prends dans mes bras et la serre contre moi. Je ferme les yeux un instant, un grand soulagement m'envahit. Ma fille est en vie, saine et sauve, elle ne semble pas avoir été maltraitée et elle a tellement changé ! Ses yeux bleus sont sublimes, ses cheveux ont poussé et elle m'adresse tout plein de petits sourires, deux dents ont poussé depuis.

— Maman est là, je ne te lâcherai plus.

Je sens la main de Marius se poser au creux de mes reins, ce qui m'arrache un sourire. Nous voilà enfin réunis, avec notre fille près de nous. Je relève les yeux vers Mathilde qui semble attendrie par ce moment.

— Merci, soufflé-je malgré moi.

— Je suis ravie de vous rencontrer, Monroe, dit-elle.

— Où est Max ? demande Marius. Je t'avais demandé de l'appeler pour qu'il puisse nous rejoindre.

Le sourire de Mathilde disparaît aussitôt, alors le mien également et mon coeur commence à s'emballer. L'enfer ne s'arrêtera donc jamais ?

— Je n'ai pas réussi à le joindre, Marius... je crains que quelque chose ne soit arrivé, son téléphone ne sonne même pas. J'ai envoyé des hommes à son adresse pour vérifier que tout va bien, j'attends de leurs nouvelles.

Marius secoue la tête et passe sa main sur son visage.

— Non, je ne vais pas attendre ici que tes hommes reviennent.

Il se tourne vers moi et pose sa main sur ma joue pour plonger ses yeux dans les miens.

— Reste ici, Monroe, tu seras en sécurité avec notre fille. Je dois rejoindre Max, il a probablement des ennuis.

— Tu l'aurais senti, si c'était le cas, non ? Avec votre Lien...

— J'en sais rien... à tous les coups Gabriel est derrière tout ça...

Mon coeur s'emballe chaque fois que j'entends le prénom de ce monstre que je rêve de tuer.

— Je ne te laisse pas y aller seul ! Je viens avec toi.

— Non, reste ici, c'est un ordre.

Je laisse Mathilde reprendre ma fille pendant que Marius s'avance vers la sortie. Je le suis et me poste devant lui. Il est hors de question que je reçoive des ordres de sa part, je n'ai plus d'Alpha. Je suis mon propre Alpha.

— Tu oublies que tu n'es plus le seul Alpha, ici, assuré-je.

Je fais en sorte que mes yeux changent de couleur, pour qu'il comprenne que je ne suis plus la petite louve terrifiée que j'étais. Il a toujours eu cette soif de vengeance et je la ressens également.

— Tu n'es pas seul dans cette histoire et c'est à moi de me venger, quand bien même tu puisses le détester pour ce qu'il m'a fait. Je ne recevrais pas d'ordres de ta part, Marius. Pas sur ça.

Il relève le menton puis serre et desserre les mâchoires.

— Laisse-moi te suivre, nous devons mettre un terme à tout cela et je veux t'aider à sauver Max.

Malgré tout ce que nous avons traversé, Max reste mon ami et je l'ai aimé, je l'aime et je l'aimerais toujours. J'ai perdu Alice, j'ai perdu Sam, je ne perdrai plus personne ou je n'y survivrai pas. De plus, je n'ai plus de Lien Lunaire, je suis un loup libre et bien moins vulnérable.

Marius semble hésiter un instant avant de se résigner.

— Très bien, grogne-t-il. Allons dire au revoir à notre fille.

Je souris légèrement et je lui tends la main. Il me regarde un petit moment avant de la prendre dans la sienne. Nous rejoignons Mathilde qui tente de calmer notre fille qui ne cesse de pleurer. C'est Marius qui la prend dans ses bras et la berce doucement pendant qu'elle tient mon doigt. Peu à peu, ses larmes sèches bien qu'elle ne semble pas ravie, ce qui me fend le coeur.

— Tout ira bien, ma princesse, lui soufflé-je, papa et maman reviendront vite.

Marius me lance un regard, cela semble le surprendre mais le rendre heureux également. Je suppose qu'il ne s'est jamais douté qu'un jour, il serait père et pourrait vivre une telle rédemption. Je suis heureuse de le voir accepter son enfant de la sorte, je le sens heureux, prêt et bienveillant. Son ego d'Alpha n'est plus aussi présent et cela me plait. Nous sommes passés par toutes les difficultés possibles et Marius a vécu une lutte terrible contre sa rage. Il est un exemple pour tous les loups-garous qui se laissent submergés par leur pouvoir. Il est un exemple pour moi. Il m'a forgée.

Mon coeur se déchire lorsque nous repartons. Je pensais pouvoir passer plus de temps avec ma fille mais je ne peux pas laisser Marius se mettre en danger, seul, sans moi. Je n'accepte plus que nous nous séparions, cette guerre, nous devons la mener à deux. Je sais que Mathilde prendra soin d'elle en attendant notre retour et je rêve déjà de ce moment où je pourrais la reprendre dans mes bras et de toutes ces années futures durant lesquelles je pourrai la voir grandir.

— Une vraie louve enragée, souffle Marius au volant.

Je souris légèrement et caresse sa nuque, tout en l'observant. Que dis-je, j'admire sa beauté, sa virilité, sa grandeur.

— J'ai eu un super Alpha pour m'apprendre les bases, rétorqué-je.

— Bien évidemment, pouffe Marius.

Il me jette un regard sincère.

— Je suis heureux de ne pas partir seul mais moins de devoir la laisser encore une fois.

— Nous reviendrons vite Marius et après ça, promets-moi que nous retournerons dans cette cabane en pleine forêt pour vivre le reste de notre vie, loin de tout, avec notre fille.

— Bien-sûr que nous ferons cela.

— Non, l'interromps-je, promets-le moi.

Marius me lance un nouveau regard, ses yeux bleus plongeant dans les miens. Chaque fois qu'il me regarde, mon coeur se réchauffe.

— Je te le promets, Monroe.

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