1 - Tout va bien puis tout va mal 🌔
Trois ans.
C'est le temps qui a passé depuis ce jour au bord du précipice de Hellbound.
Trois ans.
Sans Max, sans Marius, sans meute.
Il n'y a que Sam avec moi.
On a notre appartement, c'est petit, c'est douillet.
On a chacun notre travail, chacun nos amis, notre vie. Mais on vit ensemble, on couche ensemble, on mange ensemble, on dort ensemble et on se transforme ensemble.
Je sais que la meute a cessé les meurtres depuis la trêve avec les Chasseurs. Le marché était le suivant : plus de guerre uniquement si le nouvel Alpha accepte de ne tuer aucun être humain, les loups pouvant se nourrir principalement d'animaux sauvages les nuits de pleine lune.
À Hellbound, il n'y a plus d'attaque de loup depuis ce jour. Je le sais car Sam continue de communiquer avec Jess, en principe pour avoir des nouvelles.
J'ai décidé de quitter Hellbound pour de bon ce soir là et ne jamais y remettre les pieds. Alors ça fait trois ans que je n'y suis pas retournée et je compte bien continuer.
Les premiers mois furent compliqués, je ne cessais de chasser et tuer et ce, même sans me transformer. Les soirs de pleine lune restaient les pires car le loup était incontrôlable. Alors Sam a su me soutenir et à présent, nous nous enfermons lorsque vient la pleine lune, de cette façon, je ne cause plus de tort à personne et surtout, je ne fais plus de victimes. Cela nous protège et protège les autres.
Le soleil passe au travers des rideaux fins que nous avons installé dans la chambre. Il vient doucement réchauffer la pièce. Sam me prend dans ses bras quand il se réveille alors je me tourne vers lui, passe ma main sous ma joue et l'observe. Il garde ses paupières fermées encore un instant avant d'ouvrir un œil. Je rigole légèrement alors il ouvre le second, tout groggy, décoiffé et le visage appuyé sur son oreiller.
— Aujourd'hui j'ai vingt sept ans, j'espère que t'as pas oublié, déclaré-je.
— Hm... non, mais il est tôt.
— Il est dix heures, il est pas tôt.
— C'est le week-end... on reste au lit, on fait l'amour et on regarde des films.
Je souris légèrement puis lui dépose un baiser sur le bout du nez. Il se redresse en s'appuyant sur son coude, la marque de l'oreiller sur la joue.
— Joyeux anniversaire, souffle-t-il.
Il m'embrasse tendrement, j'en ferme les yeux et me laisse faire. Ensuite, il me regarde, et de sa main, il caresse une mèche de mes cheveux, tout en restant redressé au dessus de moi. Nous nous regardons ainsi de longues secondes et ces gestes doux du matin me font tellement de bien.
— À quoi tu penses Sam ? Demandé-je.
— Est-ce que tu es heureuse avec moi ?
Je pouffe de rire, surprise par sa question.
— Bien-sûr que je suis heureuse avec toi.
— Pourquoi on officialiserait pas ça ?
Je fronce les sourcils et m'assois pour le regarder. Il fait de même, sans me lâcher des yeux. Il est bel homme et je ne pourrais en démentir, les yeux clairs, une grande intelligence, un charisme fou, un corps entretenu. J'ai de la chance, il regroupe tout ce qu'une femme attend chez un homme.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— J'en sais trop rien mais je t'aime et... on pourrait se pacser ?
Je rigole mais je vois que lui, semble très sérieux alors mon sourire disparaît bien rapidement.
— Sam, t'es pas sérieux ?
Il sait comment je suis. Il le sait depuis le début. Être en couple est déjà une première pour moi mais alors officialiser une relation en pensant au mariage ou même au pacse c'est impensable pour moi. M'être éloignée de Max m'a aussi rappelé une chose, je reste une personne qui préfère la solitude à la compagnie. Seul Sam m'est supportable mais de là à penser à ça... ça me semble si tôt, si terrifiant...
— On aura bientôt trente ans, on est des loups-garous alors... je pense pas qu'on rencontrera quelqu'un d'autre qui pourra vivre avec ça. Autant en profiter maintenant, reprend-il.
— Mais... on a encore tellement d'années devant nous.
Je sens mon cœur qui s'emballe et j'ai des sueurs qui me donne terriblement chaud. Il me toise un instant, je ne parviens pas à décrypter ce regard, ce que je sais, c'est que j'y lis une pointe de déception. Puis son téléphone portable vibre ce qui coupe court à la discussion. Il se penche pour l'attraper tout en poussant un profond soupir. Moi je n'en ai toujours pas et cela ne changera pas. La technologie, trop peu pour moi.
— Allô ?
Je reste assise en tailleur, mon oreiller sur les jambes. Ce qui est bien avec le fait d'être un loup-garou, c'est clairement l'ouïe fine qui me permet de tout entendre. Pas besoin d'un haut parleur pour savoir qui est au bout du fil et ce qu'il se dit.
— Sam, c'est Max...
Mes épaules s'affaissent et je me laisse tomber en arrière en appuyant le coussin sur mon visage.
— Max... salut, ça fait longtemps... t'as une voix bizarre, est-ce que ça va ?
— Je sais que vous êtes loin et que vous faites votre vie mais j'ai besoin de vous. Il faut qu'on se réunisse et qu'on parle, c'est important.
Je jette le coussin sur Sam pour qu'il me regarde et je pense que mes gestes sont clairs. C'est NON. Bien qu'entendre la voix de Max me fait un petit quelque chose. Je ne veux pas qu'on s'y rende.
— Euh... c'est-à-dire a que...
Sam bafouille tout en fronçant les sourcils et m'observant secouer la tête et mimer mon refus, il n'y a rien de plus clair. Il est hors de question que je retourne à Hellbound, hors de question que je vois Max, l'entendre est déjà suffisant et hors de question qu'on se mêle à cette meute.
Je me souviens encore de Jess qui a osé se faire passer pour morte tout comme Darius, Rebecca et même Lizzie... c'est impensable. Je ne peux plus les regarder en face. Je ne veux plus vivre au milieu du mensonge.
— Sam, je vous ai laissé la liberté mais on est une meute avant tout, c'est important, je peux pas en parler au téléphone.
— Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Monroe, on aimerait éviter de le passer sur la route...
— Prenez l'avion, ce sera moins long et on ira boire un verre quelque part.
Je regarde Sam, je le supplie du regard. Il est incapable de lui dire non, je le sais. C'est son Alpha, c'est celui qui l'a mordu, celui qui a le pouvoir sur lui. Quoi de mieux comme soirée d'anniversaire que d'aller boire un verre à Hellbound avec une meute malhonnête et un Alpha proclamé ?
— Ok... on sera là en fin d'après-midi.
Sam a dit cela en me regardant. Il semble désolé mais en même temps vexé par notre discussion quelques minutes plus tôt.
— Merci Sam, à ce soir.
Sam pose son téléphone, moi je me lève d'un bond, les poings serrés et je me tourne vers lui, en colère.
— Tu es incapable de faire tes propres choix ?! T'es sérieux ? C'est mon anniversaire et toi tu m'emmènes dans cette ville maudite ? Dis-moi que c'est une blague !
— On rentrera dès demain Monroe, mais on doit savoir ce qu'il a à nous dire.
— Il est hors de question que je revive ce fichu cauchemar ! Souviens-toi Sam, tu as été leur proie, tu as été à sa merci et forcé de suivre une blondasse folle à lié et un imbécile dans une guerre stupide, ils t'ont poussé à mentir, à me manipuler...
Il se lève à son tour et tente de m'approcher mais je recule.
— Ne me touche pas !
— C'est pas l'anniversaire que j'aurais souhaité pour toi non plus et je sais au combien tu redoutes cette ville mais c'est l'histoire d'un ou deux jours, ensuite, on reprendra notre train train quotidien.
— Je ne veux pas les voir.
— Je sais...
— Non t'en sais rien ! Puisque tu viens d'accepter !
— On fait partie d'une meute, on doit être là quand l'alpha nous le demande.
Je pouffe de rire et lève les yeux au ciel.
— L'alpha ? Pff, alpha de pacotille ! Moi aussi je pourrai être alpha ! Tout le monde pourrait l'être puisque c'est comme ça !
— Marius est mort, là c'est différent.
— T'en es sûr ? Il a été laissé pour mort, c'est différent. Mais Max a tellement pas eu le courage de descendre de ce fichu précipice pour au moins enterrer dignement son frère ! Non au lieu de ça, il a fait savoir à tout le monde qui était le nouveau roi. C'est qu'un usurpateur et rien de plus.
Je me pince les lèvres, croise les bras et le dévisage. Sam inspire profondément puis m'approche enfin. Il frotte mes bras et me regarde. Ce regard qui m'attendri si facilement. Il est bien trop gentil pour le détester. Mais j'aimerais qu'il sache couper le cordon, comme j'ai réussi à le faire, même si cela m'avait transformé en monstre.
— Je sais que tu as souffert mais cette fois, je suis là et je te promets que je me rattraperai. Dès qu'on rentrera, on fêtera ton anniversaire rien que toi et moi.
Je ne dis rien, je détourne le regard et fais claquer ma langue contre mon palais.
— Je vais préparer mes affaires et me doucher, grogné-je.
Je sais qu'il n'y est pour rien. Le lien est aussi valable pour lui. Je ne sais pas ce qu'il se passe lorsque quelqu'un est mordu et se transforme mais quelque chose se crée entre les deux et c'est nocif.
J'appréhende tellement de revoir Max, parce que je crains de perdre mes moyens, de ne plus contrôler mes émotions encore une fois et que ce soit le chaos total dans ma vie. Ma vie que j'ai su reprendre en main. Je ne veux pas que tout ça s'écroule, juste pour une soirée.
Max n'est pas un réel Alpha et tout cela il ne le sait pas et je ne lui dirai jamais. D'ailleurs, depuis ce soir là, je n'ai plus jamais revu à travers les yeux de Marius. Je ne sais pas ce qu'il est devenu, je ne sais pas s'il a survécu à ses blessures. Je ne sais rien de lui. C'est un fantôme de mon passé et il le restera sûrement. Il a certainement dû m'oublier mais pas ce qu'a fait Max. En tout cas, moi, je n'ai oublié ni l'un ni l'autre mais les souvenirs sont douloureux.
Sam a su prendre des billets d'avion en urgence et durant tout le trajet, je n'ai rien dit. J'ai enfoncé des écouteurs dans mes oreilles et j'ai écouté du Beethoven tout ce temps. Le piano c'est mon réconfort, mon anti stress, mon échappatoire à moi. La musique, c'est toute ma vie. Je l'avais laissée de côté durant trop longtemps.
À l'hôtel, Sam m'a ordonné de m'habiller chic, parce que je cite : « ça reste ma soirée d'anniversaire ».
Alors j'ai opté pour un bustier en dentelle et une jupe noire simple, hors de question que je porte des escarpins, les doc Martens n'y échapperont pas. J'ai choisi un maquillage soft et nous voilà partis pour nous rendre dans un bar que je connais que trop bien.
Devant, nous restons dehors un instant à fixer l'enseigne : « Welcome in Hell ». Un triste jeu de mot concernant Hellbound.
— C'est marrant, c'est ici qu'on s'est rencontré, souffle Sam.
Je prends sa main dans la mienne et je la serre. C'est aussi ici que ma vie a basculé....
À l'intérieur, ils nous attendent.
A l'intérieur, Max nous attend.
Joyeux anniversaire Monroe.
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