29 : Basile
Ils étaient en plein milieu de l'après-midi et pourtant la bibliothèque semblait plus déserte que d'habitude. Si Adélaïde avait semblé de prime abord étonnée qu'il lui rende visite seule, elle n'avait posé aucune question sur l'absence de son assistant qui habituellement lui été fidèle comme une ombre. Alors qu'il avançait lentement dans le hall, il s'attendait à plusieurs réprimandes de la part de la jeune femme sur le fait qu'il avait volontairement évité tous les rendez-vous auxquels elle l'avait convié. Mais au contraire, elle ne lui dit rien et prépara comme à son habitude un café et le laissa s'installer. Face à son mutisme, Basile lança la conversation. Au fur et à mesure des années passées ensemble, leurs conversations étaient devenue bien plus banale, mais elles n'en étaient pas moins intéressantes. Mais aujourd'hui, un petit quelque chose finit par attirer l'intention du jeune homme. Depuis qu'il était arrivé, son amie était muette et ne répondais à ces phrases que par de courte réponse, le laissant monologuer. Il s'arrêta en plein milieu de son récit et la fixa. La bibliothécaire souffla face à son regard, Basile ne demandait jamais ce qu'on lui cachait, il se contentait simplement de fixer son interlocuteur, attendant qu'on lui révèle le moindre de ses secrets. La jeune femme briqua ses lunettes contre son chemisier.
-Vincent m'a envoyé un message, il veut que je vienne les voir en mai.
-Et ? S'enquit-il ne comprenant pas où était le problème.
-Je ne sais pas quoi lui répondre. D'un côté je meurs d'envie de les revoir mais de l'autre côté je ne veux pas. Mon cerveau ne cesse de se battre avec lui même depuis deux jour, ça me fatigue.
-Pourquoi ne veux-tu pas leur rendre visite ? Encore moi j'ai une bonne raison, dit-il en désignant son fauteuil d'un coup de menton. Mais toi non.
Adélaïde soupira et tritura sa bague.
-J'ai peur, répondit-elle d'une toute peite voix. Peur que nous ne nous entendions plus, peur que nous brisions nos anciens souvenirs par cette rencontre. Cela fait deux ans que nous ne nous sommes pas vu, deux ans qu nous avons cessé d'être des enfants. Tu as changé, j'ai changée et eux aussi, je suis terrifiée à l'idée de découvrir que nous ne sommes plus complémentaires.
L'homme lui adressa un sourire bienveillant, s'il avait pu prendre ses mains dans les siennes il l'aurait fait. Peu importe ce qu'elle disait, pour lui ils étaient encore tous des enfants, de grands enfants. La bibliothécaire plongea son visage dans ses mains, détestant parler de ses sentimement à d'autres.
-Tu ne voudrais pas venir avec moi ? demanda-t-elle finalement.
L'homme grimaça, il n'était pas très enchanté par la perspective de revoir ses amis d'université dans son état actuel.
-Ils ne m'ont pas invité. Je ne voudrais pas m'incruster.
-Ils n'ont pas pu t'inviter vu qu'ils n'ont plus aucun contacte avec toi. Tu as coupé tous les ponts après ton accident, ils ne sont même pas tous au courant pour ton,ta... bon tu sais ce que je veux dire.
Il secoua la tête pour éviter de s'avancer sur ce sujet qui était un vrai terrain miné.
-Tout va bien se passer Adélaïde, répliqua-t-il simplement, nous n'avons pas tant changé. Accepte sans te poser de questions, c'est le meilleurn choix possible.
-Tu n'es jamais d'une grande aide Basile, tu ne te contentes que de donner des ordres. Je regrette parfois que tu sois si antipathique.
-Tu consoles, je conseil chacun son rôle.
La bibliothécaire hocha mollement les épaules face à cette dernière remarque, montrant ainsi que la discussion était close. Basile n'aimait pas s'apitoyer sur le sort des gens. A quoi servait-il de les réconforter alors qu'ils étaient dans l'erreur. La seule action qui pourrait leur être bénéfique est de proposer divers solutions afin de les aider à se sortir de cette situation. Et s'il n'y avait aucune solution, alors il n'y pouvait rien.
-Pourquoi Rapaëln'est pas avec toi ?
L'homme redirigea son regard vers Adélaïde qui avait finalement posé la question qu'elle avait sur le bord des lèvres depuis son arrivé.
-Il est chez une copine, répondit-il vaguement, en prenant soin de dévier le regard.
-Une copine , amie ou une copine, copine ?
Il hocha la tête à la deuxième proposition, Basile adorait joué sur les mots mais il oubliait souvent qu'après autant d'années passées ensembles, la jeune femme se laissait rarement berner. Il plaignit sincèrement ses enfants et son mari qui ne pourraient jamais lui mentir.
-Qu'est-ce que tu as encore fait Basile ? Lui lança-t-elle d'un ton acusateur en fronçant les sourcils.
Il eut une moue outrée face à de telle accusations. Il n'y était pour rien dans toute cette histoire , certes il avait donné un petit coup de pouce au destin aidant rupture et rencontre à se produirent plus rapidement, mais tout se serait déroulé de cette manière même s'il n'avait pas été là. Voyant qu'il niait totalement les faits, son amie continua son interrogatoire.
-Et qui est cette copine ?
-Vanessa.
-Vanessa ? Répéta-t-elle interloquée. Elle n'avait pas un copain ?
-Si mais ils ont rompu il y a un petit mois et demi, ne me dis tout de même que tu le regrette, dans mes souvenirs tu ne le portais pas dans ton coeur.
-Comme toi avec Vanessa. Tu ne l'as jamais vraiment portée dans ton coeur. Et te connaissant, cela m'étonne étrangement que tu ne tentes pas d'empêcher cette rencontre.
Il grimaça n'aimant pas la tournure que prenait la conversation.
-Il est vrai qu'entre Vanessa et moi il n'y a jamais eu de grand amour, mais comme tu l'as dis nous avons changé et j'ai réussi à passer outre les différents qui nous opposaient. Puis l'important est qu'ils soient heureux tout les deux.
Adélaïde haussa les sourcils d'un air soucieux et bu une gorgée de thé avant de se lever et de se remettre à trier des papiers.
-Quelle drôle de coincidence tout de même que le mois où tu reprends contacte avec elle, elle ait rompu avec son copain.
-Le hasard fait bien les choses.
La bibliothécaire hocha la tête avant de se tourner de manière à lui présenter son dos. Basile regarda alors silencieusement la tasse de café devant lui, puis ses yeux glissèrent vers le téléphone de la jeune femme entouré d'une multitude de notes et de papiers en désordre.
-Je pense que Raphaël ne devrait pas tarder, si tu as du travail je peux lui demander de venir me chercher.
Son amie se retourna vers lui en le dévisageant. Elle dégagea les nombreuses méches qui tombaient sur son visage et repositionna ses lunettes sur son nez.
-La vie n'est pas une partie d'échec Basile, mais si tu contines à jouer de cette façon tu vas t'y briser les os ainsi que ceux qui t'entourent.
-On ne peut pas dire que je puisse tomber plus bas que je ne le suis déjà.
La jeune femme saisie son téléphone et s'éloigna, Basile ne mit pas longtemps à comprendre que son assistant viendrait bientôt le chercher.
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