37 : Raphaël

Personne ne lui avait adressé la parole depuis ce matin, peut-être était-ce parce qu'il n'avait pas son habituel sourire qui décorait ses lèvres. Il s'était attaqué au ménage depuis qu'il était arrivé, saluant vaguement Basile. Les écouteurs enfoncés dans ses oreilles, il fallait qu'il s'active pour chasser les mauvaises pensées. Son ami le regardait du coin de la pièce, l'air maussade, une certaine pitié flottant dans ses yeux ou étaient-ce des remords ? Sa lèvre supérieure tremblota légèrement lorsqu'il se mit à dépoussiérer les cadres affichant les anciennes photos d'université de l'homme. D'un geste mécanique, il passa le chiffon sur la vitre, sans poser un instant ses yeux sur les clichés, il ne voulait pas revoir son visage.

Quel idiot avait-il pu être pour ne pas l'avoir remarqué avant, cette admiration qui flottait dans sa voix quand elle parlait de lui, cette douleur immense qui l'avait ravagé quand ils s'étaient quittés. Et dans tout, ça, Raphaël n'avait été qu'une simple pause, une force qu'elle avait utilisée pour remonter la pente, et une fois en haut, elle l'avait abandonné. Le jeune homme lui en voulait de s'être ainsi servi de lui, mais toute sa colère était davantage contre lui-même, lui qui avait été aussi idiot pour ne pas s'en rendre compte. Comment avait-il pu croire que l'être bizarre et sans caractère qu'il était, pouvait avoir une petite copine qui l'aimait réellement.

Une vive douleur lui traversa la poitrine à cette pensée. Il devait l'oublier, il devait tout oublier, les souvenirs étaient les seules choses qui pouvaient le blesser. Il monta encore un peu le volume de sa musique dans ses oreilles et se mit à frotter plus vigoureusement. Ce n'était rien, il n'avait pas tout perdu, il ne fallait pas qu'il retombe au fond du gouffre. Ce genre de choses arrivait à tout le monde, ce n'était pas une raison pour s'écrouler.

Pourtant, il avait fait tout son possible pour répondre aux moindres de ses envies. Qu'avait-il fait de mal ? Était-ce de sa faute si elle ne voulait plus de lui ? Peut-être, avait-il été trop inexpérimenté ? Ou collant ? Son attitude lui avait-elle déplu ?

À l'intérieur, colère, remords et douleur se mélangeaient, l'étouffant et malmenant son esprit. Il ne savait plus vraiment quoi penser, la seule chose qui semblait claire à ses yeux était qu'il était désormais seul. Les gens disaient souvent que ces chagrins-là passés rapidement. Mais le jeune homme était perdu et ne semblait pas comprendre la moindre émotion qui l'emplissait. Il la détestait, mais il se détestait, plus que tout. Son corps et tout son être le répugnait comme jamais il ne l'avait répugné. Ses yeux se mirent à le brûler, il fallait qu'il oublie, qu'il retrouve sa joie. Mais pour l'instant tout ça lui semblait impossible, il n'y arrivait pas.

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