24. Ce n'etait pas une bonne idée 🌑

/!\ Ce chapitre comporte de la violence qui peut choquer certaines personnes. Notez que c'était également averti sur le résumé, cette histoire reste une histoire pour public averti. /!\

Je lace mes chaussures, le pied posé sur le banc quand Sasha entre dans les vestiaires. Elle s'assoit à côté de moi tout en s'attachant les cheveux et me jette un regard en coin. Je la vois, je la sens et je sais même qu'à cet instant, un rictus déforme son petit visage enjôleur.

Je repose mon pied au sol, croise les bras et lui jette un regard.

— Vas-y, je t'écoute, grommelé-je.

— Alors, ce bel homme mûr, il était bon au lit ?

Elle met ses chaussures tout en me demandant ça.

— Figure toi que... pas tant que ça ! Ou alors je suis rouillée, je sais pas trop.

— Il t'as pas trop secouée ?

— Arrête !

— Il a dormi avec toi ?

— Dieu merci non !

Elle se lève et nous traversons les cuisines tout en saluant nos collègues.

— Pourquoi pas ?

— Je n'aurais jamais dû faire ça, j'avais beaucoup trop bu, c'était vraiment pas un bon coup et puis... il est trop vieux.

— Je pari qu'il était quand même bien monté.

— Je m'en souviens même plus.

Je lève les yeux au ciel puis pousse la porte. J'attrape mon calepin et commence mon travail. Je vais à la première table près de la fenêtre, la personne regarde justement par celle-ci.

— Bonjour, qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?

Il tourne alors la tête vers moi. Quelle surprise ! C'est Gabriel. J'entrouvre la bouche tandis que lui, me sourit. Je ne suis plus imbibée d'alcool et je dois avouer que l'odeur que je sens ne me plais pas. Je sens d'ailleurs mon cœur s'emballer. Ce n'est pas une personne normale. Non en fait c'est un...

— Monroe, c'est ça ?

Le sourire courtois que j'avais s'est effacé à la minute où je l'ai reconnu.

— Je ne me souviens pas vous avoir donné mon prénom.

— Es-tu certaine de te souvenir de grand chose ?

Je humecte mes lèvres puis appuie sur mon crayon pour en sortir la mine.

— Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?

— Que tu t'assois avec moi.

— Je viens de prendre mon service.

— Juste deux petites minutes.

— Écoutez, je ne sais pas qui vous êtes et ce que vous voulez mais ce qui est sûr c'est que je ne cherche rien venant de vous. D'ailleurs... vous empestez le chien mouillé.

Il me sourit. Je vois bien que ce sourire est sarcastique. C'est un loup-garou, ça ne fait aucun doute. J'ai été idiote, tellement idiote ! C'était vraiment une très mauvaise idée que de coucher avec un parfait inconnu !

— Donc, je vous sers quoi ?

Il fait claquer sa langue contre son palais tout en souriant. Il a des fossettes lorsqu'il sourit et ses yeux pétillent. Il pose son bras sur le dossier de la banquette et me regarde.

— Je prendrai un café bien noir sans sucre et pour le petit déjeuner, un steak saignant, ne le faites cuir que quelques secondes.

Je retrousse mes lèvres et lui jette mon plus mauvais regard. Après avoir noté sa commande, je me dirige vers le bar où je transmets sa demande tandis que Sasha s'empresse de me rejoindre.

— Je rêve ! Docteur Mamours est là !

— Tais toi, il va nous entendre.

— N'importe quoi il est à au moins sept mètres.

— Il est peut-être vieux mais pas sourd.

— Pourquoi tu regrettes tant ce que tu as fait avec lui ? T'es adulte Monroe, c'est cool ! Il faut savoir lâcher prise.

J'attrape son assiette de viande crue qui me donne grandement envie ainsi que son café noir.

— Laisse tomber Sasha, ce type me dit rien qui aille.

Je pars lui servir son petit déjeuner. J'avoue ne pas faire cela délicatement, je lui jette presque l'assiette sur la table. Avant que je ne parte, il me saisit fermement le poignet. Je lui jette alors un regard.

— Je cris dans trois secondes si vous ne me lâchez pas le bras immédiatement.

— Mais tu ne crieras pas.

Je ne sais pas ce qu'il se passe mais ses yeux bleus deviennent rouges le temps de quelques secondes. Mon cœur s'emballe à nouveau et lui retrouve un visage ordinaire.

— Peux-tu t'asseoir s'il te plaît ?

Ce que je fais, docilement. Ses yeux rouges m'ont terrifié je dois l'avouer. C'est un Alpha, je peux le ressentir. Je me retrouve alors face à lui avec la trace de sa main sur mon poignet.

— Nous avons passé une délicieuse soirée la dernière fois, non ? Toi déguisée en chaperon rouge, moi en grand méchant loup.

— J'étais bourrée, je ne me souviens de pas grand chose.

— Je m'en souviens parfaitement pour ma part et je suis certain que toi aussi.

J'inspire profondément. Je pense qu'à mon visage, il voit que je suis agacée. C'était clairement banal et pas la meilleure partie de jambe en l'air que j'ai pu connaître. Si je pouvais retourner en arrière, je ferais en sorte de ne jamais lui adresser la parole.

Il découpe sa viande qu'il mange avec plaisir. Le sang coule encore dans l'assiette tant elle est crue. Les Vegans feraient une crise cardiaque en le voyant manger un animal presque encore vivant. Avant j'étais végétarienne et je me souviens très bien du dégoût que je ressentais quand je voyais de tels morceaux de viande. À présent, ça me creuse l'estomac.

— Tu as de sublimes cheveux bruns et de magnifiques yeux verts... c'est drôle, je pense que le roux t'irait bien mieux Monroe.

— Vous allez me dire ce que vous me voulez ?

— Tu sembles avoir une personnalité impatiente.

— Et vous, c'est quoi votre délire ?

Les bras croisés sur la table je m'appuie sur celle-ci pour me rapprocher de lui.

— Vous cherchez des louves à baiser et une fois trouvées vous souhaitez les emprisonnez dans votre meute ? À moins que... vous n'ayez pas de meute.

Il affiche un rictus fourbe, alors je repose mes fesses sur le siège et lui jette mon plus mauvais regard.

— J'aime le fait que tu sois téméraire. Je vois que tu as traversé beaucoup de choses.

Je ne réponds rien.

— Mais il est certain que tu as un caractère bien trempé de naissance.

Les minutes défilent et je risque fortement de me faire remonter les bretelles. Pourtant je n'ai pas eu d'autres choix que d'obéir à ses pouvoirs d'Alpha abusif. J'ai assez donné avec ce genre d'individus.

— Tu ne peux pas échapper à ce que tu es et un loup solitaire ne survit que très rarement. Ou alors, il rencontre d'autres personnes de son espèce et se reconstruit.

Je le regarde en coin, l'air dubitative.

— C'est une invitation ?

— C'était incroyable de coucher avec toi. Je ne dirais pas que ton corps soit merveilleux, d'ailleurs je pense qu'il y'a bien plus attirant...

Merci papy, ça fait toujours plaisir.

— Mais... j'ai pu voir beaucoup de choses et j'ai rapidement compris ce que je voyais.

Je plisse les paupières, inquisitrice.

— Tu avais une meute auparavant et tu en es si loin à présent... Hellbound, ce n'est pas la porte à côté.

Je tente de contrôler ma respiration ainsi que mon cœur. Je sais très bien qu'il est en train de m'analyser et le fait d'avoir couché avec lui lui a très probablement permis de voir mes souvenirs.

— Je recherche quelqu'un, poursuit-il.

— Génial.

— Le dénommé Marius.

Je me lève et me munis de mon stylo.

— Je dois travailler.

— Si tu n'obtempère pas, je te traquerai.

Il dit cela et ses yeux deviennent rouges à nouveau. Je le fixe un instant. Je suis crispée, déstabilisée. Je suis prise au piège. Mon passé me rattrapera toujours.

— Ce n'est pas parce que j'ai crié son prénom que je sais où il est.

— Certes. Mais tu as vécu beaucoup de choses avec lui, je ne me trompe ?

— Qu'est-ce que vous lui voulez ?

— Tu n'es pas en position de te mêler de cela, juste de m'aider.

— Bon appétit Gabriel.

Je lui affiche mon plus beau sourire et tourne les talons. Je pose mes affaires sur le bar et traverse les cuisines, là où mon manager me suit des yeux et m'interroge aussitôt sur mon comportement.

— Monroe, tu vas où ?

— Je me sens pas bien, je dois partir.

— Si tu pars, tu perds ton job, après deux ans, t'es sûre que c'est ce que tu veux ?

J'ouvre la porte des vestiaires et me retourne pour lui langer un regard. Ma seule réponse sera mon silence.

Dans les vestiaires je ne prends même pas la peine de me changer, je ramasse mes affaires et je sors. La porte donne sur l'arrière du restaurant. Mais à peine se referme-t-elle derrière moi qu'on m'attrape brusquement pour me coller avec violence contre le mur. L'arrière de mon crâne cogne contre celui-ci ce qui fait siffler mes oreilles et j'en lâche mon sac.

C'est un homme et c'est un loup, je le sens.

— AU SECOU...

Il plaque sa grosse main sur ma bouche. Je m'empresse de le mordre jusqu'au sang. Il pousse un hurlement de douleur, j'en profite alors pour frapper son entre jambe de mon genou puis je le pousse assez fort pour qu'il aille s'écraser dans les poubelles derrière lui.

Je ne prends pas la peine de ramasser mon sac, je cours dans la ruelle pour en sortir. On me saisit une poignée de cheveux ce qui me stoppe dans ma course. Je gémit de douleur et saisit le poignet de la personne qui me retient. Il me tire encore plus fort et me plaque contre lui, son bras enroulé autour de mon cou, il fait pression, m'empêchant de respirer.

Je vois les voiture passer à quelques mètres de là. Je pourrais être sauvée. Si seulement j'arrivais à me défaire de son emprise. J'étouffe, je sens les veines qui gonflent, ma vue qui se brouille. De ma main je cherche son visage et enfonce mon doigt dans son œil, alors il me lâche enfin. Je me retourne alors qu'il presse son œil qui saigne. Quand il relève la tête vers moi, je le frappe de mon poing et la seconde fois, je griffe son visage. Les griffes du loup sont sortis, tout comme ma vue qui est devenue rouge. D'un coup de pied je le fait reculer dans la ruelle et le second coup sera le dernier. Je lui arrache la trachée avec mes doigts. Il met ses deux mains dessus alors que le sang imprègne ses vêtements puis tombe à genoux devant moi. Finalement il finit tête la première sur le béton.

Je ramasse mon sac au fond de la ruelle et je quitte les lieux. Je dois quitter cette ville en fait. Dans l'ascenseur de mon appartement, je me colle contre la cavité et pose ma main ensanglantée sur mon cou tuméfié. Mon cœur bat encore à tout rompre et ça ne risque pas de se terminer de si tôt puisque quand j'entre dans mon appartement, on m'y attendait déjà et j'aurais dû m'en douter.

La main sur la bouche on me tire en arrière, j'essaie de me défaire de son étreinte mais me cogne dans la table sur laquelle le pot de fleurs se renverse. Il me cogne ensuite contre le plan de travail et je finis allongée sur le ventre sur la table à manger, les pieds touchant à peine le sol. Sa main a quitté ma bouche.

— AU SECOURS ! Hurlé-je.

Il tire ma tête en arrière en saisissant mes cheveux et enfonce dans ma bouche le tissu de la nappe. Ses mains tiennent ensuite mes bras croisés dans mon dos. De ses pieds il écarte mes jambes. J'écarquille les yeux et tente de hurler comme je le peux. Pourvu que mes voisins m'entendent.

— Je dois voir où il est.

Les larmes inondent mon visage et je hurle à m'en étouffer. Le tissu camoufle parfaitement mes cris. Il baisse alors mon pantalon. Je ferme les yeux aussi fort que je le peux et j'essaie de m'évader dans un souvenir, n'importe lequel, juste pour ne pas avoir à être pleinement consciente de ce que l'on me fait. Je sais que je hurle, que mon corps souffre et je sais aussi que les grognements de mon loup se mêlent à ce supplice. Car nous subissons cette atrocité à deux.

Je pense alors à ma mère.
Quand j'étais plus jeune.
Vulnérable, insouciante.
Encore humaine.

Tu n'as pas à pleurer Monroe.

Les autres enfants sont méchant avec moi ! À cause de mes cheveux...

Tu ne devrais pas les écouter, c'est parce que toi tu es particulière. Toi... tu as de magnifiques cheveux orangés, tu as la douceur de l'automne, ta peau reflète le froid de l'hiver, tes yeux le réconfort du printemps et ta voix lorsque tu chantes, la chaleur de l'été...

Ces paroles raisonnent dans ma tête alors que je hurle et pleure, exténuée par la douleur, par le loup qui aimerait se défendre, mais la posture, la situation l'en empêchent..: ma respiration est presque coupée, si ce n'est totalement.

Il me retourne sur le dos avec brutalité, mon corps est comme vidé, totalement mou, je n'en ai plus le contrôle. Il enlève enfin le tissu de ma bouche, j'ai l'impression que mes lèvres sont craquée mais cette fois je n'ai plus la force de crier à l'aide.

— J'ai tout vu Monroe, absolument tout. Il est fabuleux...

— Pourquoi... soufflé-je dans un sanglot.

— C'est elle, la Lune, elle me l'a dit, tu comprends ?

Je secoue la tête de droite à gauche tout doucement. Je ferme les yeux et me met à sangloter à nouveau.

— Il est comme moi. Il a tué un Alpha avec ses mains. Il a plongé sa main dans son corps, te rends-tu compte de la force que ça demande ?

— Non... il...

— La rédemption, Monroe ? M'interrompt-il.

J'y crois.
Mais je n'en suis plus certaine après ce que je viens de vivre.

Il pousse quelques mèches de mon visage enduit de sueur, dépose un baiser sur mon front puis approche sa bouche de mon oreille.

— La rédemption n'existe pas, murmure-t-il.

Il se redresse et me laisse allongée sur le lit. Je suis morte de l'intérieur. Vide. Je ne suis même pas certaine que le loup soit encore en vie lui aussi.

— Tu permets que je prenne une douche ?

Il ouvre mon placard et prend une serviette.

— Pitié... marmonné-je.

— Tu as tué l'un des miens aujourd'hui, tu dois te racheter.

Il dit cela en déboutonnant sa chemise. Le pantalon, il n'en a déjà plus.

— Il faut compenser. Ma meute doit être complète.

Il se dirige vers la porte de la salle de bain et se tourne vers moi.

— Bienvenu à toi Monroe, je suis ton nouvel Alpha.

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