10 - La promesse 🌕

Envahie par les ténèbres, c'est comme si mon âme elle-même, détachée de mon propre corps, se balade dans la forêt lugubre de Hellbound sous une pleine lune scintillante et impressionnante. Je débouche alors sur une clairière, où les rayons de la lune éblouissante m'aveuglent.

— Monroe...

Alors que j'avance au milieu de cette clairière, j'entends cette voix familière qui me force à me retourner. Sous ces lumières argentées, je crois reconnaître ma mère et c'est donc à cet instant que je comprends que je suis bel et bien en train de rêver.

— Monroe, écoute moi.

— Comment est-ce que je peux te voir, maman...

Peut-être que je suis morte ? Peut-être que c'est terminé, que le calvaire s'arrête. Mais, ma fille ? Je ne peux pas laisser ma fille.

— L'amour est le sentiment le plus fort qu'un être vivant puisse ressentir. Mais l'amour d'une mère pour son enfant est bien plus intense.

Elle marque une pause et m'observe un instant. Elle semble flotter dans les rayons de la lune.

— Si tu avais été la chair de ma chair, le sang de mon sang... je sais que mon amour aurait été plus grand encore. Cet amour m'a poussé à me retourner contre les chasseurs, même si mes choix n'étaient pas toujours les bons.

— Comment puis-je te voir là...

— Les mauvais choix entraînent de mauvaises choses. Si tu décides de rechercher Marius, tu laisseras ton enfant derrière toi et si tu fais face à ton funeste destin, alors tu entraîneras ton âme sœur dans ta chute.

— Alice... ?

Elle hoche simplement la tête.

— Alice mourra avec toi, et si vous mourrez toutes les deux, vos enfants grandiront sans mère. Sais-tu que dans une meute de loups, les louveteaux sont élevés par leur mère ? Il n'y a que leur mère qui puisse les protéger et les guider.

— Mais Marius...

— Ce sera ta vie contre la sienne. Ce sera, vos vies, contre une seule.

J'aimerais que ma fille grandisse avec sa mère et son père. J'aimerais former une famille, dans ce sublime chalet, là où la vie semblait si simple.

— Le Lien Lunaire ne doit jamais se briser Monroe. Si l'une des âmes sœur péri, alors l'autre ne survit pas.

— Pourquoi ? Qu'est-ce qui crée ce lien ?

— Le véritable amour, le destin qui uni deux âmes. Votre destin à vous est entremêlé, vous êtes six, et vous êtes liés les uns aux autres, chacun a son lien lunaire. Le tiens est avec Alice, ta meilleure amie.

— Je ne comprends pas... je ne peux pas abandonner Marius...

— Ta fille aura besoin de sa mère.


Je me réveille lorsque les pleurs d'un bébé parviennent jusqu'à mes oreilles. Je m'appuie sur mes coudes et me frotte les yeux. Max se lève aussitôt et attrape ma main, me faisant comprendre que je dois me reposer. Je ne sais pas pourquoi mais quand je lève les yeux vers lui, mes larmes ne cessent de couleur et un poids sur le cœur me fait souffrir. Sam non loin de là, garde mon enfant dans ses bras et la berce comme il le peut pour que ses pleurs cessent.

— Monroe... tu t'es écroulée, commence Max, je pense que le fait d'avoir revu Alice t'as déboussolée et...

— Ma mère est morte... l'interromps -je.

Max me fixe un instant tandis que mes larmes ruissellent sur mes joues.

— Nous ne l'avions pas retrouvée ce jour là, quand tu es venu me sauver des griffes de Louis... elle est morte, Max.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Je crois que... je crois que la lune me l'a montré.

— La lune ?

J'essuie mes larmes et me frotte les yeux avant de tendre mes bras.

— Sam, laisse-moi prendre ma fille.

Sam s'avance vers le lit et dépose mon petit trésor dans mes bras. Je la serre contre moi, dépose un baiser sur son front brûlant et commence à chantonner une chanson. Alors doucement, ses pleurs commencent à s'amoindrir jusqu'à ce que seul son souffle vienne bercer le rythme de la comptine que je lui murmure.

C'est la pleine lune demain et je pense que ça a un effet sur le bébé.

Max reste près de moi et son doigt demeure prisonnier de la minuscule petite main de ma fille qui, à présent, garde les paupières closes.

— Alice m'a dit que je mourrai... déclaré-je après un court silence.

Max et Sam me jettent un regard interrogateur et quelque peu surpris.

— Elle m'a dit que si je meurs, elle meurt elle aussi, parce que nous sommes toutes deux liées par le Lien Lunaire. Elle a des enfants et un mari...

— Pourquoi est-ce que tu mourrais ? Interroge Sam.

— En voulant retrouver Marius, apparemment ça n'entraînerait que de nombreux problèmes et j'en payerais le prix...

— Je t'avais dit Max que le retour de cette fille causerait des soucis ! Grogne Sam en passant sa main dans ses cheveux.

Il commence alors à faire les cents pas devant nous, il semble vraiment atteint par ce que je viens de dire et je le comprends. Nous étions si proches tous les deux et nous avons partagé 3 ans de notre vie après l'épisode de la falaise.

— Sam... calme-toi... soufflé-je.

— Elle sort de nulle part et tu la crois ? Gronde-t-il.

Je continue de bercer mon bébé contre moi mais je ne lâche pas mon ami des yeux.

— Je la crois... étrangement.

— Jess m'a bien dit de me méfier des femmes comme Alice et elle a raison !

— Jess ? M'etonné-je. C'est la plus grande menteuse et manipulatrice que je n'ai jamais connu et tu fais confiance à Jess ?

— Oui Monroe, quatre ans se sont écoulés depuis que tu es partie, quatre ans c'est long et...

— Je ne veux pas en savoir plus, j'ai compris.

Sam et Jess forment un couple à priori. Je ne peux pas le détester pour cela, mais je ne peux pas non plus me réjouir pour mon ami. Jess laisse un étrange sentiment de traîtrise derrière elle. Je ne saurai jamais l'apprécier. Je la croyais folle amoureuse de Max, visiblement elle a su passer à autre chose.

— Quand Alice est arrivée, on ne savait même pas où tu étais... explique Max. Mais elle est venue, je... j'ai ressenti ce lien que je ressens pour toi et pour Sam. J'ai su qui elle était. J'ai cru pendant des années avoir tué cette gamine et mon frère a su me faire culpabiliser des mois durant et au final... chaque personne que j'ai mordu s'est transformée.

— Chaque personne que tu as mordu à un lien avec la lune Max. Tu n'as jamais mordu un seul être humain ordinaire.

C'est incroyable quand on y pense. Chaque être humain qui parvient à se transformer et à survivre à ce germe de lycanthrope est un enfant de la lune et c'est comme si c'était Max qui savait les choisir.

— Alors... tu me pardonnes pour ce que j'ai fait à Alice ?

Je le regarde et lui adresse un faible sourire.

— Max...

— Je vais tenir ma promesse Monroe.

Je fronce les sourcils.

— Je vais retrouver mon frère.

Je me redresse légèrement tout en gardant ma fille contre moi.

— Quoi... ?

— Je vais partir à la recherche de Marius et je vais le sauver des griffes de Gabriel. Mais toi... si Alice te dit que c'est dangereux, tu dois la croire...

— C'est des foutaises ! S'exclame Sam.

— Sam, ça suffit, grogne Max.

— Elle sort de nulle part ! On ne peut pas la croire ! On s'est fait piégé tellement de fois... nous avons trop d'ennemis pour baisser notre garde comme ça ! Notre alpha qui s'en va ? La meute sera décimée en moins de deux !

— Sam... insiste Max.

— Elle vient ici et se permet de dire à Monroe qu'elle mourra... ça ne vous fait rien ?

— Bien sûr que si... marmonné-je.

Sam s'accroupit devant le lit près de Max et moi et pose ses mains sur mon bras.

— Monroe, si Max part à la recherche de Marius, nous serons de nouveau séparé. Les chasseurs pourraient en profiter...

— Je partirai Sam, intervient Max, et Monroe ne m'en empêchera pas.

Il dit ceci en me regardant droit dans les yeux.

— Je lui ai fait une promesse. Je pense avoir suffisamment trahi Monroe, je me dois cette fois d'honorer mes paroles.

Je le regarde et je sens mes yeux me brûler. J'ai l'impression de retrouver le Max qui me fascinait tant par son courage, sa volonté et sa détermination. Ce Max qui m'avait fait craquer. Qui m'avait fait voyager.

Sam baisse la tête et se pince les lèvres.

— L'alpha abandonne sa meute pour aller chercher son ennemi, un ennemi contre lequel on se bat depuis des années. Alice a réussi son coup. C'est comme ça qu'on mourra tous. On court à notre perte à tous.

Il se relève finalement et quitte la pièce sans une parole de plus.

Je garde mes yeux fixés dans ceux de Max. Il se redresse légèrement et de sa main, il dégage une mèche de mon front. Ce geste est tendre et inattendu.

— Est-ce que tu la crois ? Demande-t-il d'une voix calme.

— J'ai ressenti quelque chose quand elle a pris mes mains... je... je crois que c'est elle.

Max me toise, inquisiteur, il me pousse à poursuivre mes explications d'un simple regard.

— C'est elle mon âme sœur.

— D'accord, si tu la crois alors je la crois.

— Max...

— Je retrouverai Marius, je le ramènerai ici et vous pourrez élever votre fille ensemble. On évitera la guerre si ça peut t'éviter la mort.

— Et... le pouvoir de l'alpha ?

Max lisse ses moustaches et pousse un soupir. Il observe un instant ma fille et esquisse un sourire.

— J'y renonce si cet enfant peut vivre avec ses deux parents. Je sais que trop bien ce que c'est que de perdre l'un des deux. Je sais à quel point on peut se retrouver perdu, abandonné, en colère... Ce serait dommage de refaire le même schéma.

Mais le même schéma se profile finalement. Comment la mère de Max et Marius est-elle morte ? Peut-être que je connaîtrai le même destin ? Comme si nous étions tous étroitement liés et que malgré les chemins que nous pouvons emprunté, rien ne peut empêcher ce qui doit arriver d'arriver.

Je regarde Max un long moment, j'admire sa beauté, la force de son regard brun, la douceur de ses pupilles.

— Je reviendrai vite, murmure-t-il.

Et j'ai pourtant l'impression que ce ne sera pas le cas. Max pose sa main sur ma joue et essuie de son pouce la larme qui y coule.

— Ne pleure pas, Monroe.

— Merci, Max...

Il se redresse et se penche vers moi pour déposer un briser sur mes lèvres. Je ferme les yeux un instant, je me laisse faire. C'est un échange doux, étrange et à la fois rassurant. Il se détache de moi et me regarde un dernier instant. J'ai la sensation que c'est un adieu.

— Veille sur la meute en mon absence.

Je hoche la tête. Il me tourne alors le dos et se dirige vers la porte.

— Max... interpellé-je.

Il s'arrête mais ne se tourne pas vers moi.

— Fais attention à toi...

Je sais comme Gabriel peut s'avérer être cruel et sans pitié. Max sort de la pièce et referme la porte derrière lui. Je me laisse glisser sur le lit et serre mon enfant dans mes bras. Je ferme les yeux, les larmes au bord de ceux-ci.

La rédemption existe.
Je viens d'en être témoin.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top