Chapitre 30 : Gwendolyne

Enfin mercredi ! Ce soir, je vais pouvoir me défouler à la zumba. Certes, hier soir je suis allée à la salle de sport avec Ange, et nous avons pu cumuler les machines de musculation durant près de deux heures. Puis, nous avons mangé chez moi et passé un peu de bon temps. Au moins m'a-t-il permis d'oublier pendant quelques temps toutes les questions que je me pose ces derniers temps. A plusieurs reprises depuis samedi, j'ai été tentée de recontacter Clélia pour essayer de lui faire ouvrir les yeux. Mais j'ai renoncé. D'une part, elle ne m'écouterait pas, bien trop aveuglée par Iseult et, d'autre part, je ne souhaite pas me rabaisser après tout ce qu'elle a dit sur moi. Je pense que c'est ce qui m'agace et me blesse le plus. Savoir que depuis toutes ces années, elle imagine de moi que je suis quelqu'un d'égoïste, égocentrique, intolérante et gouvernée par ses pulsions sexuelles. Me dire que la personne que je pensais la plus proche de moi me voyait comme ça me dégoûte au plus profond de mon être.

- Tu veux qu'on mange ensemble, ce midi ?

Je me retourne vers le Pingouin ninja, surprise. Je ne comprends pas ce qu'il me veut depuis quelques jours. Je n'arrive toujours pas à le cerner. Peut-être que sa propre solitude, due à sa rupture provisoire avec sa nana, le pousse à chercher du réconfort auprès d'une autre âme égarée. Mais, pour ma part, j'ai l'habitude de la solitude, je sais ce que cela fait de ne parler à personne, mis-à-part mes minets, durant plusieurs jours. Bien sûr, j'ai Ange, mes soirées au sauna libertin, la salle de sport, ou encore des personnes avec lesquelles je discute sur Internet via un réseau social mais, une fois la porte refermée sur moi, nous ne sommes plus que trois avec Hippo et Gazouille. Et cela me convient tout à fait.

- Après, c'est juste une proposition...

Il doit attendre ma réponse. Bon allez, ce n'est pas le moment de tergiverser, autant lui donner directement.

- Si tu veux.

Au moins, cela devrait me permettre de lui poser toutes les questions qui le concerne et qui traînent dans mon esprit.


- J'ai l'impression de t'avoir dérangée...

Décidément, il décide toujours de lancer les hostilités au moment où je commence à manger...

- Non. Pourquoi dis-tu cela ?

Il observe les baguettes de bois durant quelques secondes avant de me répondre.

- Tu es distante depuis deux jours. Depuis que je t'ai parlé plus... personnellement.

Et voilà, maintenant, il va imaginer que je lui en veux à cause de sa nana... Il va falloir que je stoppe le carnage au plus vite.

- Si tu penses que j'ai un problème à cause de ta conjointe, ce n'est pas le cas.

- Non, je n'ai aucun doute à ce sujet. Tu veux réellement savoir ce que je pense ?

Et, comme je hoche la tête, il continue :

- Je pense que tu as mal interprété le fait que je t'ai parlé de toi, que je me sois intéressé à ta vie.

Alors là, soit il est machiavélique, soit il est beaucoup plus intelligent et humain que je ne me l'imaginais au premier abord. Le seul inconvénient, c'est que je ne sais pas laquelle des deux possibilités est la réalité.

Mais je n'ai pas le temps de réfléchir davantage qu'il enchaîne aussitôt :

- Tu es de ce genre de personnes qui se méfie des autres humains. Et je le comprends. Mais tu n'as rien à craindre venant de moi. Je sais que cela peut paraître débile ou étrange, mais si je n'aime pas voir les gens tristes, surtout ce qui semblent isolés dans leur vie...

- D'accord.

- Mais encore ? Si j'étais comme toi, je pourrais bien me demander pourquoi tu m'as proposé de prendre un thé vendredi.

Il marque un nouveau point, le garçon. Peut-être que je devrais apprendre à faire davantage confiance aux gens. Cependant, lorsque je vois des personnes comme Iseult, qui manipule sa propre nana, Clélia, qui se sert de ce qu'elle sait pour faire mal ou encore la minette de mon binôme, qui lui fait des ultimatums... je ne vois pas comment.

- Je l'ai fait parce que je voyais bien que tu allais mal. Juste par... humanité.

- Et c'est pour cette même raison que je t'ai parlé lundi. Quatre jours suffisent pour comprendre comment est quelqu'un naturellement. Lorsque je suis arrivé la semaine dernière, tu étais rayonnante, solaire, avec une voix qui porte dans tout l'open space. Depuis deux jours, tu es éteinte, tu ne parles pas, tu te contentes de travailler et c'est tout.

- Tu passes tes journées à m'espionner ou ça se passe comment ?

- Je travaille aussi, si c'est ce qui t'inquiète !

Deuxième point, il commence à m'agacer un peu, là. Il veut parler, allons-y. On verra bien s'il le souhaite encore à la fin de la conversation.

- Si tu vas par-là, je vois bien que tu vas mal depuis le fameux ultimatum que t'a mis ta conjointe. Veux-tu en parler ?

- Tu aimes inverser les situations, n'est-ce pas ? D'accord. En effet, je ne vais pas très bien depuis ce week-end, surtout que ma sœur se marie dans moins de trois semaines, et que je ne sais pas ce que va faire Kristen... Si elle ne vient pas, je ne lui pardonnerai jamais.

Waow. Il me bluffe totalement, là. En le voyant avec sa nana, je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse faire preuve d'autant de fermeté. Apparemment, sa famille compte encore davantage qu'elle. Bon allez, s'il a su faire un effort, je peux aussi en faire un...

- Personnellement, même si je n'ai rien à voir avec cette histoire, je trouverai cela fort dommageable que ta conjointe ne soit pas présente au mariage de ta sœur. Des familles bien, il y en a peu... et peu encore en vie...

- Peu... ?

Je réalise que j'en ai trop dit. Baissant les yeux sur ma montre, un déclic se fait aussitôt.

- Merde ! 13h53 ! La réunion de 14h ! On paye et on court !

Le Pingouin ninja sur mes talons, nous traversons la rue au galop. Et, au fond de moi, j'espère que ce départ précipité va lui faire oublier ma dernière phrase... 




Hey ! Comme promis, voici un chapitre en avance pour ce week-end ! 

La communication avance un peu entre les deux, vous ne trouvez pas ? Que pensez-vous des pensées de Gwen ? Et de ce qu'elle a dit sans le vouloir ? 

A bientôt (6 chapitres d'avance, youpi !) :)

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka

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