12. La maison 🌓
La nouvelle couverture vous plait ?
Moi ouiii.
À gauche Marius et à Droite Max. Attention, c'est seulement pour illustrer la couverture. En gros Max a de la barbe et pas Marius, Max est tatoué mais pas Marius... bla bla bla.
Leur maison, c'est en réalité un manoir. Il est très grand. De l'extérieur, la nuit qui plus est, il est impressionnant et terrifiant. Il tire sur le gothique, le rustique... mais l'intérieur est incroyable. Légèrement sombre mais pas trop, en plus des lustres aux lumières chaleureuses au plafond, des bougies sont allumées ici et là ce qui donne un aspect chaud à la demeure comparé au froid qui court dehors.
Apparemment ici, tout le monde a sa chambre mais personne ne sort du domaine sans l'accord de Marius. Ils doivent rester en « meute » et ne jamais se séparer. S'ils sortent, c'est à plusieurs.
Le salon est très grand, plusieurs canapés sont à disposition et une cheminée remplace la télé. Je ne suis donc pas dépaysée de chez moi ou bien de la cabane de Max. Je n'ai jamais été très télévision mais plus bouquin, plaid et chocolat chaud. D'ailleurs, une grande bibliothèque surplombe le mur à notre droite, des centaines de livres y sont rangés. Pour ne pas faire tâche, un piano à queue bordeaux vernis habille la pièce. Visiblement, ils ont de l'argent.
Marius passe son bras sur mes épaules et approche ses lèvres de mon oreille.
— Bienvenue à la maison, petite louve.
Je me retire de son étreinte et croise les bras, démontrant que je reste fermée. Ce n'est pas mon ami et je ne sais pas à quoi il joue mais je n'aime pas ça.
— Ce n'est pas la maison, grogné-je.
Il passe une mèche de ses cheveux derrière son oreille, me dévisage puis penche la tête sur le cote.
— Tu t'y feras tu sais.
— À quoi ?
— À mon autorité.
Je pouffe de rire puis hausse les sourcils.
— Je n'ai d'ordres à recevoir de personne.
— Je suis l'Alpha.
— Pour eux oui, pour moi... tu n'es qu'un inconnu.
Il se rapproche de moi, je recule de plusieurs pas jusqu'à me retrouver collée contre le mur de pierres derrière moi, près de la bibliothèque. Il s'arrête à quelques millimètres de mon visage et frappe son poing contre le mur. De la poussière en réchappe et quelques gravillons. Je sursaute, lève mon épaule par réflexe pour protéger une parcelle de mon visage mais ne détourne pas les yeux.
— Tu dois m'obéir.
— Je ne suis pas comme vous...
— Si mon poing écrase ta jolie petite tête, tu comprendras que si.
Je ne comprends pas ce qu'il veut dire. Je le regarde alors simplement, demeurant muette tandis qu'il garde ses yeux bleus plongés dans les miens.
Max pitié revient.
— Tu veux essayer ? Reprend-il.
Viens m'aider.
Marius recule d'un pas et retire son poing de l'empreinte qu'il a laissé dans le mur. Il semble avoir une force incroyable. Comme Max la fois où il littéralement arraché la portière de sa voiture. Il resserre ses doigts, faisant craquer ses phalanges les unes à la suite des autres. Il prend de l'élan puis l'abat sur mon visage, je me cogne contre le mur, mes jambes flagellent, je m'écroule sur le sol, à ses pieds, les mains sur le visage. Je me suis mordue la lèvre, le goût de mon sang imprègne déjà ma langue.
— Tu vois, t'es à mes pieds.
Mon cœur palpite contre ma poitrine, je sens ma lèvre inférieure doubler de volume et la douleur paralyser ma mâchoire. Il s'accroupit et relève les mèches de mes cheveux qui tombent sur mon visage. Je ne le regarde pas, humiliée et blessée.
— Tu le comprendras bien assez tôt et tu oublieras ce stupide lien qui t'unie à mon frère.
— Laisse-la !
Je relève la tête en même temps que Marius. Max est là, ses vêtements déchirés, son chignon habituellement parfait est déstructuré et du sang tâche sa peau, se mêle à sa barbe...
— Frangin, on dirait que t'as pas eu assez de temps pour réfléchir à ton erreur.
Il se rapproche de Marius qui se relève tandis que je reste par terre et ils s'affrontent tous les deux comme deux taureaux en période de rûte.
— J'ai eu le temps de réfléchir, mais je ne conçois pas de frapper les femmes.
— C'est une louve, rétorque Marius. Pas une femme.
Quelle est la différence ?
— Elle ne contrôle rien pour le moment. Elle n'est pas comme nous.
— Elle le sera.
— Elle est ici, tu as ce que tu voulais... un pion de plus dans ta meute, laisse-la s'installer maintenant et laisse lui le temps.
On dirait presque qu'il a entendu mon appel.
— Un pion de plus ? C'est une chance de plus de garder nos racines en ces lieux, Maximilien. Il y a quelques temps, tu ne demandais que ça et ça a changé si rapidement tout ça pour... une rouquine arrogante ?
Max ne répond pas. Marius me jette un regard alors je lui rends, le mien est empreint de dédain. Il détourne les yeux et ricane.
— La lune vous uni mais la lune n'a pas tous les pouvoirs.
— Tu ne peux pas dire ça, Marius ! Riposte Max.
L'Alpha contourne son frère pour quitter le salon.
— C'est moi qui ait tous les pouvoirs. Votre lien, je le briserai, affirme-t-il avant de nous laisser.
Pourquoi tant de haine envers nous ? Envers ce que nous avons ? Max me tend sa main que j'attrape volontiers pour me relever. Je le regarde un instant, il est neutre et distant. Je peux le sentir à ce contact malgré toute cette électricité qui passe.
— Merci...
— Ta chambre est à l'étage.
Je ne dis rien alors qu'il lâche ma main. Je sais qu'il est rabat joie mais à ce point...
— C'est la seule pièce qui a une porte ouverte, rajoute-t-il.
— Entendu...
Je passe à côté de lui et le frôle, je sens son regard sur moi, je sens ce contact qui hérisse ses poils comme les miens. Puis je m'aventure à l'étage de cette grande et étrange demeure. Je n'ai vu personne encore et à vrai dire, tant mieux. La porte du fond est ouverte à ma droite alors je m'y rends. Le couloir est grand, seulement décoré de vieux meubles en bois et quelques vases vides, sans fleurs. J'entre dans la pièce qui sera ma chambre. Un grand lit m'y attend, les draps ont l'air frais, sans plis... Une fenêtre à gauche du lit trône et doit illuminer la pièce en journée, les rideaux sont tirés mais je me vois déjà regarder par là et écrire des chansons. Une commode fait face au lit et deux tables de chevet l'entourent, une lampe sur l'une, rien du tout sur l'autre. C'est assez vide et monotone mais au moins, je ne dors pas dans la paille, comme cette fois où Max m'avait attachée.
Je m'assois sur le bord du lit, les mains sur les côtés et je fixe un point droit devant moi. Je sens mon pouls dans ma lèvre, si je ne suis pas défigurée, j'ai de la chance.
— Comment il est ?
Je me retourne tout en me levant lorsque cette voix aiguë me surprend. Une jeune fille se tient à l'entrée de la chambre. Elle est blonde, les cheveux tressés et porte une robe bleue, comme ses yeux.
— Comment il est le loup à l'intérieur ?
— Euh... Salut... ?
Je n'ai jamais su m'y prendre avec les enfants. J'ai du mal à croire que cette fille puisse se transformer. Je me souviens encore de l'atroce douleur que ça engendre... un enfant ne peut pas subir ça.
— Le mien est peureux... parfois je dois attendre plusieurs heures avant qu'il ne sorte alors que la pleine lune est haute dans le ciel depuis longtemps.
Ils parlent comme si la bête était un être à part entière de leur propre personne. Il est vrai que j'ai du mal à croire que je puisse me transformer en animal sans mourir et de toute façon, comment en avoir les souvenirs ? Comment rester conscient ? C'est si douloureux...
— Le tiens, il est comment ? Reprend-elle.
— Il... je ne sais pas...
— Lizzie, si tu laissais notre nouvelle amie s'installer tranquillement ?
Je reconnais la voix de Marius ainsi que son odeur poivrée avant même qu'il n'apparaisse près de la petite fille. Mon visage se ferme aussitôt, je croise les bras. La petite Lizzie s'en va rapidement et nous laisse seuls. Marius se permet d'entrer, enfonçant les mains dans les poches de son jean et il regarde autour de lui, comme s'il ne connaissait pas la pièce. Je le suis des yeux, immobile, les bras contre ma poitrine.
— Ta chambre te plait-elle ?
— Elle me plairait mieux si tu n'étais pas là.
Il sourit légèrement puis pose ses yeux sournois sur moi.
— J'aime ta répartie Monroe. J'aime le fait qu'on me résiste.
Il s'appuie contre la commode et m'observe. Je sens sa puissance, je sens sa noirceur. Cet homme est mauvais. Il a beau être un Alpha, un leader et le maître de cette maison, pour moi, il est nocif.
— Comment Max t'a-t-il apprivoisée ?
Je hausse les sourcils.
— Pourquoi ça t'intéresse ?
— Tu es cinglante... j'aimerais simplement savoir comment t'aborder sans risquer de me prendre un coup de crocs.
Je n'aime pas ses jeux de mots.
— Max n'a eu besoin de rien faire. Max c'est...
— Ton Alpha ?
Cette fois, les yeux de Marius deviennent plus sombres et son rictus disparaît. Entre autre oui, Max est mon Alpha, mon repère, mon pilier, mon idéal, mon fantasme, mon rêve... tout. Il est absolument tout. C'est terrible de ressentir une telle attraction pour quelqu'un alors que je le connais que trop peu.
— Monroe, il n'y a qu'un seul Alpha.
— Je ne comprends rien à vos traditions et je m'en cogne. C'est un défi pour toi, de vouloir "m'apprivoiser" comme tu le dis si bien ?
— Évidemment, répond-il comme si c'était une évidence.
Max et Marius sont deux frères, cela se voit, se ressent. Cette sérénité qu'ils dégagent tous les deux... bien que derrière ce calme, une tempête fait rage. Ils sont tous les deux séduisants. L'un est couvert de dessins encrés dans sa peau à jamais, l'autre est plus neutre, plus classique. Mais leurs traits sont similaires et pourtant, je sens une atroce rivalité entre eux. Deux frères ennemis.
— Nous n'avons jamais eu, je dis bien jamais, eu, de louve comme toi, Monroe.
Je n'ai rien de différent, je ne comprends pas leur engouement.
— Toi, tu devrais être morte, mais tu ne l'es pas... on ne transforme pas les humains, on ne peut pas.
— Ah bon ? Vraiment ?
Je décroise les bras, mon arrogance prend les devants, comme trop souvent.
— Les Alphas ne sont-ils pas en capacité de transformer quiconque, normalement ? Enfin... tout ce que j'ai pu entendre sur les loups-garous affirmaient la même chose... alors... c'est étrange. Es-tu sûr d'être un Alpha ? Ce ne serait pas plutôt M...
— Assez ! gronde-t-il.
Je retrousse mes lèvres, affronte sa colère qui soudainement a explosé. Je l'ai cherché. J'ai hérité du mauvais caractère de mon père. Je n'arrive jamais à garder ma langue dans ma poche.
— Tu ne sais rien ! RIEN !
Lorsqu'il cri, un grognement s'y mêle. Un grognement bestial, animal... celui d'un loup enragé... un loup contenu dans une cage. Son propre corps. Cela m'impressionne sur le moment, m'effraie même. Comme si, effectivement, le loup et lui étaient deux individus différents. Il se rapproche de moi, ses yeux sont plus bestiaux, plus féroces, sa testostérone remonte, son instinct primitif aussi. Je peux tout sentir. Tout. J'en frissonne, la tête levée pour affronter ses yeux de loups, je me sens ridicule, faible et en danger.
— On ne défie pas son ALPHA.
Chaque fin de phrase est mêlée au grognement de la bête à l'intérieur de son corps. Comme si elle souhaitait sortir et me sauter à la gorge. Ses poings sont serrés, ses veines ressortent sur ses bras, les manches de sa chemise étant relevées... les tendons de son cou saillent, la peau de son visage rougit comme s'il luttait, sa respiration est forte, rauque...
— Et tu le comprendras, Monroe. Crois-moi, tu le comprendras. Tu te résouras à m'écouter, à m'obéir. Parce que je suis le SEUL maître de ces lieux. Tu entends ? Max n'est RIEN ! Rien sauf un lâche ! Tu le comprendras bien assez tôt ! Tu le comprendras quand tu te rendras compte que votre lien... votre fichu lien ridicule... ne lui importe pas...
Il commence enfin à se calmer, ses veines s'estompent, ses yeux retrouvent une couleur plus humaine et sa respiration ralentit. Je reste néanmoins sous le choc, les yeux grands ouverts, l'air hébétée. Il baisse le regard un instant avant de le relever vers moi et de glisser ses doigts sur ma joue brûlante tant j'ai eu peur.
— La seule chose qui le rendra faible, lui qui est un homme avant tout...
Il cale ses doigts sous mon menton pour me faire relever légèrement la tête, comme s'il souhaitait m'admirer. Cette fois, je n'ose ni parler ni bouger. Une créature vit en lui. Je l'ai vu. Je l'ai sentie.
— C'est ta beauté si pure.
Je ferme les yeux, je sens une larme brûler l'un d'eux, comme si elle menaçait de couler. Il me lâche finalement, ce qui fait redescendre la tension d'un cran et il s'éloigne de moi.
— Fais de beaux rêves, Monroe.
Il ferme la porte derrière lui. Je reste seule, dans une chambre qui ne m'appartient pas, dans une maison qui n'est pas la mienne. Je passe mes mains sur mon visage tout en poussant un profond soupir.
Mon premier réflexe est d'ouvrir les rideaux, la fenêtre contient un rebord sur lequel je m'assois, les jambes contre ma poitrine. Je regarde l'extérieur et sa forêt, sa végétation sauvage et sa lune qui domine tout dans le ciel.
Sa lune presque pleine.
Je vous remercie d'avoir lu !
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