17 - Rêve ou cauchemar ? 🌕
Je crois dormir, paisiblement, dans un environnement dans lequel je me sens bien, comme cette cabane que j'avais trouvé, dans laquelle j'avais passé plusieurs mois avec Monroe. Clairement les plus beaux moments de ma triste vie.
Et ce sommeil est profond, plaisant, apaisant. Lorsque je sens une main chaude caresser mon torse, j'esquisse un sourire et me tourne sur le côté pour ouvrir les yeux et apercevoir ma douce Monroe.
C'est bien les matins que je la trouve la plus belle : ses cheveux roux en bataille, ses yeux verts fatigués et encore endormis et son visage totalement décontracté.
Je ne peux même pas placer un bonjour qu'elle dépose un baiser humide sur mes lèvres. Je me laisse aller à son rythme, la serre contre moi et alors qu'elle caresse ma virilité sous la couette, moi j'embrasse ses clavicules avec cette envie de la dévorer toute crue.
J'aimerais pouvoir me réveiller chaque matin comme celui-ci. Prendre du plaisir, donner du plaisir, me sentir léger.
Cependant lorsque j'ouvre réellement les yeux, c'est une toute autre histoire. Les néons blancs juste au dessus de mon visage me font grimacer et refermer les yeux jusqu'à les ouvrir lorsque mes pupilles s'y sont adaptées. J'aurais souhaité mettre ma main devant mon visage cependant quelque chose retient mes poignets et quand je veux tourner la tête, je sens deux pointes s'enfoncer dans mes tempes. Je suis totalement immobilisé, les jambes, les bras et la tête tenus par des liens que je ne connais pas et ne peux voir.
Je grogne légèrement et ouvre de grands yeux lorsque j'entends Max qui, je le pense, ne se trouve pas très loin de moi.
— Pitié, pitié... arrêtez ! supplie-t-il.
Je peux entendre dans sa voix qu'il n'est pas serein.
— Max ?! Appelé-je en fixant un point devant moi.
Je ne suis pas en mesure de voir plus loin que ces néons et ce plafond blanc.
— Marius ! Aide-moi ! entends-je de l'autre côté du mur.
C'est certain, il se trouve dans la pièce à côté.
— Tout va bien se passer, rassurez-vous, entends-je.
Cette voix féminine m'interpelle puisque je m'en souviens. Alors je tire sur mes bras, tente de retirer mes jambes et gesticule sur cette table froide pendant que les pointes continuent de s'enfoncer dans mes tempes, me donnant terriblement mal à la tête.
— Mathilde ! Espèce de salo...
Un flash dans la pièce où je me trouve retentit avec un ultrason qui me brise les tympans et la lumière, elle, m'aveugle, ce qui m'empêche de finir ma phrase.
— Je veux que tu lui perces l'œil afin que l'on puisse observer la régénération de ses cellule et vérifier s'il retrouve la vue ou non.
Je fronce les sourcils, mon souffle est court et mon corps totalement raide. Je distingue ces voix sur ma gauche et j'aimerais pouvoir voir ce qu'il se passe. Où est mon frère ? Que lui font-ils ?
— Si vous touchez à un seul cheveu de sa tête, je vous jure que...
J'entends Max hurler, je l'entends même gesticuler sur cette table. Probablement la même que la mienne. Ses cris sont terribles à entendre, il hurle de douleur, j'ai presque l'impression de m'imaginer la scène. Ces fous, transperçant son oeil. Je ne suis pas certain qu'ils puissent m'entendre parler. Cependant, moi, j'entends tout et le supplice de mon frère me tue.
Alors je continue de gesticuler dans tous les sens, je tire sur mon bras droit, je sens mes muscles se bander, se tendre, jusqu'à la crampe mais je ne parviens pas à enlever les liens. Si je bouge trop la tête, les pointes s'y enfoncent et je sens le sang qui coule de mes plaies.
Un nouveau flash retentit et m'aveugle avec cet ultrason qui me fait gémir.
Le temps de quelques secondes, ou peut-être quelques minutes, je revois Monroe. Je suis assis et elle sur moi, nous sommes tout deux nus, nos respirations sont saccadées, fortes, nos coeurs battent à l'unisson et ses vas et vient me procurent du plaisir. J'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène, ou alors peut-être que je rêve mais cette chambre, ses cheveux, son odeur, sa peau... tout me renvoie un an en arrière, dans ce chalet où nous étions seuls tous les deux.
— Marius... murmure-t-elle dans un gémissement.
Elle est délicieuse et le sera toujours.
— Marius ! Revenez à vous.
On claque des doigts devant mon visage alors je cligne plusieurs fois des paupières tout en poussant un râle avant que ma vue ne redevienne nette. Cet ultrason, ce flash, ils m'ont littéralement aveuglé.
Une femme se penche au dessus de moi, cachant un petit peu la lumière de ce néon qui me brûle la rétine. C'est Mathilde, je reconnais ses cheveux bruns qu'elle a attaché dans un parfait chignon cette fois.
— L'effet se dissipe, c'est très bien.
— Détachez-moi !
Je tire à nouveau sur mes liens et un énième flash retentit alors je grogne et grimace, gardant mes yeux fermés.
— Chaque fois que vous vous débattrez ou que vous ferez des gestes trop brusques, ce flash et cet ultrason se déclencheront automatiquement afin de vous en dissuader et lorsque vous en aurez marre d'être aveuglé, peut-être que vous arrêterez.
Je fixe le plafond devant moi, les lèvres retroussées. Ma poitrine se soulève à un rythme trop irrégulier tant je suis en colère. Je n'entends plus Max et j'espère qu'il va bien. Suis-je parti longtemps dans ce souvenir ? Ou bien ce rêve ? Je l'entends taper sur un ordinateur puis farfouiller dans des affaires mais je ne parviens pas à savoir ce que c'est.
— OK, vous avez gagné, soufflé-je pour briser le silence.
Je sens son regard sur moi.
— Vous avez l'alpha alors relâchez mon frère, lui n'a pas ce pouvoir. C'était pas ça le pacte que vous aviez fait avec lui au départ ? Vous me trouvez, vous me tuez et vous vivez ensuite dans un monde de bisounours.
Elle pousse la lampe et je sens enfin mes pupilles se dilater correctement. Je peux ensuite voir son visage. C'est une belle femme, mais c'est une traîtresse, ce genre de personnes qui ne fait pas preuve d'humanité. Notamment quand je pense à ce qu'ils ont fait à Max. Je sais néanmoins qu'il n'est pas mort, sinon, je ne serais plus là moi non plus.
— Un alpha ? Pouvez-vous m'en dire plus ? Qu'est-ce que ça signifie pour vous ? Cela veut-il dire que vous êtes à la tête de quelque chose ?
— Vous vous moquez de moi ? Vous faites durer le plaisir ?
Elle me fixe de ses beaux yeux et ne semble pas me suivre. Je me demande si c'est une blague, elle joue avec moi ? Je suis persuadé qu'ils sont aussi vicieux que j'ai pu l'être.
— Non, je cherche à comprendre, Marius.
— C'est vous la grande prêtresse des chasseurs ? demandé-je d'un ton sarcastique.
Elle penche la tête sur le côté. Elle se tient droite et moi je dois tourner les yeux pour la regarder. Ces pointes sont douloureuses, la migraine que j'ai ne semble pas vouloir disparaître et je transpire tant je suis tendu.
— Les chasseurs ? Répète-t-elle.
Je serre les poings et inspire profondément pour ensuite expirer par la bouche afin de garder mon calme. Mon impulsivité n'a toujours su que m'attirer des ennuis. Alors je préfère demeurer muet à ses questions, je ne suis pas dupe et je n'ai pas envie qu'on joue avec moi. Que l'on me tue sur le champ.
— Marius, répondez-moi, vous me parlez d'alpha et de chasseurs, j'ai besoin de plus de détails.
— Vous savez que si vous me tuez, vous tuez Max ? Du coup, qui se chargera de s'assurer du bon équilibre à Hellbound ? Sam ? Oh non... je suis persuadé que c'est Jessica. Où est-ce qu'elle est d'ailleurs ? Elle n'a jamais su me faire face.
— Hellbound... pourquoi Max mourrait si vous, vous mourez ?
— Si je le savais réellement, je vous le dirais mais je ne comprends pas vraiment... il m'a parlé de Lune, d'âme-soeurs et de liens mais à ce moment là, j'étais vraiment en colère et je lui ai cassé le cou... il vaudrait mieux lui demander directement.
— Vous avez cassé le cou de votre frère ?
J'ai vraiment cassé sa nuque et lorsque j'y pense, je me souviens encore de cette sensation de pouvoir et de supériorité que j'ai ressenti. Je le tenais, contre cette cage, je l'asphyxiais avec mon bras et j'ai serré si fort... que sa nuque a fini par craquer et que son coeur s'est arrêté. J'avais tellement aimé cette sensation. Je l'ai toujours aimé. Chaque fois que j'arrachais la vie de quelqu'un. C'est ce que j'aime, malgré moi, malgré tous mes efforts.
— Marius, répondez-moi.
— Détachez-moi.
— Non.
— Vous faites mine de ne rien savoir, alors que vous avez littéralement le dessus sur nous, alors pourquoi vous jouez à ça ? Hein ? Depuis plus de dix ans vous me traquez et je suis enfin là, alors pourquoi vous faites ça ?!
— Donc je ne suis pas la seule à m'intéresser à vous ?
— Il y a beaucoup de femmes qui s'intéressent à moi.
— Je ne parle pas de cette façon la, grommela-t-elle.
Je pousse un profond soupir et humecte mes lèvres.
— Arrêtez de jouer avec moi, je suis fatigué de tout ça, soufflé-je.
Je l'entends tirer une chaise, elle s'assoit à côté de moi, je peux même sentir son parfum et en tournant la tête comme je le peux malgré les pointes, j'arrive à la voir légèrement. Je ne sais pas ce qu'elle compte me faire, mais je suppose que je n'apprécierai pas. J'aimerais repartir dans ces rêves avec Monroe. J'aimerais continuer de rêver de sa peau, de ses lèvres, ses mains, sa tendresse, son visage... Elle est la seule personne sur cette Terre a pouvoir contenir le monstre en moi et je sais, je le sais... si je parviens à me libérer, personne ne survivra dans cet endroit.
— Il y a environ un an, une femme a été administrée dans un service d'urgence. Je le sais parce qu'on m'a appelé rapidement après son administration. Elle était dans un mauvais état. Elle avait été retrouvée dans une station de métro, ne tenant même plus sur ses pieds.
Je ne dis rien et l'écoute.
— Lorsqu'ils lui ont passé des examens, scanner, prise de sang... ils se sont rendus compte que ses résultats étaient tout sauf normaux. Et tout cela, ce n'était pas dû à son accident. D'autant plus que le temps de la transporter à l'hôpital, plusieurs de ses fractures étaient déjà guéries. Cependant, quelqu'un est venu la chercher, Marius.
Merde.
— Ce quelqu'un, c'était vous.
— Vous devez faire erreur.
— Certainement pas, les caméras de sécurité ne mentent jamais.
Après que Gabriel ait violé Monroe à multiples reprises et qu'il l'ait jeté du quatrième étage de son immeuble, elle s'est retrouvée à l'hôpital. J'avais fait au plus vite pour la tirer de là mais visiblement, pas suffisamment. Je me doutais bien que ce genre de chose arriverait tôt ou tard. Nous n'avons pas les mêmes gènes que les êtres humains, et il fallait bien qu'ils le découvrent.
— Vous savez quoi, Marius ? reprend-elle.
Je décide de m'intéresser au plafond plutôt qu'à elle.
— Je vous ai cherché tellement longtemps... vous et cette femme et le jour où je ne vous cherche pas, vous apparaissez sur la route devant ma voiture.
Je ferme les yeux et souffle par le nez tout en me mordillant les lèvres.
— Je ne suis pas un chasseur comme vous le dites et je ne sais même pas où se trouve Hellbound... mais je suis scientifique et je peux vous assurer que vous êtes hors norme, vous, votre frère et cette femme également.
Je ne réponds pas. Toutes ces années fichues en l'air. Nous avions toujours tout fait pour que les humains ne se rendent jamais compte de notre existence, et finalement, après toutes ces décennies, nous voilà à découvert.
— Vos scanners et IRM à tous les trois montrent une chose vraiment particulière... Il s'avère que votre cerveau semble coupé en deux parties, ce qui n'est pas habituel, c'est visible à l'écran et c'est tout bonnement incroyable. Je penche à croire que vous avez ces facultés de régénération rapide dû à cette coupure dans votre cerveau.
— Vous faites erreur, je vous dis ! Peut-être que cette femme est hors norme mais moi je suis un être humain ordinaire alors détachez-moi !
Je me débats à nouveau, en colère, et également sous pression. Je ne veux pas que ça se sache, que serait le monde ? Les loups-garous et les humains ? Sauf que... nous, nous ne serions que des rats de laboratoire pour ces imbéciles à soif de pouvoir ! Il en est hors de question. J'aurais accepté de me faire tuer par des chasseurs, que les autres loups puissent vivre dans une entente silencieuse et invisible mais pas ça. Je me rends compte que Gabriel voulait faire la même chose, mais à l'envers. Gabriel voulait régner. Cette fois, c'est Mathilde qui souhaite régner.
Lorsque je me débats, le flash et l'ultrason se déclenchent alors je serre les dents et lorsque j'ouvre les yeux, je vois Monroe. Son doux visage que je touche du bout de mes doigts. Je suis assis sur ce lit, elle sur moi, ses jambes enroulées autour de mon bassin et elle me regarde, ses cheveux en bataille, ses yeux verts étincelants de vivacité. Le temps est arrêté, il n'y a que nous deux. Je glisse mes doigts sur sa joue tout en observant chaque détail de son visage, sa peau laiteuse, ses lèvres pulpeuses dessinées dans un sourire...
Une douleur me ramène aussitôt à moi, je pousse un cri et ouvre de grands yeux. Mon coeur s'est accéléré et je sens un filet de sang couler de mon biceps.
— Vous voyez ?
— Non, je ne peux rien voir avec vos cures dents enfoncés dans mon crâne !
— Je viens de couper votre peau avec un scalpel et vous cicatrisez déjà.
— Allez vous faire voir !
— Je ne savais pas que vous étiez comme elle, ni vous ni votre frère lorsque je vous ai pris dans ma voiture... mais quand mes hommes vous ont assommé et ont dû s'y prendre à trois reprises pour en venir à bout... j'ai compris que vous étiez hors normes vous aussi. Je n'ai eu d'autres choix que de procéder de cette manière, car je savais que vous n'obtempéreriez pas.
— Vous êtes malade...
Moi aussi je le suis, moi aussi j'ai fait des choses atroces.
— Je suis une scientifique Marius, et vous êtes un cadeau tombé du ciel.
Je l'entends reposer le scalpel qui ne semble pas en argent puisque ma peau n'a pas réagi.
— Vous imaginez l'évolution de la médecine grâce à vous ? Nous pourrions guérir des cancers... nous pourrions réparer des fractures en seulement quelques jours... nous n'aurions plus de maladie et l'espérance de vie pourrait augmenter considérablement.
— J'en ai rien à foutre de votre médecine ! Je ne suis pas une expérience ! Je suis un être humain !
— Bien-sûr mais vous avez des facultés, votre frère aussi et cette femme également.
— Je vous préviens... si vous tentez de la retrouver, je me libère et je vous arrache le coeur à mains nues...
— Il faudrait faire preuve d'une force inhumaine pour arracher le coeur d'un être humain rien qu'avec ses mains.
— Croyez-moi... je sais être inhumain quand il le faut.
Elle se lève de sa chaise roulante.
— Je n'en doute pas Marius... reposez-vous et si vous coopérez, je vous promets que nous vous détacherons vous et votre frère.
Elle dit cela puis je l'entends fermer une porte. Je me retrouve seul, dans le silence le plus complet. Alors je ferme les yeux aussi fort que possible, je me mords la langue et je me débats autant que je le peux. Le flash et l'ultrason se déclenchent à plusieurs reprises jusqu'à ce que j'abandonne à cause de ces pointes qui ne cessent de s'enfoncer dans mes tempes. Je pousse un grognement de frustration et rouvre les yeux, je respire fort, je sens mon sang bouillonner dans mes veines et surtout, je sens le loup qui commence à se réveiller sans que je ne puisse le contrôler. Est-ce à cause des flashs ? Des ultrasons ? De la pleine lune ? Je ne veux pas qu'ils sachent ce que nous sommes et si je me transforme, alors ils le sauront.
— Max ?! Max, tu m'entends ?! Max... ?!
Le silence est la seule réponse que j'obtiens durant quelques longues minutes.
— On aurait dû la bouffer, entends-je de l'autre côté.
Alors j'esquisse un sourire, soulagé et également car je pense exactement la même chose que lui. Mon sourire disparaît bien vitre, puisque mes bras se raidissent à tel point que j'en pousse un cri étouffé. Si le loup tente de se transformer, je mourrai. Avec ces liens, attaché comme je le suis, je ne peux pas me changer en animal et si je ne le peux pas, si je ne le contrôle pas, mon coeur risquerait de s'arrêter à cause de la douleur.
Alors Max et moi, nous mourrions.
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