Chapitre 12 : Raphaël
J'ai réussi, tant bien que mal, à redresser à peu près l'ambiance avec ma collègue. Même si j'ai constaté qu'elle ne me fait pas confiance, au moins ne m'ignore-t-elle pas complètement. Encore tendu lorsque je pars de l'entreprise, je me pose dans le RER direction Paris. Voir Victorien va pouvoir me sortir de l'apathie dans laquelle je me trouve. Entre Gwendolyne qui est partie sans un mot ce midi pour manger seule et Kristen qui boude et ne répond à aucun de mes messages, j'ai besoin d'une épaule sur laquelle m'épancher. Et malgré ses défauts, en même temps, qui n'en a pas ?, mon meilleur ami reste la personne la mieux avisé. Dix ans que nous nous connaissons et que, contre toute attente, notre amitié persiste. Si nous étions à l'origine très semblables dans un trio d'amis, de frères de cœur, incluant Nathan, la vie nous a, en un sens, éloignés. Victorien est resté dans un look relativement adolescent, avec des T-shirts originaux, des jeans délavés et, la plupart du temps, des baskets. En y pensant, je me dis qu'il s'entendrait très bien avec ma collègue. Ils ont le même style totalement décalé et à l'opposé de ce que je suis devenu. De toute façon, il faut bien grandir à un moment donné, et je ne doute pas qu'il le fera lui-aussi.
En pleine réflexion, je manque de rater mon arrêt et me faufile in extremis hors de la rame. Victorien doit m'attendre devant la fontaine Saint-Michel, comme nous avions l'habitude lorsque nous étions à la Fac non loin. Le quartier étudiant n'a guère changé, d'ailleurs, depuis cette époque. Toujours aussi animé, bruyant, avec des lieux hors de prix et d'autres beaucoup plus abordables, des bars où les Happy Hours commencent dès 17h et, la nuit tombée, des jeunes totalement alcoolisés qui courent pour ne pas rater le dernier métro.
Comme il ne semble pas encore arrivé, je me pose sur le bord de la fontaine et consulte une nouvelle fois mon téléphone pour constater que Kristen n'a toujours pas répondu. Son attitude puérile commence à m'agacer un peu. Elle me reproche régulièrement de ne pas être assez mature ou suffisamment bien pour son rang social. En principe, je comprends lorsqu'elle est jalouse, si je regarde une jeune femme ou si une personne discute longtemps avec moi. Mais là, je ne vois pas où est ma faute. Certes, j'aurais dû lui dire dans la journée que ma collègue était féminine, mais je n'ai pas eu le temps. Après, je ne vais pas refuser un boulot sous prétexte qu'il y a des femmes comme collègues.
- Hé !
Je sursaute en sentant des mains sur mes épaules, manquant de faire tomber mon portable. Alors que je vais pour me retourner, j'aperçois la tête de Victorien, reconnaissable entre tous avec ses dreadlocks blondes qui descendent en bas de son dos, presque blanches et ses yeux d'un vert profond.
- Vic ! Ça me fait tellement plaisir de te voir !
Mon exclamation doit presque ressembler à un soulagement parce qu'il me prend aussitôt dans ses bras. Ce simple contact me fait un bien fou. Il était et restera la personne qui me ressemble le plus. Celui qui me rappelle régulièrement qui j'étais et qui j'ai décidé de ne plus être. A cause de Nathan. Ou plutôt, pour Nathan. Repenser au troisième membre de notre ancien trio me met du vague à l'âme et je soupire bruyamment.
- Ça ne va pas fort, Raph...
- La période est compliquée, oui... Mais toi ?
- On parlera de moi après, frérot ! Allez, on cherche un petit restau et tu me racontes tes problèmes pendant ce temps-là. J'espère que ce n'est pas encore Kristen...
- Non... Enfin si... Enfin... pas seulement...
Victorien éclate de rire, de ce rire qui sait toujours être entraînant et me permet de relâcher un peu la pression que j'accumule depuis l'altercation avec mon cher beau-père.
- Pour te faire un résumé très rapide, je me suis accroché avec le père de Kristen et les beaux-frères dimanche dernier, dans mon nouveau boulot ma collègue m'a pris en grippe hier et aujourd'hui c'est un peu mieux mais pas top et Kristen fait la gueule depuis hier soir parce que c'est une nana et qu'en plus je suis avec toi ce soir.
Je termine ma phrase quasiment en apnée et jette un regard sur mon meilleur ami, qui me dévisage. Nous sommes arrivés devant un restaurant et nous nous posons en terrasse avant qu'il ne me réponde :
- Alors... Reprends depuis le début et développe parce que là, j'avoue que je n'ai pas tout suivi.
Je lui raconte le repas de famille du dimanche, puis mon arrivée du mardi au travail, et le fait que Kristen ne réponde à aucun de mes messages depuis hier soir. Mais, étrangement, j'ai l'impression que c'est plutôt Gwendolyne qui est au centre de mes préoccupations, ce qui ne passe pas inaperçu auprès de mon ami.
- Qu'est-ce qu'elle t'a fait, ta Gwen ? Tu as l'air de beaucoup penser à elle !
- Je sais pas... Je n'arrive pas à la cerner, je crois... Je pense qu'elle ne m'apprécie absolument pas. Si j'étais toi, je suis sûr que ça se passerait bien mais là... Et j'ai vraiment besoin que ce boulot se passe au top...
- Pour tes parents, c'est ça ? Comme la dernière fois.
- Tu te souviens tout ce qu'ils ont sacrifié pour moi ?
- J'ai beau être un gosse de riches, je sais bien !
Encore une fois, il rit en disant cette phrase et cela me fait du bien. Sa famille et celle de Kristen ont beau être du même statut social, elles sont à l'opposé. Ses parents m'ont accepté depuis qu'ils m'ont rencontré la première fois et je sais que sa mère m'apprécie toujours autant. Malgré les réticences de Kristen envers lui, j'ai su rester présent lors du décès de son père il y a trois ans et l'épauler comme je pouvais, même si je sais pertinemment que je n'ai pas été parfait.
- Tes parents ne t'en voudraient jamais si tu n'avais pas un boulot d'enfer, tu le sais très bien, Raph. Tout ce qui compte pour eux, c'est que tu sois heureux. C'est pour ça qu'ils n'aiment pas Kristen... et moi non plus...
- Elle me rend heureux...
- Non. Etre heureux, c'est se sentir aimé, se sentir bien. C'est sourire en pensant à la personne. C'est rester soi et être aimé pour ça.
- J'ai juste évolué...
- Tu te mens. Tu as changé parce que Kristen voulait quelqu'un qui serait à son image. Tu veux que je te montre des photos de nous en début de terminale ? Et tu veux que je te montre comment tu étais au moment du BAC ?
Je ne réponds pas, préférant me concentrer sur les bouchées vapeur qui sont devant moi. Je connais très bien le point de vue de Victorien sur celle que j'aime et je ne suis pas d'accord avec. J'ai évolué par amour, il n'y a rien de reprochable à ça. Beaucoup de gens font des efforts lorsqu'ils se mettent en couple et, plus encore, lorsqu'ils s'installent ensemble. Il est logique de faire des compromis.
- Bon. Et ta Gwen alors ?
- Elle est... surprenante !
Le sourire de mon frère spirituel en dit long sur ce qu'il imagine. Eh non, ce n'est pas mon genre de fille. Et même si elle l'était, je suis en couple et fidèle. Après, ça ne m'empêche pas d'avoir de bonnes relations avec une collègue !
Hello !!!
Alors, que pensez-vous de Vic ? Il est semblable à ce que vous aviez imaginé ?
Et le passé de Raph ?
Plus aucun chapitre d'avance ! Donc on verra si j'ai le temps demain ou lundi d'en écrire un (ou deux, ou trois XD) ! Non pas que je ne sois plus intéressée (aucunement), rassurez-vous ! ;) Mais je devais lire et corriger tout un livre pour ma binôme à un concours qui commence lundi ! C'était donc prioritaire ! ;)
J'hésite encore à mettre d'autres points de vue ! J'ai peur de vous perdre mais, d'un autre côté... il y en a au moins un qui pourrait valoir le coup, donc... qui sait ! Dans le prochain chapitre, vous aurez peut-être un autre point de vue ;)
Bon dimanche à tous :)
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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