14 : Lise
Encore tremblante, Lise marchait dans les rues bondées sous la pluie. Ses cheveux trempés, ses jambes nues frissonnantes et ses yeux rougis par les larmes. Elle avait l'impression d'étouffer au milieu de cette foule compacte qui la bousculait. Les odeurs de gaz d'échappement lui piquaient le nez et le bruit des pas pressés des passants et de la pluie rendaient le tableau encore plus triste. Quelques personnes laissaient trainer leurs regards étonnés sur elle mais aucun n'était venu lui demander si elle allait bien. Ses chaussures étaient désormais semblables à des aquariums et le bruit désagréable qu'elles produisaient rythmé sa marche. La jeune fille s'arrêta alors et se mit à fouiller dans son sac à la recherche de plusieurs de ses effets personnels, remarquant qu'une grande partie manquait à l'appel, elle se remit à pleurer de plus belle. Elle n'avait pas la force de retourner voir Ivan pour lui demander ses clefs, il la terrorisait, jamais elle ne l'avait vu dans cet état. Elle et son corps menu ne feraient pas long feu s'il commençait à devenir agressif. Elle sentait encore sur ses poignets ses longs doigts les enserrant. Elle voyait encore ses prunelles remplies de larmes. Qu'avait-elle fait pour le mettre dans cet état ? Avait-elle vraiment joué avec lui ? Elle se sentait horrible, ignoble, elle aurait aimé calmer Ivan, le réconforter et elle n'avait fait que fuir.
Maintenant elle était là sous la pluie, abandonnée et trempée. Son cœur lui faisait mal et ses larmes ne voulaient pas arrêter de dévaler ses joues. Elle avait l'impression d'être l'héroïne pathétique d'un téléfilm semblable à ceux que regarde sa grand-mère l'après-midi. Elle releva la tête pour voir où elle se trouvait. Les rues étaient sombres, les employés et travailleurs se pressaient de rentrer au chaud chez eux et de retrouver leurs femmes et leurs enfants pour diner. Lise ne pouvait pas faire de même, sa mère étant en déplacement et son petit frère chez un ami. Il se mit alors à pleuvoir plus abondamment comme si le ciel voulait punir la jeune femme, elle accéléra sa marche. La lumière provenant d'une vieille bibliothèque attira son regard , elle gravit rapidement les marches du perron et poussa la porte.
A l'intérieur il régnait une douce chaleur réconfortante, l'odeur de bois et de vieux livres lui rappela les week-ends à la campagne avec ses cousines. L'endroit semblait désert, seul le bruit de la pluie contre les carreaux et des poutres craquants rompait le silence. Les lumières jaunâtres éclairaient les grandes bibliothèques de bois massif remplies de bouquins, un peu plus loin se trouvait un petit bureau lui aussi en bois et dont le tissu du fauteuil semblait bien abimé. Lise essora ses cheveux et resserra les pants de son manteau en frissonnant, elle vit alors apparaître une masse de boucle brune puis deux pieds nus aussi blanc que la neige et enfin une paire de grosses lunettes noires.
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