14 - Il faut faire preuve de stratégie 🌑
Ce matin, je laisse l'eau de la douche caresser mon corps. Mes yeux sont fermés, la chaleur détend chacun de mes muscles, repose mon esprit tourmenté. J'ai peu dormi, à vrai dire je n'ai pas cessé de me demander où pouvait être Marius à tel point que j'ai dormi dans son lit en espérant sentir sa présence me rassurer dans la nuit. Cependant, il n'en fut rien.
Mes cheveux sont collés à mon visage à cause de l'eau et lorsque je sens une présence dans mon dos, je me retourne brusquement prête à me défendre mais on me saisit le poignet avec une poigne ferme et douloureuse. J'ouvre de grands yeux quand je découvre Marius devant moi. Il porte un t-shirt et un jean et me fixe alors que le jet d'eau l'éclabousse. Mon premier réflexe ? Je le gifle de ma main libre. Sa tête ne bouge presque pas. Il se pince les lèvres et ferme les yeux un instant.
— Où est-ce que tu étais ?!
— Sommes-nous seulement mariés Monroe ?
— Non, tu as raison. Sors de la douche et laisse-moi donc mon intimité !
— Dois-je te rappeler que c'est ma chambre ?
Je retrousse mes lèvres et retire mon poignet de son étreinte avec force tout en le fusillant du regard. Il est si beau, ses cheveux sont légèrement humides et son t-shirt commence à coller sa peau. Je le vois qui baisse ses beaux yeux bleus pour regarder mon ventre et c'est alors que son doigt chatouille ma plaie encore en pleine cicatrisation.
— Est-ce que tu souffres encore ? Souffle-t-il.
— Et toi ?
Il relève ses yeux et plonge son regard dans le mien ce qui m'électrifie.
— Je n'ai jamais cessé de souffrir. Et je ne cesserai jamais de souffrir.
J'agrippe ma main sur sa nuque et l'embrasse fougueusement. Un baiser mouillé par l'eau de la douche et qui m'émoustille aussitôt. Je l'attire contre moi puis sous le jet, lui retirant son t-shirt à la hâte. J'embrasse son cou, ses épaules et je dépose même un baiser sur l'atroce cicatrice de carreau d'arbalète sur son épaule. Je descends entre ses deux pectoraux puis le long de son torse mais il attrape mon bras pour m'arrêter avant que je ne puisse atteindre son bassin.
— Relève-toi, ordonne-t-il.
— Pourquoi ?
S'il pense que je ne vois pas toutes ses cicatrices il se trompe. Je les vois, entre celle du carreau, celle de mon incision d'incompétente pour le sauver et celle par balle près de son bassin... il se trompe, les vois toutes. Sans oublier les griffures. Je me redresse tout en le regardant.
— Pourquoi ? Insisté-je.
— Tourne-toi.
Je plisse les paupières. Je me mords les lèvres puis me tourne malgré tout. Je pose mes mains contre le mur quand je le sens qui se colle contre moi. Toute sa chaleur, sa peau, sa virilité. Mon cœur s'emballe et mon corps s'enflamme. Sa main glisse le long de ma hanche, et c'est alors que je le sens pénétrer mon corps et mon âme. Je pousse un gémissement, me colle contre le mur et Marius, lui, procure beaucoup de plaisir par le biais de ses vas et viens énergiques. J'ai encore mal, chaque plaie est réveillée, le dos cambré, je sens que mon loup se meurt et que moi, je reste affaiblie. Sa main glisse sur mon cou, il le tient et approche sa bouche de mon oreille ce qui me fait frissonner.
— Est-ce que tu souffres encore ? Souffle-t-il dans un râle.
Je serre les mâchoires, un cri de plaisir et de douleur m'échappe.
— Ou... oui...
Je sens ses dents frôler la chair de mon épaule, j'en ferme les yeux tandis que sa main reste accrochée à mon cou.
— Tu vois... je te fais souffrir.
Mes doigts se rétractent sur le mur, je sens surtout le plaisir grandir dans mon ventre à tel point que je suis prête à hurler. Son souffle contre ma nuque, sa main, son corps bandé, sa chaleur...
— Marius... soupiré-je.
Comment en suis-je arrivée au point d'être dévouée à l'être qui a tenté de me nuire ? Comment en suis-je arrivée au point où mon Alpha, Max, n'est plus ? Marius m'a fait découvrir quelque chose d'autre. Je veux aider. Je veux l'aider. Le sauver. Il a droit à la redemption. Avant qu'il ne soit trop tard pour lui. S'il a survécu à cette terrible bataille, c'était pour une raison. Peut-être que cette raison : c'est sa redemption.
Quelques minutes plus tard, je me retrouve assise à table face à Max, je bois un verre de jus d'orange alors que Max me fixe sans bouger. Quand je repose le verre, je lève les yeux vers lui et pousse un profond soupir.
— Qu'est-ce que tu as ? Grogné-je.
— Tu as l'air de bien t'amuser avec mon frère.
Je me lève, reprends mon verre et le pose dans l'évier sur la gauche. Je sais qu'il me suit des yeux mais moi je demeure silencieuse.
— Il a su te manipuler à ce point ? Tu as été assez naïve pour te laisser endoctriner ?
— J'espère que tu te moques de moi ! M'exclamé-je en me tournant vers lui.
Max reste assis et me toise de ses yeux bruns, les lèvres retroussées.
— Tu ne peux pas renier ton frère à ce point Max ! Qu'est-ce qui t'aveugle comme ça ? Regarde tout ce que tu lui as fait subir et tout ça pour quoi ? La paix ? Quelle paix ?! Lizzie a été assassiné par les monstres à qui tu as donné ta confiance ! Et maintenant, tu te retrouves là à devoir mentir encore une fois à ton frère... le frère que tu as détruit.
— Je sais... souffle-t-il.
— Tu ne sais rien.
— Je sais que je t'aime...
Je crois que mon cœur saute un battement. Je le regarde se lever et s'approcher de moi tandis que je reste appuyée contre le plan de travail. Heureusement que je reste appuyée d'ailleurs, car je risquerais de tomber sinon, tant ce qu'il vient de me dire m'ébranle.
— Arrête, grommelé-je.
— J'ai été banni et si j'ai fait en sorte de te semer, c'est pas parce que je voulais t'abandonner. Je voulais seulement prendre le temps de réparer les erreurs de mon frère en aidant Sam, puis à trouver le moyen de me venger, de l'arrêter, de libérer la meute qu'il gardait enfermée. Tu comprends pas Monroe, mon père n'était pas un sage et Marius l'avait bien compris mais ses choix sont mauvais et nous mènent à notre perte.
— Tu es sûr de toi ? Quand on sait que Lizzie est morte par ta faute.
Il serre les mâchoires et me regarde encore un instant avant de me tourner le dos et de s'éloigner. J'ai été dure je l'avoue, et je sais très bien qu'il doit déjà beaucoup s'en vouloir pour ce qui est arrivé. J'aimerais seulement qu'ils cessent de se faire la guerre.
— C'est lui que tu as appelé... marmonne Max toujours dos à moi.
Je ne dis rien.
— Tu risquais de mourir, ton loup blessé, tu ne pouvais plus marcher et c'est lui que tu as appelé... à cause d'une morsure, tu te retrouves dans une brume de laquelle tu n'arrives plus à sortir.
Mon silence me garde, je suis incapable de décrocher un mot.
— Le bon choix, c'est peut-être celui de ne choisir que toi, reprend-il .
Je crois être incapable de vivre seule et c'est bien là mon problème.
— Le bon choix à l'heure actuelle, c'est s'entraider, se serrer les coudes et détruire ce Louis. Ce monstre qui a tué une enfant.
— Tu connais son nom ? S'étonne Max.
— Je crois même que je connais plus que ça.
Max se retourne et me considère un instant. Ses cheveux sont légèrement en bataille, sa barbe reste taillée et ses yeux bruns sont envoûtants, je l'admets.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je pense que c'est le grand frère d'Alice. C'est assez flou dans mon esprit mais... je me dis que c'est loin d'être impossible vu tout ce qui nous lie les uns aux autres. Ce ne serait donc pas étonnant qu'il haïsse les loups et qu'il veuille les exterminer jusqu'au dernier, enfant ou non. C'est une vengeance et je crois que Marius et toi, vous vous y connaissez bien en vengeance.
— Alors il est impossible de le stopper.
C'est Marius qui dit cela, il entre dans la cuisine, ses cheveux encore humides, plaqués en arrière bien qu'une mèche reste rebelle. Il a opté pour un jogging noir et un t-shirt simple. Il enfonce les mains dans ses poches et nous jette un regard à Max et moi.
— On ne peut arrêter quelqu'un alimenté par la vengeance. C'est un sentiment incontrôlable.
— Tu sais de quoi tu parles, marmonne Max.
— Évidemment mon frère, grommelle Marius.
Il se gratte le front, hausse les sourcils puis libère ses poches.
— Où sont les autres traîtres ? Demande-t-il.
— Ils s'entraînent avec Dickon et Marie.
— Ce qu'il faut c'est une stratégie et pas être des pros des arts martiaux.
— Si on ne sait pas se défendre un minimum, on est mort.
— Avoir un train d'avance, c'est intéressant aussi. C'était leur cas et c'est pour ça qu'ils ont réussi à vous prendre au dépourvu. Il faut réfléchir comme un chasseur...
Marius dit cela en tapotant son index sur le front de son grand frère avant de faire le tour de la table et d'attraper une pomme.
— Comment on fait ça ? Soufflé-je.
Marius s'appuie contre le bord de la table, me jette un regard qui m'électrifie à nouveau, notamment quand je repense à ce qu'il m'a fait dans la douche, puis il croque dans la pomme.
— C'est là que tu entres en jeu, Monroe.
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