Chapitre 66 : Gwendolyne

- Ça commence fort...

Je ronchonne, collée aux autres personnes dans le RER qui vient de partir. Clélia qui tente de m'appeler. Elle n'est vraiment pas culottée cette nana ! Une véritable sangsue ! Je regarde son nom, l'image du téléphone vert qui me permettrait de décrocher et celle du téléphone rouge pour lui raccrocher au nez. J'hésite un instant à cliquer sur ce deuxième. Une seule chose me retient : si je fais cela, ça montrera que j'ai de la rancœur alors que je préfère la laisser dans une indifférence totale. Les vibrations stoppent bientôt et je relève le menton vers mon binôme qui se trouve non loin, tentant de se faire une place pour éviter de se faire écraser sur la barre qui se situe devant lui. Hier, la soirée a été plutôt mouvementée, j'ai failli craquer et montrer des failles. Toute la nuit, je n'avais qu'une idée en tête, que cela ne se reproduise pas ! A partir de maintenant, je vais prendre sur moi pour la suite de cette « collocation », je vais mettre mon plus beau masque pour ce mariage et gérer mon « couple » libre qui me gène tant. Voilà mon programme personnel. Au boulot, régler tous les problèmes journaliers, comme d'habitude et essayer de mettre en place ces fichus Workflows, ce sera déjà très bien.

Une vibration se fait sentir dans ma main et je constate amèrement que mon ancienne « meilleure amie » m'a laissé un message vocal. A la bonne heure, je verrai plus tard si je l'écoute ou non ! Nouvelle vibration. Si c'est encore elle, je crois que je vais tilter. Sur mon téléphone s'affiche le nom de « Vic » et une conversation WhatsApp qu'il semble alimenter seul tant le nombre de messages ne cesse d'augmenter.

- Prochain arrêt...

Mon regard croise celui de mon Pingouin ninja au moment où la voix automatique se fait entendre. Notre arrêt de RER est là et nous devons à présent descendre pour attraper notre métro. Il me rejoint sur le quai, que nous remontons.

- Absorbée par ton téléphone ?

- Clélia a tenté de m'appeler. Vic poste message sur message. Je n'ai pas encore eu le temps de les lire.

Il ne dit rien pendant quelques secondes, avant de me demander :

- Et tu comptes la rappeler ?

- Je ne sais même pas si je vais écouter son message...

Nous sortons nos cartes de transport, validons et continuons notre remontée vers notre métro au milieu d'une foule disparate, entre personnes plus pressées que tout le monde, touristes perdus, les deux de tension qui devraient mettre une heure pour faire cent mètres et autres spécimens du genre humain. Il y a bien longtemps que je ne les regarde plus lorsque je vais au travail. L'observation de ces êtres qui me semblent si étranges est réservée au week-end, lorsque j'ai le temps de m'attarder et flâner.

- Et avec Vic, ça se passe comment ?

Enfin arrivés devant les portes vitrées de notre métro, je me tourne vers Raphaël, qui semble plus qu'intéressé par ce curieux duo que je suis censée former avec son meilleur ami. Il faut dire qu'il n'a pas la situation la plus facile. Rares sont les couples adultes qui, s'ils se séparent, parviennent à rester en bons termes. Si nous nous quittons, il sera pris entre celle qui le loge et avec laquelle il bosse et son frère de cœur...

- Ça se passe... Je vais lire ses messages, je te dirai ce qu'il en est !

Ce ne sont pas moins d'une douzaine de WhatsApp qui s'affichent devant mes yeux. Il a dû mettre par défaut la touche « entrée » pour faire envoyer les messages et ne pas s'en souvenir. « Salut Gwen, ça va ? », « ça te dit que je passe ce soir ? », « on pourrait voir comment on s'organise pour le mariage ! », « et le boulot, ça se calme ? », « la coloc avec Raph, ça farte ? », « je finis à 19h ! »...

- Il veut venir ce soir.

Raph semble gêné, puis me répond d'une petite voix :

- Je peux partir me promener ou louer une chambre d'hôtel pour la nuit, tu sais ?

- Pardon ?

Je réalise après avoir prononcé ce mot ce qu'il a voulu dire par là et c'est tout simplement hors de question pour moi.

- Mais non, ce n'est pas ça le problème !

- Ne te sens surtout pas obligée de le recevoir parce que c'est mon ami...

- Eh, Pingouin ninja, tu ne vas pas toutes me les faire tes remarques stupides ? Il n'y a aucun problème sauf... que vous allez devoir supporter le bruit de mon épilateur électrique !

Ces yeux noisette paraissent augmenter de taille, ce qui ajoute du comique à cette situation. A croire qu'il n'a jamais entendu le son peu discret et légèrement... chiant de ce genre d'appareil.

- Si tu le souhaites, on peut aussi te laisser du temps pour toi...

- Tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais vu ta nana s'épiler, quand même ?

- Heu...

Pas besoin d'en dire plus, j'ai ma réponse. Même si je ne comprends pas bien ce qui poussait le dragon à se cacher pour cela. Après tout, ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas connue sous tous ses recoins. Alors, se trouver non loin au moment où elle enlevait ses poils, je ne vois pas vraiment le problème. A part une ou deux nanas, toutes celles que je connais en ont naturellement et je ne pensais pas que ce sujet pouvait être tabou.

- Il faut une première fois à tout, Pingouin ninja ! Bon plan pour moi, vous pourrez occuper Gazouille, ce qui lui évitera d'essayer d'attaquer mon épilateur !

- Tu es certaine que ça ne te dérange pas ?

- En réalité, je pense qu'il faudrait retourner la question !

- Non, non, ça me va ! J'en profiterai pour passer à la tondeuse mes poils !

Je ris à cette idée tout en répondant à Vic. Si on m'avait dit que je me retrouverais avec deux mecs à l'appart et que nous ferions une soirée épilation comme des copines, je pense que je ne l'aurais pas cru. Mais la vie, si elle sait être dure, sait également se montrer grande comique ! 




Hello ! 

Un nouveau chapitre ! Et deux d'avance ! Miracle, non ? ;)

Que pensez-vous de cette prochaine soirée ? Gwen va-t-elle écouter le message de Clé ? Que lui a-t-elle dit à votre avis ? Et l'idée de l'épilation, pas trop de traumatisme ? ;p

A bientôt pour la suite :)

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka

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