Chapitre 18 : Raphaël

Alors que je suis dans les transports, je décide d'appeler Vic, puisque Kristen m'a dit qu'il l'avait « menacée », ce que je pense tout simplement inconcevable. Il est fort probable qu'elle ait mal pris quelque chose d'innocent.

- Salut Raph !

- Salut Vic...

- Ça ne va pas fort, toi ! Kristen t'a parlé, c'est ça ?

- Elle m'a dit que tu l'avais menacée... Elle est aussi venue faire un scandale auprès de ma collègue ce midi... Et depuis, silence radio...

- Tu lui as dit quoi pour qu'elle soit dans cet état ?

- Je lui ai juste dit de se calmer et d'éviter les scandales en public. Surtout devant mon nouveau client et contre ma nouvelle binôme. Je ne sais pas ce qui lui a pris de faire ça, je ne comprends pas...

- C'est Kristen, son vrai visage. Tu lui demanderas de te montrer mon message. Je n'ai plus envie qu'elle te détruise, ça suffit. Tu as assez payé pour elle, tu t'es assez auto flagellé pour Nathan, Raph. Redeviens qui tu étais et qui tu es réellement. Même si tu es devenu quelqu'un de différent au fond de toi, que ce soit pour toi et pas pour quelqu'un, merde !

Nathan... En général, Vic évite de prononcer ce prénom, car il sait dans quel état il est capable de me mettre. Seuls mes parents s'y engagent parfois, et Kristen n'ose pas même y faire une allusion. Je soupire bruyamment. Décidément, cette journée a vraiment tout de la poisse pour moi. Alors, si mon frère de cœur s'y met aussi et énerve davantage celle que j'aime, je ne vais jamais m'en sortir.

- Ecoute, Vic. J'apprécie ton amitié mais ne me mets pas dans des situations insupportables, pitié... J'ai changé, c'est tout...

- Je ne serais pas un bon frère si je te laissais te détruire.

- J'aime Kristen. Elle n'est pas toujours facile à vivre, elle est trop possessive, mais elle m'aime et elle a de nombreuses qualités. Et je t'adore aussi. Parce que tu es un mec génial. Mais vos accrochages et vos réflexions l'un sur l'autre commencent à me fatiguer...

- Elle fait ça pour t'éloigner de ceux qui t'aiment. Moi je fais ça pour te faire ouvrir les yeux, pour toi, pour ton bien. C'est là toute la différence, Raph.

- J'arrive bientôt chez moi, je te laisse, Vic. Je crois que je vais avoir assez de débats ce soir pour ne pas me fâcher avec toi juste avant...

- Ça n'a jamais été mon but, frérot. Allez, essaye de passer une bonne soirée et n'oublie pas que je suis là en cas de besoin.

- Merci, Vic. Bisous.

Je raccroche et sors du RER, dépité par le déroulement de la journée et de la semaine. Depuis le déjeuner chez mes beaux-parents, j'ai eu l'impression que le sort s'acharnait contre moi. Kristen tire une tronche de dix pieds de long depuis mardi soir, j'avais enfin réussi à la dérider un peu hier soir et voilà qu'elle fait un scandale aujourd'hui auprès de ma collègue. A l'heure qu'il est, toute sa famille doit être au courant et j'attends les remarques acerbes de ses parents et ses sœurs. Mon binôme, qui ne pouvait pas me voir en peinture mardi, est un peu plus calme, mais j'ai compris aujourd'hui que c'était parce que je lui fais pitié. Et j'en ai assez de la pitié. C'est d'ailleurs pour ça que je ne parle jamais de moi ou de mon passé. Lorsque je mets en valeur Kristen, les mecs et les lesbiennes m'envient, les nanas sont contentes pour moi. Voilà pourquoi je ne voulais pas que celle qui partage ma vie vienne devant mon travail. Sa jalousie est son plus grand défaut et je ne voulais pas que quelqu'un puisse le voir. Mais dans quelle merde je me suis mis ?


Arrivé au troisième étage, j'insère la clef dans la serrure et place ma main sur la poignée en soupirant. J'entends que Kristen parle, elle doit probablement être au téléphone avec un des membres féminins de sa famille et remontée comme un coucou. « Allez, courage », me dis-je intérieurement.

A peine pénétré dans l'appartement que Kristen raccroche et se tourne vers moi. Ses yeux gris ont légèrement foncé, elle a pleuré pendant un bout de temps apparemment et ses cheveux sont emmêlés devant son visage.

- Je te déteste !

Et voilà, les hostilités sont lancées. Lorsque je la vois ainsi, j'ai envie de fondre sur elle pour la prendre dans mes bras et la rassurer, mais quelque chose en moi me dit de ne pas le faire.

- Et moi, je t'aime. Mais là, tu as été très loin aujourd'hui...

- Très loin ? J'ai été voir ta collègue pour qu'elle se détache de toi ! Et toi, tu prends sa défense devant moi ! Et c'est moi qui vais très loin ?

- Elle ne peut pas se détacher de moi, comme je t'ai expliqué, puisqu'elle n'est pas proche. C'est juste une collègue, je travaille avec elle, c'est tout...

- Non ! Je l'ai vue ! Elle ressemble à ton ex !

Celle-là, je ne l'avais pas vu venir. Kristen est en train de comparer ma binôme à Jade, la fille avec laquelle je suis sortie à quinze ans. Qu'est-ce que je peux bien répondre à ça ?

- Kristen, mon amour. Ça fait huit ans que je suis avec toi, comment tu peux me rappeler quelqu'un avec qui je suis sorti trois mois il y a dix ans ? Fais-moi confiance.

- Non, tu es un homme ! Et les hommes trompent leurs femmes s'ils ont trop de liberté c'est ainsi ! Et avec des femmes du genre de ta « collègue » ! Tu l'as vue, avec ses vêtements moulants ? Une croqueuse d'hommes, une briseuse de couple ! Elle ne savait même pas de qui je lui parlais, c'est une preuve !

- Mais comment voulais-tu qu'elle comprenne ? De son point de vue, une jeune femme hystérique l'a agressée dans la rue...

- Hystérique ? Je ne suis pas hystérique ! Je t'aime ! Et tout le monde est contre notre amour, à commencer par ton ami Victorien !

Je le savais. J'avais dit à Vic qu'il ne m'avait pas aidé. Notre couple est déjà assez complexe à gérer sans que quelqu'un se mette au milieu... Je sais que je ne devrais pas aborder ce sujet sensible mais, au point où on en est et vue sa souffrance, je n'ai pas vraiment le choix.

- Mon amour... Ta jalousie et ta possessivité me fatiguent et te font atrocement souffrir. Je sais que ce n'est pas facile pour toi, que tu as pleuré une bonne partie de la journée, que tu dois avoir mal à la tête à cause de ça. S'il te plaît, réfléchis à nouveau à ce dont je te parle depuis longtemps. Un spécialiste pourrait t'aider... t'aider à comprendre pourqu...

- Alors ça y est, tu remets ce sujet sur la table ! Je suis malade, c'est ça ! Et toi, tu fais une bonne action en étant avec moi et tu souffres ! C'est le monde à l'envers ! Je fais tout pour toi ! Alors, tu as le choix : soit tu continues ce travail et tu me perds, soit tu restes avec moi et tu quittes ce client !

Là, c'est trop. Elle touche un des seuls points sur lesquels je ne reviendrai jamais.

- Ecoute, Kristen. Je comprends ton problème et je t'aide depuis toutes ces années parce que je t'aime. Mais tu le sais très bien, je te l'ai toujours dit : tu ne touches ni à ma famille, ni à mon travail. Je pense que j'ai déjà fait de très nombreux efforts sur tout le reste par amour pour toi. Ça, tu le sais très bien, ça a toujours été non.

Sa respiration s'accélère, sa poitrine se soulève de plus en plus vite, ses yeux s'embrument de perles salées. Je sais qu'elle va exploser. Je sais très bien ce qu'il va se passer, car ce n'est pas la première fois que nous avons cette discussion sur le travail ou sur ma famille, dont Vic.

- Si c'est comme ça, je pars !

Elle passe devant moi en me bousculant, attrape son sac à main, son portable et quitte l'appartement. Et moi, en mauvais conjoint, je ne tente pas de la rattraper. Cela ne servirait à rien. Mieux vaut la laisser se calmer chez une de ses amies ou de ses sœurs. Je me pose sur une chaise. Week-end de merde. 




Hello !!!!!

Alors, que pensez-vous de la discussion entre Raph et Vic ? Et celle entre Raph et Kristen ? Vous vous attendiez à ce qu'il soit ferme ou non ? Vous a-t-il surpris ? Convaincus qu'elle l'aime vraiment ? 

Des idées pour la suite ? 

A demain avec un nouveau chapitre qui sera... vous verrez ;p

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka

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