Chapitre 64 : Raphaël
J'ai la désagréable sensation que Gwen va craquer. Positif ? Négatif ? Je n'en sais malheureusement rien. Je ne la connais pas encore assez pour connaître tous les rouages de cette personnalité qui m'avait paru si simple et se révèle si complexe au fil des jours. Si pour certains une crise de larmes permet d'évacuer la pression, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Et ma binôme est loin d'être Madame tout le monde...
Elle semble comme bloquée dans ses pensées, accaparée par quelque chose qui me dépasse. Ses cheveux rouges en bataille devant une partie de son visage, cachant ses yeux bleus, comme si elle voulait m'interdire de la voir dans cet état. Et moi, je reste là, totalement imbécile, ne sachant si je devrais aller vers elle ou au contraire me retirer où je peux, de préférence dans le jardinet. Je sens que, si j'ai été le déclencheur de ce pic de stress, je n'en suis pas la seule cause. Un simple mariage ne met pas dans une telle angoisse. Il doit y avoir une chose profondément enfouie en elle que j'ai touchée je ne sais comment, mais que je regrette amèrement.
- Gwen ? Je peux faire quelque chose ?
Elle secoue la tête de gauche à droite, les yeux toujours fixés vers le sol. Que faire à cet instant précis ? Insister, au risque qu'elle ne le prenne mal, ou m'éloigner, au risque de la laisser seule avec ses pensées ? Au pire, elle ne peut pas plus se renfermer... Même si ce que je m'apprête à faire peut me valoir une bonne claque ou la perte d'une personne, je ne veux pas l'abandonner ainsi. Je prends tout ce que je peux avoir comme courage pour me lever, contourner la table et me placer debout devant elle. Elle relève son regard vers moi et, avant qu'elle n'ait eu le temps de prononcer le moindre mot, je place ma main derrière sa tête pour la plaquer contre mon ventre et entourer mon dos de mes bras. Réticente à ce contact un peu trop brusque, elle reste tout d'abord tendue comme un piquet avant de relâcher les muscles de son dos.
- Tu peux me parler, Reine rouge...
Un silence suit la phrase que j'ai prononcée avant qu'elle ne murmure :
- Non... Je ne peux pas...
- Pourquoi tu ne pourrais pas ? Je suis là, je ne te jugerai pas...
Je remarque que ma voix, qui n'a jamais été d'une puissance incroyable, a baissé de volume et se fait plus grave. Peut-être parce que j'ai remarqué que les gens se sécurisent plus facilement qu'avec les aigus ?
- Tu n'es que de passage, Raph... Tu es là, aujourd'hui. Je vais te parler. Et après ? Tu repartiras comme tu es venu. Et moi, pendant tout ce temps, je me serai habituée à me confier. Ce n'est pas logique. Autant ne pas commencer...
Sa remarque me fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur, mais je tente de ne rien laisser transparaître. Elle souffre, elle a mal, et elle ne veut pas m'en parler car elle craint de me voir sortir de sa vie. Comment lui faire entendre que ce ne sera pas le cas ? Comment faire une promesse à une période où je ne sais plus même qui je suis ?
- Ça pourrait te faire du bien... Dis-moi au moins ce que tu crains par rapport à samedi...
Toujours blottie contre moi, elle passe ses bras autour de ma taille et garde sa tête posée contre mon ventre. Au moins ne rejette-t-elle pas les contacts physiques. Si cela peut l'apaiser un peu, ce sera toujours ça de pris.
- Je ne sais pas... Je n'ai... Je n'ai pas envie de voir une famille. Je n'ai pas envie d'être l'intrus du coin...
- Je n'aurais pas dû t'inviter...
- C'est Vic qui l'a fait, pas toi.
- Il l'a fait après mon autorisation et celle de Louna, tu sais. Donc j'aurais dû lui dire non... Je voulais juste qu'il se sente bien. En plus ma sœur avait envie de te rencontrer et ça me faisait plaisir de t'y voir. Une façon de te remercier de cette colocation forcée. Je pensais sincèrement que ça t'aurait fait plaisir...
Elle soupire et je sens sa respiration augmenter. Brusquement, elle se dégage de moi, se lève et sort dans le jardinet, son paquet de cigarettes à la main.
- On va oublier cette discussion et faire comme si rien ne s'était passé, ok ?
Non, je ne suis pas d'accord. Je ne veux pas ignorer ce moment de mal-être de ma collègue juste parce qu'elle me le demande. Tout simplement car elle commence à compter pour moi et que je refuse de lui faire du mal, même si ce n'est pas volontaire.
- Je ne pourrai pas.
- Alors, fais semblant.
Et voilà le grand retour de la Reine rouge. Ses yeux ne brillent presque plus, sa voix grave est sèche et elle me fixe. Dès qu'elle montre un petit morceau d'elle-même, elle se reprend immédiatement. Ce jeu du chat et de la souris est certes intéressant mais également usant. Je fatigue à lui courir après pour parvenir à lui faire dire deux mots. Sans compter mes propres doutes concernant mon ancien couple, le mariage de Louna et mon changement de boite en cours. L'usure se fait sentir mais je ne veux pas en rajouter ou me montrer ingrat. Sans Gwen, je ne sais pas ce que j'aurais fait suite à ma séparation.
- Je t'aide à finir la pizza courgettes ?
- Non, non, ça ira.
Mon ton est plus cassant que je ne l'aurais souhaité. Ma Reine rouge ne relève pas et, dans la pénombre de la nuit tombant, je n'aperçois plus que le bout rouge de sa cigarette et la fumée qu'elle expire. Je rentre encore plus dépité pour terminer de couper les légumes, les place sur la pâte et enfourne le tout. Une fois la table mise, il me reste un peu plus d'une demi-heure avant de sortir la pizza.
- C'est une soirée sans, Pingouin ninja. Ce sont des choses qui arrivent...
- Je suis bien d'accord avec toi, Reine rouge. Après un bon repas et une bonne nuit de sommeil, ça devrait aller mieux !
- Allez, viens là !
Et elle me prend dans ses bras, me serrant fort contre elle. Je lui rends son étreinte, plongeant mon nez dans ces cheveux à la couleur si particulière. Une sorte de calme semble nous entourer et nous profitons de ces minutes de calme. A un tel point que ni l'un ni l'autre n'entendons la sonnerie du four.
Hello les enfants !!!
Enfin de retour ! Pour tout vous dire, j'ai galéré pour trouver du temps afin d'écrire ce chapitre ! Entre le boulot, les trucs persos et un concours dans lequel je suis juré, je n'arrive plus à gérer ! Mais voici un chapitre tout beau, tout chaud et je vais essayer de profiter de demain pour en écrire un ou deux en avance ^^
Bref, tout ça pour dire : que pensez-vous de la réaction de Gwen ? Des hésitations de Raph ? A votre avis, ça va donner quoi tout ça, à peine quelques jours avant le mariage ? ^^
A bientôt (on espère !!!) :)
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top