Partie 1 : Chapitre 4


De retour à la ferme, je fus accueillie par les cris de mon père qui perçaient depuis la cuisine. Affairée au-dessus des casseroles, maman acquiesçait sous l'intonation menaçante de mon père. Je trouvai Siméon en train de pleurer dans l'étable. Il tenait contre sa poitrine les débris d'une locomotive en bois que Ralph lui avait offert. Je ramassai une petite roue et allai la lui porter. Mon frère s'agitait, tout rouge, se balançant d'avant en arrière et ne me prêtant aucune attention. Lors des moments comme celui-ci, Siméon était inatteignable. Je restai à ses côtés et l'observai, assise sur le foin, le menton sur les genoux.

Également pénible, le repas se déroula dans un silence insupportable et équivoque. Le bruit même du potage finit par me répugner.

Je posai ma cuillère :

— Quoi, amorça mon père, encore du gâchis ?

— Je n'ai plus faim.

— Ah, c'est sûr...

— Albert.., intervint maman, Siméon va finir la soupe.

Bien que Siméon approuvât, mon père n'en eut que faire.

— Nous sommes si riches après tout, maugréa-t-il, le nez plongé dans son bol.

— Je n'ai pas dit ça, me défendis-je.

Il leva les yeux de son potage, le visage terni par la fatigue, et l'air mauvais.

— T'iras demander de l'aide aux boches quand on n'aura plus rien, pour voir.

Je me tus une seconde, mais fus incapable de me contenir plus longtemps :

— Certains Allemands semblent plus intelligents que certains Français...

Son bol et sa cuillère s'abattirent sur la table en bois.

À nouveau, maman s'interposa :

— Peut-on manger tranquillement ? pour une fois ?

— Tu entends ce qu'elle dit ? ta fille.

J'aimais l'idiotie de la particule « ta », l'homme se dédouanant de toute paternité lorsque ladite fille ne lui convient plus.

— Mais Ralph est gentil par exemple, reprit ma mère, c'est vrai...

— Ne te mêle pas de ça Nicole ! Toujours à vouloir me contredire !

— Te contredire, te contredire... balbutia désespérément ma mère.

Une fois de plus, j'observais mes parents se désunir autour du dîner tandis que Siméon mangeait ma soupe d'un air absent. Si effectivement je les voyais, je ne les entendais plus, comme si les mondes de Siméon m'avaient aspirée avec lui.

— SUFFIT ! hurla assez fort mon père pour que je l'entende. Plus qu'assez de ces histoires de bonne femme ! Nous sommes en guerre !

— La guerre est perdue papa, eus-je le malheur de dire.

Il se leva si brutalement que sa chaise en tomba à la renverse. L'instant d'après, il me chassait. Je quittai la cuisine dans un silence de mort, glissai quelques affaires dans un sac avant de filer dans la nuit.

* * *

Je n'appréciais pas particulièrement la compagnie de mon père. Pour tout dire, elle me faisait peur. Je craignais les silences qui en résultaient, l'ennui de nos conversations. Si je le percevais, il devait le percevoir aussi.

C'était ce genre de considération qui me faisait l'éviter autant que possible lorsque je me trouvais à la maison. Pourtant, je ne le détestais pas. Je l'aimais comme on aime un père — invariablement, sans aucun moyen de briser le lien qui nous unissait : celui du sang. Il était mon père, et personne ne devait le toucher.

Cela ne parvenait pourtant pas à changer les rapports que nous entretenions, c'est-à-dire tristement cordiaux, sauf en temps de crise. Et voilà que nous vivions un temps de crise. Petit père et moi n'étions généralement d'accord sur rien. Comme je l'ai dit, ses sujets de conversation m'ennuyaient, et les miens devaient semblablement ne trouver qu'une oreille sourde. Nous n'avions rien en commun, si ce n'était finalement notre toit. Je me faisais alors l'impression d'être une locataire. Parfois, maman parvenait à lier tout cela, la débandade de notre famille, nous conglomérant autour de sa présence. En dehors de cela, nous étions écartelés.

D'une main, je relevai le col de mon manteau et tournai à l'angle de la rue principale, soulagée de retrouver un peu de lumière. Je ne croisai personne au village, excepté quelques hommes, des commerçants qui rentraient chez eux.

Arrivée devant la mairie où se trouvait désormais la Kommandantur, je braquai plusieurs fois le guidon afin d'éviter les soldats ivres qui déambulaient sur la grand-place. Quelques-uns me hélèrent. J'entendais des « Mad'moiselle ! Schön Mad'moiselle ! » Ils riaient, et leurs rires s'évaporaient dans le vent.

Arrivée devant cet immeuble à deux étages, je posai la bicyclette dans l'allée, puis montai au premier. L'appartement de grand-père était petit, mais confortable ; maman en avait hérité et me l'avait implicitement légué quelques mois plus tôt.

J'abandonnai la clef dans la serrure, allumai la lumière, puis me laissai tomber sur le sofa avec le sentiment de flotter et des fourmillements dans les jambes. Du regard, je parcourus l'immense bibliothèque de pépé Jean qui occupait l'entièreté du mur. J'ôtai mes chaussures, profitant de pouvoir allumer une cigarette à l'intérieur, puis allai me faire couler un bain. Devant les rayonnages de la bibliothèque, je pris une grande bouffée de tabac, passai ma main sur le bois poussiéreux. Je soufflai sur les planches, retirai quelques livres dont je ne me souvenais plus. Alors, seulement, je vis l'ouvrage ; imposant et bleu, il était intitulé : Astronomy.

Je poussai la statue du Sphinx pour m'emparer du livre écrit par un certain S.E. Stewart, exclusivement rédigé en anglais. Je me mis à parcourir les pages, et bien que je n'eusse que faire de l'astronomie, il me sembla que je venais de découvrir un trésor. Assise sur le tapis persan, le livre sur les genoux, je retrouvais la curiosité de mon enfance, l'exaltation de la découverte. Aussi bondis-je au son de l'eau débordant de la vasque. Je courus fermer le robinet, épongeai rapidement le carrelage et plongeai dans le bain. Les bras tendus hors de l'eau, à travers la vapeur, je lisais ce livre — ce livre sur les étoiles.

* * *

Lorsque je poussai la porte le lendemain matin, je tombai nez à nez avec un soldat. Assis sur les marches, il ouvrait sa ration, une boite métallique et ronde.

Main sur la poignée, j'hésitai quant à sortir jusqu'à ce qu'il me salue après s'être levé et avoir fait claquer ses bottes. Avançant de quelques pas, je découvris bien vite d'autres Allemands, tous très jeunes, endormis dans l'escalier. Je les enjambai un à un jusqu'à atteindre le hall, et sans bruit, quittai l'immeuble.

Il était très tôt, et dehors régnait cette odeur que j'aimais : l'odeur du feu de la campagne, et celle, plus froide, de la ville appelant l'automne.

J'enfourchai mon vélo et roulai jusqu'au café où Monsieur Flochard se trouvait déjà, luttant au téléphone avec le fournisseur qui repoussait sans cesse nos livraisons.

— Il dit qu'il n'y a plus rien, expliqua-t-il après avoir raccroché. « Les temps sont durs, les temps sont durs », répétait-il. C'est surtout la faute du marché noir.

— Le marché noir ?

— Mais oui ! s'indigna mon patron. Des solutions, ils n'en ont pas ! Mais des excuses... La faute à la guerre, la faute aux Allemands, la faute aux vaches et au poules bientôt, vous verrez mon p'tit.

Un bref silence comme je nettoyais les tables.

— Il y avait des Allemands dans l'escalier ce matin, fis-je, ils dormaient.

— Et vous ? Vous n'avez pas dormi à la ferme ? Pour ce qui est des Allemands... Oui, s'amusa-t-il, je crois savoir pourquoi. (Il épousseta des bouteilles situées sur la plus haute étagère, puis descendit de sa chaise.) Deux soldats sont venus tantôt, lorsque j'ouvrais le café. Ils m'ont demandé si j'avais de l'aspirine. Je leur ai dit que je n'en avais pas — « Les temps sont durs vous savez ». Je leur ai demandé ce qu'ils avaient. Comme ils ne parlent pas bien français, ils ont dit : « Calvados! »

Nous partîmes d'un rire goguenard.

— Oui, je les ai vu hier soir sur la place de la mairie, ils titubaient.

— Vous ne devriez pas sortir le soir, Béate, surtout seule.

Je hochai la tête, posai le chiffon.

— En aviez-vous ? finis-je par demander.

— Quoi donc ?

— Mais de l'aspirine.

Monsieur Flochard se mit à sourire derrière son comptoir, agitant un flacon de médicaments dans la poche intérieure de sa vieille veste.

— Ils peuvent être sympathiques, mais tout de même...

Une heure après l'ouverture, mon patron me quitta pour aller, selon ses dires, « marchander », et chercher « de quoi ne pas mettre la clef sous la porte ».

Je servis nos clients, les clients habituels — Monsieur Letellier et son fils, la mère Martin et ses deux mômes, les vieux solitaires venus lire le journal. Et moi aussi, je lisais derrière le comptoir ; d'un œil, bien entendu.

Lorsqu'il entra en début d'après-midi, je ne fus pas surprise, et pour la première fois, je me sentis sereine.

Guten Tag...

Je le regardai s'asseoir au bar, devant moi.

— Eh bien, reprit-il, vous me devez un café il me semble.

Je lui souris.

— C'est vrai, je vous dois un café.

Je profitai de le servir pour le quitter des yeux. Il me semblait que nos regards se murmuraient des choses interdites.

— Vous connaissez le Danemark ? demanda-t-il après sa première gorgée.

— Le Danemark ? m'exclamai-je. Mais c'est à peine si je connais la France.

— Moi non plus, je ne connais pas la France.

— Vous n'êtes pas Français, répondis-je, c'est normal.

Il acquiesça derrière sa tasse.

Ainsi, vous êtes Danois ? »

Nein, je suis allemand, mais j'ai vécu là-bas quand j'étais.. uh, Kind, enfant ? (Il marqua une pause.) Votre café a le même goût que celui de ma mère.

— Dans ce cas, votre mère vous préparait un bien mauvais café...

Je le vis s'esclaffer ; il rejetait sa tête en arrière et ouvrait la bouche.

Ja, dit-il en riant, on peut le dire.

Je souris, faisant mine de m'occuper des verres qui traînaient là.

— Avez-vous profitez du calvados ?

— Ils ne vous ont pas embêté au moins ? grimaça-t-il.

— Pas du tout.

— Certains sont très jeunes, et parfois...

Je hochai la tête, pensant comprendre ce qu'il voulait dire.

— J'ai trouvé votre livre, annonçai-je. (Je posai le volume devant lui.) J'ai pensé que ça vous intéresserait.

Un instant, il parut surpris.

Astronomy, lut-il. Je vous remercie, c'est très gentil, Mademoiselle..?

— Je m'appelle Béate.

Béate, répéta-t-il. Ça, c'est allemand, non ?

— Uhm.., (je haussai les épaules), je ne sais pas.

— Moi, c'est allemand.

Il se mit à rire tout seul.

— Oui, je m'en serais doutée.

Il me considéra, le regard souriant, puis posa sa tasse.

— Béate, je vous remercie beaucoup pour le café, et pour le livre...

Il l'agita entre nous sans me quitter des yeux.

— Je vous en prie.

Silence d'un instant ; il se leva, et je le voyais bien : il hésitait à parler.

— Je vous reverrais sûrement, déclara-t-il. Ici, ça n'est pas très grand.

— Oui, répondis-je, c'est bien agréable.

Nos regards convergèrent l'un vers l'autre.

— Vous avez raison... Mademoiselle...

Il s'inclina légèrement afin de me saluer, mit sa casquette, puis s'en alla.

Les jours suivants me laissèrent une saveur douce-amère. Je retournai à la ferme et trouvai petit père alité. C'était son cœur, avait dit le médecin, tiraillé par les nerfs et quelque chose de plus insidieux, cette tristesse, cette mélancolie qu'il ne parvenait pas à expliquer. Un soir, j'avais embrassé son front tandis qu'il dormait, profitant de son sommeil pour ne pas compromettre cette fierté mal placée. Je ne pouvais faire autrement ; un contrat tacite semblait régir nos relations, cette pudeur, faisant du sentiment un tabou, une honte. Il me semblait que j'encourais une terrible humiliation si jamais je venais à lui dire « je t'aime ». Si cela était arrivé, ce fut par le biais de mots que nous n'avions pas eu à prononcer. Je pensais à tout cela sans en parler, et à la place, écoutais Nadette faire l'éloge d'untel puis le procès d'un autre.

Avec moi au café, elle parlait de la petite Marianne, des robes hideuses de madame Aubert, et du boulanger qui lui faisait du gringue. Ses récits ne me passionnaient guère, mais devenaient intéressants durant ces longues après-midis.

Elle se mit à parler de Jeanne ; la pauvre fille angoissait après avoir reçu une lettre de la Kommandantur lui demandant de passer sans délai. Vint enfin le tour des Allemands, le sujet préféré de Nadette. Elle posa tout un tas de questions à propos de Ralph, et nos occupants devinrent le centre de la conversation. Elle les regardait, assise au comptoir, là où Hans s'était trouvé quelques jours plus tôt.

— C'est embêtant, fit-elle, après avoir reluqué l'un des soldats. Pourquoi sont-ils si beaux ?

— Crois-moi, il ne le sont pas tous. J'en ai vu deux hier, pas commodes et bedonnants... Tu n'aurais pas dit la même chose.

— Quoi, s'exclama-t-elle, deux sur mille ?

Je ris sans bruit, terminant la vaisselle derrière le bar.

— De toute façon, tu sors avec Guillaume, non ?

— Non, mais tu plaisantes ? Après ce qu'il a fait au cabaret... je l'ai éconduit.

— Vous vous êtes séparés à cause de moi ?

— Oh, j'en avais assez ! Tu m'as ôté une belle épine du pied Béate.

Je lui souris, essuyant l'ultime assiette.

— Selon toi, reprit-elle, que se passerait-il si une Française fricotait avec un boche ? Rien de bon, je présume, fit-elle, répondant à sa propre question. Je parle, je parle, je ne fais que parler... Tu sais, Cassandre, la fille du bordel de Beuville ? Je l'ai vu il y a quelques jours. Elle dit que les boches, ils adorent ça... Elle a un régulier, un officier, grand, beau et blond, qui paye pour dix hommes ! Parait-il qu'elle n'a jamais si bien vécu que depuis la guerre ; si c'est pas comique.

Durant un instant, je perçus le poison de la jalousie s'écouler en moi.

Je la considérai sans rien répondre, figée.

Tiens, sers-moi une de ces liqueurs. »

Je me retournai et attrapai la bouteille qu'elle venait de désigner.

— Les officiers vont dans ce genre d'endroit ?

— Tu parles, railla-t-elle, ce sont les pires.

— Comment s'appelle-t-il ?

— Qui donc ?

— L'officier de Cassandre...

Je lui portai son verre et la regardai avaler cul-sec.

— Un nom à coucher dehors, Helmut, je crois.

Le poison cessa rapidement de brûler.

— Paraît qu'il est doué au lit.

Nadette..! Tu parles fort...

Elle se mit à rire.

— Oh, et quoi ? Ils ne savent pas de quoi nous parlons, et puis.., ils ne comprennent rien. (Elle posa le petit verre.) D'ailleurs, depuis quand le café est devenu le point de ralliement des frisés ?

Je haussai les épaules.

— Les clients ne viennent plus depuis qu'ils affluent ici.

— C'est le père Flochard doit s'en mettre plein les fouilles...

— Ça, oui.

Elle défit son chignon avant d'attirer à elle sa pochette en soie rouge.

— Tu viens ce soir ? demanda-t-elle comme elle s'apprêtait à partir.

— Où ça ?

— Au cabaret... Les beaux blonds.., deux jours de permission...

Je ris de la voir minauder ainsi.

— Je ne sais pas, Nadette.

— Ah.., s'écria-t-elle en gesticulant, tu ne vas pas me laisser toute seule !

Des soldats la dévoraient des yeux ; elle fit mine de ne pas s'en apercevoir.

— C'est d'accord, dis-je, mais nous nous retrouverons là-bas.

Elle embrassa ma joue avant de fuir comme la grande actrice qu'elle était.

 * * *

Après avoir fermé le café, je roulai un moment à travers la campagne. Je profitais du parfum des blés, des ultimes rayons de soleil venus réchauffer ma peau.

Je pris des affaires à la ferme, je cherchais une robe, cette robe noire, puis me souvint l'avoir laissée dans l'armoire de Gaspard. La porte close, je frappai trois fois avant que Ralph ne vienne ouvrir. Sur le lit se trouvaient du papier à lettre et des enveloppes laissant deviner quelques mots de ses proches. Comme j'entrai, il ferma cette magnifique boite à bijoux qu'il tenait contre son torse.

— Qu'elle est belle, m'exclamais-je près de l'armoire. Pour ton amoureuse ?

Je l'entendis rire, de ce rire qui n'en est pas un.

— Non, dit-il avec hésitation, elle appartenait à ma mère. C'est un.., un cadeau. Comment dites-vous ? Porte-bonheur ?

— Oui, c'est ça, un porte-bonheur.

Je sortis la robe sur son cintre.

— Tu sors ? demanda-t-il.

— Oui, je vais au cabaret ; mon amie tient absolument à y aller.

— Toi, tu n'as pas envie ?

— Ça m'est égal, répondis-je.

Il hocha la tête, pensif :

— Ils parlent de.., Ausgangssperre, uhm, couvre-feu ; bientôt.

Je levai les yeux sur lui, accrochée à la robe.

Tu dois rien dire, j'ai pas le droit de parler. »

— Je ne dirai rien, Ralph.

Il hocha la tête à nouveau, avec quelque chose comme de la mélancolie.

— Tout va bien ? demandai-je.

Ach, oui. Je suis fatigué, c'est tout.

— Je vais t'apporter du thé avec un peu de miel.

Il se leva, ourlant ses lèvres d'un sourire.

— Vas retrouver ton amie.

Nous nous sourîmes, puis je retournai en bas. Dans la cuisine, j'embrassai ma mère comme elle plumait une volaille à côté de Siméon. Penché sur la table, il faisait de la géométrie.

— L'école est ouverte ? fis-je surprise.

— Non, répondit maman, le maire dit que les enfants doivent travailler à la maison si nous ne voulons pas les envoyer au prochain village. (Elle trancha la tête du poulet d'un coup net.) Tu imagines ? Il faudrait deux heures de marche ; avec les Allemands partout...

— Siméon s'en sort très bien. (Je posai ma main sur sa tête, caressai ses beaux cheveux bruns.) Pas vrai, Siméon ?

Il repoussa mollement ma main, n'appréciant guère les contacts. J'embrassai ma mère sur la tempe, puis filai avec la robe dans son papier de soie.

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