10. Max 🌑
— Je suis né avec ce gène de loup-garou. Ma première transformation remonte à mes douze ans, à partir du moment où ma puberté a commencé. Aujourd'hui j'en ai trente, je connais la douleur, le temps que ça prend et j'arrive parfois à me souvenir de mes nuits. J'ai jamais attaqué personne, mes parents m'ont éduqué de sorte à ce que je ne sois pas dangereux. Les soirs de pleine lune, on reste ensemble avec la meute, on reste groupé et on chasse en meute.
— Vous chassez les êtres humains.
En disant cela, je passe ma main sur la cicatrice de morsure sur mon épaule. Je suis assise en tailleur sur le canapé, un coussin sur les jambes, une bière à la main. Max se tient à côté de moi, face à moi, la jambe légèrement repliée et une bière bien entamée.
— Non... ce soir là j'étais seul.
Je bois une gorgée de ma bière tout en le regardant.
— Une amie à moi est morte un soir, elle était jeune, attaquée par un loup. Et ce n'était pas la première ni la dernière à Hellbound. Les attaques de loup sont fréquentes. Alors ne me mens pas, grogné-je.
— C'est Marius...
— C'est qui ça ?
— Mon frère, l'Alpha.
Max se frotte le visage et pousse un profond soupir.
— Il est spécial...
— Comment il est devenu Alpha ?
— En se montrant plus fort que les autres.
Je l'imagine clairement comme un être ingrat et désagréable. Encore plus que Max qui pour une fois, me semble plus calme et ouvert.
— Et il tue les êtres vivants ? M'enquis-je.
— Disons qu'on a une hiérarchie qu'on essaie de tenir. Les plus vieux comme moi ne chassent pas l'humain, parce qu'on nous a appris la discipline. Mon père était un Alpha avant et c'est lui qui faisait de nous une vraie communauté soudée et évoluée. Quand Marius a pris sa place, il a embarqué les plus jeunes avec lui et ceux comme moi persistent à rester aussi dociles qu'avant. Ça crée des tensions au sein de la meute.
— Docile tu dis ? Tu te souviens de ce que tu m'as fait ?
Cette morsure était douloureuse, elle avait bien failli me tuer et aujourd'hui, elle me transforme en loup ! Je tire le col de mon pull et lui dévoile mon épaule avec la marque de ses crocs.
— Regarde bien, c'est toi qui m'a fait ça et tu te dis docile ?
Il regarde un instant puis relève ses yeux sombres vers moi.
— J'étais seul ce soir là. Je me suis pris la tête avec mon frère, nous n'étions pas d'accord sur quelque chose et j'ai vrillé. J'étais en colère, la pleine lune n'a rien arrangé. Toute cette musique et cette ambiance d'Halloween m'énervait ! Je t'ai entendu, et je t'ai sauté dessus et j'en suis désolé, ok ? Crois-moi, j'ai une grande fierté et les excuses j'ai du mal à les cracher.
Je lève le menton et hausse un sourcil.
— Je ne demande pas des excuses.
— Mais je m'excuse quand même. Aujourd'hui, on est dans la merde à cause de moi.
— Arrange ça alors.
— Marius est beaucoup trop fort...
— Et donc ? On va devoir fuir toute notre vie ? T'as peut-être trente ans mais moi j'ai que vingt quatre ans, j'ai encore envie de profiter un petit peu et c'est pas en étant fugitive que j'y arriverai.
Il finit sa bière d'une traite qu'il pose sur la table en la faisant claquer sur le bois puis me lance un regard en coin. Sous son t-shirt, sous sa manche, je devine le muscle qui se dessine sur son bras tendu, son tatouage qui dépasse dans sa nuque... il est incroyablement sexy, mais tout cela, c'est à cause de cette morsure j'en suis certaine.
— Tu profitais de ta vie avant ? S'étonne-t-il.
Je fronce les sourcils sans un mot.
— Monroe, tu baisais avec un étudiant fou de toi et tu restais enfermée dans ton appartement. T'appelle ça profiter ?
— T'es pas censé connaître ma vie.
— Oui mais je la connais.
Je pose ma bière à moitié pleine et me repositionne correctement en tailleur, les mains sur les genoux tout en le défiant du regard.
— Alors dis-moi, Max, t'as profité de ta vie toi ? Ou t'es resté soumis à ton chien de frère ?
Il pose son bras sur le dossier et me fixe sans un mot avant d'esquisser un faible sourire.
— Y'a pas que des hommes dans ma meute et on a le goût de la fête.
— Alors quoi ? Tu baisais des louves et tu faisais la fête jusqu'au bout de la nuit ? Woua, trop cool le programme.
Il hausse les sourcils.
— T'es prisonnier d'un loup, celui qui vit en toi. Tu peux pas avoir profiter, reprends-je.
— Je suis né comme ça et contrairement à toi, je n'ai jamais été malheureux. Je n'ai jamais eu le sentiment d'être infiniment seul.
Aïe. Touchée. Il est doué, bonne répartie, le savoir parler et surtout, il sait toucher ou ça fait mal. Je ne m'avoue pas vaincue pour autant.
— T'es jaloux ?
— Jaloux d'un mec que tu appelles par mon prénom ? Non.
Je lève les yeux au ciel.
— T'es entré dans ma tête !
— J'y peux rien.
— Si ! T'es là, dans mon esprit ! Y'a que ton prénom, que ta tête, que toi dans mon crâne !
— Toi aussi.
Je relève les yeux vers lui, ma colère soudaine s'estompe rapidement.
— Toi aussi t'es dans ma tête, continue-t-il. En réalité, je peux pas trop t'expliquer pourquoi c'est comme ça, j'en sais rien. J'avais jamais transformé personne avant. Mais c'est comme ça. Faut vivre avec.
— Faut vivre avec ? Répété-je. Donc, dire adieu aux relations que je pourrais avoir tout ça à cause d'un mec qui est dans ma tête parce qu'il m'a mordu ?
— À toi de savoir te contrôler. T'es pas obligée de penser à moi dans des moments aussi intimes.
— J'étais pas dans mon état normal.
Et c'était vrai. J'avais vraiment fait n'importe quoi ce jour-là. Je n'étais pas moi-même et je m'en veux vraiment. J'aimerais pouvoir appeler Sam et m'excuser, j'aimerais qu'il me pardonne. Je n'ai pas été très tendre avec lui ces derniers temps, il ne le mérite pas. C'est mon seul véritable ami. Le seul qui s'est toujours soucié de moi.
— Commence par accepter ce que tu es, grogne Max.
Je secoue la tête de droite à gauche.
— Non, je ne peux pas. Ma vie est fichue ! Et même si toi tu trouves qu'elle était nulle, que je ne profitais pas et que j'étais une pauvre fille, cette vie là me plaisait !
— Arrête de hurler sans arrêt.
Son calme m'énerve encore plus. C'est presque une forme d'arrogance que de rester calme de cette façon. Ce n'est pas humain. Ah ça oui, c'est clair qu'il ne l'est pas !
— Tu m'énerve.
— Non, c'est faux.
— Je pense savoir mieux que toi.
— Si t'es sur les nerfs comme ça, c'est parce que tu as une bête en toi Monroe et tant que tu ne l'accepteras pas et que tu ne la contrôleras pas tu seras toujours comme ça.
Je me tais finalement et détourne le regard. Il faut que je me calme, c'est vrai. J'ai l'impression de devenir folle, complètement folle. Je n'ai pas d'autres choix que d'accepter ce qui est en train de m'arriver puisque le retour en arrière n'est pas possible. Puisque je suis prisonnière moi aussi d'un loup qui vit en moi.
— Alors je suis dans ta tête... soufflé-je plus calme.
— Oui.
Je relève mes yeux de chien battu vers lui.
— Et comment tu fais pour aussi bien le vivre ? m'enquis-je.
— Qui te dit que je le vis bien ?
— T'es si étrange...
— Peut-être parce que je ne suis pas totalement humain, déclare-t-il comme si c'était une évidence.
— C'est pas humain d'avoir une telle beauté...
Voilà un compliment qui aurait mieux fait de ne pas passer le seuil de mes lèvres.
— Merci, ricane-t-il.
— Pff...
Je décroise mes jambes puis m'assois correctement sur le canapé, les bras croisés. Max a allumé un feu de cheminée, de sorte à ce qu'on ne meurt pas de froid. Je sens sa main sur la jambe, près de mon genou. Je regarde sa main aux doigts épais puis le regarde lui. Ce simple contact réveille en moi des sens que je ne connais pas. C'est électrisant, captivant. C'est quelque chose d'incroyablement vivant.
— Tu le sens ? Demande-t-il.
Je hoche simplement la tête. Rien que le fait d'entendre sa voix me fait de l'effet soudainement. Je serai capable de lui sauter dessus maintenant.
— Je peux t'assurer que je n'ai ce lien avec personne d'autre, explique-t-il.
— Toi aussi tu le sens ? Demandé-je.
— Oui.
— Et tu ne sais pas ce que c'est...
— Non...
Il se rapproche soudainement de moi, sa main toujours sur ma jambe. Je ne bouge pas, mes yeux restent fixés sur son visage. Je détaille absolument tout. Sa légère barbe parfaitement taillée, ses cheveux attachés dans un chignon, ses yeux bruns, cette légère cicatrice blanchâtre qui démarre sous son œil droit et qui se termine dans sa barbe... Mon cœur palpite tant il est proche de moi et tant ce contact dure encore.
— Qu'est-ce que tu fais, Max ?
Il ne dit rien, approche ses lèvres des miennes. Il ne les touche même pas que je frissonne déjà. Mais alors que nos lèvres étaient sur le point de se goûter, quelqu'un frappe à la porte brusquement. Nous nous redressons tous les deux en même temps et le lien se rompt. Les coups reprennent.
— J'ai rien entendu, merde... ! Grommelle Max.
Il se lève d'un bond, alors je l'imite.
— C'est qui ? Demandé-je.
— Maximilien, je sais que t'es là dedans !
Cette voix provient de derrière la porte. Une voix grave et forte. Quelqu'un frappe alors à la porte de derrière, ils sont donc plusieurs. Je peux entendre les bruits de pas sur le porche. L'individu se penche à la fenêtre et nous dévoile son visage. Sous la pénombre, impossible de distinguer clairement ses traits.
— Sors de là, tu ne pourras pas t'enfuir cette fois. Laisse moi adopter ta petite louve.
Je jette un regard à Max qui reste immobile. Mais pourquoi ne fait-il rien ? J'entends des bruits, des sons, partout autour de la cabane
— C'est Marius... marmonne-t-il.
Marius, l'Alpha.
Visiblement, il est accompagné de sa meute.
Je vous remercie d'avoir lu !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top