Chapitre 24 : Clélia
Le séminaire est enfin terminé, après une journée harassante et durant laquelle j'avais l'esprit ailleurs. Lorsque je pénètre dans ma chambre d'hôtel, je me pose en soupirant sur le lit et saisit mon téléphone. Bien sûr, comme je m'y attendais, Gwen n'a même pas tenté de me rappeler, et n'a pas laissé un seul message pour s'excuser. Je ne la comprends pas. Ou plutôt, je ne la comprends plus. Elle ose me dire que je ne veux pas d'enfants alors qu'elle sait que j'en aurais voulus. Elle remet ouvertement en cause mon homosexualité ! Et moi qui lui ai répondu que si Iseult en désirait, je les lui ferais. Pourquoi est-ce que j'ai raconté ça ? Comme si j'avais voulu gommer le fait que je pouvais aimer une femme et avoir une vie de famille !
Cette nana m'exaspère au plus haut point. Lorsque je l'ai rencontrée à la Fac, elle semblait tellement différente de celle qu'elle est devenue. Une fille qui n'avait pas eu une vie très simple, mais qui avait toujours le sourire, qui se promenait en couple et qui vivait normalement. Et puis, il y a eu le décès soudain de son père, il y a quatre ans. Et sa rupture avec Kevin. Il est vrai qu'il n'avait pas vraiment assuré mais bon... J'ai cru qu'elle avait retrouvé goût au couple avec Thomas, et puis elle l'a lâché il y a deux ans, en n'en retenant que les mauvais aspects : le libertinage. Elle fait ce qu'elle veut de ses fesses mais là, ça tourne à l'obsession ! A un tel point qu'elle ne voit même plus l'intérêt d'être en couple ! Je l'entends d'ici me répondre : « Au moins, seule, je ne suis pas déçue et je reste libre ! ». Comme si la liberté faisait tout ! Non, l'amour fait tout. Elle est aigrie, point barre. Cela fait deux années que je le sens mais là, elle a dépassé les bornes ! Et moi, pourquoi est-ce que je pense à elle ?
Agacée par la tournure que prennent mes réflexions, je me change rapidement pour revêtir ma chemise de nuit et me plonger dans les draps frais. Mon portable vibre et j'ouvre le message de ma bien-aimée pour lire : « Je t'aime, bébé. Ne pense plus à Gwendolyne, elle est jalouse de nous. J'ai hâte de te retrouver lundi soir. Je t'embrasse le bout du nez ». Et Gwen qui pense que cette fille si incroyable serait capable de me tromper. Je n'ai qu'une envie : contacter au plus vite la tatoueuse pour changer mon tatouage. Après tout, je n'aurais pas dû écouter ma « meilleure amie » et ses conseils stupides. Si elle ne croit plus en l'amour et en l'humanité, ce n'est pas mon cas. Je sais qu'Iseult m'aime et je veux qu'elle reste gravée en moi jusqu'à la fin de ma vie. Gwen a échoué. Elle a voulu nous séparer, mais nous ressortirons, Iseult et moi, plus fortes de ce combat.
Ce sont sur ces beaux espoirs que Morphée m'entoure de ses bras tendres et reposants.
Enfin lundi matin ! J'ai bien cru que ce moment n'allait pas arriver. Une demi-journée et je vais pouvoir reprendre le train pour rejoindre ma chérie. J'ai tellement hâte ! Evidemment, toujours aucune nouvelle de Gwen depuis deux jours. Elle a dû passer son dimanche chez son « voisin », pour ne pas dire amant. Tant pis pour elle, si elle ne sait pas ce qu'est la vraie vie. La vraie vie, c'est accepter les gens comme ils sont, c'est aimer les autres, et non pas regarder son nombril d'égocentrique.
Sortant de ma douche, mon peignoir absorbant l'eau qui s'écoule lentement, je regarde l'heure. Iseult doit être réveillée, je vais en profiter pour entendre sa voix.
Les sonneries défilent et une angoisse m'envahit soudainement. Et si Gwen... Non ! Elle a raconté n'importe quoi par jalousie.
- Bébé ! Comment vas-tu ?
- Oh, si tu savais comme je suis heureuse de t'entendre ! Pendant un instant, j'ai cru... Bref, on s'en fout ! Si Gwen n'avait pas raconté n'importe quoi, je ne me serais pas posé de question !
Je crois percevoir un chuchotement derrière elle et, aussitôt, un nœud se forme dans mon ventre. Je vais tuer Gwen !
- A qui parles-tu, bébé ?
- A personne. J'étais en train de préparer un cake, donc je murmure les ingrédients pour ne rien oublier, tu me connais ! Arrête de penser aux stupidités que t'a racontées ta meilleure amie !
- Meilleure amie ? Tu parles ! Depuis quand une meilleure amie briserait-elle les couples ?
- Tu sais, bébé, elle n'a peut-être pas pensé à mal... Peut-être qu'elle a réellement cru que ma pote était ma nana... Elle n'a jamais vraiment compris ce qu'était le polyamour... Je pense qu'elle doit mélanger avec sa vie de libertine...
Iseult est vraiment quelqu'un d'incroyable. Gwen essaye de briser notre couple, elle la salit avec ses accusations infondées et, en plus, ma nana prend sa défense. Là où toute personne normale aurait hurlé au scandale, elle reste calme et posée, et tente de me raisonner pour me voir heureuse.
- Je n'accepte pas ce qu'elle a tenté de nous faire et ce qu'elle a dit sur toi ! C'est juste honteux ! Tu te rends compte qu'elle m'a comparé à elle concernant les envies de famille ? Elle renie ma nature !
- Mais non, bébé. Elle a dû s'emmêler les pinceaux. Il était tôt, elle n'avait peut-être les idées pas très claires... ou alors elle avait un peu trop bu, comme souvent...
- Cela n'excuse rien ! Elle ne comprend rien, ou plutôt, elle ne veut pas comprendre ! Je ne vais pas non plus lui pardonner comme ça !
- Tu as raison, elle ne doit pas penser que votre amitié lui est acquise. Attends de voir si elle revient s'excuser, c'est quand même à elle de faire le premier pas. Et ne prends pas de décision radicale trop rapidement.
A chacune de ses phrases, je constate qu'Iseult me connaît parfaitement. Heureusement pour moi qu'elle est beaucoup plus calme et diplomate. Je sais qu'elle veut mon bonheur et qu'elle pense que j'ai besoin de Gwendolyne dans ma vie pour être bien. Lorsque nous nous sommes rencontrées, il y a deux ans, Gwen et moi étions toutes deux fraichement célibataires et passions beaucoup de temps ensemble. Alors, logiquement, Iseult a imaginé que ma meilleure amie m'était indispensable. Ce qui n'était pas faux... jusqu'à ce qu'elle tente de briser notre couple. Il y a des choses avec lesquelles je ne plaisante pas !
Comme si elle avait entendu mes divagations silencieuses, Iseult reprend :
- Promets-moi de ne pas agir de façon trop extrême si elle te contacte, bébé.
- Comment parviens-tu à rester si calme ?
- Tu sais, ce n'est pas forcément sa faute. Elle est un peu aigrie par son célibat, elle se sent seule, elle n'a que son travail et ses chats, comme une vieille fille. Peut-être que c'est une sorte d'appel au secours pour te faire comprendre qu'elle aimerait prendre une place plus grande dans nos vies ? Ou alors, peut-être s'est-elle imaginée en couple avec nous et s'est monté cette histoire comme un fantasme ?
Je n'y avais jamais pensé. Cela voudrait-il dire que Gwendolyne serait amoureuse d'une de nous deux ? Incroyable...
Hello !!!
Je vous avais promis un point de vue différent, le voici ;)
Alors, qu'avez-vous pensé de la façon dont rumine Clé ? Le passé de Gwen vu par sa meilleure amie ? Le discours proposé par Iseult ? Et leur conclusion ?
A ce stade, vous commencez à connaître les personnages alors, je vous propose un jeu : 3 mots pour décrire :
- Gwen
- Raph
- Vic
- Kristen
- Clé
- Iseult
C'est un jeu que j'apprécie énormément car il me permet de voir comment vous ressentez les personnages d'après ce que je vous fournis comme informations ;) Alors, si vous le souhaitez, n'hésitez pas ^^
Je vais essayer d'avancer un peu l'écriture pour vous proposer à nouveau un chapitre demain... si ça vous fait plaisir, bien sûr ;)
Bonne journée :)
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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