24 - Au printemps 🌗

Il y avait une chose à Hellbound que j'appréciais par dessus tout, c'était bel et bien le printemps. J'avais l'impression que par la grande fenêtre de mon appartement, j'avais la possibilité de voir les arbres de la forêt se renflouer, de voir les fleurs bourgeonner... J'aimais beaucoup observer le soleil se lever le matin, les journées rallongeaient et j'appréciais ça, le temps s'adoucissait.

Aujourd'hui, par la fenêtre de la chambre du manoir où je suis retenue prisonnière, j'observe les arbres reprendre de l'allure mais l'effet n'est pas le même. Quelque chose manque à ma vie, si on en oublie Max, si on en oublie ce stupide lien, il me manque Sam, il me manque la musique, l'inspiration, la vie...

— Et si tu venais t'allonger près de moi au lieu de me laisser admirer tes jolies fesses nues...

Je me retourne, Dickon est allongé dans le lit, nu comme un vert. Il n'a pas le corps d'un apollon, il n'a pas les mêmes tatouages que Max, ni les jolis abdos entretenus de Samuel. Il est plutôt mince, peut-être maigre et c'est loin d'être mon type sans oublier qu'il a toujours agi comme un abruti avec moi mais... depuis quelques temps, le sexe est le seul moyen pour moi de prendre mon pied et de me contrôler. Alors j'utilise les hommes et il s'avère que Dickon étant faible... j'en profite.

— Tu n'aimes pas les admirer ? Lancé-je.

— Bien-sûr que si, mais je préfère les toucher.

Je souris légèrement et le rejoins dans le lit. Rapidement il vient caresser ma peau et mordiller mon cou. Je me laisse faire, je ferme les yeux, je pense à autre chose, à un autre homme. J'essaye simplement de me laisser aller et de me sentir vivante. Quand je fais l'amour, quand j'ai un orgasme, mon cœur bat, mon cœur vit. Il n'y a que comme ça, depuis le départ de Max et la disparition de Samuel, que j'arrive à me sentir vivante.

J'ai une haine en moi qui me détruit, une haine qui m'empêche de vivre. Je suis avec eux, dans la meute, ils m'ont accepté. Mais je ne cesse de vouloir tuer, de vouloir me nourrir. Et j'ai cette irréprochable envie de traquer Max, de sauver Samuel, et d'arracher le cœur de ce stupide homme qui a créé un stupide lien entre nous.

Le sexe avec Dickon est brutal, sauvage, bestial. Il me mord, je le mords, nous grognons tous les deux comme deux animaux et je cris comme si nous étions seuls dans la maison. Le lit frappe le mur, nos corps sus de nos efforts et mon cœur bat sous le plaisir. Cependant ce ne sera jamais aussi fort que ce que j'ai connu par le passé.

Après notre ébat pour le moins sportif, je saute dans la douche et une fois débarrassée l'odeur de chien errant de Dickon, je file à la cuisine. J'ouvre le frigo et me sors une jolie tranche de steak pour le petit déjeuner. Quand je referme la porte du frigo, Marius se trouve juste là et je pousse un cri de surprise.

— Tu t'es levée de bonne humeur ce matin, fait-il remarquer.

Je pose ma main sur ma poitrine puis fronce les sourcils l'air mécontente.

— Tu écoutes aux portes ?

— Pas la peine, tu cris assez fort pour qu'on t'entende à des kilomètres. Sans oublier que je suis un loup garou et que... mon ouïe est sacrément développée.

Je hausse les épaules tout en croquant dans ma viande crue. Je la savoure, le goût métallique du sang, la raideur des nerfs et la fermeté de la chair... j'ai une faim de loup. Je relève la tête lorsque je me sens observée. Marius, un sourcil haussé, me dévisage son verre d'eau à la main.

— Quoi ? Grogné-je en mâchant mon morceau de viande.

— Tu comptes coucher avec tous les types de cette maison ? Soit... ta famille ?

Je lève les yeux au ciel et fait claquer ma langue contre mon palais.

— Tu n'es pas content que je m'intègre à la meute ?

Il s'appuie contre le plan de travail et boit une gorgée de son eau.

— Disons que je voyais les choses différemment, avoue-t-il.

— Navrée de te décevoir.

— Alors ?

Je lâche mon bout de viande et me tourne vers lui l'air interrogateur.

— Alors quoi ? Grommelé-je.

— J'y passe quand ?

Mon visage se ferme aussitôt et je croise les bras.

— Jamais. Enfin... tu es l'alpha, le grand et suprême alpha. Je ne me permettrai pas d'entrer dans ton intimité royale, rétorqué-je avec sarcasme.

Il pose son verre à côté de lui, tout cela de manière maîtrisée. Il semble si serein et pourtant je me souviens de lui à vif, à me frapper, à me grogner dessus et à me menacer.

— Dommage, dit-il seulement en haussant les épaules.

Il se redresse, plonge ses yeux bleus dans les miens et se rapproche de moi.

— Je pensais que le feeling était là, entre toi et moi.

— Ça n'a jamais été le cas, Marius.

— C'est sûr, tu n'en fais qu'à ta tête et donne ton corps à n'importe qui.

— Je donne mon corps à qui je veux !

Il aime tout contrôler, j'accepte de le suivre en tant que loup mais en tant que femme, il n'a aucun contrôle sur moi.

— Dickon est le pire type qui soit et tu te donnes à lui comme un vulgaire morceau de viande. Il ne te respecte pas et ne te respectera jamais car il ne t'apprécie pas. Tout ce qu'il apprécie, c'est la chaleur de ta peau et le plaisir que ta chair peut lui offrir. Tu ne te respectes pas toi-même Monroe et tu ne tourneras jamais la page en te comportant comme une traînée.

Sans que je ne le contrôle, ma main heurte sa joue d'une telle violence que cette gifle résonne dans toute la cuisine. Sa tête tourne légèrement et je le vois qui serre les mâchoires. Il plonge de nouveau ses yeux dans les miens et attrape mon menton entre son pouce et son index.

— La vérité fait mal, souffle-t-il.

Je repousse son bras brusquement et le fusille du regard.

— Tu es simplement jaloux. D'ailleurs, tu ne vis que dans la jalousie.

— De quoi pourrais-je bien être jaloux ?

Je pouffe de rire et secoue la tête l'air exaspérée. Car ce type m'exaspère, vraiment. A tel point que j'aimerais le tuer lui et son égocentrisme.

— Tu es jaloux car je n'ai jamais cédé face à toi. Jaloux car j'ai été lié à ton frère. Jaloux car j'ai préféré ton frère à toi. T'es jaloux parce que je suis indomptable, je suis pas docile comme toutes tes louves. Ça t'énerve et ça t'angoisse parce que tu sais que tu ne peux pas me tenir en laisse.

Il me fixe sans un mot, les mâchoires toujours serrées.

— La vérité Marius, c'est que tu es torturé, parce que t'as toujours été le rejeton de la famille. Et crois-moi, c'est pas parce que t'es un alpha que t'as le pouvoir sur tout. Sur moi, le pouvoir tu ne l'as pas et tu ne l'auras jamais.

Il ne dit rien, je le regarde encore un instant, admirant la haine lisible dans ses prunelles bleues. Finalement je passe à côté de lui, souhaitant quitter la pièce mais sa main se resserre autour de mon poignet, si fort qu'il m'en coupe la circulation du sang et que je suis forcée de m'arrêter.

— Fais ton deuil Monroe. Max ne reviendra jamais.

— Lâche-moi le bras.

— Lorsque tu te seras excusée.

— Je n'ai dit que la vérité et comme tu me l'as si bien dit tout à l'heure, la vérité fait mal.

— Je laisse passer trop de choses.

Je tourne la tête vers lui et esquisse un faible sourire.

— Peut-être parce que je te plais, ricané-je.

— Ne joue pas avec moi, tu perdras.

Je décide de me tourner complètement vers lui puisqu'il ne souhaite pas me lâcher le bras. Je défis son regard, je suis devenue la pire version de moi-même. Mon cœur étant brisé, j'agis comme une garce, comme si je n'avais plus d'âme. Peut-être que c'est le cas, peut-être que Max a emmené mon âme avec lui. Je souhaite le frapper en plein visage, mais cette fois, de son autre main, il saisit mon poing et le serre dans sa paume, faisant craquer mes phalanges et m'arrachant un grognement.

— Tu ne sais pas te battre, remarque-t-il. Tu nous seras inutile le jour où nous serons attaqué par tes chasseurs de parents.

Je serre les dents, plus il resserre sa poigne et plus je souffre.

— Apprends-moi dans ce cas.

Lorsque je dis cela, il me lâche enfin, me libérant de sa poigne d'acier. Il m'observe un instant, semblant réfléchir.

— Très bien, demain même heure, rejoins-moi dans les jardins.

Finalement c'est lui qui me passe devant et quitte la pièce. Je m'assois sur une chaise tout en poussant un profond soupir. Je tente de trouver un centre d'intérêt à mes pensées pour éviter de me perdre à travers ses yeux. Si je ferme les miens, je peux voir à travers les yeux de Max et cela me détruit encore plus. Je n'arrive pas à déterminer où il se trouve mais il me laisse encore l'accès à ses pensées, à ses yeux et cela me laisse croire qu'il veut encore de moi, qu'il communique encore avec moi d'une certaine façon... ça me permet de garder espoir.

Un espoir qui pourrait vite partir en fumée.
Les liens lunaires existent mais on ne sait pas si c'est pour réunir deux amants ou deux ennemis.


Je vous remercie d'avoir lu !

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