33 : Raphaël
La voiture cahotait sur la route bordée d'arbre. Raphael la connaissait par cœur, les mêmes conifères l'encadraient et les simples maisonnettes aux façades défraichies n'avaient pas bougée depuis des années, comme si le temps était figé a jamais. Désormais derrière le volant, le jeune restait silencieux, regardant quelque fois a l'arrière pour observer sa soeur dormir, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. A ses côtés, Basile regardait le paysage défiler a vive allure de l'autre côté de la vitre. C'était la première fois qu'un de ses amis rencontrait ses parents et cela le stresser quelque peut. Il avait souvent eu tendance à séparer vie familiale et le reste, et ce depuis sa petite enfance, ses parents se montrant un peu trop intrusifs a son goût. Mais il n'avait eu d'autre choix, il ne pouvait quand même pas obliger Gina a faire des heures supplémentaires avec un rhume pendant que lui se prélasser chez ses parents. Puis ils lui semblaient si heureux au téléphone quand il leur a annoncé qu'il viendrait avec Basile. Son ami jeta un coup d'œil au rétroviseur pour voir si Lisa dormait toujours a l'arrière.
- Alors cette soirée de St-Valentin avec Vanessa ? Tout s'est bien passé ?
Le jeune homme se raidit, ses doigts serrèrent si fort me volant que ses jointures blanchirent. Il n'était jamais très a l'aise quand il s'agissait de parler de sa vie privée.
-Bien, baragouina-t-il , je crois qu'elle était contente.
Basile sourit d'un air amusé mais ne dit rien de plus.
-Qu'y a-t-il?
-Rien, rien. C'est juste que tu sembles hésité alors que c'est pourtant facile avec Vanessa, elle dit tout ce qui lui passe par la tête.
Raphaël leva les yeux au ciel en soupirant, mais un sourire ne pu s'empêcher de se glisser sur ses lèvres. Les arbres finirent par totalement remplacer les maisons déjà peu présentes. Par chance il n'avait pas neiger, Raphaël ne se voyait pas vraiment mettre des chaînes sur le bord de la route avec sa sœur frigorifié lui râlant dessus et Basile attendant patiemment dans la voiture. Bientôt la forêt laissa place a un petit amas de collines sur lesquels trônaient plusieurs maisons. Parmi elle, celle des Gensio, acheté il y a très longtemps par ses grands parents maternels. Depuis que leurs enfants étaient partis faire leur étude, Marie Gensio et son compagnon étaient retournés vivre dans la maison familiale loin de toute civilisation afin d'aider Méresena désormais veuve. Raphaël se gara devant la maison dont les murs nus recouverts de branches se transformés en une luxuriante vigne vierge dès les premières douceur du printemps arrivées. Alors qu'il descendait pour sortir Basile, il fut accueilli par les aboiements joyeux de Laïka et la voix de sa mère scandant son nom derrière elle. La chienne se précipita vers le jeune homme manquant de le renverser. Il caressa énergiquement la tête avant de continuer de sortir le fauteuil de son ami. Lisa emmena Kaïla un peu plus loin et prit sa mère dans ses bras, enfouissant son visage dans son cou. Basile enfin dans son fauteuil tourna la tête vers le jeune homme a ses côtés.
-Très jolie maison.
Il sourit en guise de remerciement et suivie des yeux la petite labrador qui se pavanait, un bâton dans la gueule.
-J'espère que tu n'as pas peur des chiens.
-S'il mange mes roues je te préviens, je l'écrase, blagua -t-il en guise de réponse.
Sa mère se précipita vers leur duo, son pull crème faisant ressortir son teint halé. Elle le prit dans ses bras, le serrant de toute ses forces contre elle. Ils ne s'étaient pas vu depuis noël et elle lui avait énormément manquée. Elle se tourna ensuite vers Basile et lui offrit son plus beau sourire, avant de poser sa main sur son épaule.
-Enchantée Marie Gensio. Mais appelez moi seulement Marie.
Par chance elle n'avait pas commis l'affreuse erreur de lui présenter sa main. Mais le jeune n'était pas moins sur que son père n'oublierait pas la condition de son ami et commenterai cette gaffe. Laïka trottinait joyeusement a coté d'eux pendant qu'ils pénétraient a l'intérieur de la bâtisse. Arrivé dans le hall, Raphaël se débarrassa de son long manteau brun révélant un pull rouge à grosse maille. Sa mère sourit a cette vision.
-Mamie va être contente que tu l'aies mis.
Après avoir débarrassé Basile de son manteau, ils se dirigèrent vers la cuisine dans laquelle régnait une douce odeur de tarte au pomme. A une table une vieille femme un peu voutée épluchait des pommes de terres, un vieux chandail gisant sur ses épaules. Lorsqu'elle les vit ses lèvres s'étirèrent dans un large sourire. Maladroitement elle se releva, révélant un chapelet nacre tranchant avec sa robe noir. La grand-mère du jeune homme avait toujours été très pieuse, elle lui avait souvent répétait que si elle n'avait pas rencontré son grand père, elle serait devenue religieuse. Elle l'inspecta de la tête au pied puis se mit à toucher son pull.
-Il est encore trop large pour toi, il faut que tu manges mon garçon. Tu sais je n'ai pas besoin de faire des économies de laines.
Rapahël la prit dans ses bras, respirant son odeur de parfum bon marché qu'elle semblait porter depuis la nuit des temps. Après leur longue accolade, la vieille femme porta son regard vers l'homme à ses côtés. Les mains jointes contre son corps elle le salua sans esquisser le moindre geste.
-Lisa est bien venue te dire bonjour ? Demanda la mère de Raphaël qui tentait de calme le chien.
Madame Genioso opina.
-Oui, elle est partie déchargé la voiture à l'aide de son père.
-Parfait, Raphaël tu emmennes Basile dans sa chambre.
Il acquiesça et s'exécuta. Malgré que ses deux enfants soient déjà majeurs depuis plus d'un an, Marie avait toujours l'habitude de les traiter comme s'ils étaient encore de jeunes enfants. Entre les murs étroits aux pays peints vieillit, les souvenirs afflués dans la tête de Raphaël. Depuis quelques années maintenant cette partie de la maison était déserte mais il n'arrivait pas à s'habituer au fait qu'il ne soit plus là. Il entendait encore la traviata résonner dans ces pièces, il sentait encore le contacte rugeux de sa barbe contre ses joues, comme s'il ne les avait quitté que depuis quelques jours. La porte émit un horrible craquement lorsqu'il l'ouvrit, révélant derrière elle une pièce dans laquelle se mélangeaient mobiliers anciennes et machineries médicales. Il s'appuya silencieusement contre la grosse armoire en bois massif où il se cachait souvent lors des parties de cache-cache. Basile détaillait lentement la pièce sans un mot, mais l'arc que formaient ses sourcils témoignait de son étonnement. Finalement il se tourna vers lui.
-Je comprends maintenant comment tu as réussi à convaincre ma mère de m'emmener. D'habitude elle n'est jamais consentente lorsque je pars en voyage.
-Mon grand-père a presque perdu l'usage total de ses membres après un accident vasculair cérébrale. Il a vécu pendant trois ans paralysé. Ma mère n'a pas voulu se débarasser de ce matérielle car il pourrait toujours lui servir.
-Je suis désolée pour ton grand-père.
Raphaël ne répondit rien, ses yeux fixant le lit semblait revoir entre ses draps le corps affaiblit au visage souriant d'un homme extraordinaire.
-C'était quelqu'un de bien. Je crois qu'il est mort heureux, finit-il par articuler, ses pupilles ne pouvant se décrocher du lit.
*
Le ciel semblait les écraser, eux, infimes poussières au milieu de l'immense étandu d'herbe qui les entourait. Alors que le froid lui déchirait les poumons, Raphaël poussait Basile, l'aidant à gravir la colline, le moteur de son fauteil ne suffisant pas. Le vent ébouriffait ses cheveux, sifflait à ses oreilles et poussait les énormes nuages gris qui flottaient dans le ciel. Les faibles lueurs du matin faisait cintiller le givre qui avait prit posséssion de la nature. L'herbe grissaient sous leur ascension, accompagnant le frémissement des branches. Arrivés au sommet, à l'abri d'un arbre, ils se postèrent droits devant le paysage qui s'étendait devant leurs yeux. Souvent, enfant, le jeune homme venait passer ses après midi avec les enfants du patelins, construisant des cabanes et jouant au cartes, il se souvint des longues chasses aux fruits sauvages, des courses d'escargots où il se cassait la voix et des heures passées à regarder les nuages. Aujourd'hui, sous le ciel grisonnant, ces moments paraissaient bien loin. Il s'assit parterre, son imperméable protégeant ses fesses de l'humidité du sol mais pas du froid, puis sortit de sa poche une pomme qu'il avait piqué et croqua dedans. Il régnait souvent entre eux deux de long silence mais Raphaël avait fini par s'y habituer, Basile appréciait le calme et les conversations intéressantes, mais aux bouts de nombreuses journées collés l'un à l'autre, les sujets de passionnantes discussions s'étaient fait bien plus rare.
-Pourquoi ne leur as-tu pas parler de Vanessa ? Demanda finalement son ami, ses yeux toujours fixés vers l'horizon.
-Je ne me sens pas encore prêt à leur annoncer. Ca peut te paraitre étrange mais je ne veux pas qu'ils soient au courant, ils ont tendance à être un peu trop gentils et curieux, j'aimerai garder ces moments encore un peu intimes.
Il lui sourit d'un air compréhensif mais ne rajouta rien de plus. Dans le ciel, les nuages se mirent à former d'énormes boules de coton voluptueuses, prenant des formes improbables et rigolotes. Le jeune rigola intérieurement en imaginant un drôle de dragon difforme à la place de l'un d'eux.
-Lorsque nous étions petits avec ma soeur, l'on venait souvent ici pour observer les nuages, c'est le meilleurs endroits du coin.
-Tu aimes bien regarder les nuages ?
-Oui, c'est divertissant et reposant, puis ça me replonge toujours un peu en enfance.
-Tu te serais bien entendu avec Esmée.
Le jeune homme porta son regard vers le visage de son ami et leva son sourcil d'un air interrogateur.
-Elle m'emmenait toujours regarder les nuages, elle adorait ça. Je finissais souvent par m'endormir dans l'herbe tellement c'était ennuyant. Mais elle passait des heures à leur trouver des formes et à rigoler. J'aimais tant voir ses yeux pétiller de joie lors de ses instants. Esmée comparait toujours les gens aux nuages, elle disait que l'on cherchait toujours à leur trouver un sens, à mettre des adjectifs sur eux alors qu'au fond l'on savait bien qu'ils n'avaient aucunes formes et qu'ils étaient en perpétuelle évolution.
Il flottait dans sa voix plusieurs non dit et une certaine mélancolie. Raphaël aimait qu'il partage avec lui ses souvenirs. Il s'imagina alors l'homme plus jeune, accompagnée d'une jeune femme et il sourit.
-Elle a surement raison.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top