31 : Lise

La jeune femme s'installa sur le banc juste en face de la marre où en été barbotaient les canards. Le jardin public avait été le meilleur compromis qu'elle avait pu trouver, jamais Adélaïde ne pourrait les croiser dans un endroit pareil à une telle heure et il se trouvait près de leurs trois lieus de travail. Elle enfonça son bonnet sur ses oreilles et souffla, un nuage de buée s'échappant d'entre ses lèvres. Elle eut la soudaine envie d'une cigarette, elle tâtonna ses poches puis se maudit de l'avoir laissé avec son sac au casier. Elle bascula la tête en arrière et observa le ciel gris suspendu au-dessus d'elle, elle frictionna ses mains et souffla entre ses doigts pour les réchauffer. Il aurait peut-être mieux valu qu'ils se donnent rendez-vous dans un café par ce temps, même s'ils risquaient d'être dérangés. Elle se redressa et aperçut au loin une petite silhouette dans un manteau gris. Elle ne mit pas longtemps à l'identifier, il était si particulier qu'elle aurait pu le reconnaître dans une foule de personnes. Elle le revit sous la pluie, avec son parapluie jaune citron et se surprit à sourire. Elle lui adressa un léger signe de main afin qu'il la reconnaisse, mais c'était superflu, le jeune homme l'avait déjà repéré depuis longtemps. Alors qu'il s'approchait nonchalamment du banc sur lequel elle était assise, il lui sourit et la salua avant de prendre place à ses côtés. Lise se raidit et se mit à fixer intensément l'eau grisâtre ondulant devant elle, elle détestait la timidité maladive qui envahissait son corps à chaque fois qu'il se trouvait près d'elle. Raphaël n'engagea pas immédiatement la conversation, la jeune femme pesta intérieurement contre Romain pour ne pas être arrivé le premier.

-Je suis désolée, dit-il finalement, arrachant un regard interrogateur à sa voisine. J'ai essayé tant bien que mal de convaincre Basile de venir mais il a refusé coute que coute, en ce moment il est plus têtue qu'une mule. 

Elle se contenta de secoué la tête, expliquant que ce n'était pas grave. Ses mains, rougies par le froid, ne cessait de la démenger. Elle avait l'impression que tout son corps prenait son indépence, envoyant de multiples signeaux afin de lui faire passer un message, mais elle n'écouterait pas ce qu'il avait à lui dire aujourd'hui. Lise se leva et s'avança vers l'eau, elle avait besoin de bouger afin de dégourdir ses jambes endorlies par le froid. Les feuilles mortes et les brindilles craquèrent doucement sous ses pieds, elle avait l'impression de marcher sur un petit nuage spongieux. Elle ferma les yeux et respira à plein poumons pour espérer retrouver ses esprits, Raphaël n'avait pas bougé, elle sentait son regard se posait sur son dos. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, la jeune femme eu l'impression de se retrouver plonger au pleins coeur d'un tableau. Tout autour d'elle semblait figé, recouvert d'un brouillard épais ayant même réussi à engluer le temps. Le vent rompait le silence, faisant frémir les branches et ramenant les effluves de la villes et du parc. Des pas léger sur les graviers la firent se retourner, Raphaël avait quitté son banc et s'était avançait à ses côtés. Il frotta ses mains et s'appuya contre un arbre. Lise détailla alors son visage puis chaque parcelle de son corps, son grain de beauté dans le creux du cou, ses mains semblablent à celle d'une femme, ses jambes un peu trop longues par rapport à son buste. Le jeune homme continuait de fixer l'étendue grise devant lui sans ce soucier du regard de son interlocutrice. Sans détacher son regard du paysage, il lança finalement.

-J'ai toujours trouvé ce paysage magnifique.

Il se redressa et planta ses iris noisettes dans les siens. Ses yeux semblait pouvoir lire à travers les siens tant la façon don't il l'observait été intense. Malgré que ses traits soient juvéniles, elle n'avait aucunement l'impression de se retrouver face à un adolescent. Un frisson lui parcoura l'échine et elle se dépécha de détourner la tête. Raphaël se racla la gorge et fit de même avant de retourner vers le banc. Au loin un jeune garçon en doudoune kaki armé d'un sac à dos se dirigeaient vers eux à grandes enjambées. Le souffle court, les joues rougies par l'effort et le froid, Romain arriva à moitié paniqué. Alors qu'il reprenait tant bien que mal son souffle, il articula maladroitement entre deux respirations.

-Désolée.. Humph.. retard.. Humph, humph... Prof de maths...

Un sourire se glissa sur les lèvres de Lise et elle força son ami à s'asseoir ayant peur qu'il tombe dans les pommes. Malgré qu'il soit le plus jeune du trio, elle trouva assez vexant qu'il les dépasse tout deux d'au moins une tête. Maintenant qu'ils étaient tous réuni, elle allait pouvoir commencer leur petite réunion. Elle toussa dans son point pour éclaircir sa voix et fouilla dans ses poches à la recherche d'un bout de papier.

-Bon, si vous ne le saviez pas, l'anniversaire d'Adélaïde est dans une semaine et pour la remercier de tout ce qu'elle a fait pour nous, je pensais lui organiser une petite fête surprise. Ma mère accepte de me laisser l'appart à condition qu'on ne soit pas plus d'une dizaine et qu'elle le retrouve dans un état convenable. Voila comment nous allons nous organiser, Romain tu t'occuperas de trouver des idées de cadeaux et tu m'aideras à preparer les décorations, je m'occuperai des activités et d'envoyer les invitations et toi, Raphaël, pourrais-tu dresser la liste des invités avec l'aide de Basile et décider ce que nous allons manger, je t'aiderai à préparer bien entendu et tout les frais seront à ma charge.

-Ne t'inquiètes pas, ça ne me dérange pas. Et nous donnerons tous un peu, tu ne vas tout de même pas être la seule à payer.

Lise lui sourit, soulagée qu'il accepte sa proposition. Elle se tourna vers Romain, toujours silencieux sur le banc, pour savoir si lui aussi était partant. Face à la blancheur cadavérique de son visage, elle se baissa et s'enquit de son état de santé, il ne manquerait plus qu'il fasse un malaise juste à côté d'elle.

-Je ne vais jamais réussir à trouver de bon cadeaux, je ne la connais pas assez bien, si jamais ça ne lui plait pas.

Elle rigola et lui posa la main sur la bouche pour le faire taire. Son ami imaginait toujours les pires scénarios catastrophes alors qu'elle savait très bien que tout allait bien se passer.

-Calm down Romain, ça va parfaitement aller, ait confiance.

Il hocha la tête, toujours peu rassuré. Peu importe ce qu'il pouvait s'imaginer, peu importe ce qui se passerait ce soir là. Lise le savait, rien ne pourrait gâcher la joie d'être tous ensemble et de rendre leur amie heureuse.


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