63 : Ivan

Le jeune homme était content d'accompagner Romain dans cette dure épreuve, de pouvoir le supporter et l'aider. Ce dernier avait décidé de passer une journée avec Emma, sa petite sœur , mais ayant encore du mal à se sentir parfaitement à l'aise en sa compagnie et Ivan étant le seul au courant de ses problèmes, il lui avait demandé de les accompagnés. Le jeune adonis blond était fière de pouvoir finalement aider quelqu'un, mais il était surtout très curieux et excité de découvrir un peu plus de choses sur le petit ermite qu'était Romain. Il y avait pensé toute la nuit, réfléchissant à tous les scénarii pouvant se dérouler ,afin d'être apte à réagir parfaitement, peu importe la situation. Il ne voulait plus jamais revivre la soirée d'anniversaire de Lise, ce sentiement d'impuissance qui l'avait frappé de plein fouet, cette incapacité à réagir à cette démonstration de souffrance profonde. Chaque souvenirs de ce moment lui laissait un goût amer dans la bouche et lui provoquait des frissons de terreur.  

*

Il s'était mis sur son trente-un, obtenant pour la tenue parfaite mêlant casualité et sobriété, pouvant convenir à n'importe quelle activité. Le sourire aux lèvres, une boîte de chocolats dans la main, dont il espérait que le contenu aurait résisté à la chaleur étouffante, il sonna à la porte de l'appartement des Mercier. Peut-être en faisait-il un peu trop, mais il s'en fichait bien, il voulait que cette journée soit parfaite. Madame Mercier lui ouvrit en souriant, puis l'invitant à rentrer, elle le remercia pour son présent, ne cessant de dire que c'était très gentil de sa part et qu'il n'était pas obligé, que c'était tout à fait normal que des amis de Romain puisse venir chez eux.

L'appartement de Romain lui semblait désormais moins hostile que la première fois qu'il avait mis les pieds à l'intérieur, et alors qu'il commençait à engager la conversation avec la mère de ce dernier, une touffe de cheveux châtains apparue prestement en haut de l'escalier menant à la mezzanine. Descendant les marches quatre à quatre, la chevelure se révéla finalement appartenir à une jeune fille d'environ treize ans, dont les prunelles d'un vert profond ressemblaient comme deux gouttes d'eau à celles de Romain. Ce dernier finit d'ailleurs par apparaitre à la suite de la jeune fille, qu'Ivan devina être Emma, descendant beaucoup plus calmement que sa petite sœur, gratifiant son ami d'un simple geste de main et d'un petit sourire des plus sincère en guise de salutation. Emma s'approcha de lui tout guillerette et se présenta , son sourire tellement rayonnant qu'il semblait manger la moitié de son visage.

Elle était aux antipodes de Romain, extravertie, chaleureuse, souriante. Ses cheveux bruns tombaient mollement sur le débardeur bleu qu'elle portait, ses bras dénudés arboraient sans honte de longue lignes argentés s'étendant sur le côté droit de son visage et sur ses jambes, le jeune homme ne les auraient pas immédiatement remarquées s'il n'avait pas été au courant de leur existence. Mais ce qu'il préférait chez la jeune fille étaient ces deux immenses iris vert, aussi expressif que ceux de son frère, il flottait dedans cet étrange cocktail de mélancolie, joie et émerveillement. Ivan en était persuadé, c'était grâce aux personnes possédant ce regard que l'on affirme que les yeux sont le miroir de l'âme. Elle semblait aussi excitée que lui de le rencontrer, répétant à quel point elle était heureuse de le connaître car Romain ne lui présentait jamais ses amis. Ce dernier, quant à lui, se contentait de rester silencieusement en retrait, suivant sa petite sœur du regard en souriant, lui demandant à mi-voix de se calmer, posant une main protective sur son épaule. Le grand blond éclata d'un rire franc lorsque la petite fille se mit à lui expliquer le programme de ministre qu'elle leur avait prévu pour la journée. Pique-nique au parc, séance de cinéma, balade dans le centre-ville, le trio ne risquaient pas de s'ennuyer avec les nombreuses activités qu'elle semblait avoir prévues depuis des semaines.

*

A son plus grand malheur, Ivan n'avait jamais eu de frère et sœur, et ses cousins avaient toujours habités très loin. Bien que de nombreuses personnes pensaient qu'il s'agissait d'une chance, le garçon avait toujours vécu cette absence de compagnie comme une véritable malédiction. Il aurait aimé avoir un camarade dans ses jeux, ses bêtises et ses moments de doutes. Quelqu'un de si proche de soi, avec qui l'on se chamaille dès le matin. Son enfance avait été marqué par ce grand vide, un manque qu'il arrivait désormais à combler par la présence d'Yseult.

Le jeune homme avait donc été fasciné et très touché par la relation qu'entretenait Romain et sa petite sœur. Le lien qui les unissait était plus fort que tout, il semblait impossible à briser et bien qu'il se soit émoussé après les douloureux évènements survenus, il brillait de mille feux, irradiant d'amour le monde autour de lui. L'on ressentait toute cette affection mutuelle dans leur sourire, leur regard, ses petits gestes anodins. Et bien qu'ils paraissent tous deux en parfaite osmose, le blond jeune homme ne se sentait aucunement mis à l'écart. Il se fondait dans la scène, décorant le décor autour du duo, comme ces personnages en seconds plan, presque invisible mais pourtant indispensable. Son rire cristallin ponctuait leur chamaillerie, son regard doux redonnait à Romain toute la confiance dont il avait besoin. Ivan se sentait paisible, heureux plongé dans cette bulle de douceur.

Emma serait une grande femme, il le savait. Ivan était subjugué par son aplomb, son charisme et son esprit vif. Il semblait qu'un esprit bien plus mûr s'était installé dans le corps d'une jeune fille. Alors que beaucoup d'enfant de son âge se préoccupaient de leurs petits problèmes de collégiens, cette dernière prévoyait déjà ses études, se renseignait sur de nombreuses causes et prévoyait prochainement de participer activement à des évènements caritatifs et de rejoindre une association lorsqu'elle aurait l'âge requit. Sa sœur assise en face du jeune homme à la terrasse d'un café, Romain observait d'un air bienveillant la discussion qui se déroulait devant lui, souriant légèrement face aux yeux écarquillé que lui affichait son ami. Les gens étaient souvent étonné de la maturité dont faisait preuve les deux enfants Mercier. Mais ils oubliaient souvent que le fait de vivre des évènements douloureux vous fait grandir un peu plus vite.

La journée touchait lentement à sa fin, bien que les rues chaudes de la ville ne désemplissait pas. Et le cœur du jeune garçon était gonflé d'une joie nouvelle, tout avait été si parfait que les épreuves à venir semblaient maintenant plus facile. Il était si reconnaissant auprès de son ami que le sourire lumineux qu'il lui affichait en aurait même fait pâlir le soleil de jalousie. Ivan ne s'était jamais senti aussi fière de lui. Alors qu'ils raccompagnaient les deux jeunes gens à leur appartement, rigolant et chahutant dans la rue, il prit Romain dans ses bras, le remerciant d'une franche accolade et, faisant un inventaire des moments partagés, il éclata de rire. Pour une fois, il n'avait commis aucune erreur, il avait totalement remplit son objectif, tout avait été parfait. Un peu plus que cela même.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top