11 - Duel fraternel 🌗
Marius descend aussitôt les escaliers et s'avance vers Max qui se trouve dans l'entrée. Il serre les poings, ne s'arrête pas mais c'est Marie qui se poste entre eux deux. Elle pose ses mains sur le torse de Marius et l'arrête aussitôt.
— Marius ! Contrôle toi ! Couine-t-elle.
Marius ne la regarde même pas, il fait une tête de plus qu'elle et fixe son frère droit dans les yeux. Moi je reste en retrait, n'osant approcher ni Marius ni Max.
— Pousse-toi de mon chemin, grogne Marius, laisse-moi lui faire sentir comme je suis vivant.
— Marius, non, interviens-je. Écoute ce pour quoi il est venu.
Il se redresse et lève le menton, ses lèvres sont retroussées, ses yeux sombres, ses poings sont si serrés que ses phalanges blanchissent. Max reste face à lui, muet. Il me regarde un instant, et il parait soudainement soulagé alors il se concentre sur son frère.
— Tu as à peu près dix secondes pour m'expliquer ta venue ici avant que je ne t'éventre sur place, menace Marius.
Max ne bouge pas de sa place. Les deux frères se tiennent à deux mètres l'un de l'autre. Max semble seul mais l'est-il vraiment ? Comment a-t-il fait pour trouver où nous étions ?
— J'ai beaucoup réfléchi ces sept derniers jours, commence Max.
Je vois que Marius ne cesse de serrer et desserrer ses mâchoires. Ses mains le démangent, il aimerait se jeter sur son frère mais il tente de contenir sa haine.
— Et j'ai pensé à une chose...
Il marque une pause pour jauger la réaction de son petit frère.
— On a tous les deux perdu une personne qui nous était chère.
Marius penche la tête sur le côté l'air interrogateur.
— Lizzie... souffle Max.
Je baisse la tête et me pince les lèvres. À la prononciation de ce prénom, mes yeux se remplissent de larmes et mon cœur se fend.
Marius déglutit et inspire profondément. Max met un temps avant de reprendre son monologue. Probablement attendait-il une réponse de la part de son frère mais il est bien trop occupé à lutter contre sa soif de vengeance.
— Je sais que c'est inévitable, qu'il faudra qu'on se confronte une bonne fois pour toute toi et moi mais... aujourd'hui, on a un ennemi commun. Les Chasseurs sont nombreux, entraînés et ils n'ont aucune pitié. Ils reviendront. Ils continueront. Jusqu'à ce que tu sois mort.
— Pourquoi tu ne me livres pas à eux dans ce cas ? Tu n'attends pas que ça ? Que l'Alpha meurt ? Répond Marius.
— On risque autant que toi, ils ne me font plus confiance. Ils pensent que je leur ai menti, que toi et moi, on a fait semblant.
— Rien à faire ! Hurle Marius.
Il s'approche de son frère et le pousse, si fort que Max se cogne contre le mur derrière. Je souhaite intervenir mais Dickon poste son bras devant moi, me faisant signe de ne pas m'immiscer dans cette histoire. Marius appuie sa main contre le mur et approche son visage de celui de Max, il le regarde droit dans les yeux.
— Cite moi une seule raison qui m'empêcherait de te tuer pour ce que tu m'as fait.
— Monroe, souffle Max.
Marius le regarde, immobile et moi aussi, je demeure immobile. Max sait que si Marius le tue, je serai blessée, peut-être même meurtrie par notre lien brisé.
— Je sais ce que tu lui as fait, reprend Max.
Marius se tourne légèrement vers moi, je croise son regard avant qu'il ne se concentre à nouveau sur son frère. Finalement il se met à rire légèrement. C'est clairement un rire ironique.
— Regarde nous, Maximilien, toi et moi, liés par une morsure, liés à deux filles, et ces filles elles-mêmes sont liées à nous. Imagine une seule seconde si notre père avait vu ça...
Max relève le menton.
— Je sais...
— Qu'est-ce que tu as fait à Jess ?
Marius demande ça en retirant sa main du mur et en reculant d'un pas, bien qu'il reste menaçant envers son grand frère, on dirait qu'il a besoin de vérité. Dickon reste près de moi, je suppose qu'il n'a pas envie que je fasse quelque chose de stupide. Marie et lui semblent dévoués à Marius maintenant et je suppose que toute cette histoire les à lier tous les trois, d'une façon différente que par la lune, mais ça reste un lien puissant. Max lisse sa moustache tout en se décollant du mur, l'empreinte de son dos y est encore, il s'est brisé sous la force de son poids. Marius n'y a pas été de mains mortes.
— Je t'avais fait une promesse, enfin... j'avais fait une promesse à mon petit frère.
Marius demeure silencieux pourtant, je sens une si grande tension en lui...
— Je l'ai tenue, au moment où je devais la tuer, j'ai été faible, j'ai été incapable de le faire. Je me sentais tellement coupable de ton bannissement, je pensais encore à mon petit frère... Mais quand tu es revenu...
Max dit cela, mais ses larmes noient ses yeux ce qui me touche. On dirait qu'il ne parvient pas à contrôler ses émotions. Je ne vois pas le visage de Marius, je ressens juste sa tension, seulement toute cette souffrance qui l'anime.
— Tu n'étais plus mon petit frère...
Il marque une pause, inspire profondément et cligne plusieurs fois des paupières pour reprendre ses esprits, pour retenir ses larmes qui menacent de couler et le trahir. Elles le trahissent déjà, Marius les voit, je les vois, nous les voyons tous.
— J'ai eu peur, j'ai eu tellement peur, de toi... Je ne savais pas quoi faire, je pensais que si tu voyais Jess, si tu apprenais que je t'avais menti, tu m'aurais tué et elle aussi...
— Bien-sûr... souffle Marius entre ses dents.
Il semble beaucoup plus calme, sa voix tremble légèrement, je ne parviens pas à savoir ce qu'il peut ressentir.
— Je l'ai mordue, avoue Max. Je voulais que le lien qu'elle avait avec toi disparaisse et qu'elle puisse partir loin de toi, refaire sa vie...
Marius passe sa main dans ses cheveux.
— Ma question est : est-ce que tu l'aimais avant que je ne sois banni ou après ? Grogne-t-il.
— Pourquoi cette question ? souffle Max.
— Parce que je me dis qu'on m'a pris pour un abruti toute ma vie et que tu avais beau "aimer ton petit frère" comme tu sais si bien l'expliquer, au fond, tu ne m'as jamais réellement aimé et tu espérais que je finisse faible. Tu étais comme notre père, tu souhaitais tellement vivre la même chose que moi, tu souhaitais tellement être un Alpha, parce qu'on t'a enfoncé ça dans le crâne. J'ai mordu une fille et ce n'était même pas volontaire ! À partir de ce moment là, j'ai été vu comme ton foutu rival alors que j'en avais foutrement rien à faire de tout ça ! Moi, j'ai toujours souhaité être libre de mes choix ! Je ne veux donc pas entendre d'excuses, je ne veux pas que tu sortes les violons non plus, tu as eu peur de moi et tu as eu raison, c'est la seule chose que j'avais besoin d'entendre.
Max croise les bras.
— Sors de chez moi, gronde Marius.
— On a un ennemi commun, Marius.
— Tu veux réunir deux meutes différentes ? Mais qui jouera l'Alpha ? Hein ?
Marius dit cela en se rapprochant de lui, les yeux plongés dans ceux de l'autre, ils ne se lâchent pas du regard. Un véritable duel de force et de contrôle. J'ai l'impression qu'ils se détestent mais s'aiment à la fois. Un amour fraternel destructeur et impitoyable.
— Nous deux, souffle Max.
Marius secoue la tête et laisse ses épaules s'affaisser.
— Au moins pour un temps, reprend Max.
J'espère sincèrement qu'il est sincère.
— Les Chasseurs ne savent pas où tu te trouves alors... ils auront un train de retard, on pourra se préparer, les repousser.
— Alors tu as voulu me tuer pour eux et maintenant je dois te faire confiance pour eux... c'est incroyable, souffle Marius. Tu sais toujours tout retourner à ton avantage Max.
— On fera le nécessaire à la fin de cette guerre, grogne ce dernier.
Marius fait claquer sa langue contre son palais, on dirait bien qu'il réfléchit, qu'il pèse le pour et le contre. Il tourne le dos à son frère un instant, quand il relève les yeux, il croise mon regard mais détourne le sien bien rapidement.
— Dis-le, grommelle Marius à l'intention de son frère.
Il se retourne vers lui.
— Dis ce que je veux entendre, assume-le et peut-être que j'approuverai cette entente. Au moins pour un temps.
Max soupire et baisse la tête un instant. Quand il regarde à nouveau son frère, je descelle une certaine fierté qu'il met de côté. Pour une fois, ils le font tous les deux.
— J'ai besoin de toi, mon frère...
Marius demeure silencieux un instant.
— Vas chercher tes toutous, ordonne-t-il.
— Merci...
— C'est ça, vocifère Marius.
Il tourne aussitôt le dos à son frère et monte les escaliers d'un pas lent et lourd. Je regarde Max un instant alors que Dickon retire enfin son bras. Max aussi me regarde, finalement, je fais volte face à mon tour et je monte pour rejoindre Marius.
Quand j'entre dans sa chambre, je le vois qui fait les cents pas tout en se rongeant les ongles. Il s'arrête quelques secondes pour me jauger puis reprend ses allers retours, comme une bête en cage.
— Laisse-moi tranquille, Monroe, peste-t-il.
— Non...
J'entends son cœur qui palpite contre sa poitrine, si fort qu'il doit en souffrir.
— Vas le rejoindre, fais quelque chose mais éloigne-toi de moi ! crie-t-il en se tournant vers moi.
Je déteste qu'il me crie dessus, alors je reste statique et je le regarde, lui aussi d'ailleurs, ses yeux envoient des éclairs, les tendons de son cou saillent tant il est tendu. Il respire fort et s'avance vers moi, aussi menaçant qu'il l'a été avec Max alors je recule, encore et encore jusqu'à me retrouver coller contre le mur, le souffle coupé. Il frappe son poing contre le mur à côté de mon visage ce qui me vaut un sursaut et me fixe, il est proche de moi, son visage aussi et je ressens absolument tout, à tel point que moi aussi, j'ai mal.
— Je comprends pas ce que tu attends de moi, dit-il entre ses dents, mais quand je te demande quelque chose, fais-le !
— Tu me repousses alors que tu ne le veux pas...
— Je suis dangereux, tu le sais pourtant.
— Je m'en fiche.
— Tu as peur de moi, je le vois dans tes yeux.
Je ne dis rien, je ne regarde que lui, je pose mes mains tremblantes sur ses joues mais il attrape aussitôt mes poignets qu'il colle contre le mur, il me maintient comme ça et me toise comme un animal féroce.
— Tu as peur de moi... souffle-t-il à nouveau.
— Tu n'as pas vu ? murmuré-je, j'aurais pu rejoindre Max aussitôt et je ne l'ai pas fait...
— Tu le feras.
— Aujourd'hui, je ne l'ai pas fait.
Marius me lâche enfin et s'éloigne de moi, finalement, il met un coup de pied dans sa table de nuit qui se fend sous sa force. Il passe ses deux mains dans ses cheveux tout en inspirant profondément et lorsqu'il souffle tout l'air, il serre les mâchoires. Je m'approche de lui, il est dos à moi mais je passe mes bras autour de sa taille et me blottit contre lui. Il reste immobile et fixe un point droit devant lui, je pose ma tête contre son dos.
Cela me rappelle cette fois, quand il avait découvert la maison en feu, quand il avait explosé, j'avais agi de la même manière. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ce que je ressens pour Marius est différent de tout ce que j'ai ressenti jusqu'alors pour un homme et je ne parviens pas encore à mettre le doigt sur ce que c'est.
— Je veux que ce soit toi mon Alpha, murmuré-je.
Il descelle mes mains pour que je le lâche et se tourne vers moi.
— C'est toi que je veux suivre, déclaré-je.
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