14 - Disparition 🌒
Je m'accroupis devant les filles et tente d'avoir leur attention, j'ai besoin qu'elles cessent d'être terrifiées et qu'elles prennent sur elles afin que l'on puisse défendre notre territoire. Je comprends que sans leur alpha , ils sont perdus, ils viennent d'ailleurs de perdre un membre de leur meute, mais nous avons besoin de rester souder.
— Regardez-moi ! Ordonné-je.
Elles relèvent la tête. Daniela est jeune, alors elle reste cachée dans les bras d'Alice pendant que Théo et Serge tentent de garder Tristan en vie.
— Nous allons devoir défendre la maison, d'accord ?
— Sans Max, nous sommes perdus... souffle Martha.
— C'est moi votre alpha durant son absence. Alors vous allez suivre mes ordres.
Et je peine à croire que Max reviendra un jour, à cause des visions que j'ai eu. Je crois que Marius l'a tué... mais je garde un infime espoir.
— Non non non, on ne suivra pas tes ordres, grogne Serge.
Je tourne la tête vers lui tout en restant accroupie devant les filles. Les mains tachées du sang de son ami, Serge se lève et s'avance vers moi. Je me relève également pour lui faire face.
— Il... il est mort... marmonne Théo.
La tête de Tristan pend sur le côté, ses yeux sont ouverts et vides de vie. Je reporte mon attention sur Serge qui tape ma cage thoracique avec son index.
— Tout est de ta faute ! Quand nous étions une meute encore soudée et organisée, les chasseurs ne nous traçaient pas et on filait la petite vie parfaite.
— Avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, commenté-je. Parce que Max a brisé un pacte avec eux, alors ils n'auraient jamais cessé de le chercher.
— Putain, mais dégagez de là ! Crie Théo en se relevant à son tour.
Je le regarde les yeux grands ouverts.
— Elle est arrivée, et Max a voulu te faire revenir, commence-t-il en pointant du doigt Alice. Vous êtes un poison. Alors vous savez quoi, je vais vous vendre direct aux chasseurs.
Théo se précipite vers Alice, il pousse Daniela qui tombe en arrière et relève Alice avec violence. Elle se débat et lui hurle des injures à la figure alors il la gifle, attrape ses cheveux et la traîne vers la baie vitrée cassée.
— Non ! Lâche-moi ! Lâche-moi ! Grogne-t-elle la voix mêlée aux grognements de la bête qui sommeille en elle.
Je m'apprête à intervenir, cependant j'entends les pleurs de mon bébé. Je m'arrête et tends l'oreille alors que Théo traîne Alice dehors et que Serge tente de le résonner.
— Non ! NON ! M'exclamé-je.
Théo s'arrête, alors les cris d'Alice s'arrêtent eux aussi et il me jette un regard. Au même moment, un carreau d'arbalète siffle dans les airs et vient se planter dans le cadre juste face à la baie vitrée. Alice en profite pour pousser Théo et moi, je monte les escaliers quatre à quatre. Je cours dans le couloir et pousse la porte de la chambre où dormait mon enfant. Cependant, la pièce est vide et j'entends les pleurs qui proviennent de l'extérieur à présent. La fenêtre est ouverte, je me penche par celle-ci et j'aperçois Jess qui court, mon enfant dans ses bras.
— JESSICA ! Hurlé-je. Arrête-toi !
Ni une ni deux, je passe par la fenêtre. Je vois rouge à présent, je suis à deux doigts de me transformer tant la colère m'anime. J'atterris sur mes pieds et cours en sa direction, alors elle aussi prend la fuite, droit vers la forêt. Droit dans un piège, je le sais.
Une flèche vient se loger dans mon mollet. Je pousse un cri et tombe à la renverse, roulant dans la terre. C'est de l'argent, je le sens et ça me brûle, paralyse ma cuisse.
— AAAAH ! Rends-moi mon enfant !
— Elle ne te le rendra pas, déclare quelqu'un.
Je veux me redresser cependant on m'attrape les cheveux, quelqu'un d'autre les bras et on me relève brusquement. Je pousse un grognement de douleur, la flèche toujours logée dans le bas de ma jambe. Deux personnes me tiennent et Louis se tient devant moi, un poignard qu'il fait tourner entre ses doigts, son fidèle bonnet sur la tête.
— La dernière fois que j'ai eu la grâce de te maintenir en vie, tu as fini par t'evader et tuer presque tous les chasseurs présents.
— Pitié... pitié, rendez-moi mon enfant. Ne lui faites pas de mal ! C'est un bébé... un simple bébé...
— C'est un loup-garou.
— Il ne sait rien de tout ça...
— Il est de pur sang.
— Louis, je t'en prie ! Souviens-toi quand on était enfant ! Deux gamins... souviens-toi de ces soirs d'été où nous mangions tous ensemble. Je suis restée la même !
— Tu es l'une des leurs maintenant.
— Pourquoi vous ne tuez pas Jess alors ? Hein ?
— Nous allons tuer les deux alphas et ensuite, nous décimerons la meute.
— Je t'en prie ! Ça ne vous sert à rien !
— Si ce n'est préserver l'espèce humaine ?
Je serre les dents et me débats.
— RENDEZ-MOI MON ENFANT !
Je vois rouge à nouveau, il est certain que mes yeux sont eux aussi de cette couleur, que c'est le loup qui prend le dessus. Alors sans tarder, je me retourne et plante mes crocs dans le cou de l'homme qui me tenait le bras droit. Il me lâche et hurle. Je m'empresse de tourner sur moi-même et je griffe le visage du second.
Quand je me remets face à Louis, la pointe de son poignard chatouille le dessous de mon menton. Je relève légèrement la tête et le regarde, le sang de son ami qui coule de mes lèvres.
— J'ai mordu l'un de tes amis et je suis un Alpha, si la lune le veut, il deviendra comme moi... est-ce que lui aussi tu le tueras ?
— J'ai promis à ton père de te tuer et de venger notre honneur en tuant Maximilien. Nous avions tous un pacte !
— Le pacte était de tuer Marius, que Max vole son pouvoir et qu'il vous laisse tranquille.
— Exactement et rien ne s'est déroulé comme convenu. Il a laissé son frère en vie parce qu'il n'a pas le cran de le tuer !
Je serre mes dents, ma jambe me fait terriblement mal, j'ai chaud, comme si j'avais de la fièvre et la pointe de sa lame en argent chatouille ma peau de petits picotements désagréables.
— Peut-être que Max n'en est pas capable mais que quelqu'un d'autre pourrait le faire, mon frère, intervient Alice.
Je vois le visage de Louis se décomposer littéralement. Elle vient se poster près de moi, alors que Louis ne baisse pas sa garde pour autant.
— Alice... ? C'est... c'est impossible parce qu'on t'as enterrée, je m'en souviens très bien, je...
— J'étais en vie quand ils m'ont enterrés.
— Je... je...
— Et le loup qui a tué nos parents... c'était moi.
Je crois que Louis est sur le point de tomber dans les pommes. Ses yeux sont remplis de larmes qu'il tente de contrôler. Cependant je vois qu'il faibli.
— C'est impossible, putain je suis en train de rêver !
Il se frotte le visage de sa main libre et cligne plusieurs fois des paupières.
— Je retrouve Max et Marius, je les tue et vous lui rendez son enfant.
Louis secoue la tête.
— C'est pas comme ça que ça marche.
— Il y a forcément une entente qui peut être faite, je ne suis pas Max, Louis, tu le sais...
Ce dernier regarde sa soeur, ses yeux brillent, ses lèvres sont pincées, j'entends son coeur qui bat anormalement vite. Je pourrai, en un seul coup, lui briser la nuque, il ne s'en rendrait même pas compte. Mais je suis incapable de faire une telle chose à Alice.
— Baisse ce poignard et laisse Monroe, reprend-elle.
— Je veux qu'il me rende mon enfant, tout de suite. Jess vous a promis quoi, hein ? Que vous pourriez me tuer et qu'ensuite, les deux frères se pointeraient pour me venger et alors là, vous pourrez les tuer ?
— Entre autre... souffle Louis déconcerté.
— Je vais t'apprendre une chose Louis, commencé-je alors il me regarde dans les yeux, Max est mort.
Alice me jette un regard interloquée, tout comme son frère et je relève le menton tout en inspirant profondément.
— Marius l'a tué, déclaré-je.
Louis me toise un instant avant de baisser son poignard d'un geste nonchalant. Il secoue la tête, se masse les globes oculaires et nous tourne le dos, les mains sur la tête, son poignard à la main.
— Putain ! Je peux pas... je peux pas laisser Monroe partir... marmonne-t-il.
— Dans ce cas je tuerai Marius ! rétorque Alice.
Avant que Louis ne se retourne, je le saisis, derrière lui, sur la pointe des pieds ignorant la flèche qui paralyse ma jambe, je passe mon bras autour de son cou et le serre avec mon avant bras. Pris par surprise, il lâche son poignard et lorsque je me retourne, je fais face à Alice. Ses yeux sont jaunes comme ceux de son loup, je suppose qu'elle craint pour la vie de son frère mais moi, de mes doigts munis de longues griffes, je menace de trancher la gorge de Louis. Je la regarde, avec mes yeux d'Alpha et je sais qu'elle voudrait se soumettre mais que sa volonté de sauver ce qui lui reste de sa famille la pousse à contester mon geste.
— Monroe... lâche le...
— Pourquoi ? grogné-je. Pourquoi je devrais relâcher un assassin ?
— Parce que tu n'es pas comme ça, toi...
— Tu n'en sais rien... grommelé-je.
Je tiens Louis, je pourrais, en un claquement de doigts, lui arracher la trachée et le regarder se vider de son sang. Je pourrais, en un claquement de doigts, venger ma mère et Lizzie... cette pauvre petite Lizzie.
— Monroe...
— Non ! m'exclamé-je dans un grognement bestial. Ils ont enlevé mon enfant, Louis a tué une gamine d'à peine dix ans ! Je ne peux pas le relâcher Alice, tu m'entends ?
J'approche mes lèvres de l'oreille de Louis, tout en appuyant mes griffes contre sa gorge. Je peux même sentir tout son sang affluer dans ses veines tant il est animé par la peur.
— Où cette garce a-t-elle emmené mon bébé ?
— À ton père, c'est certain, répond Louis aussitôt.
— Mon père...
— Il déteste les loups-garous tu le sais bien, ta mère t'avait tout expliqué.
La dernière fois que j'ai vu mon père, c'était sur cette falaise, quand Max avait jeté Marius dans la rivière en contrebas et je me souviens de son regard, de ses paroles. Il ne me voyait plus que comme un monstre et non comme sa fille.
— Monroe, je veux t'aider à retrouver ta fille mais si tu tues mon frère alors...
Alice se pince les lèvres, les yeux embués de larmes. Ses yeux humains, puisque finalement, elle semble avoir abandonné l'idée de se battre.
— Si tu me tues Monroe, tous les chasseurs se ramèneront ici et brûleront la maison, vocifère Louis.
— Vous m'avez enlevé mon enfant...
— Monroe, s'il te plait, insiste Alice.
Finalement, d'un geste lent et à contre cœur, je relâche Louis. Il s'écarte de moi et avant qu'il ramasse le poignard, je le prends, me retourne et je le lance, alors il se plante aussitôt dans la poitrine du type que j'ai mordu au cou. Ce dernier ouvre la bouche, de sang coule sur ses lèvres avant qu'il ne tombe à genoux et ne s'écroule sur le sol. Son camarade, griffé au visage et défiguré par les boursouflures de sa plaie déjà infectée, s'apprête à se jeter sur moi mais Louis lui hurle de s'arrêter, alors il le fait et me regarde, haineux, les mâchoires serrées.
— Remercie moi Louis, je t'ai mâché le travail, non ? sifflé-je entre mes dents.
Il me jette un regard.
— Tu as tué l'un des notres, je tue l'un des tiens. Maintenant, les compteurs sont remis à zéro. Oh, et... remercie ta soeur, si elle n'avait pas été là, tu baignerais déjà dans ton propre sang.
Je détourne les yeux pour les poser sur Alice, mon amie d'enfance, mon "âme soeur" que je commence déjà à détester.
— Débrouille-toi comme tu le veux mais retrouve ma fille, sinon, je tue ton frère, tu entends ?
Elle se contente de hocher la tête.
Alors j'avance tout en boitant et passe à côté d'elle, pour rentrer à la maison et rassurer tout le monde, cependant Alice saisit mon bras.
— Monroe, je...
Je le retire aussitôt de son étreinte et lui coupe la parole.
— NON ! m'exclamé-je. Tu es maman, tu sais très bien à quel point c'est douloureux. Alors non, je ne veux rien entendre. Je suis une mère moi aussi et je suis une mère en colère. Je te laisse vingt quatre heures, débrouille-toi avec ton frère.
Sur ces mots, je retourne à la maison. Ils ont recouvert le corps de Tristan avec un draps, Daniela pleure dans les bras de Martha, Théo et Serge font les cents pas mais quand j'entre dans la maison, ils se tournent tous vers moi. Je les regarde, les bras ballants, les larmes au bord de mes yeux.
— Max est mort, annoncé-je d'une voix monocorde.
— Quoi... ? souffla Serge.
— Je l'ai vu, il y a plusieurs mois déjà, Max est mort, Marius l'a tué. Oui, je sais, m'empressé-je de dire, il est mort à cause de moi, je suis au courant. Mais vous voyez, tout va rentrer dans l'ordre, nous allons trouver Marius et le livrer aux chasseurs, ils me rendront mon enfant et nous laisseront en paix après ça. Et moi... je disparaîtrai, comme vous le souhaitez depuis mon arrivée ici.
— Mais comment on va faire sans Alpha si tu pars... ? Balbutie Martha.
— Des yeux rouges et une Lune possessive, c'est vraiment ce que vous voulez ?
Personne ne me répond.
— Alors vous avez votre réponse, vous pourrez vivre sans Alpha.
Après ces quelques mots, je monte les escaliers d'un pas lent et difficile à cause de ma blessure, sous leur regard à tous et je m'enferme dans la chambre où dormait ma fille. J'attrape son ours en peluche et le serre contre moi tout en me laissant glisser contre le mur.
Mon enfant a disparu, Max et Marius aussi et je me retrouve, pour la première fois depuis sept ans, réellement seule.
J'arrache la flèche dans un grognement contrôle, je laisse mes larmes couler et ferme les yeux, les jambes repliées et mon nez contre l'ours en peluche.
— Pitié... Marius, Max, Sam... pitié... revenez... revenez...
Je n'ai pas l'étoffe d'un alpha, je suis trop faible pour cela. Toute ma vie j'ai voulu paraître froide, distante, je n'aimais personne et ne voulais aimer personne et aujoud'hui je sais pourquoi. Dieu comme c'est douloureux de voir ses proches disparaître.
Et surtout, je me rends compte à quel point ils sont ma faiblesse.
Mes émotions sont ma faiblesse.
Je suis une bombe à retardement, je suis pire qu'une tornade, toutes les personnes qui m'approchent sont maudites et le payent de leur vie.
Alors pourquoi la Lune m'a-t-elle choisie ?
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