Chapitre 27 : Gwendolyne

Après une journée riche en émotions, je rentre chez moi plus fatiguée que jamais. Tout me semble gris, tout parait louche ou surprenant. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi mon collègue a tenté de me faire parler de ma vie. Que peut-il bien en avoir à faire ? En plus, si sa conjointe lui a réellement mis un ultimatum, pourquoi s'intéresser à moi ? A moins qu'il ne m'ait menti, comme tant d'autres...

Me posant sur mon lit pour défaire mes chaussures, après avoir nourri mes deux minets, je n'arrive pas à me concentrer. Entre la sortie de Clélia il y a deux jours et maintenant mon collègue qui se prend pour un bon Samaritain, j'avoue ne plus quoi penser. Si j'avais pu tenter d'oublier à quel point les humains sont vils et foncièrement mauvais, celle qui se prétendait être ma « meilleure amie » m'a permis à nouveau d'ouvrir les yeux sur ce qui m'entoure. Alors, à quoi bon tenter de discuter avec un type qui, au moment où il ne parviendra plus à compenser le manque de sa nana, me rejettera comme elle le lui demandera. Comme Clélia l'a fait avec Iseult et d'autres avant elle.

Je me lève brusquement, me déshabille en laissant traîner mes vêtements au milieu de la pièce et file sous la douche. Il va bien falloir que je trouve une manière de penser à autre chose que cela. Clélia s'est tirée, ce n'est qu'une de plus en attendant la prochaine. Et, pour le pingouin ninja, il ne sera qu'un binôme parmi d'autres. Et pourtant... Et pourtant j'en ai marre, voilà. Je suis fatiguée et lassée. Exténuée par cette société qui te reproche constamment de ne pas faire partie d'un moule. Usée de devoir me battre pour juste vivre la vie qui me convient et me plait. Agacée de toujours être contrainte d'argumenter chacun de mes choix. Oui, je suis célibataire, je vis avec deux chats, j'offre mon corps à ceux qui m'offrent le leur. Et alors ? Je n'ai jamais empêché quiconque d'être en couple, d'avoir ou non des enfants, de ne pas avoir d'animaux et de ne connaître qu'une seule relation intime dans leur vie. Alors, pourquoi eux ne devraient-ils pas avoir à se justifier ?

Une goutte d'eau tombe dans mes yeux. A moins que ce ne soit une larme de colère. Je ne me plains pas de ma solitude. Je n'ai jamais ennuyé Clélia ou qui que ce soit avec cela. Si j'ai envie de parler, je discute avec mes chats. J'ai bien compris avec mon premier mec que les gens se fichent bien de savoir si les autres vont bien ou non. Le fameux « ça va ? » n'est qu'une habitude de société à laquelle les gens espèrent entendre un « super, et toi ? », et surtout pas, en aucun cas un « non ». Parce que le monde est égoïste. Parce que, quand tu vas mal, ceux que tu pensais être tes proches disparaissent tout à coup. Certains en disant simplement qu'ils ont autre chose à faire, qu'ils ont une vie et d'autres, moins subtils, en te demandant de revenir lorsque tu iras mieux. Mais, dans le fond, tous espèrent que tu comprendras le message et n'insistera pas.

Mon esprit slalome entre mon passé et mon présent, refusant de me mener vers mon futur et le projet que je nourris depuis plus d'un an. Tant pis, ce ne sera pas encore ce soir que je me concentrerai dessus. Et, pourtant, je souhaiterai vraiment le mener à bien d'ici un an environ. Le temps de la fin de ma mission actuelle et ce sera bon. Une partie est déjà prête, ma boîte est au courant et ravie, je sais que pour mes minets tout sera bon. Ne reste plus que l'opportunité et, à moi la belle vie.

Tandis que je parviens à peine à entrevoir un avenir meilleur, les yeux noisette, agrémentés d'une pointe de vert, comme si un cercle parfait avait été créé dans cet iris, reviennent me hanter. Décidément, ce collègue va sérieusement commencer à m'agacer. Entre sa stupidité du départ, ses excuses, son tempérament moins plat que je ne l'avais pensé, sa copine tarée qui pourrait faire concurrence à Iseult et ses tentatives de communication, j'ai pioché un numéro original... Et cela ne me plait pas. Je n'arrive pas à comprendre, à juger s'il est, ou non, néfaste. Si ce qu'il tente est un réel élan de bonté ou s'il tente de jouer avec moi. Et j'ai bien peur que ce soit le deuxième cas. Car il n'a aucun intérêt à être gentil. Je lui ai fait comprendre que les relations professionnelles ne se dégraderaient pas le jour où sa nana m'est tombée dessus. Je lui ai juste offert un thé ce jour-là, il ne me doit rien. Alors, pourquoi un type bien comme il faut sous tous les rapports de cette société irait s'intéresser à une originale totalement décalée ? Il est loin d'être laid, le garçon. Même si sa conjointe le quittait, il pourrait trouver son bonheur auprès de femmes plus « normales » que moi. Quelle est donc la logique de ce qu'il fait ? Souhaite-t-il faire sa B.A. de l'année en me prenant pour une pauvre âme égarée ou alors voir si je peux être aussi stupide que bien des gens et me laisser berner par ses doux yeux ?

Un miaulement d'Hippo me sort de mes pensées et, après m'être séchée, mon peignoir sur moi, je file dans le réfrigérateur chercher leur lait. Cependant, ils n'en veulent pas. Comme toujours, ils ont senti que je n'allais pas bien et préfère se frotter contre mes jambes en ronronnant. Braves Hippo et Gazouille. Ils ne m'ont jamais laissée tomber, eux.




Hello !

Me voilà enfin ! Je ne vous raconte pas (enfin si, je vous raconte XD), entre la fin de semaine à 200 à l'heure, le week-end chargé et mon ordinateur qui fait des siennes et ne veut plus se rallumer depuis la dernière mise à jour..., l'écriture de ce chapitre a été pour le moins... originale !

D'ailleurs, vous a-t-il plu ? Que pensez-vous des réflexions de Gwen ? Une idée sur sa vie, son passé ? Sur son projet ? ;)

A très vite ! Enfin, j'espère ^^

Sanguinement-vôtre,

Gothycka

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