11. Paris by night

Déhon

Je hais les transports parisiens.

J'aime déjà pas les transports publics, de base. Mais alors, ceux-là... Avec leurs lots de touristes agaçants et de parisiens impolis. Sans compter la saleté et l'effet boîte à sardines quand ils sont bondés. Ils me débectent. Je préfère largement me déplacer en bagnole. Peu importe la distance ou la densité de la circulation. Question de confort. Mais je suis aussi le premier à avouer que circuler au cœur de la capitale aux heures de pointe, c'est une mission quasi suicidaire. Je me retrouve donc à prendre les transports publics en cette charmante fin de journée. Juste pour les beaux yeux de Nathanaël Velazquez.

Enfin, en toute honnêteté, y'a aussi l'idée marteler son joli boule en conclusion de notre date.

— J'adore Paris et la beauté de ses monuments ! lance la p'tite bouille alors qu'on sort tout juste de la bouche de la station de métro Trocadéro.

Je me contente de lui adresser un sourire pendant qu'on marche vers l'esplanade donnant vue sur la Tour Eiffel. Le même sourire débile que j'avais hier soir, pendu au téléphone, durant son monologue tenté de fierté.

Ouais, c'est l'effet qu'a Nathanaël sur moi. Un constat aussi inquiétant que sa compagnie est appréciable.

Ses vieux pensent qu'il se faisait une soirée ciné avec ses potes de fac. Il m'expliquait avoir pris soin de vérifier les films à l'affiche ce week-end et leurs horaires pour être plus crédible. On dirait qu'il aborde toujours nos entrevues comme des missions ultra secrètes. Ça me fait  bien marrer. Même s'il n'a pas l'air d'être très à l'aise de servir ses mythos une fois qu'il les a pondu, il a déjà un des fondamentaux : se montrer méticuleux.

— On arrive pile poil pour admirer le coucher de soleil derrière la Tour Eiffel, se réjouit-il alors que j'esquive habilement des passants inattentifs. Je sais que ce n'était pas au programme, mais tu veux bien qu'on se cherche une place aux jardins du Troca et qu'on s'y installe ?

— Ça me va.

On a bien trois quart d'heure à tuer avant l'horaire de notre réservation au resto. Ça aurait été mort pour son plan en plein après-midi, parce que je m'expose le moins possible au soleil. Mais il est déjà assez bas pour que les jardins soient ombragés. Alors je suis Nat au milieu des badauds.

On monte rapidement les marches de l'esplanade bondée, avant de la traverser et de redescendre de l'autre côté pour accéder à la grande place rectangulaire. Le ciel est une déclinaison de bleu et de rose mélangés. La lumière orangée filtrant à travers les nuages, eux aussi colorés, caresse déjà doucement les contours de la Dame de Fer.

Sans doute impatient de se poser pour profiter du spectacle offert à titre gratuit par Mère Nature, Nathanaël se déplace presque aussi vite que s'il se faisait pister par un clebs de la K9¹. Avec sa carrure plutôt svelte, il a le chic de glisser entre deux personnes à la dernière minute. Évitant facilement les collisions avec les idiots pas fichus de regarder où ils marchent.

À défaut d'avoir cette chance, j'ai de bons réflexes.

Déjà agacé que tout le monde me frôle ou manque de me rentrer dedans, j'esquive encore de justesse un groupe de touristes qui déambule les yeux braqués sur un foutu plan de métro. Je suis forcé de m'arrêter quand deux autres, certainement du même groupe, viennent sciemment se planter devant moi. Un sourire forcé se fiche sur leurs lèvres.

— Hey ! Excuse me, can you help ?

Je les fixe, après avoir toisé le plan que le gars me tend sous le pif. Parce que d'une, je suis sûr à 100% de pas avoir la tronche d'un agent de la RATP. Et de deux, je suis aussi prêt à parier que si les rôles avaient été inversés dans son pays d'origine, Ken tracerait sa route sans même chercher à comprendre quel est mon problème dès qu'il la verrait, ma fameuse tronche...

Nat revient vite sur ses pas, l'air d'abord un peu inquiet de m'avoir perdu de vue. Je désigne les touristes d'un regard ennuyé et il pige la situation. Engageant volontiers la conversation avec ces nuisances urbaines, il leur indique le chemin à suivre pour arriver à la station de métro. Le couple l'écoute en me lançant tour à tour des œillades gênées. Leurs oreilles sont un peu trop distraites à mon goût pour la peine que ma p'tite bouille se donne, mais je patiente. Au calme. Ils finissent par le remercier. La nana s'excuse pour le dérangement. Puis se barre fissa, accrochée au bras de son mec.

Je retiens un soupir et reporte toute mon attention sur Nathanaël. Il lève ses yeux vers moi. Je constate que mon visage blasé le fait sourire.

— J'ai l'impression que tu n'apprécies pas trop les bains de foule, se moque-t-il. Un comble pour le cogérant d'un club toujours plein à craquer.

— C'est pas la foule qui me pose problème. C'est peut-être pas flagrant, mais j'aime juste pas les gens.

Mon ricanement le trompe peut-être aussi sur combien je suis sérieux.

En vrai, je m'intéresse qu'aux personnes qui me rapportent quelque chose. Je me contrefous de l'existence ou des problèmes des autres. Ça devient une histoire différente seulement quand leur attitude ou leur simple présence dans mon espace commence à me saouler.

On recommence à marcher tranquillement. Côte-à-côte, ce coup-ci. Nathanaël nous trouve une place de choix sur le rebord cimenté de la fontaine centrale du Trocadéro et on se pose enfin.

La fraîcheur du début de soirée chatouille nos peaux, sans parvenir à balayer l'agitation qui palpite autour de nous.

Des gens vont et viennent. Des groupes de potes éclatent de rire. Des gamins courent en criant et des couples se bécotent. Tous dans l'indifférence la plus totale du coucher de soleil qui fascine Nathanaël.

J'ai un petit sourire en le regardant prendre des photos avec son téléphone. Une légère brise souffle les nombreuses mèches folles qui s'échappent de son chignon. Je dois résister à l'envie de défaire sa coiffure pour fourrer ma main au milieu de ses cheveux en bataille. De lui caresser le crâne jusqu'à ce qu'il ronronne entre mes doigts.

Je lui caresserais bien autre chose, d'ailleurs.

— J'adore le crépuscule, se justifie-t-il en se tournant brièvement vers moi.

Il a peut-être senti mon regard glisser sur son profil. J'opine et détourne mes yeux baladeurs vers le ciel. Les derniers rayons du soleil brillent à travers la ferraille du monument phare de Paris. L'illuminant comme une lampe géante.

— Je prends rarement le temps d'en profiter, j'avoue. Mais c'est vrai que c'est sympa.

Ça le serait encore plus avec un bon joint.

Le sourire ravi qui embellit le visage de Nathanaël remplace cette idée. Je trouve ce spectacle-là cent fois mieux que le soleil qui se faufile entre les jambes de la Tour Eiffel.

— Es-tu du genre... romantique ? hésite-t-il en levant à nouveau ses iris limpides vers moi.

— Pas vraiment. Je suis pas du genre à offrir des fleurs ou des conneries du genre, si c'est ce que t'entends par « romantique ». Mais j'aime surprendre et faire plaisir.

— D'accord, rit-il doucement.

— Toi, t'es du genre romantique.

Je demande même pas. C'est certain.

Nathanaël pouffe encore de rire et admet :

— Peut-être un peu trop... J'ai tendance à idéaliser le grand amour, comme dans les films. Tu vois ? Mais je ne suis pas non plus un grand fan de bouquets de fleurs, si ça peut te rassurer.

À mon tour, de ricaner.

— Je suis pas inquiet. C'est plutôt toi qui devrait l'être.

— Ah oui ? Et pourquoi donc ? demande-t-il en m'accrochant d'un regard qui le montre profondément intéressé par ma réponse.

— Tout bêtement parce que j'ai pas la réputation d'un type bien sous tous rapports. Tes collègues ont dû t'avertir.

— Oui...

Il se mordille un moment la lèvre et reprend :

— Cela dit, je pense que c'est à moi de m'en faire une idée et, pour l'instant, j'apprécie beaucoup le temps qu'on passe ensemble.

C'est exactement ce que je voulais entendre.

— Moi aussi, je réponds simplement avant de l'inviter à se caler contre mon flanc.

Nathanaël vient volontiers s'y loger. J'entoure ses épaules de mon bras et dépose un baiser au sommet de son crâne. Le soleil a disparu, mais baigne toujours l'horizon. Les tons roses dans le ciel ont laissé place à un bleu violacé, soutenu par une ligne de lumière orange sanguine.

On reste là, assis tranquillement, avant de recommencer à discuter de tout et de rien. Je sais que chaque regard, chaque sourire de la part de P'tite Bouille, équivaut à un pas de plus dans l'intimité encore pudique qu'il partage avec moi. Et, bizarrement, ça suffit à me mettre d'excellente humeur.

— L'heure de notre réservation approche, je finis par indiquer après un coup d'œil à ma montre. Faut qu'on bouge.

— OK, acquiesce Nathanaël.

On se lève et il demande :

— Vas-tu enfin me dire où nous allons dîner ?

— Ce sera plus une surprise, si je te le dit, je le taquine.

J'ai trop envie de lire les émotions sur son visage quand on y sera pour tout lui déballer maintenant.

On finit de traverser les jardins du Trocadero. Puis les avenues menant à l'immense pont qui surplombe la Seine.

Nathanaël me suit en jacassant avec une curiosité palpable. Je sens son excitation grandir pas après pas, mais ne lâche rien concernant notre dîner. On quitte le boucan infernal des automobilistes à bout de nerfs, qui klaxonnent furieusement des piétons indisciplinés, pour enfin arriver au quai Jacques Chirac.

— On y est, je lance, un sourire au coin des lèvres.

— Euh... On est aux pieds la Tour Eiffel.

— Bien vu.

— Et... elle vient tout juste de s'illuminer, ajoute-t-il en levant les yeux vers la structure qui brille à présent de mille et un feux. C'est super beau ! Mais je ne crois pas que tu y sois pour grand-chose.

Son air perplexe agrandit mon sourire. Il peut être assez lent à la détente, parfois. Mais ça vaut toujours le coup de voir son visage irradier de contentement - ou rougir de timidité - quand il percute le fond de mes pensées.

— Attends..., se temporise Nathanaël en tentant difficilement de retenir son sourire conquis. Tu nous as dégoté une réservation dans un des deux restos de la Tour Eiffel ?

— Le Jules Verne. Ça te convient ?

— Tu te doutes bien que oui, Déhon ! Je comprends mieux pourquoi tu m'as conseillé une tenue décontractée tout de même un peu chic.

Il est plutôt du genre Ralph Lauren que Ünkut. Je me doute qu'y avait aucun risque qu'il se pointe en streetwear, mais chez les bobos c'est tenue correcte obligatoire sous peine de se faire recaler. Alors mieux vallait l'avertir un minimum.

— Comment as-tu réussi l'exploit de nous avoir une table en à peine une semaine ? J'ai entendu dire que ces restos étaient surbookés et qu'il fallait parfois réserver un mois à l'avance.

— Tu veux déjà que je te révèle tous mes secrets ?

Je lui sers un de mes sourires qui lui font direct monter le rouge aux joues. Il incline légèrement la tête et se mord encore la lèvre pour retenir le sien.

— Possible, lance-t-il ensuite doucement.

— OK, je ris. Au risque de gâcher tout le mystère, on a juste eu de la chance que quelqu'un annule sa réservation le premier week-end où je nous ai inscris sur liste d'attente.

— Oh ! Eh bien, je suis enchanté que la chance ait joué en notre faveur. En ce qui concerne les mystères, je t'assure qu'il y'en a déjà bien assez qui planent autour de ta charmante personne, plaisante la p'tite bouille.

— À ce qu'y paraît, ouais.

Je me marre encore et me rapproche pour passer le bras autour de sa taille.

— On doit continuer à marcher, je lance en l'incitant à avancer. L'allée qui conduit à l'entrée depuis laquelle on passe les contrôles pour accéder au resto est par là-bas.

— La vue est vraiment magnifique. Dommage que je n'aie pas emporté mon appareil photo, regrette la p'tite bouille une fois dans l'ascenseur qui nous emmène au deuxième étage de la Tour de ferraille.

L'obscurité de la nuit tombe tout juste sur la ville, qui s'illumine peu à peu en réponse. Pourtant, je me tape du décor de carte postale offert par la capitale en arrière-plan. Tout ce qui m'intéresse, c'est admirer les petites étoiles qui dansent dans les yeux de Nathanaël.

— Tu veux savoir ce que je trouve encore plus beau, Nat ?

— Dis-moi.

— Tes yeux.

Debout face à la parois vitrée contre laquelle je suis adossé, il détourne son regard par-dessus son épaule quelques secondes. Sans doute gêné qu'on ne soit pas seuls. Mais je savoure le contentement dessiné sur ses lèvres appétissantes.

— Merci, souffle-t-il en tournant à nouveau ses bijoux vers moi.

Mains enfouies dans les poches de ma veste, je hausse légèrement les épaules.

— Je suppose qu'on te le dit souvent.

— C'est vrai, oui. Mais c'est la première fois que toi, tu me le dis.

J'apprécie un max qu'il souligne cette démarcation et lui retourne son sourire.

D'un coup, l'ascenseur a un soubresaut chelou. Nathanaël sursaute et la daronne juste à côté de nous pousse un cri suraigu. J'ai à peine le temps de lui lancer un regard de travers pour m'avoir pété les tympans, Nat s'accroche à ma manche d'un mouvement si rapide qu'il manque de paumer son téléphone. Je le serre instinctivement dans mes bras pour le rassurer. Il s'y blottit et fourre le visage dans mon cou, plus si dérangé par les autres usagers.

Sentant son cœur battre à mille à l'heure à travers nos vêtements, je me penche à son oreille.

— T'as peur en ascenseur, p'tite bouille ?

— Pas que je sache, halète-t-il. Mais je t'avoue que je viens de débloquer une nouvelle peur : celle de mourir écrasé dans une de ces cages métalliques.

Je pense pas que la ville de Paris soit non plus très tentée par un scandale du genre. Donc je suis assez confiant sur l'entretien de ses vieilleries mécaniques. Ça ne m'empêche pas de profiter de la situation pour détourner Nat de ses craintes avec ma bouche. Aussi généreuse en baisers qu'en mots réconfortants.

Un peu avant que l'ascenseur s'arrête, je susurre contre sa peau.

— Ça y est, on descend, chou.

Nathanaël s'extirpe de mes bras et saute à l'extérieur dès que les portes s'ouvrent.

— Dieu soit loué ! On a survécu.

Sa remarque, pourtant anodine, me titille comme pas possible. Et dans le mauvais sens du terme. Je crache un rire moqueur en le rejoignant tandis que les autres clients avancent dans le resto.

— Je connais aucun dieu qui sauve qui que ce soit. Si cet ascenseur devait se casher avec nous dedans, ce serait arrivé. Point.

D'abord posé sur la déco luxueuse de la grande salle à manger qui s'étend tout autour de nous, le regard étonné de Nathanaël se braque sur moi.

— Tu n'es pas croyant ?

— Du tout.

Le Dieu que ma mère m'a appris à prier chaque soir n'a jamais rien entendu. Ni les pleurs de douleur qui me ravageaient, ni les cris que je lui adressais.

Il n'a pas été fichu d'intervenir quand on me volait mon innocence. Nuit après nuit... Mon âme a été brisée. Mon corps souillé. Et aucun putain de dieu n'est intervenu pour l'empêcher.

Si les horreurs que j'ai vécu enfant ou toutes celles que j'ai vu ado ne sont pas la preuve qu'ils n'existent pas, alors je sais pas ce que c'est...

Le visage impassible, je bouscule ces souvenirs cauchemardesques dans le coin sombre duquel ils se sont évadés et les y emprisonne aussi bien que possible. C'est vraiment pas le moment de les laisser me noyer. Je ravale leur aigreur en reprenant :

— J'en déduis que tu l'es.

— Grands-parents Mexicains oblige. J'ai grandi entouré de prières, de traditions étroitement liées à la religion et on allait régulièrement à la messe. Est-ce un point dérangeant pour toi ?

Nathanaël s'inquiète tellement que je le juge... Il se rend pas compte que je suis juste en train de baliser au milieu des trucs merdiques qui essaient de remonter à la surface. Mais l'incertitude qui transparaît dans ses yeux verts me force à reprendre pied. Je secoue légèrement la tête en une réponse négative.

— Pour peu qu'on s'acharne pas à me les briser, rien ne me dérange vraiment.

La seule personne en qui j'ai foi, c'est moi-même. Mais libre aux autres de placer la leur en qui ils veulent.

— Tu as parfois des mots très durs, constate-t-il, la mine encore un peu trop inquiète à mon goût.

— Je suis honnête autant que possible.

Je lui chatouille gentiment les côtes pour le dérider et ajoute :

— Ça y est, je commence à te faire flipper ?

— Non, sourit-il en agrippant mon poignet. Jusqu'à présent, rien en toi ne m'effraie. En revanche, je m'interroge beaucoup à ton sujet.

— Oh, alors j'occupe toutes tes pensées ?

— Eh bien... Oui, avoue-t-il. J'aime beaucoup être avec toi. Mais nos valeurs et nos vies respectives paraissent à des années lumières. Tu donnes aussi parfois l'impression de te suffire à toi-même. Alors, j'ai dû mal à m'imaginer en quoi ma compagnie t'est agréable.

J'inverse sa prise sur ma main et glisse mes doigts entre les siens.

— T'es peut-être pas le seul à vouloir échapper à ta routine. Ça me plaît bien, qu'on soit différents. T'es ma petite bulle de fraîcheur.

— Vraiment ? se réjouit-il, sans doute surpris par cette révélation.

— Ouais.

Je le mythone pas. Par contre, je kiffe le saucer. Ça se voit qu'il est pas insensible aux compliments.

— Bonsoir, Messieurs, nous interrompt un employé. Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue au Jules Verne.

On le remercie de concert. Grand et mince, le type châtain bon chic bon genre est tiré à quatre épingles dans son costume de pingouin. Il nous place dans la salle, côté fenêtre, après avoir validé mon nom sur la liste des réservations.

Malgré son sourire de façade, ses coups d'œil en biais pendant qu'il nous parle du menu me donnent une petite idée des inepties qui peuvent bien lui passer par la tête à mon sujet. Tout son dédain transparait dans ses yeux clairs. Je les fixe sans faillir pour lui faire piger que je le vois, et que ça me plaît pas des masses. Le type bégaie et préfère ne plus s'adresser qu'à Nathanaël.

J'ai tronqué mon style urbain contre une veste sobre et un pantalon cintré. Mais quelque soit ma tenue, l'étiquette « banlieusard peu commode » me colle à la peau. Je fais toujours plus tâche que mon vitiligo dans ce genre d'endroit. Mais je m'en bats la race. Je m'y impose, parce que j'en ai les moyens. Et j'ai beau adapter mes tenues vestimentaires aux exigences du milieu, je changerais mon attitude pour rien ni personne. Que ce soit dans un étoilé Michelin ou dans le commerce d'un pote de quartier. 

Le serveur s'en va après avoir pris nos commandes de boissons et je me focalise à nouveau sur Nathanaël.

J'aime la façon dont il absorbe chaque détail autour de nous, comme s'il devait les retranscrire par la suite. J'aime encore plus qu'il m'observe. Avec cette même intensité. Comme si j'étais le mec le plus important de cette putain de Terre.

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K9¹ – Expression anglophone (prononcée K-nine) plutôt utilisée aux Royaume-Uni et aux États-Unis pour désigner différentes brigades d'intervention canines formées par les forces de l'ordre.

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