Chapitre 51 : Kristen

Ma rage n'a toujours pas faibli depuis samedi soir. Il s'est séparé de moi. Il a osé. Il a mis fin à nos huit années de couple pour son travail. Je suis tellement contente que mon père soit là. Je n'ai pas encore eu le courage de revenir à l'appartement depuis que j'en était partie, mais sa présence semble me donner des ailes. Je sais pertinemment que Raphaël sera là à 18h pile et qu'il n'aura rien enlevé de ses affaires. Il aurait trop peur que mon paternel lui fasse un procès si une seule chose venait à manquer ou si quoi que ce soit était abimé. J'avoue que ça me procurerait même du plaisir si c'était le cas. Il m'a trahie. Il m'a salie. Il ne mérite que le pire. Et je ne lui souhaite que ça.

- Es-tu certaine de vouloir le revoir, ma chérie ? Sinon, je pourrais y aller seul.

- Non, ne t'inquiète pas, papa. Je préfère savourer ma victoire sur lui.

- Je préfère te voir comme ça, ma fille. Et non avec ce... rustre.

Nous montons dans la voiture et nous dirigeons sur le périphérique. Les embouteillages commencent déjà, mais je sais que nous avons pris de l'avance et serons là à temps. Au pire, il attendra. Une princesse, comme moi, doit pouvoir se faire attendre, même par un gueux.


- Qui sont ces personnes ?

Je ne réponds pas même à la demande de mon père. Depuis que nous avons pénétré dans le couloir, mes yeux restent fixés sur ce qu'il se passe devant la porte de mon appartement. Certes, Raphaël est présent. Mais je reconnais immédiatement les coiffures immondes de son meilleur ami et de celle qui m'a volé mon homme.

- Espèce de...

- Kristen, non. Ne laissons pas à ces individus le plaisir de nous énerver contre eux.

Mon paternel me rattrape immédiatement et nous nous dirigeons, tête haute devant mon logement.

- Sinon, bonjour Kristen. Et bonjour, Edouard.

- Je ne te permets pas de m'appeler par mon prénom, Raphaël.

- Alors il ne vous permet pas non plus de l'appeler par le sien et de le tutoyer, monsieur.

Il fallait bien qu'il ouvre sa grande bouche, celui-là. Ce Victorien semble toujours aussi déplacé. En plus de faire des messages de menace à des jeunes femmes, il n'est pas même capable de respecter les plus anciens.

- Bien... Vous aviez donc besoin de venir avec des... amis. Pour nous intimider, peut-être ?

Bien lancé, papa ! Je suis certaine que cette raison est la bonne. Raphaël est bien trop couard pour m'affronter seul !

- Non. Juste parce que je n'ai que deux bras. Et qu'être à plusieurs nous permettra à tous d'écourter le temps aujourd'hui. Je suppose que vous non plus, vous n'avez pas que cela à faire.

Raphaël rejoue son insolent... Comment n'ai-je pas pu constater, au bout de toutes ces années, comment il était réellement ? Et dire que tous me l'avaient dit. On peut déguiser un singe en savant, il n'en restera jamais qu'un singe.

- Très bien. Restez dehors, je vais vous déposer vos affaires sur le palier, ordonne mon père.

- Et s'il manque quelque chose, Raph le saura comment ? Grâce à ses rayons X intégrés ?

- Votre sarcasme correspond bien à votre style, jeune fille.

- Et quel est-il, je vous prie ? Que je puisse enregistrer cela. Je pense que sur YouTube, cette vidéo hallucinante d'un homme comme vous insultant quelqu'un ferait fureur.

- Ah toi, la gar...

- Ne lui réponds pas, Kristen. Les gens comme eux ne méritent pas notre attention.

Mon père les laisse entrer derrière nous et, même si je déteste le fait qu'il ait dû se plier aux insolents, je comprends que sa réputation serait en jeu si cela se passait mal. Et, quoiqu'ait pu en penser Raphaël, l'image que notre famille renvoie est primordiale.

Je vois celui avec lequel j'ai partagé ces huit dernières années se diriger vers l'armoire et chuchoter avec les deux... erreurs. Au moment où je croise ses beaux yeux, je ne peux m'en empêcher. Je dois avoir une discussion avec lui. Je veux comprendre, savoir s'il m'a définitivement sorti de sa vie ou si tout ceci n'est qu'une mascarade, s'il n'est venu avec ces deux-là que pour me narguer ou m'appeler à l'aide. Ce n'est pas possible, il ne peut m'avoir oubliée, il n'a pas le droit de mettre ainsi huit ans de bonheur pour une passade avec une... péripatéticienne aux cheveux rouges ! Au pire, je lui pardonnerais cette erreur s'il promet de quitter son travail et donc sa maîtresse.

- Raphaël. Peut-on parler ?

Il me fixe un instant, et dans son regard je lis une détermination que je ne lui connaissais pas. A croire qu'il a été totalement lobotomisé par son meilleur ami.

- Bien.

Nous nous éloignons de quelques pas, tandis que mon père continue de surveiller ce que prennent les deux autres.

- Tu ne dis rien ?

- Que veux-tu que je te dise, Kristen. Je pense que tout a été dit. Peut-être même trop, vu ce que tu as avoué, me rétorque-t-il.

- Je ne comprends pas...

- Tu ne comprends pas ? Louna est « bizarre », je suis un « pari » et un « moins que rien ». Donc, sauf si tu as une autre gentillesse à me conter, nous nous sommes tout dit.

- Oui, je l'avoue, tu étais un pari à l'origine. Nous jouions à sortir avec des mecs un peu paumés ou bizarres. Le but du jeu était de pousser une autre fille à le faire. Le jour où je t'ai abordé, j'avais perdu. Tu étais paumé, Raphaël. Oui, au début je me suis mise avec toi pour rire mais après, je t'ai aimé. Comment voulais-tu que je te le dise ?

- Non, tu ne m'as pas aimé. Tu as aimé la personne en laquelle tu m'as transformé. Tu n'appréciais pas plus à l'époque que maintenant le nerd aux cheveux longs qui mettaient des T-shirts et des basquets. Qu'est-ce que tu crois ? Je te connais par cœur. Je vois bien la tête que tu fais depuis tout à l'heure en me regardant.

Je ne m'étais pas même rendue compte, mais il est vrai que je n'apprécie pas la façon dont il est habillé aujourd'hui. Cela lui donne un style vulgaire, comme son meilleur ami, bien loin de la classe de ses chemises. Mais je le veux, je veux qu'il reste avec moi et à moi. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi, mais j'ai besoin de lui... Il faut qu'il me revienne et je sais comment je peux l'avoir. Mes yeux deviennent humides et ma voix hachée lorsque je lui demande :

- S'il-te-plaît, laisse-nous une dernière chance... 




Hello !!! 

On dirait bien que la rupture est totale cette fois... ou alors ce n'est qu'un leurre ;)

Qu'avez-vous pensé de la réaction de Kristen ? Humaine ou abusive ? Le fait que Raph y soit allé avec Gwen et Vic, vous comprenez ? Et le père de Kristen ? 

Des paris sur l'ancien couple "Kristen-Raph" ? Que va-t-il répondre à votre avis ? 

A demain :)

Bon courage ! Bientôt la fin du BAC pour ceux qui le passent ^^

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka

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