Chapitre 32 : Kristen
Le repas à peine fini, je m'enferme dans la chambre que je possède chez mes parents, ne souhaitant plus entendre de reproches à l'encontre de celui que j'aime. Raphaël. Voilà quatre jours que je lui ai demandé de choisir entre son travail et moi et, depuis, c'est le silence radio. En temps habituel, il m'aurait déjà rappelée. Il aurait compris qu'il avait commis une erreur, il serait revenu en s'excusant. Mais là, rien. Pas un appel, pas un message. Pourtant, je vois qu'il est connecté sur WhatsApp et qu'il a voté pour une photographie de sa sœur sur Instagram. Mais pourquoi ne me dit-il rien ?
Enervée, et même si je n'aime pas Louna, je décide tout de même de la contacter. Je commence sérieusement à m'inquiéter. Et si Raphaël avait décidé de me quitter pour ta collègue ?
Au bout de trois sonneries, je commence à désespérer qu'elle ne me réponde. A la quatrième, j'hésite à raccrocher. Mais, tandis que la cinquième est en cours, j'entends quelqu'un décrocher.
- Allo ?
- Bonsoir, Louna...
- Oui, bonsoir. Pourquoi m'appelles-tu ?
- As-tu des nouvelles de ton frère ?
- Oui, j'en ai. Mais cela nous regarde, lui et moi uniquement.
Je soupire fortement. Des larmes commencent à perler dans mes yeux. Je sens que celui qui fait battre mon cœur va me laisser, sous l'influence de sa famille et de son ami Victorien... Mais je dois tenir, je dois essayer de convaincre sa sœur si je veux qu'il revienne.
- Louna, tu sais bien à quel point j'aime Raphaël...
- Je n'ai jamais remis en doute ton amour, Kristen. Ce que je remets en doute, c'est ce que tu aimes en lui. Tu aimes ce qu'il est devenu pour toi, la façon dont il a changé pour te plaire et plaire à ta famille.
- Non, ce n'est pas vrai !
J'éclate en sanglots. J'ai besoin de l'aide de Louna, j'ai besoin que Raphaël soit là pour moi. Je l'aime plus que tout...
- Il faut vraiment que tu te soignes, Kristen... Tu ne peux pas faire vivre cet enfer à quelqu'un quand tu l'aimes réellement...
- Je ne suis pas malade !
Quelqu'un toque à ma porte et j'essuie mes larmes avant de répondre à ma mère, cachant le haut-parleur du téléphone.
- Tout va bien, maman !
- Arrête de t'inquiéter pour ce raté ! Il n'est pas digne de toi, ma Kristen.
- On en parlera demain ! Arrête de dire ça !
- Repose-toi bien, mon cœur.
Dès que j'entends les pas s'éloigner de ma chambre, je reprends aussitôt le téléphone.
- Mon frère est un raté ! J'apprécie toujours autant la façon de penser de ta famille...
- Ce n'est pas la mienne, je l'aime !
- Oui, et tu voudrais qu'il ressemble à ce qu'ils veulent. Mais Raphaël ne sera jamais assez bien pour eux, tu le sais pertinemment. Et il devra les supporter toute sa vie, parce que tu ne veux rien faire pour les contrer.
- Ils sont ma famille !
- Et Raphaël, la mienne. Je me dois de le protéger de toi. Tant que tu ne seras pas soignée, ou que tu n'auras pas commencé de démarche, je désapprouverais votre couple. Ne compte pas sur moi. Cela fait huit ans que tu le manipules, ça suffit.
- Tu n'as jamais accepté que je puisse l'aimer...
- Non, ce que je n'ai jamais accepté, c'est que tu le modèles selon ta vision. Pour parler d'un autre sujet qui fâche, seras-tu là à mon mariage ?
J'avais oublié cet événement, et la question de Louna me prend de court. Il n'y a aucun intérêt que je vienne à cette cérémonie si Raphaël n'est pas revenu vers moi. Justement, une idée jaillit dans mon esprit : vu l'amour que porte celui qui fait battre mon cœur à sa sœur, il est certain qu'il voudra que je sois là et donc je pense qu'il me recontactera d'ici peu.
- Donc ?
La voix de Louna me sort de mes pensées et je peine à trouver une réponse à lui donner.
- Je ne sais pas...
- Je m'en doutais. Lorsque tu sauras, fais-moi signe. En attendant, il est tard, ce n'est pas pour être désobligeante, mais je vais te laisser.
Ne sachant que répondre, je me contente d'un « bonne soirée » avant de raccrocher. A cet instant précis, j'entends quelqu'un frapper à ma porte. J'aurais préféré me glisser dans mes draps pour pleurer de tout mon être, mais me surprends à faire entrer ma mère. Elle me regarde de son regard gris, comme le mien, les cheveux coincés dans une barrette et son peignoir rose poudré retombant sur ses jambes magnifiques. Puis, elle se pose à côté de moi, sur mon lit, et pose sa main sur mon épaule.
- Oublie-le. Il n'a jamais été bon pour toi, il n'est digne ni de toi, ni de nous.
Et là, toutes les larmes que je retiens depuis le début de la journée coulent le long de mes joues et retombent sur ma poitrine.
- Maman, je l'aime...
- Et tu as tort, il n'a jamais été bon pour toi. S'il t'aimait réellement, il ferait des efforts naturellement pour toi, sans que tu n'aies à lui demander.
- Mais il en a fait...
- Oui, un ou deux. Mais regarde ce qu'il s'est passé le dernier week-end où vous êtes venus manger. Il n'avait pas à reprendre ton père sur ses opinions. Il est chez nous et n'a pas à nous critiquer.
Je sais que ma mère va mal le prendre, mais je n'ai pas d'autre choix que de défendre Raphaël. Il est vrai qu'il n'aurait rien dû dire, mais il n'avait pas tort sur le fond...
- En même temps, la remarque de papa était quelque peu déplacée...
- Mais qu'a-t-il fait à ma fille ? Ses idées de communiste t'ont-elles touchée ? L'homosexualité n'est pas normale !
- Maman ! Les homosexuels sont des gens très bien qui...
- Tu te tais ! Je ne veux pas entendre pareille ignominie sous mon toit !
Là-dessus, elle se lève et claque la porte derrière elle. Et moi, je reste dans mes doutes. Qui donc a raison. Raphaël ou ma famille ?
Hello !
Alors, contents d'avoir l'avis de Kristen ? Qu'en pensez-vous, d'ailleurs ? La comprenez-vous un peu mieux ? Et son environnement familial ?
A demain pour la suite :)
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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