32 : Adélaïde

Elle fouilla encore une fois les tiroirs, ainsi que son bureau dérangeant par la même occasion ses piles de documents. Alors qu'elle vidait son sac sur la table, elle lança un regard désespéré à Lise qui, en boule sur sa chaise, avait abandonné depuis une demie heure la recherche. Adélaïde avait l'habitude de perdre des petites bricoles, étant de nature assez désordonnée. Mais normalement, elle les retrouvait rapidement et jamais encore elle n'avait égaré quelque chose d'aussi important. Voyant qu'elle commençait à s'énerver et à refouiller pour l'énième fois les mêmes endroits, Lise souffla d'un air las.

-Adélaïde, calme toi, ça ne sert à rien de continuer à chercher ce soir. Il y a bien un double des clefs ? Donc laisse tomber et on cherchera demain, elles n'ont pas pu s'envoler.

-Tu ne comprends pas, je n'ai pas non plus les clefs de chez-moi. C'est impossible, j'étais sûre de les avoir laissées là.

-Ce n'est pas un problème. Viens dormir à la maison ce soir, de toute façon, j'ai une dette envers toi.

Elle releva la tête vers son ami, ses mèches s'empêtrant dans ses lunettes et obstruant sa vue, face au visage déterminé qu'elle lui affichait, elle se résigna à l'écouter. Après avoir lancé un dernier regard au bureau sur lequel devait gésir un trousseau, elle ferma la bibliothèque. La chance ne lui avait pas souri aujourd'hui, malgré que ce soit le jour de son anniversaire. Basile était toujours de mauvaise humeur après leur discussion un peu houleuse et était parti avec Raphaël, oubliant ce jour pourtant important, Romain n'avait pu venir, retenu de force par ses parents et voilà que maintenant elle avait perdu ses clefs. Heureusement, Lise l'avait accompagnée, mais malgré qu'elle soit à ses côtés, la jeune femme n'avait qu'une envie s'était de se rouler dans un plaid et de lire deux trois pages avant de s'endormir afin d'oublier un peu la réalité. Le moral dans les chaussettes, elle pénétra dans l'appartement et laissa tomber sa besace le long de son bras. Elle n'entendit pas le petit gémissement de douleur à côté d'elle, trop subjuguée par ce qui se dévoilait sous ses yeux alors que les lumières éclairaient la pièce. Son regard passa sur chaque visage, Yseult, Raphaël, Vanessa, Basile, Ivan, ils étaient tous là sous une banderole accrochée maladroitement au mur sur laquelle on pouvait lire "Joyeux anniversaire". Elle baissa alors la tête vers Romain assis sur le sol qui bien qu'il se soit prit un coup de sac lui souriait de toutes ses dents, de fossettes décorant ses joues. Des émotions trop fortes se bousculaient à l'intérieur de sa poitrine, alors que les mots se bloquaient dans sa gorge, elle se retourna finalement vers Lise qui, appuyée dans l'encadrement de la porte, lui présentait un trousseau de clefs, un sourire malicieux se glissant sur ses lèvres. Pour une surprise, il s'agissait bien d'une surprise. Elle aurait aimé tous les serrer dans ses bras, mais le bonheur qui l'envahissait à cet instant la paralysait.

-Bon si vous attendez qu'elle réagisse, on est là jusqu'à demain matin.

La jeune femme fit volte-face, Basile avait dit ces mots avec son flegme habituel, mais elle savait qu'il ne s'agissait que d'une simple plaisanterie afin de l'aider à arrêter de rester planté en plein milieu de la pièce comme une idiote.

*

Bien qu'elle ait pris un an de plus, Adélaïde avait l'impression d'être de nouveau une étudiante. Ces années où, accompagnée de Basile, ils fêtaient leurs anniversaires en petit comité rigolant simplement et bien loin des clichés que l'on se faisait de leurs soirées. Elle observa encore une fois les nombreux cadeaux étalés devant elle et fut contrariée qu'ils aient fait autant de folie. Il y en avait bien trop pour une personne aussi simple et banale qu'elle, elle ne méritait pas tout ça. Un flot de joie envahissant de nouveau, son corps quand ses yeux parcoururent la salle de séjour, elle serra Romain assis à ses côtés pour le remercier. S'il fut un peu surpris au premier abord, il lui rendit son accolade. L'appartement fut alors plongé dans la peine ombre, Lise sortie de la cuisine chargée d'un gâteau accompagnée par le chant des autres convives. Lorsqu'elle se retrouva devant les bougies qui illuminaient la pièce, Adélaïde n'eut qu'un seul vœu qui lui vint à l'esprit. Elle souhaita alors de tout son cœur que rien ne change. Et les flammes s'éteignirent. 


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